Walking on broken glass | Maddox

Tu es au chaud, bien installée. Tu te sens confortable pour la première fois depuis de semaines. Depuis la dernière fois où tu as quitté sa couche. Il te manque. Physiquement, la proximité qui était la vôtre ce soir-là, avant. Cela te manque tellement. Mais vous avez plus urgent à traiter, c’est du moins ce que tu te dis. Et tu ne veux pas revivre la conversation que vous avez eu la dernière fois. Tu t’en sens incapable. Tu n’as pas envie de forcer tes sentiments sur lui. Et pourtant, allongée là, face à lui, confortablement installée, t’as envie de le rassurer comme tu peux. Tu sais quelles questions doivent venir le tourmenter, tu le connais assez pour ça. « T’en sais rien… » Si tu le sais. Tu le connais depuis suffisamment d’année pour savoir qu’il ne sera jamais comme son paternel. C’est pas comme si tu l’avais rencontré la veille Maddox… Des années qu’il est ton confident, que tu es la sienne… Tu le saurais s’il avait quoi que ce soit à voir avec son vieux.  « Je te connais depuis assez longtemps Mad’ pour savoir de quoi je parle. » Pas pour rien que t’as le cœur qui flanche. Palpitant en émois sous cette cage thoracique trop étroite. Tu le connais assez pour savoir qu’avec lui, tu aurais envie d’essayer, tu aurais envie de rester. Tu le connais assez pour savoir que tu peux te reposer sur lui les yeux fermés. Tu sais que tu pourrais lui confier ta vie et qu’il ne te laisserait pas tomber. Confiance aveugle pourtant égratignée par ces non-dits qui flottent encore paresseusement entre vous.

« Tu devrais pas m’aimer… » Soupir qui s’échappe de tes lippes. Tu ne veux pas partir sur ce terrain-là. C’est trop tôt. Trop douloureux. La main qu’il vient déposer sur la tienne te trouble plus que cela le devrait. C’est un souffle qui s’est échappé de sa gorge mais que tu as entendu que trop clairement. Couteau remué dans la plaie. Tu retires doucement ta main avant de venir t’assoir contre les oreillers. Bras que tu croises sur ta poitrine. Comme si cela pouvait te protéger de ce qui arrive. « C’est pas comme si c’était quelque chose que je pouvais contrôler Mad’… » Elans du myocarde qui ne dépendent pas de ta volonté. Tu l’aimes. C’est ainsi. Tu n te demandes pas pourquoi, pourquoi lui et pas un autre. Ça te semble une évidence. Ses bras qui semblent fait pour t’enlacer. Tu as du mal à ne pas te pencher vers lui en cet instant, l’embrasser doucement, te glisser entre ses doigts. Se rend-t-il compte de la torture qu’il t’inflige ?  Paupières que tu fermes lorsqu’il insinue que tu seras une bonne mère. Il se laisse de côté, en dehors du tableau, comme d’habitude. « Change pas de sujet Mad’… » que tu souffles, mâchoires serrées à t’en faire mal. « Ce n’est pas parce que tu es incapable de voir ta valeur qu’elle n’en demeure pas moins réelle. Car sans toi, comment veux-tu que je fasse sans toi hein ? » On pourrait presque croire que tu t’énerves Nia. Mains que tu porte à ta chevelure blonde. « Et oui, ne t’en déplaise je t’aime. Bordel t’imagines pas ce que ça me demande de rester comme ça sagement à côté de toi, de… » Jambes que tu sors du lit doucement, tu lui tournes le dos. Pourquoi ne peut-il pas se voir au travers de tes yeux pendant une seconde ? « Je devrais partir avant de faire une connerie. »

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR arnor & Bambi Eyes

Bien sûr que l’idée de finir comme mon paternel est l’une des premières choses qui me traverse l’esprit. Pas l’argent, pas comment on va gérer le bébé, ou la garde, non. Le fait que je devienne comme mon père, que je sois aussi mauvais que lui, aussi malsain, aussi méchant. Je ne peux m’empêcher de me dire que ce bébé mériterait mieux qu’un père comme moi, un père malade. Pourtant ce bébé est là, bien réel, en train de grandir dans le ventre de Nia et jamais je ne pourrais me résoudre à l’abandonner volontairement, jamais je ne pourrais faire cela, parce qu’il est un bout de moi, un bout de Nia, mais surtout un mélange de nous deux. Jamais je n’aurais pu imaginer que cela puisse arriver, que cela puisse être possible et pourtant… Mais ses doutes, la blonde les voit. Elle me connaît assez pour savoir parfaitement ce qu’il se passe dans mon esprit à cet instant-là, pour savoir exactement ce que je dois penser, ce qui doit me faire peur. « Je te connais depuis assez longtemps Mad’ pour savoir de quoi je parle. » Qu’elle tente de me rassurer, et pourtant je n’en suis pas si sûr. Comment peut être en être si sur, que je ne tournerais pas comme lui ? Alors je ne répond rien, je me contente de la prendre contre moi.

