doux secret. (sofia)

Juliette. La sienne. Celle des temps modernes. Celle d’aujourd’hui. Celle qui vibre de sa force, qui règne par l’obscurité, qui vit à travers la noirceur de son âme. juliette, la sienne, l’éternelle. celle qui préserve sa vie au péril de la sienne. Celle qui sacrifie son clan, son gang, au profit de la louve sauvage d’une autre contrée. t’as trouvé en elle une assurance, une protection, une passion, là où tu ne pensais pas la trouver, sofia. Rioja, reine d’un autre empire. Reine d’un autre royaume. Pourtant tienne, ce soir, et bien d’autres soirs. les cachotteries multipliées, de plus en plus, depuis que le roi s’est vu couper la tête. Depuis qu’elle est devenue cheffe, femme de pouvoir, femme de poigne. Comme elle, au fond. Elles ont cette même force, toutes les deux. Cette même fougue. tu sais ce que tu lui dois, sofia. Parce qu’elle aurait pu abdiquer. Elle aurait pu t’ôter la vie. laissant ta tante seule. Seule avec sa maladie. Forcée de reprendre sa place chez les ferreira. elle sait ce qu’elle lui doit, mais le lien va bien au-delà. la passion qui coule dans les veines et l’envie de la retrouver, toujours.
Moto en bas de la bâtisse, elle monte les marches, talons hauts, crop top et jean moulant, long cheveux bruns bouclés retombant sur ses épaules, virevoltant au gré de ses pas, la hâte au cœur de la voir, d’apercevoir le regard de rioja. Il ne suffit que d’un instant et la belle est là, porte ouverte, sourire accueillant et un brin décadent. j’aime que tu m’attendes. le sourire qui s’impose, à elle aussi, alors qu’elle dépose une douce caresse au creux de son cou. t’attends rien de plus, t’entre dans sa tanière, épouse l’endroit comme tu l’épouserais elle. à toi, évidemment, la nouvelle reine. attrapant d’une main la coupe, avant de reprendre. félicitations. elle a fait ce qu’elle devait faire, ou plutôt, ce qu’elle désirait faire. Elle a pris ce qui devait lui revenir de droit. en te protégeant toi, sofia.

(c) shining.

Un million d’étoiles, juste au-dessus de sa tête, quand elle est en compagnie de rioja. Un million d’étoiles et beaucoup d’autres encore, chaque fois que son regard croise le tien, que son épiderme ne fait qu’un avec elle. Elle est devenue cette étrange addiction, cette douce fumée au goût acidulé. elle est devenue son plus beau secret, mais aussi son plus dangereux. tu ne te reconnais pas, sofia, l’esprit dur, le cœur sauvage. Tu ne te reconnais pas, parce que rioja, elle éclaire le monde différemment. Elle éclaire ton monde différemment. à ce jeu-là, elle pourrait bien perdre. Perdre le peu qu’il lui reste. le peu auquel elle tient. te lasser de moi… ? petite moue triste, qui s’installe sur son visage. Faussement, parce qu’elle décèle l’amusement dans le regard de juliette. Un amusement qu’elle partage, le regard brillant, parce qu’elle est si belle que cela ne pourrait en être autrement. Se délectant de la coupe à son tour, ses doigts agrippent les siens, voguant jusqu’au canapé avec elle. à nous. Et prions pour que ce soit éternel. la louve prend possession du territoire, quitte sa veste, toujours en un regard pour elle. ce qu’ils diraient ? qu’on est faibles, certainement. faibles, d’avoir succombées à leur manière, d’avoir succombées l’une pour l’autre, malgré leurs univers contraires, malgré leurs tempéraments diluviens. mais toi, t’en dis quoi ? que dirait-elles, s’il fallait sortir du brouillard ? du flou permanent ? que dirait-elles, si le secret n’en était plus un ? tu ne sais pas, sofia. Tu ne saurais décrire ce lien si unique, qui te relie à rioja. Tu ne saurais qualifier cet océan de sentiments si différents. Parce que ce n’est pas toi, ça. Ce n’est jamais toi.

(c) shining.

