Ootd- Vingt-quatre heures entières viennent de passer. Vingt-quatre heures depuis que tu as du veiller sur ton patient qui a fait un malaise cardiaque durant un de ses cours à l'université. On t'a laissé faire, toi qui a quand même assez de compétence pour pouvoir faire les premiers examens, et trouver le meilleur diagnostique et les meilleurs soins qui lui aurait été accordé. Tout ça sous la surveillance de ton supérieur, bien évidemment. Et malgré le fait qu'aucune faute n'a été faite de ton côté, tu ne te trouve pas assez bien dans tes faits et gestes. Comme si tu avais perdu en énergie. Depuis l'hospitalisation de ton meilleur ami, à vrai dire. Tu te fais beaucoup de soucis pour lui même s'il semblait allait beaucoup mieux à sa sortie il y a quelques jours de ça. Peut-être que cet amour te fait souffrir, parce que tu tiens bien plus à lui que tu ne l'aurais imaginé. Bien plus. Mais peut-être que cette épreuve était une façon de te dire tout peux arriver, il faut que tu lui dise au plus vite. Dans un sens, ta petite voix dans la tête à raison. Minjun a un problème au cœur, et avant qu'on puisse s'occuper de le rétablir totalement, il peut très bien lui arriver quelque chose. Rien qu'à cette pensée, tu en frissonnes de terreur et essaie d'effacer ça de ton cerveau. Une main passant dans tes cheveux, tu te diriges vers la salle de repos comme un automatisme. On n'a pas besoin de toi pour le moment, et au cas où, tu gardes ton bippeur dans la poche de ta blouse.
Lentement, tu t'assois sur une chaise et ne fait pas attention à tes autres collègues autour de toi. Tu bascule ta tête en arrière et ferme les yeux, inspirant et expirant doucement pour calmer ton cœur qui s'emballe de trop. Et l'odeur du café de bon matin ne t'aide pas trop. Un haut le cœur te prend, et tu viens te remettre droit sur ta chaise, une main sur ta bouche. Ouais, on peut dire que c'est pas la forme. Certains diraient que tu te fais du mal pour rien. Mais toi, tu n'y peux rien. Cette inquiétude, que dis-tu, cette terreur que tu ressens pour ton Min, elle n'arrive pas à s'en aller. Tu as du mao à dormir, tu ne manges presque plus tellement ça te donne envie de tout vomir à la suite. Tu pourrais prendre des médicaments, mais tu as trop peur des effets secondaires que ça pourrait te faire. Tu es au boulot, et tu n'as pas le droit de faire une seule erreur. Une seule erreur et tu t'en voudras pour toujours. Tu as conscience d'avoir besoin de repos, mais pour le moment, tu ne t'y plie pas. Le travail est plus important pour toi que ta santé. Tu te dois d'être fort, comme tu l'as promis à ta mère et à ta sœur. Et alors que tu t'apprêtais à te relever, tu pose tes fesses bien rapidement sur la chaise en sentant un coup de fatigue tomber sur toi, prêt à te faire tomber au sol. À la seconde d'après, tu vois celui qui s'occupe de toi depuis ton arrivée à l'hôpital, Ambroise Marshall, rentrer dans la pièce. Immédiatement, tu te relèves en frottant tes cheveux. « Excusez-moi, je voulais prendre une petite pause avant de reprendre le boulot. » Tu as peur de te montrer trop faible, et moins consciencieux que tu ne l'es d'habitude. Tu balaies alors tes soucis, afin d'être le mieux disposé pour tes patients.
Sujet: Re: Lead in the myocardium (Ambroise & Yunseo) Jeu 8 Oct - 14:32
Trop de cafés enchainés, trop de cigarettes consumées au quotidien, pas suffisamment d’heures de sommeil – pas assez régulières en tous cas –, sans doute pas assez d’exercice au plein air non plus : il le savait pertinemment. Ambroise était de ceux qui n’écoutaient pas les conseils qu’ils donnaient ; de bons conseils pleins de bienveillance pourtant. Quand il avait été blessé, un bon mois plus tôt à peine, force avait été de constater qu’il ne manquait pas à la règle : les médecins faisaient les pires patients. La large balafre sur son abdomen resterait visible mais commençait à bien cicatriser, le corps et le cœur aussi, il y pensait moins, le travail dans lequel il s’était toujours investit sans compter les heures lui occupait la tête en plus des mains, et il avait besoin de cette occupation constante-là pour ne pas tourner inlassablement en rond.
