SAVE THE QUEENS
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
(02.06.2023) STQ FÊTE SES 5 ANS HAPPY BDAY !
Le Deal du moment : -14%
Apple MacBook Air (2020) 13,3″ Puce Apple M1 ...
Voir le deal
799 €

Partagez

 

 snake in despair - haskel

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2  Suivant
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




snake in despair - haskel Empty
Message Sujet: snake in despair - haskel   snake in despair - haskel Empty Ven 27 Nov - 4:09


i (don't) need help, i (don't) struggle, i (don't) cry outloud, and i can't take it anymore -- @haskel larsen

Les mésaventures comme celle-ci arrivaient toujours si fréquemment, ces derniers temps, qu’elle avait l’impression que le monde se foutait de sa gueule, ouvertement. Qu’elle avait l’impression qu’il la punissait, elle, qu’il avait pourtant détruite. Une colère sourde encore présente en son cœur, en son sein, en son esprit, elle ne savait oublier, ne savait se calmer, était ce serpent qui se glissait là où il ne fallait pas, là où le venin serait le plus efficace. Elle était toxique, cette femme dans son tombeau roulant. Toxique, et mal élevée, en apparence, le regard noir envers quiconque s’approchait d’elle, la roue pourtant totalement bloquée, un souci mécanique qu’elle ne pouvait visiblement pas régler, et l’immobilisation totale au milieu du centre commercial. tout avait pourtant si bien… non, rien n’avait bien commencé, jamais. mais tout avait pourtant été si calme, avant cela. Comme si tu avais eu un moment de répit depuis le réveil, quand bien même les rituels qui avaient suivi avaient été, comme d’ordinaire, longs, épuisants, frustrants. Pourtant, rien de grave, rien qui ne pouvait te gâcher la journée, hormis tes sautes d’humeurs fréquentes, silver. mais la voilà qui se retrouvait subitement, abruptement, coincée au beau milieu du centre commercial, une petite fontaine à ses côtés, dont le clapotis de l’eau l’agaçait fortement, un banc occupé un peu plus loin, les regards d’un enfant sur sa silhouette, comme s’il cherchait à se moquer pensais-tu, un vendeur de crêpes et gaufres à ta droite, qui ne daignait lever les yeux vers elle, bien trop occupé à épuiser ses stocks. Et cette impression de se retrouver au milieu d’un vide, sans personne autour d’elle, personne qu’elle ne semblait vouloir accepter, personne qu’elle ne connaissait, serpent blessée dans un environnement qui n’était pas le sien. et t’avais pensé à appeler joy, t’avais pensé à passer un message à arya. T’avais pensé à les déranger, ta reine et ton infirmière, pour qu’elles viennent te libérer. Mais tu n’en étais pas capable, têtue. Impossible pour toi d’admettre ta faiblesse, impossible pour la rage qui coulait en tes veines d’abdiquer, impossible d’accepter cette foutue défaite, tandis que tu forçais sur la roue, espérant un miracle, comme si ce genre de choses pouvait t’arriver, à toi, maudite. maudite… elle se sentait bien ciblée par une telle malédiction, puisque sa vie n’était qu’une putain de succession d’emmerdes toutes plus douloureuses et difficiles que les autres. Sans compter l’accident qui lavait privée de ses jambes, ces deux membres inutiles qui ne savaient plus bouger, pour son plus grand désarroi, il y avait le monde qui se retournait contre elle, les vices qui s’emparaient de son âme. les services qui se retournaient contre elle, les médecins qui ne savaient pas la guérir, qui ne savaient même plus la supporter. Parce qu’elle avait toujours eu cette langue pendante, ce don inné pour sortir les phrases et insultes les plus difficiles à quiconque s’approchait un peu trop près, mais depuis qu’elle ne pouvait plus marcher, qu’elle était forcée de bouger dans ce fauteuil qui la répugnait, son monde s’était assombri, et elle avait plongé dans les humeurs les plus difficiles, s’en prenant à quiconque, innocent, était à portée de ses mots les plus tranchants. mais au fond, silver, t’étais juste seule, triste, et blessée, en colère contre la vie, pas contre les personnes qui peuplaient ce monde. au fond, au fin fond de toi résidait un véritable cœur qui pouvait en surprendre plus d’un. Plus d’une. mais seule sa reine, sa lionne, pouvait avoir eu le plaisir de découvrir cet organe battant fortement. Et bien que son infirmière aussi avait pu toucher ce cœur souffrant, il n’avait pas été dévoilé. Pas encore. tu ne savais plus comment faire, en réalité. il n’y avait que joy qui était parvenue à dévoiler ton palpitant, réellement. et elle rageait. Et elle s’énervait. Attirait l’attention sur elle, pour rejeter n’importe quelle tentative de lui venir en aide.
Parce qu’elle n’en pouvait plus. parce qu’elle avait l’impression que c’était de l’acharnement. Parce qu’elle était ce serpent qui ne savait qu’envenimer, même lorsqu’elle avait besoin d’aide.
Elle était un cas désespéré…


