mauvaise graine. (milo)

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{ mauvaise graine }
crédit/ tumblr ☾ w/@Milo Ferreira

Mauvaise graine, pas de trêve
Mauvaise graine, ne veut pas de traître
Ce soir, dans ton tiroir, tu foutras ta flasque
Avant de t'endormir, elle t'en voudra, ta femme
L'équipe était prête à prendre la foudre à ta place
Mais t'as fait le traître, alors on floutera ta face

Un coup de poignard dans le dos,
mille lames acérées en plein cœur.
C’est foudroyant, virulent,
comme un coup de tonnerre qui surprend.
C’est stupéfiant et, à la fois, révoltant.

Elle s’attendait à reconnaître des noms dans ses fréquentations. Déceler des traits familiers dans les clichés annexés au dossier. Elle s’attendait à une trahison car, dans ce milieu, on redoute toujours une trahison. Plus que la mort ou quelconque autre forme d’abandon.
Elle s’attendait à n’importe quel nom,
mais pas au sien écrit là, noir sur blanc.

M I L O
F E R R E I R A

Milo et James. Longue histoire d’amitié fraternelle. Elle connaît les sentiments de son cadet pour ce grand frère différent du sien. Là où Gregor a tenu cette distance calculée entre lui et leurs frangins, James, lui, était présent. Un peu trop présent, même, déjà à l’époque pour la grande sœur surprotectrice. Elle n’a que deux années de différence avec Milo. Mais deux années ont suffi à faire d’elle son aînée. Celle qui cherchera toujours à le protéger. Celle qui, peu importe l’homme menaçant et puissant qu’il peut être pour ceux qui gravitent autour de leur famille, ne voit toujours en lui que son petit frère. Son petit frère imprudent, inconscient et irresponsable. Imprévisible et déraisonnable. Têtu à outrance. Beaucoup trop amateur de violence. Le sang chaud, pour mieux masquer la fragilité qu’il n’ose pas assumer. Celle dont les Marlowe pourraient aisément profiter.

Et puis, il n’y a pas que ça, Alix,
tu le sais,
il y a juste toi qui ne peux pas accepter,
que ton frère reste aussi complice de cette famille,
qu’il garde cette proximité,
avec ceux qui t’ont brisée.

James en particulier.

James, toujours, en particulier.

Un sujet sensible pour la fille Ferreira, elle a préféré omettre de telles suppositions jusqu’à présent. Peut-être qu’un fragment d’elle s’est toujours doutée, qu’il ne pourrait pas couper les ponts si facilement. Elle a pu se forcer à ne pas à penser. À ne pas imaginer les risques encourus par Milo pour cette amitié. Elle a pu s’efforcer de fermer les yeux, certainement, dans le respect de ses sentiments.

Seulement elle ne peut plus accepter ça,
elle ne peut pas tolérer ça,
c’est inconcevable,
pour Flora.

L’esprit n’est pas resté à la réflexion bien longtemps. Le dossier refermé, elle l’a rangé dans son sac soigneusement. Elle doit s’efforcer de maintenir son mari loin, loin de ces conflits fraternels. Loin, surtout, de ces affaires criminelles. C’est en profitant d’une énième absence de sa part que la louve quitte la luxueuse demeure Romani, pour rejoindre celle de son frère. Le trajet vite écourté, quelques feux grillés, et la voilà, devant la porte d’entrée. Son sac contenant le fameux dossier toujours contre l’épaule, elle frappe contre le bois de la porte. Fort. Encore plus fort. Suffisamment pour réveiller tout le bâtiment, peut-être, mais elle suppose que Milo est pleinement éveillé. Quand, enfin, elle voit son visage apparaître à l’embrasure, la ténébreuse ne cherche pas à le réveiller. « Il faut que je te parle. » elle annonce sans préambule, puis entre sans y être invitée non plus. Elle passe devant lui pour laisser tomber son sac sur le canapé. Volte-face, la voilà à nouveau devant lui, ses opales qui les fixent sans ciller.  Il y a des jours qu’elle ne l’a pas vu, son frère. Depuis l’enterrement de sa fille, Alix, elle fuit. Elle fuit tout le monde qui peut l’entourer alors qu’elle a fait de son deuil sa meilleure compagnie. Et la voilà, maintenant, devant lui, prête à lui demander des comptes. Elle décide, même, de ne pas attendre, pas faire semblant. Elle veut entendre la vérité de sa voix directement. « Alors, il paraît que tu vois encore James ? » le nom qu’elle évite depuis trop longtemps de prononcer, celui qui la ramène des années dans le passé. Mais c’est l’heure de vérité. Ou de son procès.
Car elle ne laisse aucune alternative,
aucune porte de sortie,
rien qu’elle et Milo, pour le meilleur comme pour le pire,
comme toujours à vrai dire.

