Sanctuary of your secrets (Meg)

\|	sanctuary of your secrets ; Anya & Meg

Il y a tout juste un an, Anya touchait le fond, sombrant dans un gouffre dont elle ne pensait pas pouvoir sortir. Si ses proches n'avaient pas été présents pour elle, pour la rattraper avant qu'elle ne saute, si on ne lui avait pas tendu la main à l'époque où elle en avait le plus besoin, elle n'ose même pas imaginer quel genre de conneries elle aurait pu commettre. Meg fait partie de ces personnes qui l'ont portée à bout de bras quand elle n'était même plus en mesure de supporter le poids de sa propre carcasse. La rousse voudrait sincèrement lui renvoyer l'ascenseur, faire en sorte qu'elle se sente libre de se confier si elle en ressent le besoin, non seulement pour la remercier d'avoir toujours été là pour elle, mais aussi, et par-dessus tout, parce qu'elle est son amie depuis toujours.

Mais alors qu'elle est installée dans le salon de Meg, assise confortablement dans le canapé, à attendre le thé qu'elle lui a réclamé, elle a ce sentiment étrange que son amie n'a pas envie de se confier à elle. Elle a pourtant la certitude que quelque chose cloche, qu'elle n'est pas tout à fait dans son état normal, qu'elle est préoccupée. Mais elle s'obstine à affirmer que ce n'est pas le cas, que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et à partir de cet instant, Anya ne sait plus si elle est censée être vexée de ne pas être considérée comme une oreille attentive par son amie, ou si elle doit s'inquiéter à l'idée qu'elle rencontre des problèmes si graves qu'elle préfère tout garder pour elle.

La tasse fumante posée sur la table basse, et Meg lui faisant à nouveau face, Anya décide de briser la glace, de ne plus feinter cette innocence apparente, jouant à celle qui est simplement venue prendre des nouvelles alors que cette fois, c'est pas aussi simple que ça.

- Bon... Tu penses me dire un jour ce qui ne va pas ?

Pas de colère, pas d'amertume, juste de l'incompréhension face au silence de plomb de la brune, qui perdure encore et toujours, comme si elle n'avait pas envie de se confier, comme si elle n'avait pas vraiment envie de s'en sortir, au fond.

(c) SIAL ; icon kawaiinekoj

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where did i go wrong, i lost a friend.

@anya reznikov

C’est toujours plus difficile, avec Anya, avec son groupe, de maintenir le masque qui désormais, est le sien. De prétendre que tout va bien, qu’elle est toujours la même, qu’elle n’est pas devenue ce fantôme qui erre sans jamais trouver sa place. C’est difficile, parce qu’elle préfèrerait ne plus les voir, ne plus les avoir dans sa vie, plutôt que de se risquer à leur faire du mal. Ce qu’elle sait faire de mieux, en sommes. Chat noir qui attire le malheur et la souffrance sur toutes les âmes qui s’entichent d’elle, qui s’approchent d’elle. Il y a d’abord eu sa mère, décédé en la mettant au monde. Puis il y a eu Chace, décédé en voiture, alors qu’encore une fois, elle se trouvait à l’intérieur. C’est trop, beaucoup trop, pour que ce soit une coïncidence à tes yeux, Meg. Mais que dire à Anya ? Parce que tu l’entends déjà, tenter de te rassurer avec tout l’amour qu’elle éprouve pour toi. Parce que tu l’entends déjà, t’expliquer encore et encore qu’un accident ne dépend pas de toi. Mais elle sait, au fond de son cœur, que quoi qu’elle fasse, l’amour qu’elle porte aux autres lui sera néfaste. Une fatalité qui la pousse à s’éloigner des personnes qui comptent à ses yeux. Qui la pousse à imposer des distances à ses amies de toujours. A repousser cette tante qui cherche à entrer dans sa vie. A abandonner Aquila, qu’elle s’était toujours promis de protéger. Une fatalité qui s’est installée en elle comme le pire des poisons et qui consume ce qui reste de son cœur. Mais elle échoue, lorsqu’il s’agit de tenir à distance Anya. La rousse bien trop tenance, son rayon de soleil qui ne baisse jamais les bras. Qu’est-ce que t’aimes ce trait de sa personnalité, Meg. D’aussi loin que tu t’en souviennes, elle a toujours été ton soleil. Et même si aujourd’hui, tu ne te sens plus capable d’assumer votre amitié, tu ne cesseras jamais de l’aimer. Qu’est-ce que tu aimerais que je te dises, Anya ? La ton de sa voix reste sobre, comme si, au fond, il n’y avait déjà plus rien à faire pour elle. Et pourtant, elle s’approche, lui offre son thé avant de s’asseoir à son tour. Tu sais déjà tout de moi, de ma vie. Tout de ce qui te détruit, tout de ce qui te transforme en cadavre, de ce qui torpille la battant qui sommeillait autrefois en toi.