(c) calaveras.
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




snake in despair - haskel Empty
Message Sujet: Re: snake in despair - haskel   snake in despair - haskel Empty Ven 27 Nov - 14:44

Je suis pas quelqu'un qui prend des initiatives facilement. Je préfère rester éloigné, éviter, repousser à plus tard. Faire semblant d'oublier, puis oublier vraiment. Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus le choix, je dois le faire. De toute évidence je pouvais pas rester chez moi indéfiniment sans faire de courses. Planté au rayon des légumes depuis dix minutes, sans savoir me décider, je fais mine de comparer la beauté des ingrédients pour choisir. La cuisine ça a jamais été mon truc. Je me contente de repas déjà préparés, et quand de ça il n'y a plus, je saute le souper. Peu importe ce qui passe sur ma langue, ça n'a jamais vraiment de goût. Comme un sens que j'aurais perdu.

Le papier froissé de ma liste entre les mains, je plisse des yeux pour me relire. Qu'est-ce que j'ai mis là ? J'arrive pas à comprendre. Des pattes de mouche, du noir gribouillé sur le post-it. Je me demande même si c'est pas juste une rature. Merde, ça m'agace de pas me rappeler. Tant pis. Autant se fier à la mémoire visuelle et me souvenir de ce qui manque au fil de mes allers-retours entre les rayons. Au passage j'embarque deux trois conserves. Des paquets de biscuits. Je crois qu'il me reste du lait à la maison. Des fruits ? Clémentines. Compotes de pomme. Beurre, sel, poivre. J'espère que j'ai assez dans les bras pour porter tout ça.

Ma hantise c'est aussi de passer à la caisse. Tirer la carte dans la fente et lire que le paiement est refusé. Je surveille pas mes comptes, ils sont en chute libre, et ça me terrifie à chaque fois au moment de payer. Est-ce que je vais avoir assez, est-ce que je vais me faire jeter, est-ce que je vais devoir aller rendre tout ce que j'ai pris.

Paiement accepté.

Ma poitrine crève de soulagement. Je balance les articles dans le sac et quitte le supermarché pour retourner dans les galeries commerçantes. J'ai le pas pressé comme si j'étais poursuivi par le temps ou poussé par un couteau pointé dans mon dos. En passant à côté d'une vitrine de bouquins, mon corps fait un arrêt net, retenu par une force invisible. Un livre pour enfant m'attire l'œil ; j'entre en magasin pour attraper l'ouvrage par la tranche. Debout, je feuillette dans un silence religieux. C'est le genre de livre avec des patterns de matières à l'intérieur, des textures à toucher, à faire découvrir aux gamins en bas âge. Des illustrations d'animaux jolies et colorées. Toujours très peu de textes. Une page avec une berceuse qui s'enclenche automatiquement et que je referme aussitôt, surpris par le son. Pour moi la musique c'est comme un coup de feu, je sais jamais quand m'y attendre.

C'est la deuxième fois que je passe à la caisse. Dans mon trench coat beige, ma coiffure arrangée au mieux pour sortir et mon pantalon droit, je ressemble à un bon père de famille qui fait ses courses avant Noël. Je salue la caissière qui me sourit, sûrement en train de se dire que mon fiston sera gâté pour le vingt-quatre. En sortant, je me rends aveugle aux vitrines qui défilent encore à ma droite et ma gauche, pour éviter de me faire piéger à nouveau. Je marche vite. Plus vite. J'esquive habilement un flot humain qui va à contresens, joue des épaules pour éviter le moindre contact physique, comme si un seul d'entre eux pouvait me tuer.

