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 la capitale du vice (misha)

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Message Sujet: la capitale du vice (misha)   la capitale du vice (misha) Empty Ven 31 Juil - 13:14

Le désabus impérial qui creusent les orbites,
moins au message qu’à l’inventaire des parasites.
Elles sont de soie ou de quelques ornements,
maculées des sécrétions veloutés qui tâchent de blanc.
Aux horizons de leur pays ont-elles préféré cette prison,
qui comptent ce soir leur foutu corps d’apatride ;
cette enveloppe poisseuse, injectée des passions.

Nimbée dans l’obscurité,
l’ombre du moineau est blessée par l’éclat disparate d’une ampoule.

“ T’en fais une sale gueule, Vaughn ”

Amour est acide sur la langue de ces bestiaux.
Il y a Tank qui pointe le museau,
la queue qui balance à l’intrusion.

“ Couché.
Depuis la descente dans l’quartier sud, les flics nous collent au cul. Gus refuse d’nous fournir les papiers des nouvelles le temps qu’ça s’tasse pour nous. Et on peut pas faire fonctionner l’bordel et le cabaret avec nos effectifs actuels. J’ai dit à Ash que j’irai foutre la pression à Gus, il a dit d’calmer l’jeu. Pauvre con ”
,
éructe véhémence sous les coutures d’une enfant de chiffon projetée sur le dossier.

“ J’savais pas qu’tu t’étais mise à répondre aux ordres ”
la réplique, enduite de clairvoyance,
dessine ce sourire mesquin sur le poupon de faïence.  

“ Tu ne m’écoutes pas. J’n’ai pas dit que j’allais abdiquer ”
“ Alors pourquoi tu fais cette tronche? ”
“ Parce que je n’sais pas choisir entre lui prendre quelques doigts ou lui arracher quelques dents, et que dans l’emportement, je pourrais bien faire les deux ”
“ Hum. Pas étonnant qu’Ash t’ait d’mandé d’calmer l’jeu ”
Blondie sacre de son majeur l’impudent,
disparu bientôt dans l’entrebaillement.

(...)

À la ferraille qui grince,
sonne le glas du jour,
éteint déjà des heures auparavant.
Amour exhorte un soupire,
où Tank farfouille les hautes herbes de ciment.
1:43 sur le cadran:
fuir sur la rive gauche,
ou fouiller les souvenirs surréels qui bordent son opposé.
Sur la gauche, la blonde laissera d’abord son familier, ravi de se blottir dans ses pénates misérables.

Pour voir si t’es cap,
parce qu’il est toujours question d’un orgueil mal placé.
L’escapade traîne l’oiseau dans la gueule purulente du Marquee,
entre les griffes d’une Russie de sang pur,
qui, doucement sur ses plumes, fait grincer ses mauvaises augures.

Fluette se glisse parmi les désarticulés,
ses doigts au fond de ses poches enfoncés
pour ne point se frotter aux putrides.
Les orbes musardent à court de patience.

“ Pourquoi t’es sapé comme un putain d’politique? ”,
dans un coin Amour trouve Misha.
Se trouvait juste-là,
enlisé dans l’élégance et méconnaissable,
vaquant parmi les effluves féminins qui se succèdaient.
Phéromones vénusiens faisaient flancher le fils d’Arès.
“ J’suis pas v’nue pour pratiquer l’triolisme, Misha ”,
l’allure indéfectible, qui exige l’exclusivité.
Car son diadème traîne encore à quelques endroits.

@misha orlov
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Message Sujet: Re: la capitale du vice (misha)   la capitale du vice (misha) Empty Sam 1 Aoû - 19:24

la capitale du vice
Amour & Misha

« She is sugar, curiosity, and rain »
Il ne porte pas sur lui la honte d’avoir dépouillé la vie d’autrui. Misha s’est lavé de sa chair et de son hémoglobine, de cette odeur putride et ferreuse imprégnant le tissu. Comme un héroïsme dans la déchéance ; le port toujours altier puis cette insolence en étendard. Ce mépris de petit roi puisqu’il outrepasse les lois et nourrit les ripoux. Ainsi a-t-il pris le soin de se changer, rapidement ; se défaire de la chemise non souillée mais tout de même, qu’est-ce qu’elle suinte le fer et la brutalité. Trop de virilité dans le parfum, un peu sauvage, comme la transpiration d’un sportif adulé ; ça rameute la groupie - talons qui fracassent l’asphalte, le bruit de la salope pressée, et cette perspective d'être racolé ne lui plaît guère. Ce passage obligé à son loft luxueux a manqué de le mettre en retard au Marquee ; ce n’est pas tant que Misha souhaite s’y rendre pour deux heures tapantes. Puisqu’elle n’a pas répondu, il s’en contrefiche. Mais être présent au moins pour deux heures, la base. A l’étroit dans sa fierté, incapable de se résoudre à l’incertitude. Et ça se sent dans ses exigences. Misha est intraitable, au sens très mâle du terme.