(c) calaveras.

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Meg lui échappe, lui file entre les doigts, depuis quelques jours, quelques semaines, quelques mois. Elle n’est plus réellement capable de déterminer c’était quand la dernière fois qu’elle lui a confié ses états d’âme, qu’elle a évoqué les maux qui la rongent depuis si longtemps déjà. Ca doit faire un siècle, au moins. Pourquoi ? Y a-t-il une raison pour expliquer tous ces silences ? Cette distance instaurée sans la moindre explication ? Anya ose à peine crever l’abcès, craignant de créer une tempête au milieu de ce calme ambiant, mais au bout de plusieurs longues minutes passées à échanger des banalités, elle n’y tient plus. Elle a besoin de savoir. Besoin de découvrir ce qui cloche chez celle qu’elle considère comme une soeur.

- Ce qui ne va pas ? suggère-t-elle avec une pointe d’ironie dans la voix, alors qu’elle réceptionne la tasse tendue par Meg, pour la déposer sur la table basse.

Compte-t-elle réellement jouer la carte de l’ignorance ? Feinter l’incompréhension la plus totale face aux questions de la rousse, qui n’a jamais eu d’autres intentions que celles de s’inquiéter pour son amie, et prendre soin d’elle.

- On ne sait jamais tout. Puis tu es particulièrement taiseuse depuis un moment… lui fait-elle remarquer sur un ton neutre, désireuse que son constat ne soit pas perçu comme un reproche, car il n’en est absolument pas un.

- Tu sais, si quelque chose te préoccupe, même si on en a déjà parlé, tu peux parfaitement me le dire, encore et encore. Je suis là pour toi, pour t’écouter. Tu le sais ça ?

Elle précise l’évidence car elle a le sentiment que Meg pourrait parfaitement en douter au vu de l’attitude qu’elle a adoptée ces derniers temps. Et Anya, jamais elle ne pourrait se pardonner de lui avoir laissé l’impression que sa douleur n’était pas légitime à ses yeux.

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@anya reznikov

Elle se renferme, elle se recroqueville sur elle-même, un peu plus au fil des mois, au fil des semaines. Anya le voit, anya le sent. Rien n’a changé, pourtant, en elle, dans sa vie. Rien n’a changé, depuis l’accident, depuis la mort de celui qu’elle aimait. Mais la rousse, elle le sait déjà. Elle sait déjà qu’elle n’est plus la même, depuis cet accident. Elle sait déjà que jamais plus rien ne sera comme avant. et malgré ça, tu te tais. Tu te tais sur les antidépresseurs, alors qu’elle est peut-être bien la meilleure personne pour t’aider. Alors qu’elle est peut-être bien tout ce qu’il te faut, actuellement. une famille, une vraie. Une épaule, solide.
La danseuse refuse pourtant d’être égoïste, de contaminer son monde avec son mal, de transmettre ses mauvaises pensées à ceux qui vont bien. à ceux qui vont mieux, comme anya. Elle connait déjà les souffrances, a déjà dû en affronter de son côté. t’as pas envie de la voir souffrir à nouveau, surtout pas à cause de toi. surtout pas pour toi. mais tu sais aussi qu’elle ne lâchera pas, qu’elle ne te laissera pas tomber, parce que vous êtes ainsi, entre vous. Parce que vous êtes ainsi, depuis toujours.
Son regard se plonge dans le sien, partagé entre tout lâcher, lui dire la vérité, ou se battre pour garder encore un peu de dignité. c’est ainsi que t’as été élevée, meg. Forte, toujours paraître forte. peut-être que ce n’est pas une bonne période. Je ne sais pas. une bonne période, il n’y en a plus depuis longtemps, depuis un an maintenant. Elles ne sont que plus sombres, toujours plus sombres. je ne me sens pas forcément bien et je ne veux pas te polluer avec ça. consciente de la malédiction qui la suit, qui l’entoure, qui s’empare des personnes qui comptent pour elle. De ceux sans qui elle ne pourrait survivre.

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Elle voit son amie sombrer et elle se sent bien impuissante. Elle la voit perdre pied, s'enfoncer toujours plus dans un océan de détresse, les vagues néfastes venant à présent lécher le bord de sa mâchoire, mais elle ne peut absolument rien y changer. Elle le voudrait pourtant, mais pour ça, il faudrait encore que Meg lui tende la main. Cependant, à part un visage blafard dévoré par un mal invisible, elle ne voit rien apparaître par-delà la houle toujours plus violente. Et même la blancheur de cette figure finit par s'évaporer au milieu de la brume, composée de perles d'eau en suspension, de désespoir et de résignation.

