(gregor) mask singer

ootd / Le coeur palpitait dans sa poitrine depuis la première fois où il avait osé aller au-delà de sa curiosité. Xue avait poussé la porte du cabaret le Baudelaire un peu hasard, ou pas tout à fait. Depuis ces dernières semaines où il était arrivé en Amérique, le coréen souhaitait de la nouveauté, prendre cette opportunité comme une chance unique qui n'arrivera probablement pas deux fois. Alors le Baudelaire était l'endroit idéal pour cela. Ses pupilles s'étaient déposées sur tout cet espace extraordinaire, aux couleurs exceptionnelles, aux décors incroyables, aux personnes uniques. En puisant dans un culot qu'il n'avait jamais eu jusqu'alors, le jeune homme avait proposé ses talents de pianiste au patron de cet établissement. Mais sans jamais avouer qu'il était un acteur connu en Asie, venu ici pour se faire découvrir également. Sous couverture, c'était bien plus prudent. Mais Xue savait aussi qu'il agissait dans le dos de tout le monde, sortant la nuit en douce pour vaquer à toutes ces nouvelles occupations qui lui permettait de rêver plus grand, plus fort. Il ne devait pas se faire prendre et même si cela ajoutait du stress, c'était aussi très excitant d'aller contre les règles. Comme un gamin de quinze ans. Quinze ans qu'il n'avait pas eu l'occasion de réellement vivre.
Alors, ce soir-là, vêtu assez sobrement d'une tenue noire mais élégante, Xue se rendit au Baudelaire pour une représentation. Il avait fait attention de bien désactiver sa géolocalisation sur son téléphone portable avant de sortir et avait opté pour les transports en commun plutôt qu'un chauffeur privé. Se fondre dans la masse pour noyer le poisson. Un délicat sourire tracé au coin des lèvres, le blondinet se présenta à la porte de l'établissement et déclina son identité en disant qu'il était là pour jouer sur la scène. Un instant plus tard, ses yeux bruns s'habituaient doucement à la pénombre, aux jeux de lumières, quand on l'invita à rejoindre les loges des artistes. Son sang battait dans ses tempes et il avait l'impression d'entendre les battements de son coeur résonner entre les murs. Mais tout ça, ce n'était qu'une idée.
L'homme qui l'escortait lui apprit qu'il allait l'emmener voir Gregor Ferreira, le dirigeant du Baudelaire donc, et Xue acquiesça doucement. Ils avaient passé un contrat ensemble : Xue avait choisi de venir jouer pour le cabaret mais en demeurant incognito. « Bonsoir Monsieur Ferreira, déclara Xue en se courbant devant lui comme le bon asiatique bien élevé qu'il était, merci encore d'avoir accepté que je vienne jouer ici... » Il se mordit légèrement la lèvre en espérant que cela n'était pas considéré comme "trop". Il s'était redressé, se balançant presque d'un pied à l'autre avant d'oser reprendre : « Est-ce que je peux porter un masque, ou bien une tenue en particulier...? » Son regard sondait le visage de cet homme qui l'impressionnait par sa stature, sa carrure. Il était un homme puissant, Xue ne pouvait que le constater de lui-même.

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Tendre la main à un pianiste et la reprendre, avec des dièses au bout des doigts.

Gregor, homme d'affaires au sens de l'originalité. Toujours prêt à relever un nouveau défi quand celui-ci peut servir son intérêt. Derrière son caractère plutôt bon et juste, il n'en demeure pas moins un Ferreira, un requin. El Dragon, comme certains l'appellent dans le milieu, a encore frappé d'une idée saugrenue. Xue, star d'Asie, qui se promenait dans les couloirs du cabaret, les yeux plein d'étoile avait été considéré comme une menace. Qui était cet étranger qui espionnait ainsi? Toujours méfiant, le patron l'avait intercepté et avait sorti les crocs, menaçant l'inconnu sans détour. Mais l'acteur était juste amateur d'art et fasciné par l'endroit. Au bout de quelques mots, Gregor sentit qu'il avait sous la main une opportunité à exploiter. Cette émission qui cartonnait actuellement aux Etats-Unis lui revint en tête. Et c'est ainsi qu'il suggéra à l'artiste qui craignait d'être découvert de se produire anonymement, caché derrière un costume. Le cabaret regorgeait de petits trésors en tous genres. Des robes à paillettes certes mais aussi quelques filles douées en maquillage et grimage.

