chainsmoking our love -- (ankia)

Longue journée. Envie d'une douche, d'une pointe de pizza, et de se foutre au lit sans avoir à gérer quoi que ce soit. Il a envoyé un texto à Sharon pour lui dire de gérer sa montée de libido comme elle l’entendait. On s’verra demain. C’était un exploit, déjà, qu’il l’ait rappelée. Ne l’avait raccompagnée, après le party, que pour se changer les idées. Pour la baiser sans avoir à la regarder, passer son désir pour Zekia et sa frustration du déroulement de la soirée. Ç’avait été meilleur qu’il ne s’était imaginé en lui proposant d’aller chez elle. Ç’avait suffi à le motiver pour répéter le plan cul le lendemain. Zekia encore sous la peau,
Besoin d’aller voir ailleurs,
D’oublier que ça n’arriverait jamais,

D’oublier qu’il avait glissé trop tôt.

Pas un texto pour la gamine. Pas la moindre nouvelle. Silence radio qu’il s’était appliqué à ne pas rompre. Le business assez mouvementé pour le garder occupé — et un match de basket, en fin d’après-midi, pour le défouler. Il avait senti les regards courroucés de ceux qui savaient, avait ignoré les quelques murmures et les quelques remarques basses qui étaient passées. Ils n’avaient pas de quoi parler. Regard de défi pour les encourager à la fermer, et les ardeurs s’étaient calmées. Le match s’était déroulé sans accroc. Victoire pour l’équipe adverse, à leur trop grande satisfaction. L’impression d’avoir fait leur point, peut-être. Et alors qu’il avait pris le chemin du retour, il ne s’était plus senti d’humeur pour quoi que ce soit.

Porte d’entrée passée. Sa clope presque terminée qu’il écrase dans le cendrier le plus proche. Se dirige vers le frigo pour en tirer une bière. Décapsulée, suivie de trois longues gorgées. Ça va mieux, déjà. S’essuyer la bouche d’un revers de poignet. Puis le front. La pellicule de sueur encore épaisse ; la douche ne serait pas de trop. Il ouvre la fenêtre pour aérer, et alors qu’il fait quelques pas vers la salle de bain, des coups à la porte l’interrompent. Froncement de sourcils. T’attends personne. Bière toujours en main, les traits fermés, sachant déjà que ce n’est pas Mimi, il traîne des pieds jusqu’au battant. Ne prend pas la peine de regarder par le judas avant d’ouvrir. Et c’est Zekia.

Bond dans le coeur qu’il ignore. Bière pendant au bout de ses doigts, cheveux en bataille du match et de la sueur, le regard aussi noir que confus. Qu’est-ce que tu fous là ? Y a une certaine douceur, pourtant, dans son aura. Un truc qu’il ne peut combattre, en présence de Zekia. « The hell you doin’ here ? » Elle n’avait pas appelé. Elle n’avait pas écrit. Pas un signe de vie. Besoin de digérer ce qui s’était passé, sûrement. Mais est-ce que c’est une raison pour se pointer comme ça ?

Qu’est-ce que tu fous vraiment là, Zekia ?