Le jeune homme a quitté les rades de son enfance pour des lieux de festivités plus propres et aseptisés. Le Marquee ne se dérobe pas à la règle des trois ‘s’ ; superficiel, suffisant, somptueux. D’une chaleur toute relative à condition que les bourses soient remplies, que les Louboutins s'usent sur la piste de danse et que les nantis claquent l’équivalent d’un salaire dans une bouteille passable. On change de secteur comme on s’habille ; à force de troquer ses nippes contre des fringues luxueuses, Misha a muté vers l’Upper West Side. L’opération fut transitoire, sans douleur et particulièrement réussie ; le russe se fond dans le décor avec une facilité dérisoire. Il ne manque pas, pourtant, d’assassiner de son regard charbonneux tout individu nouant un pull sur ses épaules et lui parlant de ‘brunch’ dominical d’un timbre guindé. Le riche demeure protocolaire, cela lui permet d’écarter le nuisible - trop abruti pour en comprendre les codes.

Misha s’est faufilé à une table où trônent quelques amis ; ils ont l’assurance des possédants et c’est solaires qu’ils s’exclament dans le monde de la nuit. Au sein de la tribu, deux inconnues volubiles se sont greffées à eux ; ‘Mate un peu leurs jambes’ a argué Stefan non sans se pencher vers le russe, d’un timbre suffisamment enjoué pour justifier leur présence à table. Elles ont le regard qui transpire le stupre, non pas pour la chair mais pour l’argent. Et lorsqu’elles parlent, donnent l’impression de se muer en une bête à deux têtes tant elles piaillent ensemble, rient, surjouent. Séduisantes, au bout du compte, mais pas suffisamment pour enrayer le plastron de glace du russe qui se contente de répondre mollement par onomatopée, lorsqu’il daigne entrouvrir les lèvres.

“ Pourquoi t’es sapé comme un putain d’politique? ” Sa présence le déconcerte, tant il ne l’attendait plus. Misha aimerait tant lui répondre, d’une réplique acérée et radieuse, et sur un ton de connivence et de petits mensonges amusés lui souffler qu’il est rentré à Sciences Po et qu’il vote Républicain. Autant d’affabulations pour la mettre en rogne. Mais son apparition impromptue le secoue tant qu’il sème sous la langue de lourds silence prompts à être vociférés. ‘T’apparais comme ça sous mes yeux, de chair j’veux dire, parce que j’ai fait l’effort de venir te chercher. J’ai sans doute pas été très clean dans l’histoire ; après avoir quitté les pavés crasses des taudis, j’t’ai laissée tomber mais sincèrement j’ai pas fait exprès. Tu l’aurais pris comment si je t’avais dit qu’enfin, on m’avait adopté ? Par un homme de bonne situation tu vois, du genre qui a assez de blé pour répudier la junk-food et assez de jugeotte pour me policer un tout nouveau vocable. Merde, je parle bien, maintenant. Je présente bien aussi, même si à toi, ça te plaît pas. Et toi bordel, t’étais où, tu fais quoi maintenant ?'

“ J’suis pas v’nue pour pratiquer l’triolisme, Misha ” « Dis pas de conneries. Pose ton cul avec nous et viens boire un verre. » Comme un automatisme, Misha l’invite à prendre place parmi eux. Il a suffi cependant de croiser son regard pour comprendre puis se lever comme pour s'entendre penser ; franchement Misha, t’as pas eu l’idée du siècle. La musique sourde n’engage aucune conversation et puis, il y a les autres. Engoncés dans des vêtements de grand couturier et des esprits bornés à leurs problèmes postiches de bourgeois. « Ca va. » clame-t-il comme pour se dédouaner, se dérober à son courroux légitime. Misha l’invite à la suivre comme il longe les murs vers une large baie-vitrée s’ouvrant sur une terrasse offrant un panorama de roi. Le monde des nantis. Ici, coupés de la musique sourde et des conversations adipeuses, ils trouveront les armes pour se parler. « T’es venue pour quoi alors ?  » Un sourire pour une provocation. La piquer d’avantage, comme autrefois, c’est lui assurer de son enthousiasme de la retrouver. « En vrai, je voulais savoir ce que tu devenais. Ca fait un bail qu’on s’est pas parlés.  » Neuf ans. Plus qu’un bail, une vraie connerie.


(c) DΛNDELION ; @amour vaughn
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Message Sujet: Re: la capitale du vice (misha)   la capitale du vice (misha) Empty Lun 3 Aoû - 23:21


Aux premiers sabres lettrés,
Amour éponge un silence déstructuré par le fracas des opales;
à ses mots qui ne lui parviendront jamais.

Les globes qui s’éparpillent sur ce nouveau luxe dont il s’est vêtu.
Le mioche est beau, comme elle les hait
et se plaît à les abattre pour être fort surfaits.
Où se cache-t-il sous les strates qui dominent?
Parce qu’il n’a plus rien d’idiot,
là où blondie écorche encore les syllabes comme un marmot,
se perdant dans le fardeau qu’est le Verbe,
les belles fibres - subtilisées,
et les émotions.

