all vintage misery -- (wes)

Il ne sait pas ce qu'il attend là. Sûrement une perte de temps — mais il ne peut pas se résoudre à tourner les talons. À s'en aller. À laisser un pan de la vitrine fissuré, l'autre tagué. Ç'allait être suffisamment chiant à régler — pas la peine que quelqu'un finisse le boulot et se décide à rentrer pour voler tout ce qu'il pouvait. Pas la peine d'en rajouter.

Il l'avait vu au détour d'un deal. Alors qu'il s'en venait sur le coin de rue, où il avait l'habitude de retrouver deux ou trois habitués qui, ce soir, avaient besoin de se défoncer. Il avait surpris le gamin, bombe de peinture à la main. Rien le temps de dire : l'autre l'avait vu et avait décampé. Meilleure idée que de l'affronter. Sifflement entre les dents, rage au coeur. Il était cependant suffisamment calme pour ne pas en rajouter. Avait appelé Wes. Et depuis, il attendait.

Wes qui avait, sans conteste, bien d'autres merdes à gérer. Bien d'autres choses à penser. Mais fallait qu'il sache. Ander s'en était assuré. Et maintenant, il attendait.
Sans savoir quand Wes arriverait. Deux de ses clients déjà passés. Le troisième ne viendrait probablement jamais — le caniveau comme seconde maison, et les absences de pensées trop fréquentes pour garantir qu'il se pointerait.
Il sort une clope de sa poche, l'allume et en tire une bouffée. Un couple passe, observe alternativement le magasin vandalisé et l'apparent délinquant planté à côté. Il leur rend une oeillade noire ; ils baissent les yeux, pressent le pas. C'est mieux comme ça.

Il soupire, pousse une capsule du bout de la chaussure. Dépêche, Wes.
J'ai pas qu'ça à foutre de ma nuit.
Comme un écho à ses pensées, quand il relève les yeux, la silhouette familière apparaît. Il se décolle du mur, y frotte sa clope pour l'éteindre puis la glisse derrière son oreille. « T'as mis l'temps. » Rien d'grave, j'espère.
Pas si long, à la vérité — mais les nerfs du Wilkes commençaient à s'échauffer. Impatient, sans savoir si c'était l'envie de partir à la suite du vandale, ou la folie de sa soeur qui, venue d'ailleurs, l'agitait. Un peu des deux, sûrement.
Il tourne le nez vers la boutique, enfonce ses mains dans ses poches. « C'était déjà comme ça quand j'suis arrivé. » Et j'en suis désolé.

[ @wes burkley ]

les pétales fanés, d'un coeur en peine suite à un deuil difficile à vivre. il n'avait pas besoin de ça ; de cet appel. c'est pas comme s'il avait beaucoup d'oseilles. la sensation de suffoquer, les mains tremblantes suite à l'appel, pourtant wes est incapable de bouger de ce canapé. celui d'un appartement qui n'est pas le sien, là où son fantôme règne dans chaque endroits. dans les vapes, il ne réagit pas directement. téléphone toujours dans la main, les mots de cet ami frappent, sans qu'il ne soit capable de se lever et de se plonger dans les rues d'une ville animée. son avenir est désormais incertain. la boutique est déjà à deux doigts de fermer, l'amour n'existe désormais plus. à quoi bon continuer de se battre ? le brouillard de sa propre situation l'empêche d'apercevoir l'horizon.
au bout de dix minutes, il fini par se lever. l'odeur de la nicotine se sent dans les abysses de cet appartement. il récupère sa veste, son visage cerné par la fatigue, par les derniers événements. il passera probablement au cimetière par la suite. parler à sally. lui dire qu'elle lui manque et qu'il ne sait plus tellement comment il peut vivre sans elle. le fléau qu'il subit devient de plus en plus insupportable. mais tant pis. c'est la vie, n'est-ce pas ?
le souffle court, après une course contre la montre jusqu'à son magasin. il aurait pu prendre la voiture, ou, le métro, mais wes avait besoin de se défouler. autant s'user jusqu'au bout n'est-ce pas ? il fait pitié à voir. comme un condamné face à ce pilori. mais juste... juste, tant pis. encore une fois. à priori, sa propre fin est imminente. désolé. seuls mots sortant de sa bouche. oui, il en a mis du temps, mais sa vie est en pause depuis ce foutu appel, depuis ses mots qui ne s'arrêtent pas. qui sont là, qui flottent, flottent, flottent dans sa tête sans vouloir une seule seconde lui foutre la paix. son regard se porte sur la devanture du magasin, son coeur s'arrête. des mots sales écrits sur une vitre qu'il ne pourra pas nettoyer. le compte en rouge, même avec une échelle il n'atteindrait pas le haut de ses vitres. il est ridicule, à courir après le vent. rien ne s'arrangera, rien.
ander a été bienveillant. ils s'en doivent une, mutuellement, même s'ils ne s'avoueront jamais vraiment les choses à haute voix. le brun se rapproche de sa vitrine, frôle la peinture déjà sèche. t'as vu quelque chose ? quelqu'un. et wes se ferait probablement le malin plaisir à casser la gueule au premier venu, simplement pour se défouler. pas la meilleure des méthodes, certes, mais si ça peut lui apporter un semblant de paix, ça lui va. wes est noir, le soleil s'est éteint, laissant la pluie et l'orage prendre le dessus sur ses émotions. il ne mettra plus du baume au coeur dans les âmes d'autrui. pas alors que la sienne est en souffrance extrême. sans compter cette boutique, qui finira par causer sa perte, pour de bon.

« Désolé. » Il a l'air d'avoir couru pour venir. Ander hausse un sourcil en le toisant. Le goût de la clope aux lèvres, le soupir non loin. Ça n'a pas l'air d'aller. Il ne s'en mêlait pas, pourtant. Même si Wes n'avait pas l'air au sommet de sa forme, ces derniers temps, il gardait pour lui la curiosité déplacée. Les questions trop curieuses, ou ayant cette foutue tendance à remuer ce qu'on préférait laisser en paix. T'as l'droit à ta vie privée.

Ç'a l'air de lui briser le coeur. Ander peut comprendre. En gros. Il garde ses soupirs pour lui. Fixe la silhouette de Wes, son air désemparé. Son corps encore tremblant de la course qu'il avait piqué pour se ramener. « T'as vu quelque chose ? » « Hm-hm. » Il acquiesce, sans brasser plus d'air qu'il ne le faut. Inutile d'embraser les ardeurs de Wes. Il les voyait grandir ; ses yeux, se noircir. « Rien qu'un gamin. Il a filé quand je suis arrivé. » Prudent, le Wilkes le jaugeait. Essayant de comprendre ce qui pouvait passer par la tête du Burkley — mais ça ne présageait rien de bon, quoi qu'il en soit. « Tu connais quelqu'un qui voudrait t'faire ça ? » Il se souvenait parfaitement du visage de l'importun — mais ne connaissait pas assez la vie de Wes pour savoir si qui que ce soit l'aurait détesté à ce point. S'il le fallait, néanmoins, il était prêt à l'aider. À trouver le fils de pute qui avait saccagé sa vitrine, et à lui faire passer la nuit la plus longue de toute sa vie. J'te dois bien ça, mon vieux.
J'te laisserai pas, t'en fais pas.

Pas tant que tu ne me le demandes pas, en tout cas.

[ @wes burkley ]