sinner from another mother } renny

guerre secrète qu’il mène dans l’ombre depuis des mois maintenant. il n’en parle à personne, ne le montre à personne et continue de sourire, en chien de compagnie qui sait se tenir. c’est le complexe de batman : cette attitude du chevalier noir à toujours vouloir porter seul le poids de l’univers sur ses épaules, peu importe, ô combien, bien accompagné. la peur de voir ceux qu’il aime disparaître dans un écran de fumée s’il les implique, la peur d’être témoin de la fin de toute chose s’il se relâche. rex est aux abois ; une nouvelle menace reçue pour faire pencher le monde. il trépigne, s’impatiente, se pose toutes les questions. et dans son silence persistant, dans son mutisme soi-disant protecteur, il l’entend dormir dans la chambre d’à côté : primrose, instigatrice de tout amour. c’est décidemment pour elle qu’il se retrouve dans toutes ces emmerdes aujourd’hui. c’est pour elle également qu’il se fait la promesse de s’en sortir. sans lui en glisser un mot, sans jamais l’effrayer, sans jamais lui dire à quel point le combat est dur. mais seul, paniqué et désespéré du temps qui passe et de l’argent qui ne rentre pas, rex est à la rue. alors puisque chaque rixe commence là où se sait chez soi, il court à la première porte qui lui sera toujours ouverte. chez les mcdonald. en milieu de journée, de nuit, d’été, d’automne et de toutes les autres saisons, c’est comme être à la maison. c’est qu’il a presque grandi chez eux, rex aussi. toujours fourré dans les jambes de kenny, à lui faire des croche-pattes dans les escaliers s’il le pouvait. son ride or die depuis l’école primaire. une histoire d’âme-frère comme ils se plaisent à s’appeler. c’est donc à cette porte comme à la sienne qu’il frappe et c’est le père mcdonald qui lui ouvre ; le big mac orignal, si vous voulez. rex lui sourit, l’enlace, le salue comme on se doit de faire avec le père de son presque-frère. plus houleux que d’habitude cependant, il se dirige directement vers la chambre de ken ; suivant le chemin connu par cœur, le tapis aussi usé par ses pieds et le sol qui reconnait sa pointure. « j’espère que tu te branles pas. c’est que balance rex avant d’ouvrir la porte à la volée. pour rire, d’abord ; mais par vraie mesure de précautions aussi. certaines choses une fois vue ne peuvent être oubliées. ainsi incrusté, il ne se fait pas prier pour immédiatement prendre ses aises. commençant par fermer la porte, enlever ses chaussures et jeter par terre cet oreiller sur le lit que ken que primrose lui avait un jour ouvert à son anniversaire et qu’il déteste. « mec, je pense que je vais me faire tuer. » de but en blanc, sans prévenir. pas de bonjour, pas de politesses futiles, jamais entre eux. et ce qu’il dit, il le dit d’un air à demi-amusé seulement ; perdu entre l’envie de se prendre à la légère comme il le fait tout le temps et l’imminence d’une menace réelle. comme un client le ferait chez son psy, rex s’allonge sur le lit entre pensivité et inquiétude. « tu sais, j’ai l’habitude de m’attirer des problèmes jusque-là, rien de nouveau. mais là, j’ai déconné puissance 1000. j’suis hyper dans la merde. » la même vie, les mêmes galères. rex et kenny. kenny et rex. s’ils ne partagent par leur sang, c’est bien la seule chose qu’ils gardent pour eux ; toujours à s’échanger des fringues, des thunes, de la joie, d’autres trucs. la même vie, les mêmes galères. et comme ils se le disaient autrefois : les problèmes de l’un, les solutions de l’autre.