Lorsque Xue franchit la porte de son bureau, Gregor regarda l'horloge murale, prêt à faire un commentaire. Mais l'heure était correcte, le pianiste n'était pas en retard.  "Bonsoir." répondit Greg en guise de seule salutation. Les remerciements passèrent à la trappe, il n'avait pas envie de se lancer dans un dialogue ridicule comprenant toutes sortes de minauderies. L'homme en vint directement aux faits et Ferreira apprécia. "Il est évident que vous porterez un costume et un masque, cela fait partie de notre accord." Greg se leva de son bureau. "Suivez-moi." Il sortit et longea un couloir pour aller tout droit aux loges. Là-bas, des filles se changeaient sans même ciller devant la présence du boss qui entrait ainsi. Il se rapprocha d'une table de préparation et tira une chaise en invitant son hôte à s'y asseoir. Ainsi, il le dominait de par sa stature. "Vous avez une heure pour vous préparer et vous accoutumer aux lieux. Sur scène, vous aurez un créneau de 35 minutes, pas une de plus. Concernant la tenue, vous avez largement le choix ici. Et pour le masque, à vous de voir si vous voulez en porter un ou si vous souhaitez que Mimi vous maquille." Il prononça le nom de la jeune femme plus fort et elle leur fit un petit signe discret depuis l'autre bout de la pièce. Elle avait visiblement déjà été briefée sur ce qu'il attendait d'elle. "Des questions?" Expéditif, il voulait optimiser son temps et surtout laisser son nouvel artiste se préparer. Monter sur scène, cela demandait une préparation physique et mentale.

ootd / Même pour l'acteur qu'il était, c'était la première fois qu'il allait avoir un tel rôle. Xue se sentait à la fois excité et terriblement nerveux, d'autant plus que l'homme en face de lui n'avait de cesse de l'impressionner. Autant ses managers étaient des personnes importantes et qu'il respectait, autant il avait réellement le sentiment de craindre le gérant de cet établissement. Mais s'il se tenait aujourd'hui face à lui, c'était tout de même pour nourrir ses propres désirs et curiosités et il ne comptait pas défaillir si proche du but. Déjà, il y avait quelques années, quand on lui aurait dit qu'il jouerait plus tard en tant que pianiste incognito dans un cabaret américain, il ne l'aurait franchement pas cru. Alors il se contenta d'acquiescer aux paroles de son interlocuteur et patron, puisque d'une certaine manière il dépendait aussi de lui à présent. Il le suivit des yeux quand il se leva de son bureau et lui emboîta aussitôt le pas dans le couloir qu'ils longèrent pour rejoindre les coulisses. Pudique de coutume, l'asiatique sentit ses joues légèrement se colorer quand eux, deux hommes, débarquèrent au milieu de ces demoiselles en train de se préparer. Tout demeurait assez chaste en Corée, même les baisers qu'il avait pu échanger dans les dramas où il jouait.
Xue s'installa, tête baissée, sur la chaise tirée par Gregor. Il releva néanmoins les pupilles pour écouter les indications de son interlocuteur, le fixant à son reflet dans le miroir. « Entendu, répondit-il. Je ne vous décevrais pas. » Il se montrait déterminé, car il l'était vraiment. Durant l'heure qui suivit, Xue enfila une tenue qui l'émerveilla autant par sa beauté que sa sobriété ; c'était exactement ce qu'il recherchait en venant ici. On lui fit faire le tour des coulisses en lui montrant à travers les rideaux la scène où trônait déjà le piano sur lequel il allait la jouer. La pression sembla tout à coup monter d'un cran. Il revint ensuite pour se faire maquiller, optant plutôt pour cela que pour un masque au début. Jusqu'à ce que ses yeux se déposent sur un loup magnifique que la demoiselle nommée Mimi lui noua avec adresse autour de ses cheveux blonds. Dommage qu'il ne puisse pas poster de photo de son look actuel car il trouvait vraiment que c'était parfait. C'était à peine s'il se reconnaissait. Et c'était exactement le but de tout ceci.
Enfin vint son moment de gloire. Les doigts déposés sur les touches noires et blanches du piano, il sentit son cœur se serrer à la pensée de sa sœur qui lui traversa l'esprit. Il prit une grande inspiration et dédia secrètement cette soirée à celle qu'il avait perdu des années plus tôt. Les notes s'égrenèrent sous les regards avides des spectateurs qui découvraient cet artiste masqué pour la première fois. La musique s'infiltrait par tous les pores de la peau du jeune homme qui laissa ses propres prunelles se clore à demi, absorbé par les gammes qu'il produisait. Depuis bien longtemps, Xue ne s'était pas senti aussi apaisé. Et quand ses doigts relâchèrent le dernier accord, un délicat sourire fendit son visage. Il se leva du banc et vint se courber devant ceux qui furent son public pour cette opportunité inespérée. Au loin, il apercevait Gregor. Qu'en avait-il pensé ?