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{ mauvaise graine }
crédit/ tumblr ☾ w/@Milo Ferreira

Elle n’a pas réfléchi,
avant de venir,
elle n’a pas réfléchi,
elle s’est contentée d’agir,
laisser son instinct ressurgir,
laisser cette colère l’envahir,

à l’égard de ce frère qui l’a trahie,
qui la trahit,
chaque fois qu’il retrouve l’ex honni,
chaque fois qu’il sympathise,
avec le clan ennemi,
chaque fois qu’il frôle les limites,
de ce qui a cessé d’être un jeu interdit.

Elle connaît trop bien Milo pour douter du fait qu’il ne voulait pas la blesser. Pas une seconde, il n’y a pensé. Il n’a pas songé au mal qu’il lui ferait, si elle apprenait. Il n’y a pas songé, non, pas un instant. C’est bien le constat le plus lancinant. Douleur terrible, de celle qui se sent trahie, sûrement beaucoup trop vite. Elle a besoin de parler, besoin d’éclater. Besoin, aussi, d’abolir cette amitié qui n’est plus de mise. Féline impossible à contrôler, Alix, elle a aussi ce besoin paradoxal, besoin vorace d’avoir la maîtrise sur ce qui peut l’entourer. Pas toujours facile avec sa famille, elle l’est encore moins en cette période difficile, l’écorchée vive. À fleur de peau, elle n’attend pas une seconde. À peine à l’intérieur, elle lui fait part de ce qui lui lacère le cœur. Le ton sec, presque dur, de son petit frère, elle ne le relève même pas. Elle entre dans le vif du sujet mais lui… lui, il doit bien trop aimer le danger. Elle le devine déjà prêt à nier. « N’essaie pas de nier Milo. » elle lance, le timbre résonnant comme un avertissement. Elle ne veut même pas l’entendre mentir, tenter un subterfuge qui la blesserait plus encore qu’elle ne l’est déjà. Elle refuse de lui donner l’occasion de lui faire du mal. Elle n’est pas prête, Alix, pas prête à endurer cela. « Je le sais. Il n’y a aucun doute là-dessus, alors s’il-te-plaît, n’empire pas la situation en me mentant. » Qu’il efface cet air si surpris et innocent, qu’il cesse de se comporter en enfant. A-t-il conscience, au moins, de ce qu’elle a perdu à cause des Marlowe ? Faut-il qu’elle éclate en sanglots pour qu’il prenne en compte la douleur qu’elle ressent ? Peut-être, peut-être qu’il comprendrait. Mais Alix, elle n’est pas de ceux qui se laissent submerger. Les émotions réfutées, elle s’interdit de craquer. S’interdit de céder à l’appel d’une seule perle salée. La fille unique de la famille a appris à se faire entendre autrement par ses frères. Notamment, en se faisant volcanique, en se faisant incendiaire. « On sait qu’ils sont liés à la mort de Flora, on le sait et… et toi, tu continues de le voir ? Comment tu peux me faire ça ? » elle demande, la voix qui s’élève déjà malgré elle. Les émotions à vif, elle en est encore plus caractérielle. La colère, elle la maintient en vie, bien plus que les larmes qu’elle retient. C’est elle et elle seule qu’elle laisse entrevoir plutôt que la douleur qu’il lui inflige avec une trahison pareille. Pas de chance pour elle, la colère, elle est aussi l’arme de défense de son petit frère.