Un père effrayé ayant besoin de conseils (ft Ambroise)

Un père effrayé ayant besoin de conseils
feat @Ambroise Marshall

EXORDIUM.

Shae, 10 mois, ou clairement toute la vie d’Aiden. Quand il l’avait porté dans ses bras pour la première fois de sa vie, il avait su que c’était cette princesse qu’il voulait rendre heureux et qu’il n’avait plus besoin d’enchainer les coups d’un soir en croyant que c’était ça, son seul réconfort. Il était heureux depuis qu’il avait cette douceur dans sa vie, alors que sa mère l’avait clairement abandonné en croyant qu’avoir un enfant avec un homme riche et célèbre allait lui rapporter assez d’argent pour ne pas à s’occuper de cet enfant. Il s’était battu pour l’avoir, pour avoir la garde de Shae à sa naissance, pour que sa mère n’ait rien à dire sur ce qu’il allait bien faire avec sa fille, puisqu’à présent il ne voyait qu’un magnifique sourire tous les jours depuis qu’il l’avait avec lui. Aiden avait changé en devenant papa, personne ne pouvait le nier, il était devenu doux, beaucoup plus calme et patient, ce n’était plus le même homme et il était heureux de celui qu’il était, il était un homme bien pour la plus belle des princesses, pour celle qui ne méritait que le meilleur dans sa vie. Sa petite muse, il avait l’habitude de la dessiner quand elle dormait ou même juste quand elle se mettait à jouer juste à côté de lui alors qu’il était dans son atelier, son rire devenant ainsi sa chanson préférée… Enfin, c’était ce qu’il se disait quand il pouvait l’entendre.

« Je sais ma princesse, tu n’es pas bien et papa ne sait pas ce que tu as, on va aller voir le médecin à l’intérieur, d’accord ? »

Courte d’une couverture alors qu’il la tenait dans ses bras pour calmer ses pleurs, elle s’était réveillée ainsi et Aiden avait paniqué, il avait pensé qu’elle avait soif certainement mais rien ne lui allait, elle ne faisait que de tout recracher, assez pour que le peintre prenne la décision de l’emmener aux urgences pour savoir ce qu’elle pouvait avoir. Il n’aimait pas ça, il en avait même peur, il avait peur que quelque chose de grave arrive à sa petite princesse, à son trésor qui s’accrochait à lui en ce moment même en lâchant ses plus grosses larmes. Il était rare qu’elle se mette à pleurer ainsi, beaucoup trop rare, elle ne faisait pas énormément de caprices, juste quand elle avait faim ou qu’elle avait envie de quelque chose terriblement, Aiden avait su qu’il y avait quelque chose de grave directement. Il s’approcha de l’accueil pour aller enregistrer sa princesse pour qu’on s’occupe d’elle dans les plus brefs délais.

« Bonjour… Je viens pour ma fille, elle a 10 mois, Shae Burkley pour le prénom, elle s’est réveillée en hurlant et en pleurant toutes les larmes de son corps, je ne sais pas ce qu’elle a et j’ai réellement l’impression qu’il y a quelque chose… »

Il espérait tomber sur quelqu’un rapidement pour s’occuper d’elle et savoir ce qu’elle pouvait bien avoir pour verser toutes les larmes de son corps de cette manière.

Queens, urgences. Les vacances déjà éloignées, les stigmates du séjour en Italie sur la peau de son visage et de ses avant-bras hâlée, la chaleur étouffante d’août rendue supportable par la climatisation pourtant pas si efficace. Ambroise venait de terminer de remettre en place une épaule luxée lors d’un match de football américain et l’analyse de la radiographie de contrôle ; sa prochaine patiente venait à peine d’être installée. Il aimait globalement tous ses patients, quel que soit leur âge, leur sexe, leur origine géographique, leur situation sociale. Il aimait les personnes âgées pour leurs histoires, mais plus encore, il avait toujours adoré les enfants. Les enfants étaient une source d’imagination inépuisable, et lui avait le sentiment que les soigner était en quelque sorte un coup de pouce pour leur permettre d’avancer vers une infinité de possibilités. Il était d’une douceur inépuisable, il savait gérer les pleurs et les caprices – mais en général les enfants avaient des parents, des parents parfois terriblement pénibles qui représentaient à eux seuls une raison suffisante d’avoir préféré les urgences à la pédiatrie en tant que telle. Finalement, jongler entre tous les patients et les pathologies plus ou moins graves ou au contraire anecdotiques, sans jamais craindre un quotidien répétitif, lui convenait parfaitement. Et justement, la prochaine petite patiente, dont le dossier était vide de tout passage dans les locaux (ce qui était généralement bon signe), venait à peine de fêter ses dix mois.

Les pleurs du bambin le guidèrent sans difficulté jusqu’au box concerné. « Shae Burkley ? Bonjour, Docteur Marshall. Qu’est-ce qui vous emmène ? » Il sourit doucement et poliment au très jeune père (probablement) dont il devina l’inquiétude dès le premier coup d’œil, ne faisait pas immédiatement le rapprochement avec un autre Burkley à peine moins jeune, qu’il connaissait bien, aux traits pourtant familiers avec le papa soucieux. Par-dessus les larmes de la petite, son père expliqua à nouveau ce qu’il avait déjà dit lors de leur arrivée, mais Ambroise aimait bien entendre à nouveau les explications de ses patients avec leurs propres mots : Shae hurlait et pleurait sans s’arrêter depuis son réveil ce matin, sans raison apparente, il était très inquiet. L’urgentiste au calme inépuisable lui conseilla de la garder contre lui le temps qu’il lui pose d’abord quelques questions, il l’examinerait tout de suite après dans un second temps. « Votre fille n’a jamais eu de problème de santé particulier ? Vous n’avez rien remarqué d’anormal les jours précédents ? Elle n’a pas fait de fièvre, elle mange bien ? Elle n’est pas tombée, vous n’avez pas non plus remarqué de changement dans son comportement ? Ses vaccins sont bien à jour ? » Il avait listé ces quelques questions sans précipitation en laissant le temps à chaque fois au père de répondre après lui ; et puis une fois qu’il estima l’interrogatoire satisfaisant, il poursuivit par-dessus le gros chagrin bruyant : « Je vous laisse la déshabiller un peu s’il-vous-plait, je vais l’examiner. Vous pouvez vous asseoir sur le brancard et la garder sur vos genoux, cela va la rassurer. »