Aux urgences, une règle apprise assez rapidement : quand il avait le temps de faire une pause, il ne fallait pas attendre avant de la prendre. Il estima qu’il avait le temps d’aller récupérer un café avant de finir de boucler le dossier qui attendrait bien quelques minutes. Ce matin-là curieusement, les urgences étaient relativement tranquilles : il s’était contenté de réduire une fracture déplacée du poignet après une chute à vélo, plâtrer, attendait à présent la radiographie de contrôle pour vérifier le bon réalignement du radius. Paradoxalement, l’éternel calme préférait l’agitation au silence des couloirs.
Dans la salle de pause, dans laquelle il ne comptait donc pas s’attarder, Ambroise surprit l’un de ses internes (ce dernier fit un bond remarquable depuis sa chaise alors qu’il n’avait pourtant pas ouvert la porte avec précipitation). « Ne t’excuse pas », il répondit en guise de salutations, loin de lui l’idée de réprimander l’apprenti visiblement exténué. Et puis il lui ficha la paix le temps de faire couler la boisson noire brûlante. En ce qui le concernait lui, l’urgentiste était méthodique et rigoureux, exigeant, pointilleux et perfectionniste, insatisfait souvent. Des étudiants il ne pouvait pas attendre les mêmes techniques et résultats, il leur autorisait les erreurs qu’il s’interdisait. D’eux en revanche, il exigeait une application méticuleuse, il ne savait pas tolérer l’oisiveté ou bien la nonchalance. Mais Yunseo avait très vite prouvé qu’il était tout sauf de cette graine-là : le titulaire parfois intransigeant, doux et disponible toujours, s’imposait surtout de veiller au grain. Alors, armé de rien d’autre que sa tenue blanche et d’yeux toujours si observateurs et attentifs, avant de le passer à la casserole, il attendit que le café ait paresseusement fini de couler pour faire le tour de la table, tirer une chaise, s’installer face au jeune homme. « Depuis combien de temps n’as-tu pas fermé l’œil ? » Lui savait bien gérer le manque de sommeil, de ses étudiants en revanche il exigeait d’avantage une concentration optimale que des nuits blanches enchainées au détriment de la prudence. « Tu es pâle comme un fantôme », il observa finalement sans jamais adopter l’intonation de la critique.
Ootd- La fatigue te prend tellement que tu sursautes à la moindre chose. La porte de la salle de repos ne s'est pas ouverte aussi rapidement que tu le crois. Mais bon, tu sais bien qu'au fond, le problème vient de toi. Ne pas savoir gérer ses émotions et sentiments n'est pas bon. Tu pourrais faires des erreurs, établir un mauvais diagnostic. C'est bien tout ce que tu veux éviter, de faire mal ton boulot. Tu t'es donné tant de mal pour en arriver là, ce n'est pas pour tout gâcher avec une histoire de cœur qui n'a rien à faire dans ta vie professionnelle. Tu soupires alors longuement, tentes de te reprendre tout seul, quitte à venir te claquer plusieurs fois les joues. Sous le regard du docteur Marshall qui doit sûrement se demander ce qu'il se trame dans ta petite cervelle. Tu aimerais bien en parler, mais tu as peur de paraître débile, et faible. Tu ne l'as jamais été, de faible. Et tu sais que si tu commences à parler de ce problème qui te prend la tête, les larmes risquent de couler. Car bizarrement, c'est quelque chose qui te tient énormément à cœur (comparé à la mort et l'enterrement de ton paternel qui ne t'ont jamais arraché de larmes ni de sourire triste).