@gregor ferreira

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Tendre la main à un pianiste et la reprendre, avec des dièses au bout des doigts.

Il y a des jours avec et des jours sans. Bien que toujours très professionnel, Gregor n'était pas d'une humeur des plus agréables. Strictement professionnel, il avait emmené son artiste dans le cabaret, lui avait parlé aussi peu qu'il avait pu et l'avait laissé seul, aux mains des filles. Mais il n'avait pas accepté de le produire pour le materner. D'ailleurs si l'asiatique souhaitait cela, il avait certainement vite compris que son hôte était tout sauf très paternel. "J'espère bien." fut la seule réponse du patron avant de s'éclipser.

Les minutes passaient et un sentiment étrange le gagna. Il risquait gros en lançant ainsi un inconnu sur sa scène. Certes, ce n'était pas l'heure avec la plus grosse audience, loin de là. Mais tout de même, c'était la réputation du Baudelaire qui en allait. Assis dans l'assistance, il regardait sa montre toutes les deux minutes, attendant que le moment du spectacle arrive. Quand Xue rentra sur scène, Gregor dut constater que ce n'était pas une blague : l'homme avait bel et bien changé d'apparat. Quels étaient les enjeux pour lui? Le boss chassa la question de sa tête. Il se fichait de ce que le pianiste avait à perdre ou gagner. Ce qui comptait maintenant, c'était ce qu'il allait donner sur scène. Le temps se figea un instant et le clavier entonna son refrain. Les notes s'élevaient et caressaient l'amoureux de la musique. C'était une belle prestation. Les minutes ne se comptaient désormais plus. Lorsque le temps imparti fut écoulé, Gregor applaudit machinalement avant de faire un signe à l'artiste, lui donnant rendez-vous dans son bureau de manière implicite.

"Très bien." statua-t-il dès que Xue entra dans la pièce. "Retirez votre masque s'il vous plaît, j'ai l'impression de parler à une farce." Il était froid, de ce genre de froideur qu'il affecte lorsqu'il est fatigué. Mais il n'en était pas moins convaincu par le pianiste. "Comment avez-vous vécu ce moment sur scène?" Avant de lui proposer quoique ce soit, il fallait s'assurer que l'homme voulait réitérer l'expérience. Gregor ne vendait rien qu'il n'était sûr de pouvoir faire acheter.

C'était la première fois que Xue avait l'occasion de jouer sur une véritable scène. D'abord acteur avant d'être pianiste, la musique l'avait pourtant atteint à la fin de son adolescence. Comme un don suite au décès trop coupable de sa soeur, celle qu'il chérissait un peu plus fort. Les notes résonnaient dans son esprit tandis qu'elles s'évadaient entre les murs du cabaret, cet endroit qui l'avait attiré. Sur un coup de tête comme il ne lui en arrivait que peu, l'asiatique avait proposé ses talents de pianiste au gérant du Baudelaire et ce dernier lui permettait aujourd'hui d'élargir ses horizons. D'une certaine manière, puisque Xue était ici dans un déguisement parfait, incognito aux regards des spectateurs, et probablement de lui-même. Il ignorait ce qui se passerait s'il se faisait découvrir... et, d'un côté, de toucher du bout des doigts ce rêve qu'il avait toujours voulu poursuivre au moins une fois lui réchauffait le coeur.
Alors il joua. Il joua durant les quelques minutes qui lui furent accordées et il espérait avec force que sa musique atteindrait celle pour qui il jouait avec ferveur. Sa délicatesse mêlée à cette détermination qui l'habitait se répercuta dans son jeu et ce fut avec bonheur qu'il put ensuite remercier ceux qui avaient bien voulu l'écouter cette fois-ci. Courbé quelques secondes, il se redressa et croisa les pupilles de Gregor qui était près du bar. Celui-ci lui fit signe de le suivre et Xue s'exécuta rapidement, quittant les planches de bois presque avec regret. Un dernier regard pour le piano et il se dépêcha de rejoindre le bureau de celui qu'il considérait comme son patron. Encore le sourire aux lèvres, il se sentit idiot de ne pas avoir ôté son masque avant qu'on ne lui en fasse la remarque. « Désolé... » déclara-t-il en dénouant le lou qui ornait son visage. L'adrénaline de sa prestation n'était néanmoins pas retombée et il répondit presque aussitôt à l'interrogation posée. « C'était une opportunité si belle pour moi, merci encore d'avoir accepté que je joue dans votre établissement. Je me suis vraiment senti bien sur la scène, ajouta-t-il. Est-ce que ma performance vous a plu ? » Il aurait pu ajouter qu'il était réellement ravi de ce qu'avait accompli Mimi en le maquillant et l'aidant à se costumer, mais ses pupilles euphoriques devaient sans doute parler pour lui. Tout cet univers n'avait de cesse de l'émerveiller et il ne put se retenir de reprendre la parole : « Est-ce que je pourrais revenir jouer au Baudelaire, Monsieur Ferreira ? »