Je ne regarde pas les gens. Je vois seulement les panneaux suspendus qui montrent le chemin vers la sortie, je ne vois que ça, que ça, que ça, seulement ça. Aussi est-il évident que je n'ai pas pu voir cet obstacle dans lequel mes pieds ont buté. Le bout de ma chausse prisonnier d'un grillage, je remue du genou pour m'extraire. Puis je réalise que le grillage est celui d'une roue immobile.

Je cesse mes secousses. Mes paquets de courses dans les bras, je baisse les yeux sur une femme assise. Je me demande ce qu'elle fait là. Autour de moi le flot humain n'a jamais interrompu son flux, comme indifférent à un corps qui refuse de se mouvoir dans son élan. J'ai arrêté, moi aussi, d'avancer. Depuis longtemps. Au sol rutilant je dépose mon chargement alimentaire. Ce livre pour enfant. Le genou posé à terre, j'inspecte les rayons de métal, le caoutchouc qui recouvre le disque.

- C'est crevé.

Je ne sais pas si elle a entendu.

- La roue, elle est crevée.
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




snake in despair - haskel Empty
Message Sujet: Re: snake in despair - haskel   snake in despair - haskel Empty Ven 27 Nov - 18:57


i (don't) need help, i (don't) struggle, i (don't) cry outloud, and i can't take it anymore -- @haskel larsen

L’impression que le monde ne cessait de lui en vouloir, de la punir. L’impression que tout était fait pour la rendre folle, folle de rage. L’impression qu’elle ne pourrait pas tenir bien longtemps sans se mettre à hurler, déverser sa colère sur quiconque s’approcherait. L’impression que le monde s’effondrait, à chaque fois qu’elle se sentait mal, que son état l’handicapait, qu’elle désirait ne jamais vivre, ne jamais avoir vécu, parce que cette souffrance continuelle, et cette impression de faiblesse perpétuelle, ne cessait de la détruire… tu n’en pouvais plus, silver. Tu n’en pouvais plus, tu avais l’impression de subir cela depuis bien trop longtemps, et si tu n’avais pas rencontré et la reine de ta vie, et l’infirmière adorable, sans doute aurais-tu fini par presser la détente, te libérant de ce fardeau, de ce tombeau qui te retenait prisonnière, alors même que tu étais encore en vie… mais quelle vie… elle ne pouvait pas se déplacer comme bon lui semblait, elle était coincée la plupart du temps, elle était essoufflée en descendant d’un étage dans sa maison, vu qu’elle devait changer son fauteuil pour celui qui l’élevait. Elle était en perpétuelle agonie, n’arrivait pas à s’accepter, accepter que le monde ne voulait pas d’elle… et si elle tenait encore, c’était bien parce qu’elle passait plusieurs nuits par mois à l’hôtel, là ou sa lionne travaillait, là où elle pouvait voir son beau sourire, celui qui avait tous les pouvoirs du monde…
Mais là… là, coincée au milieu du centre commercial, personne pour l’aider, et les quelques-uns qui s’y essayaient avaient en face d’eux le regard noir d’un serpent prêt à les détruire, à les dévorer… parce que la colère était constante, chez elle. parce que la rage, la fureur, cela faisait désormais partie de toi. tu étais une bombe à retardement, crachant ton venin, insultant quiconque se trouvait en travers de ton chemin, insultant le monde tout entier, s’il le fallait. parce qu’elle ne savait comment gérer cette faiblesse apparente qui la rendait malade, qu’elle refusait de se sentir ainsi dominée… dominée par le monde, dominée par les astres, dominée par les étoiles…
Mais alors qu’elle tentait, encore, en vain de faire bouger sa roue, elle sentit une secousse, un pied entrant entre les deux barres du grillage de sa roue, et d’un coup, elle eut peur. pendant un instant, l’impression qu’en plus de son handicap, on lui en voulait réellement. L’impression que quelqu’un s’apprêtait à se défouler sur une femme ne pouvant littéralement pas se défendre. mais non. Il ne s’agissait que d’un homme, visiblement dans la lune. mais bon sang de bordel de putain de merde ! vous pouvez pas faire attention ?! et qu’est-ce qui serait arrivé si vous me l’aviez pété ? vous vous rendez compte que j’ai besoin de cette merde pour me déplacer, et me tenir ? putain, mais vous êtes complètement aveugle ou quoi ?! la furie. La furie, fureur déchainée qui se reportait sur le seul qui avait pu l’approcher, quand bien même il ne l’avait pas fait exprès. Apparemment. oui, merci j’avais remarqué ! putain… j’arriverai jamais à rentrer chez moi… elle n’était qu’un animal blessé, le serpent qui avait du mal à supporter sa condition, qui se retrouvait privé de tous les mouvements, qui se sentait affligé, qui se sentait mal. Terriblement. tu n’étais qu’une carapace de colère, avec un animal effrayé à l’intérieur, silver. Qu’une sorcière qui défendait son âme trop fragile. Tu ne savais que crier, t’exaspérer, insulter. Tu ne savais que cracher le venin, empoisonner le monde. parce que ce monde te détestait, tu ne pouvais que le détester en retour, tu ne pouvais que vouloir le voir périr en retour…
Pourtant, elle était capable de s’adoucir… parfois…
Si seulement elle savait se contrôler…