Relevant la tête vers lui, tu l'observes préparer son café. Puis, ton regard se baisse doucement pour suivre le liquide chaud qui tombe dans sa tasse. Tu ne dis rien, reste silencieux, de toute façon, tu ne saurais pas par quoi commencer. Tu n'es pas du genre à t'étaler sur ta vie sentimentale, encore moins face à ton supérieur. Tu viens triturer le bas de ta blouse, tes yeux se perdant de nouveau dans le vide durant quelques longues secondes qui te paraissent éternité. Tout ça avant de tressauter légèrement lorsqu'il s'assoit devant toi avec douceur, l'air de vouloir comprendre ce qu'il se passe et sans doute t'aider. Tu le connais bien depuis, et malgré son côté intransigeant et stricte que requiert ce métier, il peut être vraiment bienveillant avec ses étudiants. Tu te redresse alors un peu mieux sur ta chaise, et frotte ton visage d'une main. « Je dirais.. Plus de vingt-quatre heures. J'ai eu une garde de nuit. » répond-tu avec lenteur, et arrêtant de maltraiter ta blouse qui n'a rien demandé. Ce n'est en effet pas ton genre de ne pas prendre de pause, encore moins quand tu sais que tu dois veiller sur les patients la nuit. Le problème est que dès que tu fermes les yeux, les même visages s'imposent dans ton esprit. Celui de ta sœur jumelle, Saejin, avec qui tu n'a plus aucune nouvelles depuis longtemps. Et celui de Minjun, ton meilleur ami qui te fait douter de votre relation. « J'ai... » tu continues, soufflant un coup. « Je n'ai pas envie de vous déranger avec mes problèmes personnels, c'est complètement con en plus. » Un petit rire nerveux s'échappe de ta bouche, tandis que tu baisses la tête, complètement résigné par la situation actuelle. Tu imagines bien que tu devrais arrêter ces imbécilités. « J'imagine que.. que je devrais arrêter de travailler aujourd'hui. Je n'ai pas envie de causer d'ennuis aux patients, et risquer de détruire la réputation de votre hôpital. » Tu es acharné, tu n'abandonnes jamais, mais là ce n'est pas une question qui se règle facilement. Autant éviter les dégâts autant que possible.
Sujet: Re: Lead in the myocardium (Ambroise & Yunseo) Mar 20 Oct - 10:48
Si Yunseo n’avait plus rien d’un enfant, Ambroise persistait à dire qu’il était un bon petit. Si l’on parlait du métier purement et simplement, l’apprenti docteur était en effet à la fois très jeune et inexpérimenté, malgré son implication et son sérieux. Lui-même avec ses dix années supplémentaires (approximativement) estimait avoir une quantité phénoménale de choses à apprendre, approfondir, améliorer. C’était en perpétuel renouvellement, dans leur milieu. Un point qui néanmoins ne changeait pas : la reconnaissance si facilement de ses collègues ou internes épuisés d’avoir enchainé trop d’heures d’affilée. Une fois de plus, l’exigence qu’il avait vis-à-vis des autres n’était pas aussi forte que celle qu’il avait vis-à-vis de lui-même (et tant mieux pour eux), alors il veillait au grain. Ses doigts pianotèrent machinalement sur la faïence blanche du mug fumant alors qu’il relevait l’agitation inhabituelle du très jeune médecin face à lui : les doigts affairés à manipuler avec véhémence le tissu blanc, le regard fuyant à l’horizon de la salle de repos, puis la tête basse après s’être redressé… Il écouta patiemment en prenant une première gorgée du café brûlant (la chaleur ne le dérangeait pas), analysa juste après : « D’accord… Je vois trois choses. Premièrement, tu ne vas pas détruire ni ton avenir tout entier ni la réputation de l’hôpital si tu fais une boulette. D’abord tu es supposé être encore sous la responsabilité d’un titulaire, en l’occurrence lui pour aujourd’hui, peu importe la confiance qu’il pouvait avoir en lui et la liberté d’action qu’il lui laissait puisqu’à son sens c’était là la meilleure façon de le faire gagner en autonomie. Ensuite et surtout parce que tout le monde fait des erreurs à un moment donné, moi le premier, et Dieu merci cela ne finit pas systématiquement à la une du Times. » Il expliqua sans jamais accélérer ou hausser le ton, impassiblement et tout en bienveillance, prit une gorgée encore, reposa la tasse. « Deuxièmement, je crois aussi que tu devrais rentrer te reposer. » Sans offense : ses lèvres s’étirèrent en un sourire discret, il le préférait avec toutes ses capacités plutôt qu’épuisé. Même lui, s’il savait gérer par habitude les heures enchainées et la fatigue, persistait à répéter que personne n’était fait pour rester au top de ses compétences quarante-huit heures d’affilée. « Troisièmement et enfin, si tu as envie de discuter de ces quelques problèmes, qu’ils soient cons ou pas, je t’écoute... Mais ne te sens pas obligé. »
