basic instinct. ft rioja

L’instinct… cette capacité à survivre à se démerder pour ne jamais flancher. L’instinct, qui lui servait depuis toujours, depuis qu’elle avait dû survivre par elle-même. l’instinct, son arme la plus puissante, cette putain dans ses bras, et le regard de la reine sur elle. tu voulais que j’fasse quoi ? elle t’a menacée ! le regard presque colérique, une bonne imitation, ou la vérité ? elle se perdait toujours un peu plus, depuis qu’elle avait commencé, qu’elle s’était faufilée entre les mailles des filets, pour s’ajouter aux corbeaux, pour se faire passer pour l’oiseau noir, sans jamais se faire prendre, sans jamais sentir ses plumes se décolorer. Parce qu’elle était dans un rôle, parce qu’elle avait l’audace de le remplir. Parce qu’elle se sentait devenir comme eux, mourir comme ces oiseaux de malheur… peut-être que le vrai cauchemar débutait là, là où la frontière entre le bien et le mal n’existait plus ? là où tout disparaissait, où ses convictions se mélangeaient ? parce que dans une vie aussi segmentée sur la sienne, tout se confondait fébrilement, et d’un seul coup, la policière se sentait criminelle, comme si son véritable monde se trouvait devant ses yeux…
Mais c’était pourtant le cas… elle y était née, dans la crevasse des souterrains, dans la mélasse des tueurs, des dealers, des pires fléaux de l’humanité, peu importe où le regard se posait. Elle y était née, peut-être que l’autorité n’était pas sa voie… peut-être qu’elle s’effaçait un peu trop bien, pour devenir celle qu’elle devait être. déso, j’vais pas m’excuser d’t’avoir sauvé la vie ! j’te rappelle que j’suis là pour ça, aussi. J’suis peut-être pas garde du corps, mais pas besoin, avec moi ! même si tu savais très bien que jamais rioja n’avait été en danger. Parce qu’elle savait très bien se débrouiller seule, parce qu’elle savait très bien tuer seule. Mais si tu n’avais pas bougé en première, si tu n’avais pas passé tes mains autour de sa tête, si tu n’avais pas fait flanché cette misérable, là, le regard noir de la reine aurait viré au rouge, tandis qu’elle t’aurait sans doute démasquée, ou fait buter. dans ce milieu, la loyauté faisait loi, tout comme elle faisait fi des lois. La loyauté, on la recherchait, tout comme on en avait peur. parce que le second pouvait s’emparer du pouvoir en un clin d’œil, en supprimant le premier. C’était ce qu’elle avait fait, la reine. C’était ce qu’elle craignait de blake, la reine. Sans aucun doute. si l’une pouvait le faire, l’autre aussi. alors tu lui montrais. Tu lui montrais que tu étais loyale, que tu n’étais pas (encore) passée du côté obscur, celui qui guiderait ta lame ou ton flingue vers le cœur de la noire. bon, tu vas me faire la gueule encore longtemps ? parce que c’était fini, bon sang. Elle était morte, cette foutue putain venue réclamer des comptes, un flingue dans la poche. Ne pouvaient-elles pas revenir à leur discussion ?

la reine ne décolère pas, les mains enfoncées dans ses poches et ses talons qui traînent sur le bitume. elle est née dans l'horreur la plus sanglante, elle sème la terreur dans les rues les plus malfamées et pourtant elle répugne à tuer sans raison. (sans bonne raison) et a aucun moment elle ne s'est sentie en danger face à cette prostituée. sa langue claque contre son palais. « tais-toi ! » la scène tourne encore en boucle dans sa tête. elle aurait pu se défendre seule, lui régler son compte seule. simplement lui faire peur sans mêler la faucheuse à la danse. elle n'est pas contente, rioja. son bras droit a fait son boulot, la défendre. mais elle n'est pas contente. parce qu'elle l'a pas demandé. « tais-toi, je te dis. » qu'elle martèle une nouvelle fois, elle marche rapidement et tourne le dos à la jeune femme. elle sent sa lame froide contre sa cuisse, plaquée contre sa peau par ses cuissardes à talons. « épargne-moi tes sottises blake ! tu n'as sauvé la vie de personne, tu vas juste nous mettre ces saletés de flics sur le dos. c'est ce que tu veux, blake ? » elle s'arrête, rioja, se retourne et fonce vers son interlocutrice qu'elle attrape sans douceur par les épaules. « tu veux qu'on se fasse choper par les flics, blake ? » elle fronce les sourcils, son regard plonge dans celui de sa loyale protectrice. « plus jamais tu n'agis sans que je n'en ai donné l'ordre. c'est clair, blake ? » ses doigts sont serrés autour du menton de la pauvre âme, le regard droit dans le sien.