kenny et sale tronche de déterré. la vie d’un gamin peu sérieux du queens, le genre qui vit seulement la nuit. au total contraire des plantes, les mecs comme ken et rex, eux, se nourrissent de la lumière de la lune pour la transformer en énergie. en poison, parfois. en poison, souvent. rex, il sourit quand il entend la plainte de son pote le demandant de le laisser tranquille. même pas en rêve, jamais de la vie. en d’autres circonstances, il se serait bien plus à faire un maximum de bruit, à lui jeter de l’eau à la gueule et à péter sur ses coussins pour lui filer une conjonctivite – comme n’importe quel bon pote le ferait, évidemment – mais là, il se sent pas franchement d’humeur à lâcher des prouts en rigolant. quand il mentionne la proximité de sa possible sentence mortelle, ça fait un peu tiquer kenny. quelques mots bien choisis pour l’inquiéter juste un peu, juste assez. et la suite ne fait que renforcer le sentiment. l’atmosphère se fait un peu plus sérieuse. c’est que tous les deux, dans les cas, comme ça, ils se demandent à quoi s’attendre. qu’est-ce qui pourrait être pire que les problèmes dans lesquels ils s’attirent déjà au quotidien ? rex soupire. c’est vrai qu’il hésite encore un peu. il se demande s’il fait bien d’impliquer son meilleur pote là-dedans. et s’il l’entraînait dans sa noyade? et s’il ne parvenait pas à nager pour deux. mais au point où il en est, il ne peut plus vraiment faire marche arrière et partir sans en dire plus. « bon, tu te souviens de quinn harper? je crois que je t’avais parlé de lui, c’est le mec au nom de nana que j’avais recalé à un club y’a deux ans justement à cause de son nom de nana. fin bref, c’est une longue et pas très intéressante de toute façon. » il balaie l’anecdote de sa rencontre avec quinn d’un geste de la main. les circonstances dans lesquelles ils étaient venus à devenir importaient peu, à vrai dire, c’est ce qui c’était passer après qui vraiment posait problème. « donc ce mec, quinn, c’est un croupier au fortune, le casino méga classe du queens princier. » et il crache presque quand il mentionne le quartier tout d’or et d’argent recouvert. c’est pas vraiment un fan de la population pompeuse et imbus d’elle-même qui pollue les lieux là-bas. et les côtoyer tous les soirs, et les voir passer devant lui avec toujours la même suffisance, ça n’arrange rien à son sentiment. « long story short, j’ai suivi ce type dans des mauvais plans – pire que les mauvais plans habituels – et maintenant y’a le chef d’un gang du queens qui en a après moi. » rex parle un peu vite, il omet beaucoup de détails, il ne mentionne aucun nom, il fait exprès de résumer. il se dit que s’il n’en dit pas trop, y’a aucun moyen que kenny saute dans la mêlée pour lui aussi finir dans la merde. c’est un espoir bien mince, mais ça vaut le coup de tenter.

évidemment, l’histoire est floue. le contexte est mal défini, on ne sait pas vraiment qui en veut vraiment à qui et pour quelles raison exactement. kenny vient à peine d’émerger, probablement encore bourré de sa nuit d’hier et rex l’assène déjà de ses problèmes. il lui demande de ralentir, de lui donner quelques précisions. ça lui plait pas trop à rex. il peut déjà voir l’implication de ken au fond de ses yeux. il ne pourrait pas en être autrement. tête brûlée, certainement, mais surtout un putain d’ami fidèle. peu importe l’embrouille il s’y jetterait en premier pour son meilleur pote. un avantage tous les autres jours, un handicap aujourd’hui. « si je te le dis, tu me promets que tu vas pas t’en mêler? » question vaine, bien sûr. plus pour la bonne conscience que pour l’efficacité. le genre de promesse impossible à tenir. tout comme il prendrait une balle pour ken, ce dernier ferait la même pour lui. alors tenter de le mettre à l’écart de là où les problèmes bouillonnent, c’est peine perdue. « bon, le fortune c’est la propriété d’un type qui s’appelle cosimo pavlo. un mec d’europe de l’est avec une sale gueule et des envies de meurtres. c’est le chef de la bande pavlo. j’imagine que tu connais, c’est difficile de passer à côté. ils sont partout : dans le queens tout entier, dans la moitié du bronx et dans quelques endroits stratégiques à manhattan et à brooklyn » des criminels, des assassins, des dealers, des putes et d’autres marginaux qui pourrissent la grosse pomme, un quartier à la fois. ils sont puissants, de quoi faire pisser les peureux directement dans leur froc. ils représentent un peu le fer de lance du crime organisée de ce côté-ci de l’east river. pas les