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 make it happen (clyde)

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Message Sujet: make it happen (clyde)   make it happen (clyde) Empty Lun 20 Juil - 16:16

Je n’arrive toujours pas à croire que j’ai décroché le premier rôle d’une pièce de théâtre. Je me revois encore répondre au téléphone en m’attendant à tout sauf à un retour positif. A force d’essuyer des refus, je finissais par perdre espoir. Pourtant, ce n’était pas faute d’auditionner. J’étais loin de faire la fine bouche. J’allais à toutes les annonces auxquelles je pouvais correspondre un tant soit peu : danse, chant, théâtre, petit et grand écran… Même pour des pubs ! Sans succès. En tant que britannique, je partais déjà avec un « handicap ». J’ai passé des heures à pratiquer l’accent américain. J’ai même appris à faire celui du Sud ! Bah quoi ? J’aurai pu être amenée à jouer une Redneck ! Je voulais être préparée pour tout type de rôle.  

Ce fameux jour, j’étais désespérément en train d’éplucher les vols pour l’Angleterre en me disant que j’allais finir par devoir rentrer tôt ou tard, faute de moyens et par manque de motivation pour mon job de serveuse de l’époque. Quand j’ai décroché, je n’ai pas pu m’empêcher de pousser un cri de joie. On me rappelait pour passer une seconde audition. J’avais été retenue avec trois autres filles mais l’équipe avait besoin d’en voir un peu plus pour déterminer qui allait être l’heureuse élue. Mon exclamation a été telle que Clyde a débarqué dans ma chambre en se demandant ce qui se passait. Bien sûr, je l’ai envoyé bouler pour 1 : rentrer sans y avoir été invité, 2 : j’étais encore au téléphone et 3 : ça fait toujours du bien de le malmener. D’ailleurs, j’ai pas arrêté de le harceler ces dernières semaines pour qu’il vienne assister à la première de la pièce. Ça fait des mois que je m’entraine sans relâche et qu’il m’entend dans toutes les pièces de l’appart faire mes grandes tirades dramatiques. Ça serait dommage qu’il ne voit pas le rendu final, même si je crois qu’il connait déjà toute la pièce par cœur à force.

Je dois dire qu’on a fait un sacré bout de chemin Clyde et moi ces derniers temps. Les débuts de la cohabitation ont été particulièrement malaisants, avec de nombreux silences gênés et du mal à être soi-même. Le plus dur, je pense, ça aura été de baisser nos gardes et de mettre nos gigantesques fiertés de côté. Mais une fois passées ces étapes, ça a été tout seul. On a chacun appris à vivre avec l’autre et surtout à se redécouvrir. Car non, nous ne sommes plus les enfants qui se chamaillaient pour un oui ou pour un non. On a bien évolué tous les deux et je dois avouer que je me suis prise d’affection pour lui. Je ne saurai mettre un mot sur ce que je ressens exactement mais ce dont je suis sûre, c’est que ça me ferait quelque chose s’il en venait à amener une fille chez nous par exemple. Il lui est arrivé de faire des soirées auxquelles je passais en coup de vent et il est vrai que j’ai eu quelques envies de meurtre quand certaines nanas le regardaient d’un peu trop près, voire même le chauffaient carrément.

Malgré le fait que nous soyons devenus amis, je ne pense pas pouvoir un jour lui avouer quoique ce soit. Fierté oblige. Et puis, c’est tellement plus simple de se voiler la face. J’ai tenté d’aller à quelques dates mais ça a toujours été catastrophique. Déjà, pour trouver un profil en Amérique sans les traditionnelles photos à la pêche avec le poisson qui vient d’être pêché, autour d’un feu une guitare à la main, avec un bébé (mais en bio c’est bien précisé que c’est le neveu pour faire style je suis « daddy material ») ou encore la photo à la chasse, c’est déjà un casse-tête. Sinon, c’est les mecs qui bossent à Wall Street avec une baraque dans les Hamptons et autre richou. No thanks.

Du coup me voilà, jeune célibataire dans le déni, dans ma loge, à attendre les 250 personnes qui vont venir assister à la première. Il me reste quelques minutes avant le coup d’envoi. Je check mon téléphone pour voir si j’ai des nouvelles de Clyde mais rien. Je lui envoie un message rapidement : « T’as intérêt à te pointer sinon je te tue ! » C’est dit sur le ton de l’humour mais je sais que s’il ne venait pas, au fond de moi, je serai déçue.