Elle chavire au rythme de ses mots, lèvres esquissées avec beauté et incandescence, appuyant la fatalité déjà admise au creux de ses entrailles. Rioja est magnétique. Rioja est son aimant, comme elle est l’amante de ses pensées. Rioja est magnétique, elles sont magnétiques, l’une avec l’autre. L’une près de l’autre. L’explosion de deux brutalités qui entrent en collision. L’explosion de deux sombres âmes, écorchées par leurs destinées. mais quand t’es avec elle, l’avenir te semble plus beau. Quand t’es avec elle, tu ne vois plus que la force, que la puissance, que le désir, que le régal. les mots qui manquent, pour définir ce qu’elles sont. Pour définir ce qu’elles éprouvent, lorsqu’elles se trouvent dans la même pièce, dans le même sillage. Liées par le sang, liées par la protection, par la destitution, mais bien plus encore. une émotion qui va bien au-delà de cet univers néfaste dans lequel elles baignent, toutes les deux. je te donnerai toutes les raisons du monde. toutes les raisons qu’elle désirera, rioja, pour qu’elle reste à jamais. Sa juliette éternelle. sa juliette essentielle.
Son regard comme une caresse, son regard illumine son corps, brille de mille feux et elle aime, sofia. Elle aime. La brune trempe ses lèvres de nouveau dans la cristalline pétillante, réalise que sa comparse joue avec sa propre vie, pour quelques instants volés à ses côtés. elle joue avec sa vie, tu joues avec ta place. Tu joues avec ta famille. Avec cette promesse faites aux ferreira, de rester pour toujours, de devenir la seconde à la place de ta tante. je suis prête à le prendre aussi. les opales plongées dans le regard de rioja, l’intensité d’une sincérité. mais je ne supporterai pas qu’il t’arrive quelque chose. Jamais. douce illusion, dans un monde comme le sien, dans un monde comme celui de juliette. tu connais la chanson, sofia, les histoires d’amour finissent mal. Plus encore quand l’amour est violence. Quand l’amour est incertain. Quand l’amour va à l’encontre du bien.

(c) shining.

Elles jouent avec le feu, consumées par les flammes d’un enfer qu’elles ont elles-mêmes créé, par cette alliance qui n’aurait jamais dû voir le jour. Conscientes du danger, l’une comme l’autre. Conscientes qu’elles sont en proie au hasard, que le monde pourrait déverser sa colère sur elles. Conscientes, mais le jeu en vaut la chandelle, lorsqu’elles sont ensemble. Lorsqu’elles profitent des regardes, des mots, des touchés, sans jamais dépasser la limite fixer par leurs univers respectifs. limite que tu t’imposes peut-être toi-même aussi, sofia, parce ton histoire avec rioja, tu ne sais pas où elle te mènera. Parce que tu ne sais mettre de mots sur ce qui se passe entre vous, t’en as pas envie, et c’est certainement bien mieux ainsi. et la limite, elle reste fébrile, quand la main de la belle glisse contre sa joue, s’approche de sa crinière. je pensais que le simple fait de me voir était déjà un avant-goût… un rire, alors qu’elle glisse sa main contre celle de rioja, jouant légèrement avec, profitant de cette tension qui règne entre elles. De cette tension brûlante, pourpre, qui prend le contrôle de leurs esprits d’ordinaire si puissants. elle te berce de mensonges, de douces illusions, et t’aimes ça, sofia. Parce que le simple fait d’imaginer qu’elle disparaisse te rend malade. Parce que la simple idée de voir son corps se décomposer détruit ton cœur inanimé. tu es donc ma garde rapprochée ? parce que j’aime bien… elle est toujours bien, tant que rioja se trouve dans les parages. Et même lorsqu’elle ne l’est pas, ses pensées vont à elle, son âme demeure près de la sienne. d’une façon que t’es bien incapable de comprendre, mais qui est tienne, qui est votre. son regard se plonge dans le sien, un brin gênée par cette proposition, sachant pertinemment qu’elle ne dormira pas sur le canapé. Gênée, mais sans vouloir la lâcher, sans vouloir s’en séparer. je ne dirai jamais non à une nuit avec toi. sans ne jamais prendre trop de risques mais toujours avec la chaleur de ses bras. un jour, faudrait qu’on s’tire toutes les deux, juste nous, un week-end loin d’ici. dans un monde idéal, sans pression des clans, sans peur d’être découvertes. Un jour, un week-end, dans un paradis rien qu’à elles. Paradis perdu.