premiers arrivés, mais définitivement membre de ceux qui ont su poser leur s couilles bien juteuses sur la table et clamer les territoires newyorkais comme leur propriété très privée. et pour couronner le tout, en matière d’argent et de remboursement, ils ne font vraiment dans la magnanimité. « comme d’habitude, staten island est à l’écart. même les gangs savent qu’on se fait à chier à mort là-bas. » tentative de blague pour détendre l’atmosphère, même si ce n’est pas vraiment drôle. bien que soit vrai que personne ne rêve de new-york pour les paysages pénibles de l’île du sud, le sujet rend l’humour bancal, comme un moustique dans la soupe qu’on voudrait noyer. « donc pavlo, c’est lui qui veut ma tête. l’histoire, c’est que j’ai suivi harper dans ses plans, il m’a proposé de l’aider à faire une grosse livraison de c avec lui pour son boss et puisque je suis con, désespéré et pauvre, évidemment j’ai dis oui. » un peu d’auto-dérision, mais une remarque pour le moins sincère. ce n’est jamais que parce qu’il n’a pas le choix que rex cède aux voies faciles. très peu attiré par l’illégalité d’ordinaire, bien trop soucieux de montrer un semblant de bon exemple, il ne s’est jamais laissé tenté avant. mais faut croire que même ça, ça a fini par prendre l’eau. « je me suis dit que ça serait facile. tu y arrives bien, toi. et ben faut croire que j’suis encore plus un blaireau que toi, parce que mon plan à moi, il a échoué direct. on s’est fait volé la marchandise et harper m’a fait porté le chapeau. et puisque j’aime ma tête là où elle est, faut que je rembourse. » il soupire. le raconter, c’est presque pire que de le vivre. ça lui rappelle à quel point il a pu être stupide. toujours gentil, rex. jamais méfiant, rex. bien trop naïf, rex. en toute honnêteté, c’est même un miracle qu’il ait pu survivre jusqu’à cet âge en étant si facilement manipulable.. « enfin bref, une journée normale dans le queens, en somme. » conclure en souriant, pour ne pas céder à la panique ou pire encore : la provoquer chez kenny. situation en apparence sans issue, mais rex est optimiste – du moins il essaie. des solutions, il en trouve toujours. suffit de prendre son temps, d’y aller doucement, de poser un pied après l’autre.

refus presque spontané et rex qui soupire. kenny s’offusque de la requête comme d’une totale absurdité et n’a-t-il pas raison ? mes problèmes sont tes problèmes, mais cette fois-ci, est-ce que ça vaut vraiment le coup ? la promesse est déraisonnée, impossible à tenir et puisque qu’entre frères on ne brise jamais de serment, il s’oppose tout simplement à jurer. jamais raisonnable même dans sa  propre sécurité et rex qui a le culot de faire le surpris. il le connaît par cœur, ken. mais fallait quand même qu’il tente sa chance, qu’il le prévienne que ça n’allait pas être le genre d’histoires marrantes qu’on raconte dix ans plus tard à ses gosses ; peut-être même qu’il y aura pas de dix ans plus tard. ton autoritaire quand des détails sont demandés, ce n’est que légitimé. une pulsion caractéristique de tout de suite se jeter dans les flammes, sans jamais penser à la brûlure, sans jamais penser à une sortie. alors rex déballe son sac. les propos filent et l’expression de ken ne fait que confirmer ce dont il se doutait déjà. toute cette merde ne laisse rien présumer de bon. c’est pas non plus tous les jours qu’on a des problèmes avec pavlo une remarque trop vraie pour être drôle et un rire pas franchement  sincère. ils le savent tous les deux, la situation n’a plus de rien risible. et pourtant les tentatives d’humour continuent. après tout, c’est tout ce qu’il reste. parce que dès l’instant où ils s’autorisent trop de sérieux, à la seconde où les sourires se fanent, alors toute cette embrouille devient une réelle menace et pas juste un récit lointain, comme un danger qui ne peut pas encore nous atteindre. déjà ce harper, j’vais le tuer. rex sourit, plus reconnaissant qu’amusé. quelque part, une toute petite voix au fond de lui se demande s’il pourrait vraiment le faire si tant est que l’occasion se présente. pourrait-il, de ses propres mains et pour le bien de ses proches, ôter la vie à un autre ? la regarder quitter son corps pour n’en laisser qu’un sac de sang et de chair alors déjà en putréfaction ? probablement pas. tout discours et traits coléreux qu’il affiche, il ne pourrait jamais, rex en est sûr. et même si ça devait arriver, il serait là avec lui, une pelle à la main au milieu du désert pour faire disparaître les preuves. « j’partage le sentiment, mais