J’vais t’dire,
y avait rien d’plus gerbant que d’le voir fardé de quelques sbires,
en talons ou en talonnettes.
À sucer l’ombre porphyrogénète.
P’t’être parce qu’au moment où il avait trouvé les fils d’or pour surjeter ses haillons,
l’béton en ligne de mire,
il m’fallait choisir de le tâcher de mon sang
ou de l’ hymen d’orpheline.

Une recrue comme une autre,
seulement, j’l’ai pas payé d’mon cul,
mais d’bouts d’peau fendue,
puis d’quelques côtes.


Misha snobe,
l’invite à rejoindre la racaille capitaliste,
instillant la bile dans le gosier de la gosse.
Les billes sermonnent l’audace russe,
d’celui qui méprise les années titubantes qu’ils traînaient en commun.

Et bientôt, c’est elle qu’il traîne pour n’avoir pas compris plus tôt,
sur les abords vertigineux du Marquee.
“ T’es venue pour quoi alors? ”
Dans son sourire mutin, Misha cache ses onyx lucifériennes,
et il y a longtemps déjà, qu’elle a oublié.
“ Pour te sortir la tête du cul visiblement, ça pue ici ”,
cérémonieuse, Amour rend la balle, sans sourire, froide comme antan.

Ces grêlons épousent le paysage,
poupée s’accoude sur la terrasse,
rehausse une épaule.
“ J’survis parmi les pourris, le boss est gentil avec moi, c’est tout c’qui compte ”
Alaric primé roi pour une petite blonde crédule.
“ Et toi? Papa est un aristo? C’est bien, t’as pu sauver ton cul ”
Dame de pique adresse un regard au gamin Orlov,
l’air d’en avoir rien à cirer, tenant Dieu dans la confidence.

Y avait rien d’merveilleux à voir sa gueule éclairée par les étoiles,
ça faisait qu’me rappeler quelle personne il avait l’habitude d’être,
et celle que j’étais restée.
Franchement, ouais, rien d’merveilleux à s’être fait bernée.



@misha orlov
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Message Sujet: Re: la capitale du vice (misha)   la capitale du vice (misha) Empty Mer 5 Aoû - 20:58

la capitale du vice
Amour & Misha

« She is sugar, curiosity, and rain »
Elle a le droit de ruminer ses travers et de condamner sa dérive. De détester ce qui la blesse lorsqu’elle le toise et s’accroche aux apparats d’un type probe et aseptisé. Elle a le droit d’y croire si cela lui chante, puisque Misha se targue d’appartenir à ce monde sans véritablement y foutre les pieds. Il a l’odeur, ferreuse et âpre, du sang caillé comme des organes qu’il a laissé pourrir lui chatouillant les narines. Mais il a traîné sa carcasse, puis la sienne, dans cette bâtisse emplie de connards aux chaussures toujours propres vomissant des discours de bons mecs de droite. Autrefois, elle et lui n’avaient jamais frôlé le péril du bien-être, avaient fréquenté de vrais lieux, de ceux qui les avaient engendrés. De ceux qui avaient abrité leurs démesures et la terreur de leurs désirs, le jargon, les dégaines, les insultes et la violence. De ceux qui constituaient le nid de leur chavirement, de ce qu’ils deviendraient plus tard. Ils avaient toujours cru au Dieu de la désolation, le seul qui les gouvernait, sans partage depuis toujours et à jamais. Ils n’avaient pas encore compris à l’époque, que le futur durait longtemps et qu’il arrivait ce jour où fatalement, tout se complique. C’était ce jour-ci. Misha l’avait traînée jusqu’à l’antre des nantis sous le dais d’une nuit jamais éteinte, d’abord exalté puis halbrené de sa propre connerie. De son cerveau présentement à peu près bien éduqué, aurait dû jaillir une pensée lumineuse comme une fulgurante réminiscence d’antan. Lui proposer de la voir ailleurs plutôt qu’ici. Mais rien ne triomphe du désir de l’oubli. « Ouais, j’suis devenu marquis. J’habite un château sur les Hamptons. » Qu’il grogne, rembruni, les palabres glissées sur des lippes fielleuses. Le jeune homme sort à dessein de son veston une cigarette ou du moins ce qui y ressemble, l’aspect conique de l’objet du délit titille à peine l’imaginaire. « Je fais dans l’import-export, c’est tout. » Misha a logé à la commissure de la lippe ce rictus amusé qu’il tente désespérément de dissimuler sous les plis de sa froideur usuelle. La boutade l’amuse. Petit con qui fabrique les meilleures putes.