Comment pourrait-elle parvenir à lui faire entendre raison ? À lui faire comprendre qu'il est encore temps de se battre, et qu'elle n'attend qu'un signe de sa part pour lui venir en aide, voler à son secours ? Elle ne demande que ça, Anya. La porter à bout de bras, l'arracher des troubles qui semblent la ronger depuis si longtemps. Et elle ne comprend pas pourquoi Meg tient tant à s'isoler, à se tenir à distance, comme si elle ne voulait pas partager sa peine avec elle. A-t-elle fait quelque chose pour mériter qu'une telle distance les sépare l'une de l'autre, comme un mur de glace ?

- Pourquoi ?

De vieux souvenirs enfouis telles des épaves perdues dans le fond de l'océan ont-ils été ramenés soudainement à la surface par un séisme dont elle n'aurait même pas senti les secousses, et qui lui aurait donc complètement échappé ?

- Depuis quand tu me pollues ? On est amies, Meg. Je suis là pour t'écouter quand ça va pas. Sinon, à quoi rimerait notre amitié ?

À rien, sans doute. Meg a su être là dans les moments les plus sombres, les périodes d'errance et de doute. Son soutien n'a jamais défailli, ne s'est jamais amenuisé, malgré les années qui ont passé et qui se sont écoulées. Pourquoi Anya n'aurait-elle pas le droit d'être là son tour ?

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@anya reznikov

la douceur d’anya l’enveloppe, comme elle l’enveloppe chaque fois. et pourtant, malgré cela, elle ne sent pas son cœur s’alléger, meg. malgré cela, elle ne sait toujours pas comment lui parler. parce qu’elle refuse, du plus profond de son être, de craquer. elle refuse de sombrer alors même qu’elle s’était promis de ne jamais s’écrouler. le cœur fermé, fruit de ton éducation, séquelle d’un père ayant toujours répété qu’il ne fallait pas pleurer. le cœur fermé, meg, t’as appris à te battre plutôt qu’à te laisser atteindre. et aujourd’hui, c’est comme si t’en étais plus capable. comme si t’étais plus capable de te relever. mais elle a tellement honte, tellement peur de l’avouer à anya. parce qu’avouer reviendrait à abattre le seul rempart encore présent entre elle et les larmes. entre elle et la fin. entre elle et le chaos. tu veux vraiment que… que je le dise… ? qu’elle demande, soupirant, la peur au ventre à l’idée même d’aborder le sujet. et à quoi bon ? anya sait déjà tout. anya est dans sa vie depuis longtemps, si longtemps à présent, qu’elle connait les moindres de ses failles. et elle sait ce que t’as vécu, elle connait l’expérience traumatisante que tu as dû traverser, meg. c’est sûrement parce qu’elle est l’une de ses meilleures amies qu’elle cherche à la faire parler. qu’elle cherche à comprendre ce qui lui fait mal, encore et encore. je sais que tu es là… je n’en ai jamais douté… une main qui attrape la sienne, comme pour confirmer ses mots. et ce n’est pas à toi, que je refuse de parler… c’est simplement que… j’ai peur de… et les mots manquent encore. de finir par me laisser abattre… tu comprends… de craquer, pour ainsi dire. de craquer purement et simplement, si bien qu’elle ne serait finalement plus jamais capable de se relever. plus jamais capable de se regarder dans une glace.

(c) calaveras.

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Elle a l'air en miettes. Cassée. Brisée. Comme un vase qui aurait brutalement percuté le sol pour se fendre en milliers de morceaux. Cassure irrécuperable, impossible à réparer. Anya ne peut que constater les dégâts sans pouvoir y remédier. Mais elle ne peut se résoudre à voir Meg sombrer sans rien faire, sans lui tendre cette main salvatrice qui pourrait lui permettre de ne pas s'enfoncer davantage. Elle veut que son amie lui parle, lui dise ce qui cloche, ce qui ne va pas. Elle veut être là pour elle, la soutenir, la porter à bout de bras si ça s'avère nécessaire. Mais elle ne veut surtout pas la voir disparaître comme une ombre dans la nuit. Elle ne le supporterait pas.

- Je veux juste que tu ailles bien, Meg, et visiblement, c'est pas le cas. Et je pense que parler pourrait peut-être te faire du bien….

Parler plutôt que tout garder en elle. Extérioriser le mal plutôt que de le laisser se frayer un chemin jusqu'à son coeur, qu'il grignoterait lentement mais sournoisement, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien.

La main de Meg rejoint la sienne et doucement, elle reserre ses doigts sur les siens, comme pour lui prouver qu'elle est là, bien réelle, prête à la soutenir quoi qu'il lui en coûte. Prête à la réécouter deux cents fois si ça peut l'aider à cautériser la plaie.

- Justement… tu dois réagir avant de te laisser abattre.

De toute façon, Anya ne lui laissera pas cette opportunité. Elle s'y refuse. Elle ne sait pas encore comment, mais elle trouvera un moyen d'aider Meg à remonter la pente.

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