Ootd- Tu te mordilles la lèvre inférieure en tentant de garder ton calme, écoute la réponse ton supérieur. Tu as l'impression de bouillir de l'intérieur. Non pas de colère, mais de tout plein d'autres sentiments qui ne te font pas spécialement du bien. C'est rare que ça t'arrive, de perdre ton sang-froid et de te retrouver dans une situation comme celle-ci. Les mots qu'il utilise sont censé te réconforter, te rassurer. Ça marche un peu, mais pourtant tu ne peux t'empêcher de te sentir fautif. Être mal comme ça, alors que d'autres ont bien pire... C'est peut-être de là que vient ton problème. Te préoccuper des autres, tout en délaissant ta santé physique mais surtout psychologique. Tu as tendance à prendre sur toi, à relativiser voire minimiser les soucis qui surviennent dans ta vie. Ça l'a toujours été depuis ton plus jeune âge. Et tu ne te plains pas. Jamais. C'est une des raisons pour laquelle certaines personnes t'apprécie. Tu continues alors de triturer les bouts de ta blouse tout en hochant vaguement la tête. Tu as sûrement exagéré en disant que tu n'avais pas envie de faire baisser la réputation de l'hôpital ou que sais-je. La meilleure solution serait d'aller dormir en effet, ou du moins rester chez toi quelques temps pour te reprendre en main. Tu étais sur le point de te relever pour commencer à partir, mais la suite des choses t'oblige à rester assis sur tes fesses, les oreilles attentives et les yeux s'ouvrant légèrement. Le ton qu'il prend, cette bienveillance qu'il te fait part, ça te réchauffe le cœur. Plus que tu ne le pensais. Savoir que ton titulaire souhaite prendre soin de toi, prendre du temps pour te réconforter comme il le peut. Toi, Yunseo, n'est pas du genre à mettre des mots sur ce que tu ressens.
Pourtant, sans même t'y attendre toi-même, tu sens que tu craques. Et tu sens des larmes couler en cascade sur tes joues en quelques secondes seulement. Ton cœur se resserre, et tout en te recroquevillant un peu sur toi-même, tu renifle et cache ton visage entre tes mains. « J-Je sais plus quoi faire en ce moment... » tu dis, le souffle court, les sanglots résonnant dans la pièce. Te montrer dans cet état, ce n'est pas ce que tu voulais. Mais à force de tout garder en toi durant ces années, ça a finit par imploser. Tu ne sais pas par où commencer, et prend déjà le temps de calmer un peu tes pleurs, ne voulant pas gêner le docteur Marshall. « Mon meilleur ami.. I-Il est venu il y a un peu plus d'une semaine.. pour son cœur.. je n'ai pas encore les résultats exacts, il faut encore faire des examens, mais.. J-J'ai peur que ce soit grave... » La tête baissée, tu souffle un coup, avant de frotter tes yeux. « C'est mon meilleur ami, mais.. Je l'aime. Je trouve pas le courage de le lui dire.. J-Je veux pas qu'il s'éloigne de moi à cause de ça.. » Suite à ça, tu marques une pause un peu plus longue et finit par relever légèrement la tête pour oser le regarder en face. « Puis... J'ai presque plus de nouvelles de ma sœur.. Elle me cache des choses, je le sens.. J-Je sais pas quoi, mais.. ça me fait du mal. Tout me fait du mal en ce moment... »
Sujet: Re: Lead in the myocardium (Ambroise & Yunseo) Dim 29 Nov - 22:25
Ambroise était doué pour faire parler les autres. Tout doucement, sans aucune pression, les amener à se livrer, à se confier. Parfois même cela venait sans qu’il ne cherche à provoquer quoi que ce soit : il était toujours l’oreille attentive, patiente, disponible. Probablement qu’il avait la tête de l’emploi pour cela, les traits jamais véritablement pressants ni agacés, qu’il dégageait une certaine aura réconfortante, apaisante. Un comble, pour lui qui n’avait jamais su sociabiliser au point de s’agripper avec de véritables atomes crochus, véritable ermite solitaire des temps modernes. Ainsi, comme à son habitude, parce qu’il lui semblait impensable de tourner les talons comme s’il n’avait rien vu, il venait de proposer au jeune homme de se livrer, si besoin était. Sans doute qu’il ne s’attendait pas à ce que Yunseo lui fasse confiance à ce point : mais il lança quelques bribes venues de tout au fond de lui-même, des bouteilles à la mer intimes – la confiance, un précieux cadeau, inestimable, dont il était fier et flatté. C’était une évidence pour lui, que de prendre soin des autres d’abord (encore qu’il avait clairement fini par comprendre qu’il n’épongerait pas toute la souffrance du monde), de ses internes ensuite et surtout. Si leurs supérieurs n’avaient pas un œil protecteur sur eux, qui le ferait ? Alors il écouta patiemment, cette histoire et ces épisodes compliqués qui ne le concernaient ni de près ni de loin, mais dont Yunseo lui faisait part.