C’est qu’il s’en contre-fout. De lui. Pas d’elle. Ce n’est pas pour rien qu’il a tapé fébrilement son nom sur l’écran pas franchement au hasard, lors d’une nuit fardée d’insomnie. Amour avait squatté son cerveau durant tant d’années que c'était elle, la fautive. Elle qui avait cambriolé ses derniers synapses encore en fonctionnement. C’est parce qu’il est pas foutu de réfléchir vite et bien quand elle est là qu’il lui a balancé ce plan à deux balles. Elle est venue tout de même pour mieux lui cracher sa déception à la gueule. Juste un peu. Suffisamment curieuse pour demeurer face à lui et échanger quelques mots. Avec ce regard profond et suffisamment expressif qui lui assène ‘j’étais sûre que t’étais resté un p’tit con, mais j'en ai rien à cirer’, et cela l'amuse.

Il s’en contre-fout. C’est d’elle, qu’il veut parler. « C’est qui ton boss en fait, pour quoi tu bosses ? » Ce pour quoi et non pour qui, jamais anodin ni franchement obtus. Tout est dans le choix du pronom relatif, jamais hasardeux, toujours à dessein. Ce pour quoi loge sous sa langue d'autres suspicions striant ses yeux fauves ; les flingues, la poudre, les filles ? Autant de projets sordides qu'ils déployaient lorsqu'ils étaient adolescents et qu'ils péroraient ainsi ; 'moi quand j's'rai adulte, j'sais bien pour quoi j'bosserai'.

(c) DΛNDELION ; @amour vaughn
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Message Sujet: Re: la capitale du vice (misha)   la capitale du vice (misha) Empty Jeu 6 Aoû - 20:53

Elle récupère,
les petits bouts de sa colère morcelée,
qu’il peste au visage rebondi, puis qu’il retient sur un mégot.
Et voyant qu’il est affublé du Sublime,
elle hésite même à le croire à demi-mot,
préférant toutefois à Candeur les atours du paysage.

Il n’y a que l’indifférence qui sache faire taire l’opprobre,
et tuer l’envie de croire qu’il est plus lôti que ce qu’autorise son imaginaire.

Au bout du compte, Misha s’avère aussi pourri qu’elle,
de lin ou de sang.

Isolée avec ses seules pensées,
elle ne revient que quand il est fin prêt à s’avouer.
Et ses écluses en balancement
sur le regard,
puis sur le sourire,
triomphent du mystère qu’il déploie.
“Tu dois avoir assez de fric pour acheter le monde, mais t’aimes encore t’salir les mains”.
Étonnement mal dissimulé.

C’est qu’elle jalouse tout ce qu’il a,
et ce que, peut-être, il lui a volé.
S’il a trouvé refuge un jour,
est-ce bien parce qu’il était plus cruel qu’Amour?
Elle se dit l’impossible,
depuis qu’il est devant elle à provoquer le passé,
parce qu’elle s’est toujours sentie l’instinct sanguinaire où le Russe semblait s’y être converti.
Misha avait ça de plus qu’elle, qu’il était cruel comme il fallait,
sans être animal,
sans être barbare,
comme elle, l’était.
On discipline mal les bestioles.

“C’est qui ton boss en fait, pour quoi tu bosses?”
Elle pense à la main d’Alaric qui frotte sa tête dès qu’elle assure dévotion,
investie du pire de la mission,
confortable surtout dans le péril.
Et blondie s’en trouve aussi contente qu’elle se permet d’être par moment.
À nouveau, elle hausse les épaules.
“Du commerce de bétail. Pour l’essentiel”,
elle se rend bien compte qu’en cela,
les retrouvailles deviennent le marché de la concurrence.
Et elle sourit, provocatrice, comme si elle avait déjà gagné.
Puis se fanent les réjouissances,
parce qu’il arrive qu’elle se rappelle, à son tour, ce pour quoi ils étaient faits,
l’un sans l’autre.

“Tu m’as retrouvé pour pouvoir me narguer?”,
qu’après toutes ces années,
fallait-il se retrouver dans les taquineries musquées pour perpétuer ce qui, de toute façon, était bel et bien mort.
Et danser ensemble ce ballet russe sur des airs complices.
“On dirait qu’t’as fait exprès d’me traîner dans un endroit où j’pourrais même pas m’payer un verre d’eau”,
elle croit qu’il a simplement envie d’rire, le môme.

Dans son paradoxe exiguë,
elle se cache qu’elle aimerait entendre de lui: t’es restée loin trop longtemps.