j’pense pas qu’ajouter ″meurtre″ à la liste de mes emmerdes serait la meilleure option pour le moment. » une envie pourtant bien compréhensive. trop naïf pour s’énerver souvent, ce n’est que de la haine pure que dégage rex quand il s’agit de ce traître. faut dire que se réveiller un matin avec un avis de recherche sur le dos, c’est pas la meilleure des nouvelles. et si l’envie de lui faire passer la pire heure de sa vie résonne parfois comme une boule dans l’estomac, et comme un picotement sur les phalanges, ça changerait pas grand-chose. à défaut de ne pas pouvoir améliorer la situation, autant ne pas l’empirer. « de toute façon, depuis janvier, il est introuvable. il a changé de numéro, d’adresse et j’sais même pas s’il travaille encore au fortune. j’peux pas vraiment me pointer là-bas pour lui demander des comptes. j’suis pas exactement le bienvenu. » plus de nouvelles depuis cette nuit-là, et loin de rex l’idée de rattraper le temps perdu, mais c’est qu’il leur reste encore des tas de choses à se dire. à commencer par je vais te faire manger tous tes morts, fils de pute, vous voyez, des classiques. des banalités, en somme. et puis kenny se met déjà en mode commando. il sort une clope, en propose une à rex qui refuse – ken a tendance à oublier qu’il ne fume pas -  et les propositions de solutions fusent.  pas une once de panique, juste des idées qu’il lance comme si c’était lui-même qui était dans la merde. il dit « on », il dit même « je », mais pas une seule fois il ne dit « tu ». que rex le veuille ou non, c’est trop tard maintenant. ils sont dans cette bouse tous les deux, à pieds joints et jusqu’au cou. « donc, je suppose qu’il n’y a pas de retour en arrière ? tu te laisseras pas convaincre de ne pas te jeter dans les problèmes ? » rex se redresse et s’étire. quel emmerdeur ce kenny. pourquoi il ne veut jamais l’écouter ? il est son aîné quand même, il devrait obéir sans broncher. mais bon, puisqu’il faut y aller. « on pourrait essayer de les retrouver, mais est-ce que t’as vraiment envie de te frotter à des mecs qui ont osé voler la marchandise de pavlo? » rex secoue la tête. c’est une idée, mais pas la moins risquée. cosimo est le genre de mec qui crie haut et fort quand il s’apprête à faire une livraison afin que tous les petits voyous mal avisés ne tentent même pas de s’approcher de son pactole. et pourtant, une bande de suicidaires a osé ce que personne d’autre n’oserait. la conclusion est vite tirée : ces mecs-là, c’est des malades. « rembourser, c’est ce que j’essaie de faire. la dette s’élève à… 80 000 dollars. » ça lui arrache la gueule rien que prononcer le chiffre à voix haute. quand on parle de cocaïne et en grandes quantités, les zéros ont tendance à s’ajouter bien rapidement. avec son salaire de videur, il lui faudrait plusieurs vies pour récolter ne serait-ce que la moitié. « ouais, je sais. c’est vraiment la merde, hein. c’est pas trop tard pour te défiler. » phrase prononcée dans un sourire qu’il pense de tout son cœur. chaque muscule, chaque os, chaque veine de son corps hurle en silence à kenny de fuir, de ne surtout pas tomber avec lui. « reste encore l’option harper. déjà, dis pas ″je″.  y’a aucune chance que j’te laisse faire quoique ce soit tout seul. et puis comme je te l’ai dit, le mec est introuvable. il doit bien se douter que les choses sont pas au beau fixe pour lui non plus. » un silence et de la réflexion. même s’il retrouvait quinn, est-ce que ça changerait vraiment quelque chose ? pavlo aime camper sur ses positions. peut-être que dans le meilleur des cas, la somme due sera divisée par deux. « je pourrais vendre un de mes reins? tu pourrais m’opérer. c’est comme jouer au docteur maboul. il faut juste couper juste là. » il montre du doigt une zone un peu au-dessus de sa hanche, plus vraiment certain de plaisanter. « si se la jouer boucher te tente pas, on pourrait réunir une bande d’escrocs et braquer trois casinos comme dans ocean’s eleven. ou kidnapper mon père – le député o’leavara. j’suis sûr qu’on nous donnera un petit pactole pour sa libération. » cette dernière option est de loin celle que rex préfère. quitte à commettre l’irréparable, autant mêler l’utilise à l’agréable et régler quelques daddy issues au passage. soupire de nouveau, dépité. « tu sais je m’attendais à ce que tu te foutes au moins un peu de ma gueule pour m’être laissé avoir comme un con. si tu te moques pas, ça rend la situation trop sérieuse. ça me stresse. » si même toi, tu rigoles pas, kenny, c’est comme si j’étais déjà mort.