@Gregor Ferreira

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Tendre la main à un pianiste et la reprendre, avec des dièses au bout des doigts.

Toujours aussi froid, Greg avait analysé Xue comme une pièce de marchandise qu'il envisageait d'acquérir pour son entreprise. Un simple produit qu'il devait estimé avant de décider s'il était intéressant pour son business. Xue était pourtant plus que ça, c'était une somme de petites choses qui était en train de se produire sur la scène. Mais Gregor se fichait bien que l'asiatique soit coréen, chinois ou mongole. Gregor se fichait aussi que la raison du masque soit une célébrité cachée ou un SDF qui souhaitait oublier ses malheurs pendant quelques minutes. L'idée de cette mascarade lui plaisait d'ailleurs beaucoup. L'heure masquée au cabaret pourrait avoir son charme. Une fois par semaine, des non habitués de la scène viendraient performer sans pouvoir être reconnus. L'idée germait dans son esprit quand il fit signe au jeune artiste de le suivre.

Une fois dans son bureau, Gregor ne put s'empêcher de remarquer que le jeune talent était tout excité. La jeunesse, pensa-t-il machinalement. Mais bien que l'enthousiasme de Xue était visible, Greg demeurait de marbre. "C'était correct. " Se répandre en éloges alors que le gamin n'était pas un membre de son clan, c'était chose absurde à concevoir. Mais Gregor avait apprécié le spectacle sinon cette conversation n'aurait pas eu lieu. "Vous êtes à l'aise sous le masque?" fut sa réponse à la question du pianiste. Il cherchait à déterminer si ce show était viable. "Vous travaillez en Amérique?" Cette question indiscrète était là pour déterminer les possibilités qu'il avait avec le jeune homme. L'engager? Cela pourrait être intéressant d'avoir un pianiste masqué quand les filles étaient sur scène. " Parlons franchement Monsieur Byeol, d'accord?" Greg était assis à son bureau et fit un signe à son hôte pour qu'il vienne s'installer devant lui. Il était un peu moins tendu maintenant. "Je n'ai pas vraiment besoin de vous pour remplir mon cabaret. Mais vous êtes intéressant et j'ai le sentiment que vous aimez jouer, que vous le faites pour le plaisir et non pour la gloire, je me trompe?" Un plan se formait dans l'esprit fourbe du patron des lieux. Si Xue n'était pas forcément un investissement intéressant au niveau artiste car, de cela il ne manquait pas... l'intérêt de l'acteur pour ce spectacle pouvait peut-être être exploité autrement. "Je suis prêt à vous laisser votre heure de gloire une fois par semaine. Vous changerez de masque à chaque fois et vous vous assurerez que cette opportunité soit bien saisie et soit l'occasion de donner un vrai show. Par là j'entends diversité dans les morceaux joués, dans les rythmes, pas de redondances, du frais et original chaque semaine." Il avait parlé d'une heure. On doublait donc la mise de départ mais Gregoir savait qu'avant de demander le prix de la rançon, il fallait faire miroiter le bonheur des retrouvailles en premier lieu. "En échange, je vous demanderais une chose. Lorsque vous vous afficherez à des événements mondains, vous aurez toujours à votre bras, une de mes filles." Le club d'escorting de Greg qui montait sous les feux de la rampe, cela lui ferait une belle publicité et visibilité. Evidemment, il conclurait un contrat légal avec Xue, parce que dans ces cas-là, il s'agirait de faire les choses proprement afin de ne pas prendre de risques ridicules. Mais cela serait une très belle affaire.