@misha orlov
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Message Sujet: Re: la capitale du vice (misha)   la capitale du vice (misha) Empty Sam 8 Aoû - 15:55

la capitale du vice
Amour & Misha

« She is sugar, curiosity, and rain »
L’humour grinçant est le vecteur autorisé de leur crasse existence de repris de justice. Lorsqu’elle a parlé de bétail, Misha s’est fendu d’un sourire amusé puis a glissé son joint en bord de lippes non sans siffler ‘C’marrant’. Marrant, comme ils se comprennent sans se parler vraiment ni même cracher de grands discours usant la salive et les poumons. Marrant, comme ils se foutent de la vie d’autrui, de leurs avis surtout, et comme ils jouent de leurs déveines et jouissent enfin de pouvoir emmerder le monde, en presque impunité. Amour trempe viscéralement sa carcasse dans les inexcusables délits sans émettre un remords ni un soubresaut de conscience. Ils estiment avoir le droit de s’en foutre puisqu’ils ont grandi pétris de colère et bercés par l’injustice. Mais le pire c’est qu’ils croient s’en tirer, lui surtout, persuadés que leur roublardise les sauverait de tout. Pourtant les démons persistent, opiniâtres bien déterminés à la laminer complètement. Leur sensibilité est narcotique. “Tu m’as retrouvé pour pouvoir me narguer?” La mâchoire est contrite, jugulée par l’embarras ; celui d’avoir voulu la retrouver un peu trop vite et de l’embarquer dans ses idées foireuses. Sa nostalgie et ses pensées d’elle ont quelque chose de brûlant, d’exclusif, d’immédiat. Face à la débâcle de ses émois, Misha n’a pas su bien faire les choses. En toute probabilité, cette révélation n’est pas nouvelle. Adolescent déjà, il s’évertuait à vouloir la courtiser telle une grande dame, avec des jolis mots pourvu que ça la touche, de la déférence frémissante et des sous-entendus métaphoriques, comme on dit. Lorsque Misha s’approchait d’Amour avec ce dessein de lui plaire fracassant son crâne, il se dévêtait de ses nippes de garçon au vocable sale qu’il endossait usuellement à l’égard de ses autres badinages. C’était systémique. Et rien n’avait fonctionné. Misha avait contemplé sa mascarade s’affaisser au ralenti, puis tout s’était effondré subitement. “On dirait qu’t’as fait exprès d’me traîner dans un endroit où j’pourrais même pas m’payer un verre d’eau” Elle dérange car elle persiste quand lui ne sait que lui répondre. La franchise ne peut se targuer de s’illustrer de manière frontale, cette fois, puisqu’il est question de sentiments. Misha hésite, fracasse son incommodité derrière son masque placide, cherche ses mots, ses omissions puis ses mensonges. Lui confesser que la précipitation de sa connerie se lovait sous l’envie furieuse de la revoir, ça faisait un peu tâche. Pas sur le plastron de sa virilité, mais sous le dais de leurs retrouvailles désolantes.

« Regarde. » Le mutisme s’est rompu d’une résignation étrange ; Misha s’appuie contre la rambarde et dévore le monde de son regard de charbon. La couleur des parfums qui vous chamboulent, d’asphalte et de ferraille, un peu de stupre et de réserve, se niche sous la paupière. Il darde New York comme ils dardaient le monde autrefois ; avec tant de morgue et d’arrogance qu’ils se sentaient porteurs d’une haine universelle. « On a New York à nos pieds. Enfin, pas vraiment, mais c’est tout comme. Un rêve de gosse, en vrai. » Réminiscences d’un passé encore frais, leurs souvenirs d’antan leur tourne autour comme il se rappelle de leurs chimères de domination. Voir la ville d’en haut et sortir de leurs trous quand ils avaient la certitude de ne pas pouvoir évoluer, de se noyer dans l’inéluctable. « J’ai pas fait exprès d’avoir trouvé une famille de l’autre côté d’la barrière. Tant mieux pour moi.» Le regard s’accroche aux cîmes des buildings éventrant la ventre de la nuit alerte. Incapable qu’il est de rendre des comptes sentimentaux. « Je voulais juste te voir en fait. J’veux dire. Te voir tout de suite. Ca m’a manqué, qu’tu sois plus là. Et j'ai été con, j’ai pas réfléchi. J’réfléchis jamais beaucoup.  » Haussement d’épaule, sur un ton de connivence, Misha coule enfin la pupille sur la concernée. Tu vois, j’ai pas changé. J’suis resté con. « La prochaine fois, je te propose un rencard dans le rade où on traînait avant. Les connards gerbaient ptêtre dans les plantes vertes mais la bière était bonne. J’sais pas si ce rade existe toujours, tiens. » Misha lui tend le joint, comme un réflexe primaire. S’il avait suffi d’un geste pour que tout demeure en place, c’était bien celui-ci.

(c) DΛNDELION ; @amour vaughn
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Message Sujet: Re: la capitale du vice (misha)   la capitale du vice (misha) Empty Lun 10 Aoû - 17:07

Il se passe quelques temps
où le silence se fait le glaive de pensées mal accordées
et d’une complémentarité éculée par la rupture.
Ils se séparent dans les mots, comme dans la vie,
et se reprennent s’ils le veulent bien,
un jour,
ou une nuit comme celle-ci.

Quand il se tait pour se sonder,
Amour profite de vivre dans le songe,
parmi les rumeurs qui courent dans sa cervelle alambiquée.