(c) calaveras.
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




snake in despair - haskel Empty
Message Sujet: Re: snake in despair - haskel   snake in despair - haskel Empty Ven 27 Nov - 20:14

J'ai oublié comment c'était que de déverser sa colère, et comment c'était que d'être là pour la recevoir. D'un coup je me tends, pris d'un électrochoc, quand je perçois ces vocables, ces coups de couteaux de verbes et de mots. Ils sont pour moi, je ne sais pas avec quels bras je dois les attraper et les tenir. Heureusement que j'ai posé mes sacs de courses.

- Je suis vraiment navré.

D'avoir causé la peur.

- Je peux appeler quelqu'un.

Je ne sais pas comment je vais faire ça, appeler quelqu'un. Je pourrais placer mes mains en porte-voix et crier fort, puis voir ce qui se passe. Je pourrais attraper l'épaule du premier passant sur ma droite, et lui dire, aidez-moi à trouver une solution. Je pourrais abandonner cette femme pour aller à la rencontre d'un agent de la sécurité, et lui exposer la situation. Je pourrais prendre mon téléphone et taper un numéro au hasard, peut-être qu'on me répondrait.

J'ai toujours pensé que la colère avait du mouvement, quelque chose de terrible et fatal. Qui détruit d'un coup, sans passer par l'érosion. La colère. Je la vois dans ses yeux. Je l'entends dans sa voix. Je la sens s'immiscer dans ma peau percée d'un frisson nerveux. La colère. J'y donne une importance capitale, comme si je pouvais y faire quelque chose. Comme si j'avais quelque chose entre mes mains capable de résoudre ce sentiment.

- Dites-moi comment vous aider.

Je suis debout. Est-ce que je devrais m'en sentir coupable ? Le monde continue de tourner autour de nous, immuable et pressé. Le flux qui ne cesse jamais. Qui n'a pas de temps à allouer à une femme en colère et son véhicule cassé. Les gens préfèrent donner de leur temps à des personnes qui se trouvent à la même hauteur qu'eux.

- Dites-moi.
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




snake in despair - haskel Empty
Message Sujet: Re: snake in despair - haskel   snake in despair - haskel Empty Ven 27 Nov - 21:17


i (don't) need help, i (don't) struggle, i (don't) cry outloud, and i can't take it anymore -- @haskel larsen