Le dos droit et le regard franc, les mains légèrement tremblantes alors qu'il tenait encore le masque, Xue ne put s'empêcher d'avoir l'impression de revenir des années en arrière. Ces années où il avait commencé à passer des auditions afin de jouer dans des téléfilms, dans des mini séries et où il ne savait pas comment faire, ni trop où se mettre. Face à Gregor, il était aussi impressionné que quand il avait débuté sa carrière. L'homme lui faisait clairement passer un entretien et l'asiatique songea qu'il aurait du s'y préparer. Lui était venu plutôt avec des étoiles dans les yeux en se disant que c'était que de l'amusement. Naïf, Xue, beaucoup trop naïf. Et ce n'était pourtant pas la première fois qu'il se faisait avoir de la sorte. Néanmoins, il ne flancha pas et fit de son mieux pour répondre aux questions qui lui étaient posées. « Oui, je... je suis acteur, alors le masque ne me dérange pas, assura-t-il en esquissant un sourire en espérant peut-être secrètement que son interlocuteur lui en offrirait l'esquisse d'un en retour. En fait, je viens d'arriver en Amérique il y a quelques semaines, pour me faire connaître de ce nouveau public. » Il ne pouvait pas lui cacher cela, de toute façon, il avait l'impression d'être sondé de part en part sous le regard direct de l'homme en face de lui.
Il acquiesça à sa nouvelle prise de parole. Celui-ci l'autorisa alors à s'avancer et prendre une chaise. Xue ne se le fit pas répéter deux fois, de peur sans doute de se faire renvoyer aussi sec et ne plus avoir l'occasion de jouer du piano sur cette scène qu'il avait apprécié. Un instant, il crut que tout espoir s'envolait... jusqu'à ce que Gregor ajoute qu'il était intéressant et qu'il avait vu la passion qui l'animait quelques minutes plus tôt. Xue acquiesça de nouveau la tête. « Oui, c'est vraiment un grand plaisir qui me permet de m'évader un peu et j'ai adoré l'ambiance que dégage la scène, la finesse du piano et toute l'atmosphère qui règne dans votre établissement ! » Trop enthousiaste ? Il verrait bien à la réaction qu'aurait le gérant du Baudelaire. Il se tut ensuite pour le laisser reprendre la parole et il comprit qu'il venait de s'engager dans quelque chose qu'il n'arriverait sûrement pas à gérer dans sa globalité. Il était comme ça, Xue, avec des rêves et des envies plein la tête, mais les responsabilités... c'étaient une autre affaire. Trop maladroit, ou naïf, encore. « Une heure ? Vous m'offrez une heure ? déclara-t-il les pupilles brillantes. Oh, mais bien sûr, se reprit-il, je ferais de mon mieux pour offrir des morceaux différents à chaque fois ! Je vais m'entraîner durement pour faire un spectacle digne de votre cabaret. » Et il se doutait bien que c'était la moindre des choses qu'il avait à faire, en effet.
Mais avait-il bien entendu : une heure ? Une heure à jouer du piano, à s'installer derrière le clavier pour laisser ses doigts courir sur les touches noires et blanches, se prendre à rêvasser et croire qu'il était quelqu'un d'autre ? Il ne retenait pas sa joie, ses lèvres conservant son sourire sur ses lèvres... jusqu'à la contrepartie qu'il devait donner à Gregor. Il battit plusieurs fois des yeux, pas certain de comprendre ce que cela engageait en premier lieu. « Vous voulez dire quand je serais en tant que Xue Byeol, l'acteur, en-dehors de votre établissement ? » Il se surprit à serrer un peu plus fortement le masque qu'il avait en main. « Pardonnez-moi, mais je ne comprends pas bien non plus ce que vous entendez par "vos filles"... ? » ajouta-t-il d'une petite voix. Parce que non, ça ne coulait pas de source pour le jeune homme qu'il y avait autre chose qu'un cabaret, de belles couleurs et des spectateurs, au-delà de tout cela.

@gregor ferreira

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Tendre la main à un pianiste et la reprendre, avec des dièses au bout des doigts.