(c) shining.

ses yeux sont rivés sur le visage de sa Juliette, elle admire les délicats traits de son visage et se questionne. elle ne comprend toujours pas vraiment pourquoi elle lui a sauvé la vie, ne le regrette pas le moins du monde. un instinct puissant qui a déferlé dans son corps, un instinct brutal qui l'a poussé à tourner l'arme vers son patron et tirer. parfois la scène la hante encore, souvent elle y repense quand son regard plonge dans celui de la prédatrice. elle ne sait pas ce qui a animé son coeur ce jour-là et ça lui fait peur. pourtant elle est toujours là. parce qu'elle a besoin de sa présence, elle a besoin d'entendre sa voix et de voir son sourire étirer ses lèvres. « Tes délicieuses chevilles vont doubler de volume, ma louve. » un rire s'échappe de sa gorge, la vérité c'est qu'elle a raison. Elle ne peut pas se passer de sa présence, comme un vide dans le creux de sa poitrine quand la jeune femme n'est pas là. Et elle ne saurait expliquer pourquoi elle tient à elle. Mais oui, elle est effectivement comme sa garde rapprochée. Prête à montrer les crocs au moindre danger. « Peut-être. En tout cas tu ne pourrais rêver mieux comme garde du corps. Je suis canon et dangereuse, tu as de quoi faire des jaloux. » Rioja glisse sa main sur la cuisse de son interlocutrice et se penche légèrement vers elle à l'entente de sa proposition. « Qu'est-ce qui nous en empêche ? » un sourire taquin vibre sur ses lèvres rouges. « Fais tes valises et on pars tout de suite aux Maldives. »

le feu qui dévore ses entrailles, la crainte qui s’immisce autant que les flammes. le jeu est dangereux mais semble en valoir la peine. elle n’est plus en pleine possession de ses moyens, incapable de discerner ce qui est bien, ce qui est mal. être ici aux côté de rioja n’est certainement pas bien. pas bon pour les affaires, pas bon pour les ferreira. mais elle s’obstine, cette fois. elle ne pense qu’à elle, cette fois. les désirs enflammés auxquels elle n’est pas habituée, prise au piège par ses propres envies. mais tu paniques intérieurement à l’idée que les choses prennent un autre tournant, sofia. à l’idée que ça devienne plus sérieux, en toi. parce qu’elle est ton plus beau secret, rioja. la lune de tes nuits, te guidant jusqu’à la lumière. faible lumière vouée à disparaître au petit matin. elles se confondent dans les rires, dans ce moment contrastant à la noirceur de leurs vies. ce soir, elles sont libres. libres de plaisanter. libres de vivre intensément. ensemble. tu es canon et dangereuse, je le confirme. la plus séduisante d’entre toutes, certainement. et pourtant la louve ne regarde pas, d’ordinaire. pas les hommes, encore moins les femmes. elle ne regarde pas, prisonnière de sa carapace d’animal sauvage. mais je peux me vanter de t’avoir uniquement pour moi alors… si c’était si simple, si la vie était si facile, vous ne seriez pas là, cachées dans cet appartement, sofia. la vérité, c’est que t’es bien incapable de garder quelqu’un pour toi. incapable de t’offrir entièrement en retour. le frisson qui parcours son corps, quand la main de la reine glisse contre sa cuisse. quand son regard fiévreux entre en collision avec le sien. et elle ne sait pas, la guerrière, si elle aime ce qu’elle ressent, ou si elle en a peur. ce qui nous empêche ? un sourire, alors qu’elle glisse sa main contre celle de sa juliette. dois-je te rappeler que tu as des responsabilités ici… ? l’esprit pourtant rêveur, rêvant d’ailleurs. et toi aussi, sofia. il y a ce que tu ne dis pas, ta tante, sa maladie. toi aussi, sofia, t’as peut-être trop de responsabilités à bout des bras. et c’est aussi pour ça, qu’elle te fait du bien, rioja.

(c) shining.