La colère… la colère faisait rage en elle, depuis son accident. Coulait dans ses veines, coulaient jusque dans son cœur, le corrompait, le noircissait, le détruisait… la colère, elle ne savait pas la calmer, ni la contrôler, ne pouvait que l’effleurer, que la laisser partir, que la laisser se déverser en abondance sur qui était prêt, ou non, à la recevoir. La colère, elle ne pouvait pas s’en débarrasser, fureur envers ce monde qui la rejetait, qui la détestait. La colère, c’était elle, vicieuse, sorcière, serpent, envenimée… elle était mauvaise, elle était toxique, elle était puissante, cette fureur qui se jouait d’elle, qui l’empoisonnait à chaque fois un peu plus. elle était horrible, cette rage qui la prenait de court, qui l’emmenait dans les abysses les plus noires de son cœur, palpitant en danger quand elle laissait libre court aux insultes, que sa voix montait plus férocement. Elle était animal blessé qui se défendait, sans savoir comment le faire sans les mots, parce que ses seules armes résidaient en sa langue, capable de prononcer plus d’insanités et de vulgarités à la seconde que n’importe qui… c’était ce que tu pouvais faire, parce que jamais tu ne pourrais te défendre contre le monde autrement. C’était ce que tu faisais, parce que les autres pouvaient marcher, courir, jouir d’une belle vie. parce que les autres ne devaient pas abandonner leur plus grande passion une fois assis… et la rage existait ainsi… elle ne savait l’éteindre, cet incendie qui se déversait en elle. elle ne savait l’éteindre, ne faisait que l’attiser, sans s’en rendre compte. Parce que les mots, durs, les phrases, choquantes, le ton puissant, ne faisait que l’énerver plus encore, contre cette vie qui voulait la saccager. encore heureux que vous soyez navré, putain ! c’est pas parce que vous avez vos foutues jambes qu’il faut donner un coup de pied dans ce qui me permet d’avance ! la colère, elle ne s’éteignait pas. néanmoins, dans les yeux de l’inconnu, elle lisait bien du regret. Il ne semblait pas se sentir offensé par ce déluge d’horreur qu’elle savait si bien prononcer. Il semblait plutôt inquiet, ou voulant se rattraper. Pouvait-elle lui en vouloir ? oui. non. Non ? elle ne savait pas, elle ne savait pas se calmer, elle n’avait jamais appris à contenir la violence de ce qui la rongeait, en son sein. appeler qui ?! vous ne croyez pas que je l’aurais déjà fait, si j’avais quelqu’un à appeler ?! le ton toujours difficile, elle parvenait presque à arrêter le flot d’insultes, sans savoir baisser la fureur de sa voix. Mais elle savait, pourtant. Elle savait qu’elle ne devait pas céder à cette rage intérieure, que son cœur, aussi noir était-il, pouvait être sauvé. Elle savait, mais ne parvenait pas à s’arrêter, parce que pour elle, il lui faisait défaut, il était l’un de ces bipèdes qui ne prenait pas en compte l’état d’une paraplégique…
pourtant, tu voyais bien que c’était faux. Il restait, ne fuyait pas, voulait l’aider… et que pouvait-elle dire ? allait-elle se montrer toujours dominante, clamant qu’elle n’avait besoin de l’aide de personne, et rester encore une éternité dans ce putain de centre commercial ? ou allait-elle avouer avoir besoin d’aide ? elle ne savait pas, ne le connaissait pas. d’abord, vous vous appelez comment ? parce que si vous croyez que je vais laisser le premier inconnu faire quoique ce soit… elle était mauvaise, malgré son cœur qui ne demandait qu’à ne plus être seul. elle était mauvaise, elle avait la répartie d’une femme blessée, d’une femme qui ne voulait pas laisser son cœur se rouvrir. Elle avait un tact presque inexistant. ensuite, vous pourriez trouver comment changer le pneu ! ou m’aider à bouger ! ou… j’en sais rien, putain ! elle ne savait pas. ne savait pas comment faire, bloquée ainsi… alors que le monde l’isolait une nouvelle fois, mais cette fois ci, au moins, en compagnie d’une âme voulant bien affronter ses déluges pour l’aider…


(c) calaveras.
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




snake in despair - haskel Empty
Message Sujet: Re: snake in despair - haskel   snake in despair - haskel Empty Ven 27 Nov - 22:47

Je dirais un feu. Oui, c'est ça. Un feu. Je dirais que c'est un feu. Un feu, comme après avoir éclaté soudainement quelque part, et qui depuis, ne s'est plus jamais arrêté de flamber. Oui, un feu. C'est ça que je viens de recevoir sur mes doigts. Ce qui devait ressembler autrefois à une chaude caresse a plu sur moi comme le brasier.

Je dirais que la colère est un feu. Il ne s'éteint pas, il s'alimente. Je l'ai alimenté. Je ne suis pas doué pour calmer les brûlures, j'ai plutôt tendance à les attiser à coup d'alcool. Les envoyer à l'aveugle à quelqu'un d'autre. Je regarde à droite, à gauche. Les autres autour ne cessent de nous contourner, comme un fleuve éviterait la roche qui le coupe en deux. Personne pour attraper la brûlure, personne pour l'apaiser. Feu inconnu, brûlure d'aujourd'hui, crève dans ces insultes qui me houspillent la peau.

- Haskel. Je m'appelle Haskel. Et vous ?