Il n'est pas toujours facile de voir que l'on tombe dans le piège d'un loup. Mouton, agneau, quel que soit notre pelage, nous courons, courons puis ce n'est que lorsque les canines se font voir que soudain l'horreur sort du noir. Xue est content. Ravi de voir enfin des compliments à son adresse, il ne note pas que tout est dans la retenue. Le sire Ferreira n'est pas un homme juste généreux. Ses semblables sont plus durs et froids, certes. Mais il n'est pas pour autant un crème. « D'où venez-vous exactement? » demande-t-il comme si cela avait une quelconque importance. Mais visiblement, tout en a. Le jeune artiste semble sensible à la flatterie et Greg est prêt à en user si cela lui permet d'arriver à ses fins. C'est là l'art de la manipulation : trouver le point de flexibilité de l'interlocuteur, aussi appelé le point de faiblesse par certains.

Quand Greg vend une heure sur scène, le messire Byeol tombe des nues. Son plaisir est presque contagieux. Mais Greg se retient de sourire de trop car il n'est pas là pour se faire des amis mais pour conclure une affaire. Xue l'écoute ensuite expliquer la contrepartie de ce contrat et Gregor voit sans difficultés que le môme n'est pas en mesure de saisir toutes les implications de ce qui est proposé. A cet effet, il demande même une clarification. « Oui. » répond-il calmement à la première question. La deuxième parvient enfin à lui arracher un sourire. La naïveté de l'acteur le rend drôle aux yeux du patron du Baudelaire. « Monsieur Byeol, vous avez dû remarquer que dans le cabaret, une partie du public n'était pas là pour vous écouter, non? » C'est une question rhétorique. Que Xue l'ait remarqué ou pas, cela ne change rien à ce qu'il est en train d'expliquer. Il lève un doigt en l'air pour lui ordonner de se taire. Sévère, il a oublié son sourire pour réendosser son masque de chef de guerre. «Ici, c'est un cabaret. J'ai des filles qui montent sur scène pour le show, et d'autres qui tiennent compagnie aux clients. Elles leur tiennent compagnie dans l'enceinte du Baudelaire ou lors d'évènements auxquels ils ne veulent pas se rendre seuls. Dois-je vous expliquer ce qu'est une escort Monsieur Byeol? » L'agacement se fait sentir dans la voix de Gregor qui s'impatiente. Il n'a pas l'intention de chercher à convaincre Xue. Soit l'homme accepte soit il dit adieu à la scène et aux heures de plaisir dans l'enceinte du Baudelaire. Bien que sensible à la musique, Greg ne perd pas de vue que son but est d'asseoir un empire, pas d'être un mécène pour les talents perdus. « Le deal est simple. Vous jouez ici, une fois semaine et en échange vous sortez avec des filles que je vous envoie via un contrat légal d'escorting. Cela fait de la publicité à mon entreprise sans que vous n'ayez rien d'autre à faire que de vous rendre en société avec elles à votre bras. A-t-on un accord ?» Gregor s'impatiente et cela se ressent dans sa voix qui grésille d'un mépris non contenu cette fois. Le temps de la réflexion? Xue ne l'aura pas. Personne ne l'a quand on traite avec la mafia.