Je réajuste la robe de mon costume, fais une dernière retouche à mon maquillage et sors de la loge en direction de la scène. Le rideau est baissé mais je peux entendre les spectateurs qui s’impatientent. Je m’installe sur le fauteuil du décor et les trois coups sont frappés sur le plancher pour annoncer le début de la pièce. Lever de rideau.
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Message Sujet: Re: make it happen (clyde)   make it happen (clyde) Empty Dim 26 Juil - 12:02

J’avance le long du boulevard, guidé par les lumières scintillantes du théâtre à l’angle de la rue, vers lequel je marche d’un pas pressé.
Putain, j’aime pas avoir à me presser pour quoi que ce soit. Je fais toujours de mon mieux pour arriver avec cinq minutes d’avance partout où je vais, juste pour être sûr que je vais jamais avoir à me retrouver à courir dans les rues du Queens. Moi, faut pas me presser, jamais.
Mais faut dire que ce soir, c’est pour la bonne cause.
Ce soir, y a Williams qui fait ses débuts sur les planches. Et c’est un truc que je comptais rater pour rien au monde, même si j’ai feint hésiter quand elle m’a présenté le pamphlet de sa pièce. Même si j’ai râlé pendant deux semaines à chaque fois qu’elle me demandait si je pensais pouvoir me libérer, alors que j’avais acheté ma place le jour même où elle a eu la confirmation.
Je pouvais quand même pas louper une occasion de la stresser un peu. Ça se fait rare, ces occasions, maintenant qu’on s’entend mieux. Et puis, je voulais pas paraître trop impatient.  
J’arrive enfin devant le théâtre et je m’arrête quelques secondes en bas des marches, profitant de ce court instant pour admirer l’architecture du bâtiment que les lumières, tapis et grandes portes en or viennent mettre en valeur. Je reprends ma course jusqu’à atteindre le haut des marches, saluant le portier qui m’assiste et m’indique vers où me diriger. Je lui jette un regard surpris - j’ai pas trop l’habitude du théâtre, faut le dire. J’ai du assister à trois pièces dans ma vie, et deux d’entre elles faisaient très probablement partie d’une sortie scolaire. Autrement dit, ça date.
Le hall d’entrée est presque vide, je crois que j’arrive juste à temps. L’hôtesse d’accueil me regarde avec des gros yeux. Ça va, elle pourrait se détendre, j’ai encore dix minutes pour trouver mon siège.
C’est quand même pas ma faute si j’ai pas pu venir plus tôt. Le temps de finir le boulot, rentrer me changer, aller chercher des fleurs ET trouver une foutue place de parking, il était déjà 18h30. J’me suis plutôt bien débrouillé.
Je m’installe enfin sur mon siège après avoir fait lever une rangée entière de cinquantenaires un peu bougons, et j’ai à peine le temps d’admirer la salle que les lumières s’éteignent et le silence s’installe. Le rideau se lève et mon regard vient papillonner entre les différentes silhouettes qui se dessinent sous les projecteurs, se posant rapidement sur celle qui m’est familière.
Ça fait bizarre de la voir, habillée, maquillée, coiffée d’une façon que j’ai jamais vu. Je suis pris d’un sentiment d’agitation que je peux qu’assimiler à celui qu’elle doit ressentir en ce moment même, en cinq fois plus fort.
Ça fait tellement longtemps qu’elle l’attend, ce moment.
Je me laisse prendre par les premiers dialogues jusqu’à ce que Williams ouvre la bouche à son tour, se lève de son siège en parlant d’une voix forte et légère.
Elle a directement toute mon attention. Sans même m’en être rendu compte, après une heure de spectacle, je passe d’une position détendue à bien plus concentrée, penché légèrement en avant, coudes sur les genoux, reposant mon menton sur mes mains liées. Ne la quittant pas du regard.
Mes yeux la suivent, la regardent sautiller, s’agiter, danser, crier, tourner sur elle-même, enchainant plusieurs répliques que je reconnais facilement, presque par cœur, pour certaines, l’ayant entendu les répéter tant de fois pendant les semaines qui ont précédé l’événement. Les paroles prennent enfin leur sens, mais plus encore, elles prennent vie.
Williams me laisse bouche bée. Elle prend toute la place, toute la lumière, même quand elle se tient au fond de la scène, même dans les coins les moindres éclairés. Même quand elle chuchote, ou se tient quelque part en silence.
Elle quitte les planches une, deux, trois fois, filant se cacher derrière les rideaux qui bordent la pièce pour laisser place à d’autres acteurs, me forçant à dévier plusieurs fois le regard vers la dernière sortie qu’elle a emprunté d’un air impatient, trépignant à l’idée de pouvoir assister à quelques secondes supplémentaires de sa performance. Parvenant à briller, jusqu’à son absence.
Quelle claque.
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Message Sujet: Re: make it happen (clyde)   make it happen (clyde) Empty Jeu 3 Sep - 17:53

Des rires, des exclamations, des « ah » de surprise, des « oh » d’attendrissement... Le public a l’air réceptif et surtout totalement immergé dans la pièce. Je me dis que c’est bon signe et j’essaye de continuer sur ma lancée.