Les doigts occupés à pianoter lentement sur la tasse brûlante, fumant encore à intervalles réguliers, il s’accorda un instant pour organiser ses pensées et sa réponse, s’égara vers l’histoire d’une meilleure amie à laquelle il avait été incapable d’avouer ses sentiments par peur qu’elle ne s’éloigne à cause de cela. Soit il n’avait pas su se l’avouer à lui-même, soit il avait eu peur qu’elle trouve cela absurde (ou pire : qu’elle éclate de rire) et disparaisse parce qu’il aurait tout brisé – aujourd’hui encore il ne savait plus trop, le résultat était le même dans tous les cas : ils s’étaient retrouvé in extremis. Il avait loupé dix ans avec Ella (dix ans d’Ella), et c’était l’une des raisons les plus solides qui le poussaient à présent à croire qu’il valait mieux oser que de rester sur le banc de touche, dans bien des domaines. Il n’était pas devenu courageux, il n’avait pas gagné en confiance en lui : mais c’était pourtant l’une de ses convictions profondes. « Je me permets de te donner mon avis bien que je ne sois pas le meilleur dans l’art des relations humaines, il s’excusa par avance, mais en ce qui me concerne, j’ai tendance à rester très terre-à-terre et à penser qu’il faut dire les choses... Ou agir de façon dichotomique : éventuellement se décider à ne rien dire et tourner la page rapidement, mais si ce n’est pas envisageable, il y a un moment donné où tant pis, il faut se mouiller, car rien ne tombe jamais tout cuit sans qu’on l’ait provoqué a minima. » Prendre des nouvelles de gré ou de force d’une sœur adorée, poser les questions qui fâchent à propos de problèmes de santé. « Je pense aussi que ça vaut le coup de risquer de recevoir le râteau de l’année plutôt que de potentiellement passer à côté d’une belle histoire, mais ça ne me regarde pas. »
Ootd- Tu essaies de te reprendre, n’aimant pas paraître aussi faible. Tes barrières se sont écroulées comme un château de cartes, en quelques secondes. Être vulnérable ne fait pas partie de ton vocabulaire. Tu passe alors tes mains sur ton visage, glisse tes doigts aux coins de tes yeux pour sécher ces vilaines larmes qui ne veulent plus s’arrêter de couler. Tes sanglots se tarissent peu à peu, et tu arrives à écouter les paroles si douces que te conte ton supérieur. Soit dire les choses, soit tourner les pages sont les propositions qu’il te fait. Dans les deux cas, tu penses que c’est presque impossible. D’un parce que tu n’arrives pas à dire les choses qui se trouve dans ton cœur, et de deux, tu n’as pas envie de tourner la page. Tu n’en auras pas la force, même. « J’imagine, mais… Je ne me suis jamais plains dans ma vie. Je n’ai jamais pu parler de mes ressentiments. Je ne sais pas comment on fait. Je n’arrive même pas à demander de l’aide, où à montrer que je suis vraiment à bout. » dis-tu doucement en baissant la tête, penaud, et reniflant un peu. Tu as toujours été là pour tout le monde donc tu ne pouvais pas te permettre de te laisser aller dans tes émotions négatives. Tu te devais d’être 100% sain d’esprit et de corps pour pouvoir venir en aide à tes proches, que ce soit famille ou amis. Et tu as toujours été là. Aucune absence, aucun manquement. Tu t’es fait la promesse de prendre soin de ceux qui t’entourent, depuis la mort de ton paternel qui n’était que tout le temps violent avec ta mère, ta sœur et toi. Tu étais donc le seul homme de la maison à avoir un devoir de protection. Quelque chose qui s’est planté en toi, et qui a grandi. Tu