un coussin lui arrive sur le coin de la gueule et rex fait la moue. il pensait pas que kenny allait remarquer, mais si. ça lui a pas échappé. maintenant six mois que ce petit secret germe en douce sans en piper mot. bah, faut pas lui en vouloir. c’est pour la bonne cause. ça l’est toujours. c’est qu’il a que de bonnes intentions, rex. il pense toujours – et beaucoup trop – à bien et c’est ça qui le rend tellement faillible. les gens sensés écoutent leur tête. rex, lui, fonce droit dans le mur que son cœur – aveugle et mutin – lui indique. « j’ai fait ça pour toi, crétin. puisque ça sert à rien je vais arrêter d’essayer de te dissuader, mais quand même. tu sais pas dans quoi tu t’embarques, mec. on va peut-être c – r – e – v – e – r. » mais tant pis. quitte à mourir comme deux boloss, clamsés dans un fossé, autant le faire avec son meilleur pote. s’ils s’en sortent en vie en plus, ce serait clairement le genre d’histoire à raconter pour pécho en soirée. moi et mon copain – le renoi sucré là-bas – on a survécu à un chef de gang sanguinaire. de quoi retourner quelques culottes probablement. du moins, c’est ce que rex se dit pour ne pas désespérer. est optimiste d’ordinaire, pourtant, mais même pour lui, l’éternel utopiste, certaines situations apparaissent franchement mal parties sinon perdues d’avances. les options fusent et se rejettent. comment savoir quelle méthode adopter ? pour eux – peut-être plus pour que rex que kenny, mais la vérité est là – ce genre de trucs, c’est encore neuf. c’est probablement vrai que les voleurs de marchandises ne sont pas autant à craindre que pavlo et sa bande. néanmoins, pour deux gars à peine adultes et encore très cons, c’est déjà un niveau trop haut. ça n’arrange rien quand le montant de la dette est mis sur la table. ouais, c’est du sérieux. la seule idée qui n’est pas tout de suite balayée par la réalité des choses, c’est le kidnapping du député o’leavara. rex est sûr qu’il pourrait trouver son adresse en fouillant un peu dans les vieux relevés de compte de sa mère. et pendant un instant, rex il vraiment tenté de poursuivre sur cette voie, mais il se ravise. faudrait pas se lancer dans une entreprise de telle envergure avec si peu de chances d’être menée à bien. « t’es vraiment nul, ken. tu devrais essayer de me contenir, de me dire que mes idées sont stupides et dangereuses. je sais que c’est moi d’habitude le cerveau – t’as que vingt-cinq piges après tout – mais quand même » livre des pensées bien réelles dans un paquet d’humour. le classique ″t’as deux ans de moins, tu chies encore dans tes couches″ mais ça reste vrai qu’il aimerait qu’il y ait quelqu’un d’autre avec eux pour les aider à y voir plus claire à ne pas faire n’importe quoi. two wrongs don’t make a right et ils auraient bien besoin qu’on leur en tambourine le crâne. parce qu’en soit, c’est pas les plans qui manquent. dans le queens, y’a toujours une solution pour les crevards. mais la raison, elle, ça fait longtemps qu’elle a foutu le camp. « si on se sort de ça, je t’assure que plus jamais je m’essaierai au trafic. gagner ma vie comme un bâtard c’est toujours mieux que de vivre avec un flingue sur la tempe. » je le jure. oui, mais… les promesses c’est bien beau et il arrive même qu’on les tienne parfois. mais les mecs comme rex, on connait leur histoire avant même d’ouvrir le livre. ça commence par des ″plus jamais, c’est la dernière fois″ et ça finit toujours pareil et jamais bien. « tu sais, y’a des boulots qu’on pourrait faire… » laisse sa phrase en suspens le temps d’une seconde. réfléchit. ça fait longtemps qu’il y pense à cette éventualité. il sait pas encore où aller pour, à qui demander et quoi faire exactement, mais il sait que c’est le genre de truc qui paye bien : l’histoire d’une fois, d’une grosse somme et on en parle plus. mais les conséquences.. ? « on pourrait prendre un contrat. je sais qu’il y en a qui tournent dans le queens, des contrats sur la tête de certaines personnes pour qu’on les liquide. je sais aussi que ça paye très bien, suffisamment pour n’avoir à le faire qu’une fois. » les yeux qui fixent le plafond comme si la solution se trouvait quelque part là-haut. ce serait sans doute le bon moment pour prier. mais rex ne croit pas en dieu et en toute honnêtete, si le grand barbu existe, il ne droit pas non plus croire en rex. « on pourrait tuer quelqu’un. » un murmure dans la chambre avant un silence. l’idée parait folle, mais elle est sincère. tuer quelqu’un, c’est facile. plus facile que de kidnapper un politicien, plus facile que de réunir 80 000 dollars en l’espace de quelques jours, plus facile que de se laisser crever sans rien faire. tuer quelqu’un, surtout ici, où on achète des armes comme on achète du pain, c’est faisable. c’est probablement la pire de toutes, mais c’est une solution.