Tu sais,
il avait toujours cette façon de s’astreindre au silence,
de filtrer les mots j’crois bien.
Neuf ans d’absence plus toutes les minutes où il s’est tu.
Il pouvait disparaître sur ce temps de finitude,
puisqu’il y avait cette promesse latente d’une mort inséparable.
Parce qu’il n’y a bien qu’un Enfer, non?


“Regarde”
Les yeux se dressent sur lui,
basculent sur la vue en comprenant l’allusion.
Et Amour l’écoute déblatérer sans protester
alors qu’il rafraîchit l’audace meurtri par la maturité.

“J’ai pas fait exprès d’avoir trouvé une famille de l’autre côté d’la barrière. Tant mieux pour moi.”
Moi non plus.
J’avais pas fait exprès d’être restée derrière,
zieuter l’cadran fêlé pour m’obliger à attendre son retour.
M’imposer un haussement d’épaule négligé,
l’air d’en avoir rien à foutre,
j’ai décampé.
Tant mieux pour moi.

Elle ravale l’acrimonie,
parce qu’elle a bien survécu sans lui.
Misérable morpion des rues qu’on saurait pas vaincre par les atouts du coeur.

Il a les orbes agrippés aux bâtiments,
ses azurs couvrent le portrait.
Parmi les excuses dans lesquelles il semble s’embourber,
elle voudrait faufiler
“pourquoi t’es jamais rev’nu? attendre neuf ans,
pour quoi faire quand t’aurais pu attendre la mort finalement?”

Mais elle tient sa langue bouclée derrière la cloison de ses pulpeuses,
parce que même lui ne peut se prévaloir d’un bout de sentiment
qu’elle écoulerait malencontreusement;
le soulagement d’l’entendre manquer d’elle.

Toutefois,
l’Amour se laisse aller à un rire léger lorsqu’il parle du rade,
d’cette idée d’rencard qui n’en serait pas un.
Parce qu'auprès de toutes les femmes avec qui il se montre,
Misha exhibe un langage rapace -comme avant;
qu’il parlerait d’rencard même s’il s’agissait d’faire les courses ensemble
ou de ramasser des corps, les balancer dans la baie et compter les ricochets.
“Ouais, c'est fou hein? On autorise encore les galeux à s'amuser.”
Qu’elle balance, deux doigts sur le tube tendu,
elle tire et l’extrémité s’embrase,
relâche sa nuée sur la citée captive.

“Comment tu t’appelles? À quoi elle ressemble, ta prison dorée?”
Les prunelles musardent sur le gamin,
la blonde voudrait connaître la valeur du paternel,
et par dépit la sienne.
Elle tire encore, enfin, rend la meurtrière.


@misha orlov
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Message Sujet: Re: la capitale du vice (misha)   la capitale du vice (misha) Empty Mar 11 Aoû - 18:34

la capitale du vice
Amour & Misha

« She is sugar, curiosity, and rain »
Jamais n’a-t-il éprouvé autant de courroux pour elle qu’à cet instant. Et jamais n’a-t-il éprouvé autant d’amour pour elle, qu’à cet instant. La façon qu’elle a, de se dévoyer de leurs échanges, mâcher les aveux qu’il a fébrilement confessés puis les recracher en une logomachie infâme. Ignorer le tout puis regarder ailleurs ; ça la perturbe pas plus que cela de savoir qu’il a râclé les parois de son gosier à la recherche des confessions lovées dans les entrailles. Misha se fend d’une moue de dépit craquelant dangereusement son masque placide, ainsi a-t-il détourné le regard, une trahison de lui-même nichée tout contre son soupir de glace. Ils avaient toujours été ainsi ; rétrogradés à l’état naturel, c’était à qui mordait le plus fort et dissimulait le mieux ses états d’âme. Amour a vécu comme une chienne, persuadée sans doute qu’elle périra comme telle, se targue d’amertume modelée dans le malthe lorsqu’elle lui répond. Au cas où lui viendrait l’idée folle de de lui ôter le coeur au couteau pour mieux reluquer ce qu’il y a dedans. Misha aurait bien aimé qu’elle acquiesce mollement, ou entrouvre les lèvres d’une moue supposant l’approbation. Il l'aurait invitée à un rencard, un vrai. Pas de ceux trop guindés et trop suants, mais quand même, peut-être qu'il aurait sorti le grand jeu. Comme avant. Quitte à se vautrer bien comme il faut.