Lorsque nous nous croisons en coulisses les autres comédiens et moi, nous n’avons pas une minute pour échanger le moindre mot. Tout est chronométré à la seconde près et nous avons beaucoup à faire : changer de costume, aider avec les décors, nous recoiffer... J’ai à peine le temps d’observer ce qui se passe de l’autre côté des rideaux. D’ailleurs, j’aurai aimé voir si Clyde est là ou non mais, avec les spots lumineux, c’est impossible. Je ravale une petite moue de frustration et retourne sur scène pour le dernier acte.

Ici, mon personnage doit faire ses adieux à son bien-aimé. Celui-ci a été appelé pour partir à la Guerre de l’autre côté de l’Atlantique en 1944. C’est la partie que je redoute le plus car je dois faire une longue tirade et celle-ci est primordiale puisque c’est celle qui clôture la pièce. Ce passage, je l’ai travaillé d’arrache-pied pour être sûre de ne pas me foirer. C’est le soir de la première et je ne peux tout bonnement pas me louper. Ma langue ne doit pas fourcher, je ne dois pas avoir l’air de réciter, je dois interpréter une ribambelle d’émotions sans pour autant que ce soit larmoyant… Tout le monde a beaucoup trop travaillé pour que tout soit gâché à cause de moi. J’essaye de ne pas me mettre la pression et entame mon monologue.

On n’entend pas une mouche voler dans la salle. J’observe Eddy, mon partenaire, avec qui nous avons répété cette scène des millions de fois. Nous avons bien sympathisé lui et moi. C’est agréable de pouvoir travailler avec quelqu’un de professionnel qui a toujours de bons conseils à donner. J’entends à nouveau ses mots d’encouragements quant à mon inquiétude pour cette scène et je me concentre là-dessus.

Vient le bouquet final. Je dépose un baiser sur ses lèvres en guise d’aurevoirs. Il ne dit pas un mot, me lâche la main, se retourne et quitte la scène. La pièce se termine sur mon personnage, seul. Les lumières s’éteignent, les rideaux se baissent et je souffle de soulagement. J’expire fort et le silence est tellement total dans l’assemblée que j’espère que personne ne m’a entendue. Je mets mes mains sur ma bouche machinalement comme si le mal n’était pas déjà fait. Abrutie ! Quelques instants après, un tonnerre d’applaudissements retenti dans la salle. Cela me fait sursauter, puis sourire d’être aussi peureuse.

Quelqu’un vient me donner une bouteille d’eau, que je descends à la vitesse de l’éclair. J’étais assoiffée d’avoir autant parlé. Les autres comédiens me rejoignent et nous retournons sur scène mains dans les mains. Nous saluons le public plusieurs fois en guise de remerciements. Après notre retour en coulisses, les spectateurs nous rappellent et nous revenons chacun notre tour après l’annonce de notre nom. Je reçois un super accueil de leur part et j’éprouve un plaisir intense lorsque je vois que tout le monde est debout. Je ne m’attendais pas à un tel engouement. Je lutte pour retenir des larmes de joie. C’est bon calme toi, c’est juste des applaudissements !

Ça y est, cette soirée mémorable touche à sa fin. J’aurai aimé qu’elle dure éternellement. Je crois n’avoir jamais ressenti autant d’émotions en si peu de temps. La preuve, je suis encore euphorique alors qu’à l’heure qu’il est, tout le monde doit déjà avoir quitté le théâtre. Je porte encore mon dernier costume. Les autres se sont bien foutu de ma gueule parce que je refusais de l'enlever. Je m’y sens si bien que j’ai limite envie de l’embarquer chez moi. Toute la troupe est déjà repartie elle-aussi. Ils m’ont proposé de venir célébrer cette belle réussite avec eux mais je leur ai dit que je les rejoindrais peut-être un peu plus tard. Je voulais apprécier ce moment jusqu’à la dernière goutte. J’ai aussi vu avec le directeur, il m’a laissé les clés pour fermer en repartant.

Je m’apprête à défaire ma fermeture éclair quand quelqu’un frappe à la porte. Qui ça peut bien être ? Je pensais que tout le monde était déjà reparti. Quelqu’un doit sûrement avoir oublié quelque chose. Je tente de regarder l’heure sur mon téléphone mais il est HS. Je n’ai absolument pas pensé à le consulter depuis que la pièce est terminée.

« Entrez ? »

À ma grande surprise, il s’agit de Clyde.
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