Pendant quelques minutes tout est calme, simple et personne ne parle. Son corps contre le mien semble parfaitement y avoir sa place et pendant quelques secondes, je ferme les yeux. Sans vraiment m’en rendre compte je murmure alors qu’elle ne devrait pas m’aimer, parce que je ne le mérite pas, parce qu’elle vaut tellement mieux que moi, et elle semble l’entendre. Son corps s’éloigne du mien et semble bien trop s’éloigner. « C’est pas comme si c’était quelque chose que je pouvais contrôler Mad’… » Je le sais, parce qu’au fond, moi non plus je ne le contrôle pas. « Change pas de sujet Mad’… » Je soupire à mon tour avant de me redresser à mon tour. Je n’ai pas envie de la sentir s’éloigner à nouveau. « Ce n’est pas parce que tu es incapable de voir ta valeur qu’elle n’en demeure pas moins réelle. Car sans toi, comment veux-tu que je fasse sans toi hein ? » C’est à mon tour de baisser la tête. « Pour commencer, t’srais pas enceinte… » Je ne peux m’empêcher de dire. Parce que je suis conscient que je lui fais du mal. Une partie de moi aimerait être avec elle, que tout aille bien, mais l’autre partie a envie de la protéger. « Et oui, ne t’en déplaise je t’aime. Bordel t’imagines pas ce que ça me demande de rester comme ça sagement à côté de toi, de… » De pas pouvoir t’embrasser ? Te prendre dans mes bras ? Je sais ce que ca fait, je sais exactement ce que ca fait. J’ouvre la bouche, tentant de trouver quelque chose à dire mais elle s’éloigne davantage, me tournant à présent le dos. Ma gorge se serre et je ne sais pas quoi faire, pas quoi dire. « Je devrais partir avant de faire une connerie. » « Nia… Pars pas… » Mais elle est déjà debout et je sais comment je pourrais la retenir, je sais que je pourrais venir l’embrasser, la prendre dans mes bras, mais j’en suis incapable, comme figer.

« Pour commencer, t’srais pas enceinte… » ça fait mal. Blessure supplémentaire qu’il t’inflige, consciemment ou non, cela n’enlève rien au fait que s’il t’avait frappé, la douleur n’en serait pas moindre ou différente. Regrette-t-il ? Souhaite-t-il revenir en arrière et tout effacer s’il en avait la possibilité ? Souffle étranglé qui t’empêche de répondre, de lui demander. Doigts fins qui viennent malmener ses draps alors que tes poings se referment. Tu n’arrives pas à chasser les paroles qu’il a prononcé la dernière fois, ses sentiments pour Ely. Tu voudrais hurler, te rouler en boule à ses côtés. Lui demander ce qu’elle a que toi tu n’as pas. Tout plutôt que de te manger son rejet en pleine figure. Mais tu peux pas. Tu gardes le silence alors que tu tente de lui expliquer l’effort que cela te demande de rester sagement allongée à ses côtés.

T’as les pieds par terre, t’es prête à perdre pied, à céder, basculer. T’as envie de fracasser ta carcasse contre lui, de le gouter du bout des lèvres. Tu sais que tu vas craquer, chair faible si facilement influençable. Surtout quand ton cœur n’est pas franchement de bon conseil. Silhouette que tu finis par relever. Tu sais qu’il t’en voudra si tu flanches, si tu suis tes inclinations. Il te l’a suffisamment dit non ? qu’il ne veut pas de toi, pas comme ça. Pas comme tu le voudrais. Alors tu te lèves, ton dos lui faisant encore fasse. Tu ne sais même pas si tu te sentirais capable de soutenir son regard. « Nia… Pars pas… » T’inspires, fermant les yeux une seconde. C’est plus qu’il n’en faut pour te faire basculer. De simples petits mots, trois fois rien. Une supplique pour que tu restes. Et pourtant, tu le sais qu’il ne faut pas, mais c’est plus fort que toi. Lentement, tu te retournes vers lui pour lui faire face, désespoir et lutte transpirant de tout ton être, miasme violent qui ne cesse de venir te harceler. Tu te rapproches, lentement, craignant une rebuffade de sa part. t’approchant juste assez, à genoux sur le bord de son lit pour venir cueillir son visage entre tes mains indécises. Tu ne lui en voudrais pas s’il choisissait de reculer, au moins aurais-tu le cœur net. Paupières qui papillonnent alors que tu prends possession de ses lèvres avec douceur. C’est chaste, plus une caresse qu’autre chose. Effleurement qui suffit à incinérer tes terminaisons nerveuse, moment que tu voudrais voir durer, que tu savoures pleinement. Baiser auquel tu mets fin alors que tu voudrais l’approfondir, alors que tes mains te démangent d’enlever ces couches de vêtements qui vous séparent. Tu t’éloignes, prenant la direction de la porte, sans oser poser tes prunelles sur lui. « C’est mieux ainsi. » Parce que t’as besoin de panser tes blessures, et que tu sais que si tu restes, les choses vont déraper. Et tu ne pourrais pas vivre avec ça.

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