Les gens me demandent souvent de répéter mon prénom quand je me présente. Haskel, ça n'existe pas.

- Attendez, on va se mettre sur le côté. Je peux…?

Je fixe les poignées situées à l'arrière du siège. De ma vie je n'ai jamais eu à faire ça, et je m'en voudrais de mal le faire. Je ne sais même pas si ça se demande. Je ne sais pas comment on fait. Je n'ai jamais marché pour deux. Marcher pour moi seul, dans un centre commercial, c'est déjà difficile.

Mes sachets de courses abandonnés à mes pieds, des sacs poubelle blancs. Je penserai à les déplacer, eux aussi. En attendant, je reste immobile, le bleu de mes yeux attiré par les contours du visage de cette femme. Je ne sais pas non plus si je devrais l'appeler par son nom, par autre chose, ou pas du tout. Vous savez, c'est comme si vous vous trouviez en face de quelqu'un qui aurait un titre de noblesse très important. Vous ne savez pas comment vous devriez vous adresser à cette personne, et peut-être que mal le faire pourrait vous coûter la vie.
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




snake in despair - haskel Empty
Message Sujet: Re: snake in despair - haskel   snake in despair - haskel Empty Sam 28 Nov - 14:55


i (don't) need help, i (don't) struggle, i (don't) cry outloud, and i can't take it anymore -- @haskel larsen

Le feu… les flammes d’un enfer qu’elle vivait, continuellement, qu’elle lui faisait vivre, à ce pauvre bougre qui n’avait rien demandé, ne méritait sûrement pas ce qui lui arrivait. Les flammes, c’était un incendie, cette rage qui coulait dans ses veines, qui se mélangeait à son sang, qui la détruisait de l’intérieur. C’était une explosion, une bombe qui n’avait pas pu être désamorcée et qui s’attaquait à lui, qui n’avait pourtant rien fait de si mal, que de lui entrer dedans. C’était une explosion, qui se propageait de partout, qui formait une bulle, dans laquelle personne d’autre n’osait s’aventurer… et tu étais injuste, parce qu’il essayait de se rattraper, parce qu’il ne méritait pas ta colère, parce qu’il ne méritait pas de subir tout cela. Pourtant, tu étais incapable de t’arrêter, comme si le poison te brûlant devait sortir, devait s’attacher à la première personne, lui, malheureusement. Comme si le poison avait besoin de le consumer, lui aussi, pour que tu puisses t’en sortir. comme une égoïste… elle l’était, elle devait bien l’admettre. Se l’admettre, au moins. Elle était égoïste, c’était comme si son cœur était de pierre, qu’il ne pouvait pas donner, sauf à deux personnes qui l’avaient forcé, avec simplicité et tendresse. Celles et ceux qui survivaient à son venin pouvaient l’approcher, finalement. celles et ceux qui supportaient la morsure pouvait avoir sa sympathie. Comme joy, comme arya… comme lui, peut-être ? cet inconnu qui ne se démontait pas, tandis qu’elle lui criait dessus. haskel ? mais c’est quoi ce prénom ? ça existe ? putain… c’est… non, en vrai, c’est… assez sympathique, d’avoir un prénom inconnu. Je suis silver. ‘voyez ? un autre prénom étrange, même si le mien existe. Sauf que c’est un prénom masculin… sa dernière phrase, une pensée qu’elle ne sut garder pour elle, tandis qu’elle pouvait doucement se calmer. Parce qu’il voulait l’aider, parce que son prénom la faisait sourire… haskel. Tellement étrange. Has-kel. Se prononçant presque comme axel, un vrai prénom. Qui pouvait bien avoir eu l’idée de le nommer ainsi ? tes réflexions t’empêchaient de lui crier dessus, tandis que tu lui disais qu’il pouvait chercher un moyen de t’aider. et peut-être que le feu pouvait perdre de sa force, mais les braises restaient en place, et un seul mot de travers, une seule action, et le vent ferait repartir l’incendie. alors quand il parla de la déplacer, elle eut une grimace. Elle n’aimait pas que l’on bouge son fauteuil à sa place, elle ne voulait pas être faible. Jamais. mais elle devait bien avouer qu’elle l’était déjà. faible. Immobile. Sans pouvoir appeler qui que ce soit. parce que tu aurais pu, appeler Arya, appeler Joy. Mais tu n’osais pas, tu ne voulais pas qu’elles te voient comme le serpent blessé que tu étais. alors elle lui répondit ok, ok, allez y. mais doucement. Vous n’avez pas intérêt à me secouer, sinon je vous jure que je vous le ferai payer ! elle était toujours comme ça. Sa colère, sa carapace, sa seule défense. Elle était toujours comme ça, mais elle pouvait bien lui donner une chance, à lui. has-kel.