soupires un peu, et tente d’éclaircir tes pensées en massant tes tempes. « Tu penses que si je suis, vraiment… Honnête, ça marchera ? » Tu marques une pause, puis reprend. « Je veux dire, avec mon meilleur ami. Ça risque de détruire notre amitié s’il ne ressent pas la même chose que moi. » Tu ne peux pas t’empêcher de penser à cette possibilité. Car même si tu sais qu’il t’adore, qu’il t’aime à la folie, tu sais qu’il pourrait très bien s’éloigner de toi, de peur de garder un lien ambigu entre vous deux. Tu te mordilles la lèvre, puis fixe le sol de la salle de repos. « J’ai envie d’y croire. De croire qu’une histoire est possible entre nous. Je l’aime beaucoup trop… Et je ne pense pas que je supporterais recevoir un râteau de sa part. » que tu avoues, avant de rougir un peu et de te gratter la joue. « Désolé, ça doit vous embêter de parler de tout ça. Surtout en plein boulot… » Ah. Tes histoires sentimentales sont bêtes aussi, tu te demandes vraiment comment on peut t’aimer ainsi.
Sujet: Re: Lead in the myocardium (Ambroise & Yunseo) Lun 18 Jan - 15:29
« Je suppose que tout s’apprend », éluda-t-il patiemment, comme un encouragement laissant plusieurs alternatives, plusieurs possibilités. L’idée n’avait jamais été de donner des réponses précises, d’abord parce qu’il aurait été bien mal placé, l’éternel ermite et solitaire, pour donner des leçons à propos de comment dévoiler ses sentiments ou partir en quête d’une main tendue ; ensuite et surtout parce qu’il préférait Yunseo exploiter ses propres ressources. Le très jeune médecin avait la tête bien faite, trop exigeante parfois peut-être, mais suffisamment solide pour trouver les clefs les plus appropriées. Et pour ça, Ambroise était doué : être une oreille attentive, laisser l’autre parler et le relancer quand cela devenait nécessaire, jusqu’à ce que parfois les solutions s’imposent d’elles-mêmes. Lui n’était pas un exemple à suivre, et il ne s’en cachait pas.
Puis Yunseo lui demanda plus directement son avis – mais Ambroise ne se précipita pas pour répondre –, et finalement il poursuivit, lui offrant suffisamment de confiance pour exposer quelques unes de ses pensées inavouées jusqu’alors, de toute évidence emmêlées et enchevêtrées dans l’esprit malmené. Ca n’était pas comme si l’urgentiste pouvait lui assurer quoi que ce soit de solide, ne connaissant ni d’Adam ni d’Eve ce fameux meilleur ami (dont il ignorait jusqu’au prénom), pas suffisamment intime non plus de son interne pour appuyer la moindre certitude. Il s’acharnait à penser, en revanche, qu’il avait les outils nécessaires pour tout à fait se débrouiller sans l’aide de qui que ce soit.
Il l’observa faire la navette entre le carrelage froid de la salle et la porte fermée derrière eux et puis recommencer, les doigts nerveux et agités, les lèvres pincées en une moue au moins aussi nerveuse qu’embarrassée. Le jeune homme s’excusa, et cette fois Ambroise fut plus rapide : « Je t’assure qu’il en faut bien plus que cela pour m’embêter » Il lui assura que vraiment, des excuses n’étaient pas nécessaires. « Et si tu décides de ne rien dire, tu penses réussir à faire semblant ? Pour combien de temps ? Admettons qu’il finisse par rencontrer quelqu’un... Votre amitié, elle y survivrait ? Ce ne sont que des interrogations en l’air... Quoiqu’il en soit au bout du compte c’est ta décision, c’est un choix qui n’appartient qu’à toi. »
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Mer 7 Oct - 11:33