« De Corée, je viens de Corée. Mais je suis chinois, aussi ! » Il ne savait pas tellement pourquoi il avait ajouté cette information sur sa double nationalité puisqu'elle n'avait pas de sens dans cette affaire. Mais disons que ça lui faisait plaisir. Xue, il aimait bien discuter avec les autres, en apprendre sur eux et pouvoir partager aussi des choses à son tour. Alors il partageait, avec Gregor, cet homme qui l'impressionnait par son allure, sa carrure, ses paroles et, finalement, un peu tout son être. L'asiatique lui souriait doucement, pourtant pas franchement à l'aise sur sa chaise. Néanmoins, il venait d'apprendre qu'il pourrait jouer une heure par semaine sur cette scène si agréable pour lui. Une heure durant laquelle il devrait satisfaire le patron des lieux, mais aussi les clients qui venaient s'installer dans le cabaret. Xue rêvassait avec bonheur, se demandant ce que penserait sa sœur si elle le voyait assis derrière ce piano, dans cet endroit si beau. Sauf que cela cachait autre chose, et ça, Xue ne l'avait pas vu. Il se contenta de conserver le silence aux paroles de son interlocuteur, secouant à peine la tête en attendant des explications plus claires. Il se sentit s'empourprer légèrement quand Gregor lui demanda s'il devait lui parler du terme d'escorting. « Non, je... je sais de quoi il s'agit. » Enfin, plus ou moins. De ce qu'il avait pu en entendre ou en voir dans les films. Il savait que c'était une forme de prostitution qui était moins visible que les filles qui racolaient sur les bas-côtés de certaines rues. C'était cela, la définition, n'est-ce pas ?
Quoiqu'il en soit, Xue se rendait bien compte que son interlocuteur n'avait pas l'intention de passer par quatre chemins. Sa proposition avait été faite et il avait l'impression d'avoir le choix sans vraiment l'avoir non plus. Jouer sur scène avait été une expérience incroyable pour lui, différente des représentations de ses films, et la musique l'aidait d'un certain côté. Il avait encore envie de revenir dans cet endroit qu'il trouvait superbe, malgré ce qu'il en apprenait aujourd'hui. Son cœur tanguait avec force alors qu'il se mordillait la lèvre inférieure. « Un contrat légal ? Je ne sais pas trop, je devrais plutôt en parler à... » Mais il se tut. Autant à cause de l'expression de l'homme assis en face de lui que parce qu'il n'avait pas la possibilité d'en parler à qui que ce soit. Xue avait mis les pieds au Baudelaire en cachette et s'il dévoilait cela à son manager... il ignorait ce que cela pouvait induire. Et, en même temps, pouvait-il passer un contrat, bien que légal, dans son dos ? Mais s'il ne le faisait pas, il ne pourrait pas revenir extraire de délicates mélodies au sein de l'établissement. La nervosité s'était emparée de lui et la pression exercée par Gregor ne l'aidait pas vraiment à clarifier tout ce mélange dans son esprit. « Oui, c'est entendu. » Il se vit hocher le visage en signe d'acquiescement et il sentit pourtant le sol se dérober sous ses pieds. Xue, dans quoi viens-tu de t'embarquer ? Dans l'euphorie de l'instant présent, sans doute. Bien loin d'imaginer ce que cela pouvait potentiellement impliquer.

@gregor ferreira

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crédit/ tumblr ☾ w/@Xue Byeol

Tendre la main à un pianiste et la reprendre, avec des dièses au bout des doigts.

Gregor opine du chef, bien que l'information ne lui serve à rien. Au moins, il pourra désormais parler de lui au personnel en disant "le coréen" au lieu de dire l'asiatique. Même s'il faut le reconnaître, Xue, comme prénom, cela sonne déjà assez asiatique que pour être reconnu sans nécessité de précision. Mais les serveurs sont parfois idiots. Greg perd un peu patience mais le jeune homme finit par saisir de quoi il s'agit ici. Le commerce que le Ferreira lui propose est avantageux pour tous, mais probablement plus pour l'un que pour l'autre. Et si Xue pense que c'est lui qui y gagne, c'est qu'il ne connaît pas encore assez le patron des lieux.

Le pianiste hésite. Et il a de quoi hésiter. Mais Gregor n'a pas l'intention de lui laisser le temps de peser le pour et le contre. C'est une offre à prendre ou à laisser. Et à dire vrai, Greg estime qu'il a déjà consacré assez de temps à cet homme. Il lui a consacré plus de temps qu'il ne le fait pour d'autres. Le regard froid de Ferreira est sans appel quand le sieur Byeol émet l'option de consulter quelqu'un. Un contrat légal fait peur. Et il a de quoi avoir peur, se lier aux Ferreiras n'est pas sans conséquences. Gregor le fusille de son regard calme et implacable jusqu'à ce que son interlocuteur se ravise et concède un accord à ce contrat ainsi proposé.

Gregor Ferreira. Un homme qui vous offre une demi-heure de concert dans son cabaret et qui ensuite vous fait signer un contrat d'utilisation de ses escorts pour vos événements publics. « Parfait.  » Le boss se lève en remettant la veste de son costume droite et tend une carte de visite à Xue. « Voici votre homme de contact, c'est notre juriste. Il va venir vous trouver dans un instant pour vous faire signer les documents. » Gregor lui tend la main solennellement et se dirige ensuite vers la sortie. «  A la semaine prochaine. » La porte s'ouvre avant d'interrompre son geste et de se tourner légèrement. « Vous devrez stipuler votre nom de scène dans le contrat donc réfléchissez-y avant que l'avocat n'arrive. » Et il sort sans plus attendre cette fois.