Se heurtant ainsi à ses refus tacites, il ignore si c’est son regard qui déforme ou bien le temps qui, en passant, a bousillé le peu qu’il leur restait. Elle a la verve de ceux qui subsistent encore, contaminés particuliers, contamineurs universels. Il a le verbiage qui jamais ne ploie, jamais ne larmoie, jamais ne se dolente. A ce stade de la fierté, il faut du courage pour être aussi cons et obtus. “Ouais, c'est fou hein? On autorise encore les galeux à s'amuser.” J’te dis que tu me manques, et c’est tout c’que tu trouves à redire. « T’es chiante, putain. T’as pas changé. » Les habitus ont survécu jusqu’à aujourd’hui. Il a pourtant le pressentiment crasse qu’en dépit de ces petites velléités et de ces injures qui ont le goût de l’affection, ils avaient finis par s’égarer. Dissous et dissociés. Misha a toujours eu la déduction facile, pourvu que celle-ci soit erronée. Face à la débâcle, Amour réitère comme pour s’assurer qu’elle ne cotoie encore qu’un être qui lui ressemble. S’enquérir de son nom comme un nouvel héritage et venir fouiner dans ses nouvelles nippes de sale riche. Les épaules du jeune homme roulent en un arc qui se veut désabusé, mais c’est affamé qu’il se saisit de l’offrande portée derechef à ses lèvres. Une taffe pour la tranquillité du monde. « C’est le genre de baraque où les chiottes sont jamais bouchées et où y a pas besoin de cogner sur la télé pour espérer capter les telenovelas des daronnes. Le genre de baraque où le tapis est assorti au canapé, qui lui est assorti à la table et aux serviettes en tissu. » C’est le tissu qui fait tout. Qui trévire les classes sociales et fait qu’on vous regarde de haut. Certains sont faits de papier quand d’autres se mouchent dans du lin. Et puis les autres, qui n'ont rien. « Et maintenant, j’m’appelle Orlov. Mon père adoptif est psy. » Misha se fend d’un bref rire à l’annonce de ces vérités. Il a senti ses veines se gonfler d’une euphorie étrange et caractéristiques ; celles du retour de karma. Lui, le môme d’une actrice porno, jeté sur les pavés avant même de savoir compter, se targue aujourd’hui de vivre sous le toit d’un cérébral. Et pas n’importe lequel. De ceux qui lui assènent des vérités sorties de nulle part, de leurs bouquins ou de leurs cerveaux d’intello et qui font toujours un sale effet. Assez parlé de moi. Misha gratte ses dernières aveux polis de curiosité. S’il ne le concède pas dès à présent, s’il ne cherche pas à savoir aujourd’hui, combien il aura regretté lorsqu’il sera trop tard ? « Et toi alors, tu crèches où ? T’as quelqu’un dans ta vie ? » Cette fois son regard terre-de-suie s’est figé dans les yeux. A braqué sa pupille sur elle sans vouloir la lâcher. Le flingue de ses émois tout contre sa langue.

(c) DΛNDELION ; @amour vaughn
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Message Sujet: Re: la capitale du vice (misha)   la capitale du vice (misha) Empty Mer 12 Aoû - 2:05

Et ils se ratent sans arrêt;
partout où elle se trouve,
le russe s’est épris d’ailleurs.
Elle le remarque à la mâchoire serrée,
pestant la vermine.
Pourtant n’ont-ils, apparemment, jamais cessé de se chercher.
Un jour, tous les endroits épuisés, les conduiront à se voir,
sans les ambages qu’ils exhibent pour se rendre parfaitement intangibles,
drapés dans l'opalescence d’une nudité absolue.

“On risque de s’faire siffler si tu t’ramènes là-bas habillé comme la première dame.”
Le marmot épingle un sourire facétieux,
ses eaux claires reflètent sur la peau du garçon.
Amour s’aperçoit maintenant que celui-ci n’a plus seize ans;
plus grand, plus épais, plus fier.
Elle s’aperçoit qu’ils n’ont plus rien d’enfants,
de ces truands à l’odeur pestilentielle fulminant sur une pitié d’hypocrite.
Courroucée de l’intérieur,
elle se couperait des lambeaux de chair
pour effacer à jamais cette sensation crève-coeur restaurée par cette collision;
à quel point elle a manqué de lui, elle aussi.

Les opales s’empalent sur la vue illuminée,
arborent milles étincelles artificielles,
comme si le bas-monde était entrain de se calciner.
Se joue la valse échaudée des réprimés,
qui l’emporte elle sur un autre terrain.

Misha souffle sa réalité à l’amie qui porte l’ouïe rêveuse, placide,
se l’imagine: microcosmos fait des plus délicates dentelles,
sublimé par la décence.
Enfin, aux révélations qui portent la nouvelle identité,
la môme s’étouffe.
“Psy? Vraiment? Pas super clairvoyant d’sa part d’adopter un sociopathe, tu crois pas?”
J’comprends tu sais, moi non plus, j’me serai pas choisie pour tout ça.
Mais t’sais quoi, p’t’être que j’serai revenue quand même.
Ça résonne, le manque, dans les châteaux.


