dans le battement de l'aile (ft vi)

@vi stygian
Posté à la bordure. En retrait de la masse. Dans un coin désert. Presque d’ennui. Viktor est assis. Le regard fixe l’horizon. L’eau qui scintille. Le coeur palpitant. Non dans l’émoi de la beauté du paysage. La nausée brûlante en son creux. La scène typique de ce qu’il déteste. Celle dont il doit assister et garder en silence car son hypersensibilité n’a pas son mot à dire. Pas dans ce milieu. Pas dans cette violence qu’il a choisi.

Mission d’envergure. La confiance de Grisha lui a été accordé. Il est parti retrouvé un client qui mérite correction. Le sang et la chair se sont invités. Dans un ballet digne d’une tragédie de guerre. Ses mains d’artiste ont façonné pour l’horreur. Les mots n’ont pas suffit à convaincre ou effrayer. L’acte nécessaire pour impressionner. Viktor dans sa part la plus sombre, dans sa part la plus monstrueuse. Celle qu'il accorde uniquement sous l'exception. Quand Grisha l’ordonne. Quand les alternatives ne sont plus possibles.

Réconfort d’une cigarette au bout du bec. Cumulant tout ce qu’il déteste. Nicotine se consume pour lui faire oublier un mal par un autre. Peut être aurait-il dû s’engouffrer dans un bar. S’offrant un verre plus plaisant que cette fumée qui remplit désagréablement ses poumons. Non. Viktor est fait de paradoxes. Le religieux se punit probablement. À la recherche de repentance. Peut-être.

Il s’apprête à partir. Les mains sur les genoux, prennent positions pour donner le coup d’élan de la relève, mais le regard s’interpelle d’une silhouette. Alors que l’homme fuit un instant son quotidien, le travail, le voilà en train d’évaluer une potentielle candidate. Le souffle s’échappe d’entre ses lippes fendues. Non. Il veut déconnecter et laisser cette femme aussi loin que possible de son théâtre quotidien. Après tout, elles ne sont pas toutes marchandises.