(c) calaveras.
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




snake in despair - haskel Empty
Message Sujet: Re: snake in despair - haskel   snake in despair - haskel Empty Sam 28 Nov - 19:10

- Silver. J'aime beaucoup.

C'est la première fois que j'entends ça. Et je comprends que de son côté, c'est aussi la première fois qu'un Haskel se présente à elle.

- Haskel, c'est la forme yiddish d'Ézékiel.

« Que Dieu rend fort ». J'ai un peu du mal à y croire. Mais parfois j'essaye. Un élan de superstition qui me permet d'avoir foi dans la signification des prénoms. On dit que le nom est un présage. Silver. Matière brute et solide, entre le cuivre et l'or. Une étape transitoire. Je découvre aujourd'hui que Silver peut prendre feu.

- Dites-moi si je ne fais pas correctement.

Et je m'active. Un pas en avant, peu assuré. Je regarde que Silver ne soit pas froissée. Toujours je regarde. Comme si le feu pouvait laisser éclabousser une braise et me faire mal. J'ai les doigts prêts. Je les enroule autour des poignées. Je ne suis pas à l'aise de faire ça. Comme si je prenais le contrôle de quelqu'un dans son dos. Comme si je pouvais devenir le sauveur ou le tueur. Les deux. Lentement je pousse. Je sens la roue crevée opposer une résistance. Tranquille Haskel, prends la force de Dieu, pousse encore. Allez. Silver a dit que tu ne devais pas la secouer, sinon elle te le ferait payer. Pousse. Un peu. Tranquille. J'ai peur d'y mettre trop de force. Peur de ne pas en mettre assez.

C'est bon. Le siège avance. J'amène Silver loin du flux. Plus loin. Près d'une plante qu'on a oublié d'arroser.

- Attendez, je vais chercher mes affaires.

Je lâche. Emboîte le pas pour retourner dans le mouvement inarrêtable, plier des genoux et ramasser mes sachets. Puis je reviens, le pas pressé. Comme un soldat qui sort de sa tranchée.

- J'ai du jus de fruit si vous voulez. Et du chocolat. Vous aimez ?

Entre les froissements de sachet, je creuse, cherche à manger. Le livre pour enfant finit par s'échapper et tomber au pied de la roue endommagée.
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




snake in despair - haskel Empty
Message Sujet: Re: snake in despair - haskel   snake in despair - haskel Empty Mar 1 Déc - 18:29


i (don't) need help, i (don't) struggle, i (don't) cry outloud, and i can't take it anymore -- @haskel larsen