"Et toi alors, tu crèches où ? T’as quelqu’un dans ta vie ?"
Elle pense à sa chambre qui répugnerait jusqu’aux bonnes,
au matelas incrusté de mites,
aux placards inhabités,
Aux nuits à s’assoupir dans la cave du cabaret,
ou à ne point dormir.
“Un appart en rez-d’chaussée où j’peux entendre le voisin du d’ssus tringler sa gonzesse, mais l’Ambroisie vole pas mal de mes nuits. Ça fait pas rêver d’être avec moi; les gens ont la trouille de crever, et ça m’donne envie d’les buter du coup. Tu veux faire quoi sans confiance... Puis Tank n’est pas friand des têtes de con que j’peux ramener de toute façon, et j’lui en veux pas.”
La blonde se déleste avec flegme d’une existence chaotique,
habituée des redondances exécrables du quotidien,
crasseux et solitaire.
Fait état d’une inaptitude à se donner,
un peu ou bien entière.


@misha orlov
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Message Sujet: Re: la capitale du vice (misha)   la capitale du vice (misha) Empty Mer 12 Aoû - 15:28

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Amour & Misha

« She is sugar, curiosity, and rain »
Elle se gausse de lui, de ses nippes de nanti, de son élégance suffisante taillée dans les marques de luxe. Misha a troqué sa dégaine de chien errant contre le package du jeune businessman, mais le pire c’est que ça lui va bien. Il a le faciès parfait pour épouser la couverture des magazines de mode, son teint frais se dliuerait bien avec le papier glacé. La petite gueule qu’on aimerait bien ravaler pour délit de vénusté, c’est lui à présent. Il a pourtant la pupille braqué sur elle. Putain, qu’il la trouve belle. Il y a des choses qui ne changent pas. Ces grandes émotions dans le bas-ventre et les juguler par des mots sales, souiller le sentiment par la vulgarité de la langue. T’es chiante putain tu me casses les couilles va te faire foutre merde t’es belle et j't'aime je crois. Misha s’est ainsi fendu d’un sourire face à la provocation puisqu’elle n’avait pas tort. Il avait beau endosser toutes les chemises Prada du monde, ça ne jugulerait jamais le tintamarre du manque. Cet appel sourd et persistant de la rue. Le martèlement du vide comme compagnie. Il n’y avait qu’Amour qu’il connaissait par coeur, elle était comme un refuge.

Psy, c’est pas vraiment un boulot, clamait-il déjà du haut de ses seize ans. A l’époque et de toutes parts, les pensées de Misha jaillissaient dangereusement contre son crâne, avaient la forme d’émeutes. Cela lui avait pris du temps d’ouvrir sa gueule pour dégainer autre chose que des insultes ou des grognements, mais Grisha avait pris soin de mater la bête sans l’asservir à la docilité. L’homme avait capté la violence du gamin, sa faculté à frapper fort et toujours au hasard. Il l’avait embrigadé dans ses sordides affaires de marché aux putes, de celles que l’on soumet et que l’on teste avant de les balancer à la foire aux porcs. Ses pensées étaient devenues sales, bien brusquées par l’excitation. Même l’odeur du sang cailleux, âpre comme le fer, ça l’excitait bien parfois. Un sociopathe. Peut-être. Lui n’est pas psy et se contrefout des étiquettes. Alors il hausse les épaules avec trop de nonchalance. Ce n’est pas tant les ignominies qu’ils ont pu commettre qui l’intéressent. Misha n’a jamais eu un mauvaise conscience, pas un moment de dilemme. Ainsi se jette-t-il dans les eaux troubles du sait-on jamais, s’enquérant de savoir si elle partage la vie d’un autre connard que lui. Le nom du clébard le fait opiner du chef ; à force de fouiner sur les réseaux sociaux, Misha a pu imaginer un semblant de sa vie sans lui. Amour a la parole abrasive, l’ardeur barbare d’histoires de cadavres sur les bras au bout de la langue. Ce qu’elle avance avec autant de placidité fait battre le myocarde du russe, allume le feu de son regard. Il y met toute son attention, a senti ce truc céder en lui, puis concède : « Moi j’ai pas la trouille. » Ce n’est pas tant le plastron de virilité qu’il lève, mais sa propension à lui avouer qu’elle pourrait le menacer de lui fourrer un flingue entre les dents que ça ne l’éloignerait pas. Misha a quelque chose en lui. Cette sale chose bien cachée. Ce petit rien tissé de grandes effusions d’hémoglobine et de danger. « On attend quoi alors, pour aller chez toi. Voir si j’ai pas trop une tête de con pour plaire à ton clébard ? » La provocation est facile comme il tend de nouveau le joint bien consumé. D’un timbre naturel, comme un roc bien enterré solidement. Lui faire du rentre dedans, pas très regardant sur la forme, c’était relativement simple, là, tout de suite. Lorsqu’il savait qu’ils étaient voués à l’échec alors qu’il avait sacrément envie d’elle. Mais d’elle dans son entier, pas juste au pieu. Elle dans ses rires. Elle dans ses déboires. Elle dans ses mauvais jours. Une envie qui a planté les crocs dans ses entrailes.

(c) DΛNDELION ; @amour vaughn
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