Les flammes… pouvaient-elle s’éteindre ? elle n’avait jamais réussi à le faire d’elle-même, il avait toujours fallu que quelqu’un s’en occupe, que quelqu’un parvienne à trouver l’origine de l’incendie, et glisse doucement de la compassion dessus, le même effet que l’eau… pour éteindre les braises de son cœur, de son âme, de son esprit… parce que sinon, elle ne faisait qu’empirer, l’incendie grondait, et elle pouvait se perdre dans la rage, la fureur qui venait la corrompre… c’était une femme perdue dans cette colère, une femme perdue dans cette haine contre le monde qui l’avait punie, alors qu’elle ne pensait pas avoir mérité un tel traitement. Une femme qui n’en pouvait plus d’être coincée dans un fauteuil, un tombeau, tandis que les autres marchaient que les autres couraient, que les autres nageaient. Elle aussi nageait, autrefois. Olympique, elle avait été une vedette dans sa catégorie, elle avait acquis la vitesse, la souplesse… elle avait développé un amour inconsidéré pour l’eau, et désormais, elle était de flammes. Elle était cette colère sourde qui criait à tout va, qui ne pouvait pas s’empêcher de pleurer, le soir, seule. Faible. Serpent qui voulait se montrer fort, qui n’y parvenait pas. elle était faible. Tellement…
Mais elle se défendait. Elle piquait. Elle mordait. Elle empoisonnait. Et lui, il restait. Lui, il ne la fuyait pas. alors qu’il aurait pu. tout le monde le faisait, généralement. il aurait pu partir loin. Ne jamais se retourner. La laisser, et vivre sa vie. il aurait pu oublier. oublier cette femme dans le centre commercial. Ce haskel. j’aime aussi. Il me convient. ce n’était pas son genre de dire merci, ce n’était pas son genre d’être reconnaissante, parce qu’elle avait perdu l’habitude. Et lui arracher de tels mots… il fallait le faire. ça n’aurait pas été plus simple de prendre ézechiel ? remarquez… au moins, vous êtes unique. son ton s’était calmé… elle se calmait lentement. Doucement. Comme si la colère était passée, ou plutôt, comme si la présence de quelqu’un qui voulait bien se tenir à ses côtés, n’avait pas peur du feu, lui faisait du bien.
ok… allez y… lui dit-elle finalement, alors qu’il prenait le contrôle, usait de sa force entière pour faire rouler la roue crevée… et elle… elle se cramponnait. Un peu. c’était assez effrayant, en vrai… l’impression qu’il pourrait, s’il le désirait, te jeter sur la route, te jeter d’un étage… te contrôler. Mais c’était aussi rassurant, de savoir que tu pourrais bouger. Qu’il était là. qu’il avait l’air de ne pas t’en vouloir, pour la langue de serpent. ça va. Vous n’avez pas secoué. dit-elle, ensuite, tandis qu’elle le laissait aller récupérer ses affaires. Elle ne pouvait toujours pas dire merci, mais l’ouragan se calmait réellement. Et tandis qu’il revenait avec ses courses, et lui proposait à boire, et à manger, elle fut surprise. mais… je suis odieuse, et vous m’offrez à boire et à manger ? elle était étonnée. t’aider, c’était quelque chose. Mais là, c’était bien plus, il était bien trop gentil, ne méritait pas ta colère, ne méritait pas ton humeur. va pour les deux alors. Un carré de chocolat et une ou deux gorgée de jus de fruit. elle n’était pas du genre à refuser un cadeau. Ce n’était pas dans son caractère de s’effacer, elle était plutôt du genre à foncer, même avec le tombeau sur roues…


(c) calaveras.
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




snake in despair - haskel Empty
Message Sujet: Re: snake in despair - haskel   snake in despair - haskel Empty Jeu 3 Déc - 13:33

Une banquette sur laquelle se poser ? Oh non, ce serait bien trop beau. Je me laisse asseoir à même le sol, fouillant mes sachets plastiques comme de vastes besaces à trésors. Il se pourrait bien que ce soit ça.

- Chocolat au lait, ça ira ?

Entre mes mains, une plaquette de 205 grammes. J'en défais l'emballage jusqu'à un quart, comme une peau de banane, arrachant l'aluminium fragile. Ce froissement singulier de métal qui ploie entre les doigts. Je tends l'aliment à Silver, attendant qu'elle récupère le tout pour me libérer les mains. J'ai jamais aimé qu'on me propose de la nourriture touchée par quelqu'un ou qu'on avait déjà commencé à entamer.

- Je crois que c'est à l'ananas.

Mon préféré. Quand j'étais gamin, je demandais tout le temps ça au serveur, est-ce que vous avez du jus d'ananas. Sucré, un peu acide mais sans attaquer la langue. C'est la même marque que je prenais au restau, que je propose à Silver. Silver. J'en reviens toujours pas de ce nom. Silver.

- Pour répondre à votre question… Je suis rentré dans siège, c'est moi le fautif. N'importe qui aurait été en colère. Non ?

Je demande, parce que je ne suis pas sûr. J'ai un peu de mal cerner la façon dont les autres fonctionnent, pour moi c'est déjà compliqué. Mais je peux comprendre la colère, quelle qu'elle soit. C'est normal d'être en colère, c'est montrer qu'on est encore vivant. Aucun peuple n'a renversé son gouvernement sans être en colère.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé;

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -






snake in despair - haskel Empty
Message Sujet: Re: snake in despair - haskel   snake in despair - haskel Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
snake in despair - haskel
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
SAVE THE QUEENS :: 
 :: boulevard of broken dreams :: version #23 et #24 :: rps
-
Sauter vers: