revoir le ciel. (wes)

REVOIR LE CIEL

Soleil à l'est, pensées à l'ouest. Une main fébrile sur le téléphone et l’appréhension qui grimpe en flèche au fil des minutes égarées. Ses pupilles océan ne contemplent que le vide qui l'entoure. Il l'a dit Wes, il va lui en vouloir si elle ne rassemble pas son courage pour prendre ce rendez-vous. Il ne peut pas comprendre cette bouffée de peur qui paralyse tout son corps ni même l'orage grondant au-dessus de sa tête parce que Wes n'est pas malade, il s'accroche seulement à un optimisme à toutes épreuves. Elle finira par partir la môme, dans deux mois ou deux ans, dans un au-delà auquel elle ne croit pas ou vers des nouvelles contrées où la respiration serait plus facile. Elle s'enfuira avec l'espoir que quelque part, quelqu'un se souvienne, se rappelle de son visage, de son nom, d'elle. De tout ce qui la compose, du soleil qui brûle les pores de sa peau à force d’irradier, de son sourire plus fort que n'importe quelle mort. Ses idées sont arrêtées, pourtant elle brise la promesse qu'elle s'est toujours faite. Bredouiller quelques mots, marquer la date avec une croix noire sur le calendrier avec l'espoir de repousser un peu plus l'échéance. Les paupières sont closes quand elle imagine sa chevelure dorée tomber au sol comme du blé tout juste moissonné, les nausées pires qu'une femme enceinte qu'elle ne sera jamais. Il sera là, mais elle, est-ce qu'elle sera suffisamment lucide pour se battre comme une lionne ? Un long soupir brise le silence de la solitude alors que son écran affiche une ultime requête. Elle veut qu'il vienne, maintenant. Qu'il embarque avec lui les premiers cartons du déménagement pour s'immiscer dans sa vie jusqu'à l'étouffement chaleureux. Elle le veut sans plus attendre, retrouver la lueur vibrante dans leurs regards quand ils se croisent, souffle contre souffle, peau contre peau. Service d'oncologie, merci de patienter. La réalité frappe la rêveuse. Maladie, cancer, traitement, mort. Le quotidien est moins joli que dans ses songes. Les mots ont du mal à sortir, peur de mal faire, peur de blesser ou d'être blessée. Peur de vivre. Pourtant elle le fait, pose une date dans trois semaines sans trop savoir où ce chemin la mènera. Temps qui défile trop vite, trop fort, tout juste le temps de retrouver un souffle correct que la porte s'entrouvre sur l'astre solaire qui vient la réchauffer, même à distance. La malade se lève pour briser les quelques mètres et déposer ses lippes rosées au coin de celles de Wes, un fin sourire accroché sur son minois toujours trop pâle. « Tu peux fermer ta boutique le 12 août ? On a un rendez-vous. » La fierté transperce les frontières de son teint blanchâtre. Elle l'a fait sans trop savoir comment ni pourquoi. C'est avec égoïsme qu'elle a accepté, pour être sûre qu'il ne parte jamais dans des bras inconnus en lui offrant sa propre solitude comme cadeau d'adieu.

(c) élissan.

@Wes Burkley

il est énervé. non. en fait non. il n'est pas énervé. mais il est angoissé. honnêtement, il ne ment pas. si elle ne prend pas ce rendez-vous, il va lui en vouloir. wes ne se rend pas compte qu'sa requête est très égoïste. mais putain. se dire qu'à tout moment, elle décide d'arrêter de se battre pour lui, c'est au dessus de ses moyens. et c'est là qu'il fait erreur. elle doit se battre pour elle. c'est sa propre vie. et elle a encore de belles choses à vivre. alors... pourquoi hein ? pourquoi elle doute sur ça ? il entend les peurs, même s'il ne les comprend pas. c'est normal, sans doute. lui, il n'est que spectateur de toute cette histoire. d'une maladie qu'il a connu il n'y a pas si longtemps qu'ça. le dernier con a avoir été mis dans la confidence. bien-sûr que ça, c'est un point qu'il gardera encore un moment un goût amer. mais il doit surpasser ça. wes sait tout surpasser, s'dire que c'est pas bien grave. ça doit continuer, bon sang. pourquoi les autres ne se sont pas battus ? ils l'ont laissé ne pas se battre, ne pas tenter ce traitement qui peut lui sauver la vie. il a peur. au fond de lui. que le médecin lui dise que c'est trop tard et qu'ils ne peuvent désormais plus grand chose pour elle. mais tant pis. elle doit le faire. elle doit être fixer sur ça, et lui, il doit vraiment se préparer mentalement. si on leur annonce une mauvaise nouvelle. il est conscient que, si ça ne passe pas, il ne va plus oser fermer l'oeil de la nuit. il sera là. à la serrer dans les bras, à s'assurer qu'elle respire encore ou qu'elle est belle et bien vivante. il sera là oui, pour beaucoup de choses.
mais ses pensées ne changent pas.
elle doit le faire.
maintenant.
elle doit prendre ce rendez-vous.
l'truc, c'est qu'il ne sait pas à quoi s'attendre, après cette avalanche de messages. il le fait pourtant. il a récupéré des cartons à la boutique et il s'empresse de mettre ses objets de valeurs. il ne prendra pas tout de suite, seulement le plus important. ses relevés de banques catastrophiques qu'il a trié dans un classeur. il s'dit qu'elle fouillera jamais, d'ailleurs. pas que ça ne la concerne pas, mais il préfère ne pas lui dire qu'il est dans une merde incroyable. il prend des affaires. sa trousse de toilettes. des choses qu'il lui semble important. il va devoir poser son bail, comprenant que d'un coup, tout devient très sérieux. ils grillent sûrement beaucoup d'étapes, mais ça n'a pas d'importance. du temps ? ils n'en ont finalement peut-être plus beaucoup.
il ne prend pas les transports en commun. mais sa voiture. il en aura besoin. ça fait loin un peu, de chez elle. les trajets seront un peu plus longs, mais peu importe. il fume deux cigarettes dans la voiture, prenant malgré tout son paquet avec lui. il n'aura qu'à descendre quand il aura besoin de fumer, ou quand le manque se fera trop présent dans ses entrailles. il ne toque pas. ouvre la porte. c'est bizarre. parce que c'est chez lui maintenant, hein ? est-ce qu'elle l'a fait ?
il l'espère.
dès qu'il arrive, de toute manière, elle l'embrasse. du moins, après qu'il ai posé ce premier carton. il a deux, trois allers-retours à faire. mais il sait qu'il va y arriver. elle sourit, et ça le fait sourire. ses doigts viennent sur sa joue, ses lèvres frôlent les siennes. et ses mots. ses mots font crépiter son coeur. je... ouais. oui. bien-sûr. que je peux. peut-être même que la boutique sera fermer bien avant, hein. mais là. wow. okay. à nouveau, il vient l'embrasser. il ne sait pas quoi dire tellement il se sent soulager du pas qu'elle fait. merci. merci. merci. il glisse, après l'avoir pris dans ses bras. soufflant ses quelques mots à son oreille.

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Le sourire est là, tremblant, éclatant, à deux doigts de se briser. Semblable à celui d'une condamnée à mort qui réapprend à apprécier la vie avec prudence. Peu importe l'instabilité de ce rictus, il est là, du genre à illuminer la vie de toutes les personnes qu'elle est susceptible de croiser. Elle n'est plus qu'une rangée de dents blanches pour les autres, un astre fait pour leur apporter un peu de baume au coeur au point de leur faire oublier de demander : et toi, comment tu vas ? Et au milieu, il y a Wes qui pense trop à Sally sans se soucier de lui-même, qui tente d'équilibrer la balance à la force de ses bras pour entrevoir une vie plus confortable quand l'orage gronde. Wes que personne ne mérite, pas même elle, trop doux pour un tel monde, trop pur pour se laisser dévorer par la nuit. Pourtant elle le laisse entrer sans hésiter une seule seconde, il est comme une bouffée d'oxygène qui vient enlever un peu plus de poids sur ses épaules, un pilier auquel elle se raccroche tant bien que mal. Aujourd'hui c'est une jolie avancée pour eux, demain ils reculeront peut-être de plusieurs pas. Elle ne cherche plus à savoir, oublie ses tourments quand elle se retrouve dans ses bras. Comme si c'était sa place, là, dans cette simple étreinte, à rêver d'une autre vie, d'un monde meilleur qui n'existera jamais, bercée par une naïveté enfantine. Il est comme un lien qui maintient son myocarde dans sa poitrine pour l'empêcher de sombrer toujours plus bas, un élément à part entière de son organisme. Elle se laisse faire la malade, profite de la bulle instantanément créée quand leurs lèvres se retrouvent. Incapable pourtant de rajouter des mots à ceux du brun, par peur de tout envoyer en l'air ou de laisser la peur ressurgir alors qu'elle ne fait que sommeiller. Seules ses mains s'autorisent à trouver la nuque de Wes pour déposer un dernier baiser sur ses lèvres, juste avant de murmurer quelques mots sans se détacher de lui. « Les cartons ne vont pas se déballer tout seul, laisse-moi t'aider. » C'est sans plus attendre qu'elle attrape le premier carton pour disparaitre dans le salon, impatiente de construire un chez eux, une autre vie, juste lui, elle et la maladie en invitée surprise. Son coeur ne supporterait pas de le perdre une nouvelle fois alors elle donne tout ce qui est en son pouvoir pour le garder près d'elle sans l'étouffer ni l'enfermer dans une prison dorée. C'est la même existence en mieux qu'elle souhaite lui offrir en cadeau de remerciement, l'innocente. Les premières affaires sont déballées quand la porte d'entrée se renferme, la plongeant dans quelques secondes de solitude, le temps que Wes descende pour chercher les prochains cartons qui viendront donner un peu plus de joie à cet appartement trop grand pour une seule personne. Ses mains découvrent des nouvelles facettes de son amour, comme une photo de sa soeur qui la rend mélancolique. Celui qui a déjà perdu le sang de son sang finira par la perdre également, tôt ou tard. Foutue maladie. Un soupir et elle tombe sur un classeur qu'elle ouvre, animée par la curiosité et l'envie de tout savoir sur lui. Un frisson froid vient s'agripper à son échine. Compte dans le rouge, relances de la banque et c'est un peu du monde de Sally qui s'effondre, emportant dans sa chute son espoir. Comme si l'amas de papiers lui brûlait les mains, elle le repose presque instantanément dans le carton. La lutte pour ne pas se laisser emporter par la colère est moins forte que la blessure qu'il vient de créer sans réellement le vouloir. Le temps est trop court, trop long à la fois. Le salon qui lui semblait frais il y a encore quelques secondes l'étouffe soudainement, alors elle retourne à l'entrée, les bras croisés contre sa poitrine. Encore une fois, c'était trop beau pour être vrai. Trop paisible pour Sally et son existence délabrée. Ses pensées sont bousculées quand le brun revient dans le logement qui est censé devenir leur futur cocon. « Ne me reproche plus jamais de te mentir. » Le ton qui se veut glacial est en réalité friable, comme l'entièreté du corps de la blonde touchée en plein coeur. C'est à son tour de lui en vouloir par pur égoïsme, c'est le retour du bâton qu'elle n'attendait pas. « Tu ne me fais pas confiance au point de me cacher l'état de tes comptes ? » Son intention n'est pas de le blesser ou de l'engueuler comme un enfant prit sur le fait, mais sûrement qu'elle met les deux pieds dans le plat quand elle poursuit. « Je.. J'aurais pu t'aider, tu le sais bien, non ? » Elle peut toujours le faire, ce n'est qu'un obstacle de plus qui remet en cause l'optimisme de Sally.

(c) élissan.

@Wes Burkley

elle a pris ce rendez-vous. c'est tout ce qui compte. tout ce qu'il avait besoin d'entendre. il se sent drôlement fébrile. il ne relâche pas la joie ni l'émotion qui vient le secouer. ses bras s'enferment doucement autour de son corps, ses lèvres n'attendent pas et viennent s'écraser sur les siennes. il pourrait lui souffler des tonnes de mots d'amours, mais il se retient et ne vient que l'enlacer. jusqu'à ce qu'elle prenne les devants et qu'elle s'éloigne de lui, en reprenant le carton qu'il a laissé sur le sol. wes ne peut pas s'empêcher de rire un peu. hochant la tête. oui, il est déjà en train d'abdiquer. l'ambiance est d'un coup détendue, il s'empresse de faire demi-tour et de prendre d'autres cartons. il n'a pas encore tout pris. la moitié de ses meubles et de ses affaires partiront pour des oeuvres de charité. lui n'en aura pas besoin, vu que sally a un assez grand appartement complètement équipé. il sait qu'il n'a pas de souci à avoir avec ça alors... il va faire les choses correctement. en donnant ce qu'il n'a pas besoin à des personnes qui seront heureux de posséder ne serais-ce qu'un peu de ce qu'il a. sans avoir besoin d'acheter, ou quoi que ce soit d'autre.
il ne se doute pas qu'il a réussi à éviter une tempête, mais que l'ouragan n'est encore pas très loin. il ne se doute pas qu'son égo va en prendre un coup et qu'il va avoir un mauvais goût dans la bouche. ouais. non. il s'doute de rien quand il arrive avec un second carton, le troisième l'attend juste à l'entrée de l'immeuble, sous une rangée immense de boites aux lettres. il ne sent pas immédiatement un tout autre changement d'ambiance. il est heureux, son coeur crépite, il pose même ce second carton au niveau du canapé, prêt à faire un demi-tour jusqu'à sally pour l'embrasser. mais non. rien.
juste ses sourcils qui se froncent, ne comprenant pas où elle veut en venir. quoi ? comment est-elle au courant de l'état de son compte ? il se pose sérieusement la question en cherchant ce qui a pu le trahir. avant de voir le classeur au dessus de toutes les affaires qu'il avait mis à l'intérieur. la culpabilité en prend un sacré coup, mais il garde la tête haute. en haussant les épaules. on était déjà plus ensembles. ce n'est pas une fausse excuse, ou, le prétexte d'un pic en pleine tronche. il dit la vérité, ça a commencé quand ils n'étaient plus ensembles. sally sait très bien comment est wes. elle sait qu'il s'efface, qu'il ne se plaint jamais et qu'il tend la main à tout le monde quand ils sont dans le besoin. y'a rien à dire. et j'veux pas de ton aide. c'est mon compte, mes affaires. elle a vu ses derniers relevés hein ? elle a vu tout ce qu'il a claqué pour elle, pour un voyage où il n'avait déjà pas les moyens d'offrir. wes est piqué au vif. ça se voit. il n'essaye pas de se défendre, mais il est vraiment braqué et il n'attend rien, rien d'autre. déjà en bas prêt à remonter ce troisième carton.

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Semaine passée dans un mélange d'appréhension et d'excitation, alternant entre un sourire béat sur ses lèvres rosées et le palpitant proche de l'implosion. Le besoin irrépressible de le voir, de le sentir, de partager cette euphorie commune sans oublier qu'elle est trop souvent éphémère. Et il y a cette petite voix qui vient la tirer vers le haut quand son absence pèse un peu trop, celle qui lui murmure que dans l'effroi de son existence, elle trouvera la gratitude d'un voyage à la destination incertaine. Que la vie est une course de fond qui puise dans les moindres forces de son corps, mais qu'elle vaut la peine de se battre comme une guerrière, qu'il lui faut arracher les brides de joie aux jours qui défilent devant ses yeux de môme. Elle prie pour avoir un jour la force de couper les fils qui la maintiennent debout et apprendre à se tenir droite sans aucune aide extérieure. Un espoir d'indépendance quand l'envie de montrer les crocs fait son retour, comme une adolescente qui veut déployer ses ailes pour apprendre à voler au risque de s'écraser sur le sol quelques fois. Pourtant il est là Wes, prêt à prendre toute la place nécessaire sans que Sally n'oppose aucune résistance. Il agit comme un pilier sur lequel elle peut se reposer quand les doutes deviennent trop oppressants, une bouffée d'oxygène pur quand ses pupilles océans se posent sur lui. Alors pourquoi elle a l'impression de sombrer, quand les relevés de comptes sont dans un rouge critique ? C'est toute sa confiance qui est remise en question, les parties de soi qu'elle a offert s'effritent finalement. Les rôles sont inversés quand elle se retrouve à la place cruelle de l'ignorante, elle n'a pas su lire les tracas dans les yeux du brun, bien loin de se douter le sacrifice d'un week-end hors du temps. Elle reste plantée dans la pièce où les premiers cartons s'entassent, un peu sonnée par cette nouvelle qui vient ébranler cette relation aussi forte que fragile. Le regard blessé se perd un instant dans les yeux de Wes pour finalement se détourner. Elle devine l'orage prêt à gronder dans le ciel d'été, les mots retenus pour ne pas blesser, mais qui traversent quand même les esprits. Plusieurs instants s'écoulent, des minutes peut-être, interminables. Sa silhouette réapparaît finalement dans l'appartement, signe que la discussion peut continuer sur cette pente glissante. « Wes.. Je voulais pas te prendre au piège.. » La gorge se noue, incapable pourtant de formuler des excuses quand la rancune s'accroche à sa carne. Au loin, c'est les nuages noirs qui se dessinent pour les faire suffoquer. « T'es pas tout seul et tu sais que tu peux me faire confiance. Il y a même pas de costume de superhéros dans tes affaires. » Un fin sourire vient se loger sur les lèvres de Sally alors que ça tambourine partout sous sa chair, peur de l'abandon qui s'éveille comme un cauchemar qui revient sans cesse hanter ses nuits, l'humour comme rempart trop faible pour lutter. « Si tu décides de vivre ici, tes soucis d'argent seront aussi les miens. » Ce n'est pas une option pour elle de remonter à la surface pour éviter la noyade en le coulant en même temps, c'est à deux qu'ils vont se noyer ou se sauver de cette tempête qui s'acharne. « Maintenant si tu refuses la main tendue, ton bail n'est pas encore signé. » Soupir qui accompagne la menace en demi-teinte, elle ferme les yeux très fort, jusqu'à voir des étoiles se dessiner sous ses paupières. Juste pour ne pas laisser sa sensibilité tout faire foirer, pour garder le brouillon d'émotions qui gisent dans ses tripes au calme. Quand elle les ouvre à nouveau il est toujours là et son coeur malade, il vacille.

(c) élissan.

@Wes Burkley

il n'apprécie guerre ce qui est en train de s'ouvrir à eux. comme chemin. un pas en avant, s'en suit de cinq en arrière. c'est complètement déstabilisant. il se sent mal. pas tellement du mensonge, wes a l'habitude de s'oublier, d'oublier ses propres problèmes aux profits des autres. ça a toujours été comme ça, et elle le savait très bien. tous ses proches sont au courant de son monde de fonctionnement. wes sait que ça reste un sacré défaut. d'accumuler ses propres problèmes, dans le besoin nécéssaire de soulager ses amis. et tant pis, il était prêt à tout pour continuer de mentir. enfin. c'est pas qu'il ment, en sois, parce qu'il n'a jamais dit à voix haute qu'il se portait bien, financièrement parlant. il a juste fait les choses sans broncher.
lui offrir un putain de week-end ? sans qu'il ne le prévoit dans le budget ?
il a fait.
prêt à lui offrir les meilleurs soins pour qu'elle guérisse et qu'elle reste avec lui toute sa putain d'vie ?
il était prêt. prêt à vendre la boutique, à trouver un autre job. prêt à vendre sa voiture s'il faut pour son bonheur et pour assurer la qualité des soins. il n'y en a qu'une qui est au courant depuis l'début de cette merde financière. celle qui le brusque pour l'forcer à parler, celle qui tend un billet avant qu'il n'ai le réflexe de le faire ; celle qui n'est rien d'autre qu'une meilleure amie bien trop importante à ses yeux. qui voit en sally l'image d'un diable de l'enfer. max savait oui. mais max n'a jamais jugé. max a découvert ça quand à nouveau, elle a su l'faire parler.
sally savait pas.
sally réclamait.
ce besoin de partir.
ce besoin de se changer d'air.
il ne parle pas forcément de ce week-end, hein. il parle des autres opportunités où il a tendu sa carte bancaire bien trop facilement en étant conscient des conséquences. et honnêtement ? il ne regrette pas une seule seconde son geste. il ne regrette pas pour tous ses beaux sourires et pour cette lueur là, dans ses yeux. et si c'était à refaire, il reproduirait les mêmes choses.
sauf que là, elle sait. et que ça lui plaît pas, et qu'il se braque. ça se ressent dans ses gestes, fuyant la conversation pour récupérer un autre carton. il aurait vraiment espéré qu'elle comprenne et qu'elle se taise, mais à sa plus grande tristesse, elle n'hésite pas à remettre le sujet sur le tapis. encore et encore. qu'est-ce que ça change ? tu ne voulais pas, mais tu le fais. est-ce qu'elle voit qu'il se retient de dire beaucoup de choses, malgré tout ? wes essaye de se tempérer. ils n'ont pas besoin de parler de ça. très bien, elle est au courant, et après ? dès qu'il va vouloir s'acheter quelque chose et qu'il se retiendra à cause de son argent, elle l'achètera direct ? il ne veut pas de sa charité, ni de sa pitié. il pourrait rire. sourire. il agit bien trop comme un super-héros, mais non. même cette remarque ne le fait pas esquisser un faible sourire. il se contente d'hausser les épaules, de rester dans le mutisme, et de poser ce carton. non. c'est mon souci. il est froid. très froid. et l'voilà déjà en train de faire demi-tour, peut-être que là, elle comprendra qu'il n'a plus envie d'en parler. mais la main sur la poignée, il s'arrête immédiatement. la menace ne lui plaît absolument pas. il se retourne d'un coup. c'est une menace, sally ? elle a fermé les yeux. il le sait parce qu'il voit l'expression de son visage, et ses yeux clignaient à nouveau d'un coup pour s'habituer à nouveau à la lumière du jour. donc c'est quoi l'truc ? tu veux me montrer que tu t'en fiches parce que t'as pleins d'frics grâce à ton père ? il m'semble qu'avant, tu l'étalais pas tellement. t'étais même contente de tout ce que je t'offrais, de tout ce que je cédais parce que tu m'le demandais. alors évites de me menacer. parce que j'apprécie pas tellement ce que t'es en train de faire. il se montre froid, et son coeur cogne fort. elle a touché son point faible ; dès que ça concerne un de ses problèmes personnels de toute manière. tu vas faire quoi hein ? si j'refuse ton aide ? parce que j'suis dans une merde sans nom depuis plusieurs mois et tu l'avais même pas vu avant. alors tu vas faire quoi ? parce que j'te le dis. j'veux pas de ton aide, ni de ton argent. homme blessé. fierté mise à plat. wes n'est pas méchant dans ses mots, mais sa voix reste froide et sa main tremble de plus en plus. ses poumons réclament nicotine, sa conscience hurle sally. mais sa raison agit de la pire des manières, finalement.

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C'est un tour de passe-passe qui vient combler l'espace de l'appartement devenu trop étroit. Des reproches qui ne devraient pas exister où chacun défend son propre honneur, parce que c'est dans leurs habitudes de cacher leurs soucis en espérant les faire disparaitre et que la réalité est bien plus difficile à encaisser. Elle le sent, Sally, que la limite est franchie, que les mots sont sortis avant qu'elle n'ait le temps de les regretter. Déluge dans les veines, ça la casse de l'intérieur alors elle ferme ses paupières le plus fort possible, comme une enfant prise en faute, espérant peut-être que ça suffira à calmer les battements de son coeur à bout de forces. Et il a beau lui expliquer son point de vue Wes, ça ne change rien à la culpabilité qui s'invite dans ses pensées ni à l'obscurité dans laquelle elle a l'impression de plonger. Plus de lumière au bout du tunnel, elle recule de quelques pas pour sentir le bois de la table buter contre ses reins. C'est une réaction injuste quand le mensonge ne vient pas de la malade, mais elle est comme ça Sally. Toujours un peu trop fragile, toujours à fleur de peau, les émotions décuplées, les coups durs sont intenables, les jolis moments des éclats de lumières aveuglantes. « Arrête. » La voix est écorchée, c'est presque un supplice quand elle l'imagine reprendre ses cartons pour faire demi-tour. Retour à la case départ avant même de se donner une nouvelle chance. Quand elle accepte enfin de l'observer, elle ne voit plus que le vide qu'il laisserait. Et elle est incapable de baisser les armes, elle accepte cette nouvelle douleur comme toutes les autres. Ses ongles viennent se planter dans le bois de la table, elle se raccroche comme elle peut pour ne pas vaciller. Les émotions jumelles qu'ils partagent viennent la déstabiliser, elle aimerait que ce soit faux, ou au moins qu'il accepte simplement la main qu'elle lui tend. Il se renferme dans un mécanisme de défense bien huilé, ne montre plus que les crocs quand elle veut seulement s'approcher pour lui promettre que tout ira bien. Elle reste plantée là, à supporter la distance qui vient les séparer sans préavis. Le coeur supplie, le cerveau ne pense qu'aux blessures à venir. « C'est étrange de voir que tu ne supportes pas les menaces alors que t'étais le premier à m'en faire pour que j'accepte ce foutu rendez-vous. » Elle se venge comme elle peut, tente de faire disparaitre la tristesse dans ses pupilles par un éclat furibond. Elle aimerait avoir la voix qui porte et le venin au bout de la langue, se défendre sans tanguer du haut de ses deux jambes, mais c'est au-dessus de ses forces. « T'as raison, c'est tellement plus simple de me faire des reproches alors que tu n'es pas mieux dans le fond. On se ressemble jusqu'au bout, hein. » Elle se déleste des piques lancées à son attention, c'est plus facile comme ça même si ça n'empêche pas ses yeux de s'embrumer, épaules trop fragiles pour assumer ses propres paroles qui dépassent souvent la barrière de ses pensées. « En fait, non, on est différent. Je me suis bougé pour toi, pour nous donner une occasion de redémarrer. Et toi ? Tu préfères rester l'unique gérant de tes problèmes. » Un fin sourire narquois vient se loger sur ses lèvres, une attitude qui ne ressemble pas à Sally, mais une nouvelle façon pour elle de se blinder pour la suite de la discussion. « Tu comptais me le cacher encore longtemps ? Jusqu'à ma mort, peut-être ? » Elle ne sait plus à quoi se fier, si toute la relation est basée sur une fondation de mensonges ou si elle a seulement été trop aveuglée pour voir l'évidence sous ses yeux. Le pire dans tout ça, c'est de lui en vouloir autant qu'elle le désire, d'espérer retrouver ses bras autant que de le voir franchir le pas de la porte.

(c) élissan.

@Wes Burkley

sont-ils vraiment obliger de perdre leurs temps à se jeter la faute ? non. ils devraient s'aimer. déposer les cartons et faire l'amour dans toutes les pièces de cet appartement. ils devraient rire et pleurer de joie, vivre, tant qu'ils le peuvent encore. tant que la maladie est loin. ils devraient beaucoup de choses oui, mais wes est vexé de cette fameuse découverte. est-ce qu'il lui en aurait parlé, dans le fond ? probablement qu'oui. il aurait fini par avoir le cran. mais là, il essaye de s'en sortir tout seul. parce qu'il a pris l'habitude ; de gérer les problèmes des autres, de gérer les douleurs, de s'oublier lui-même. la preuve est là, devant eux. il n'a pas hésité une seule seconde à lui offrir le plus beau des voyages, même s'il n'était pas si exceptionnel et qu'ils sont juste allés à boston. ouais, pas ouf hein. wes s'oublie. mais putain, sally lui montre bien qu'il n'est pas tout seul. il n'ose juste pas l'avouer, l'voir de ses propres yeux. il a juste peur. pas de lui faire confiance, parce que c'est déjà le cas. mais il n'a pas l'habitude. il n'a pas l'habitude qu'on lui tend la main, qu'on lui propose une aide. c'est quelque chose qu'il connaît très bien vu qu'il le fait de lui-même avec autrui. pas l'inverse. c'est clairement perturbant.
il lui fait du mal.
il s'en fait à lui même hein. on va pas s'mentir. elle lui demande d'arrêter, il voit son visage, il entend les larmes à chacun de ses mots. elle lui retourne la vérité en pleine gueule. sauf qu'à ses yeux, ça ne semble pas tellement important. son manque de fric n'est rien comparé à sa maladie, et aux probabilités qu'elle vive plus longtemps. mes problèmes d'argents ne vont pas m'empêcher d'être là dans dix ans. pardonnes-moi d'être égoïste, et de vouloir que tu restes en vie. parce que sans elle, il n'peut pas. c'est tout. il veut même pas imaginer sa mort. il a déjà dû imaginer une vie sans elle le temps de quelques semaines, c'était déjà bien suffisant. le problème, c'est que sally ne se rend pas compte de son choix de mots. elle ne se rend pas compte d'à quel point c'est en train de lui arracher les boyaux. t'as pas le droit de dire ça. il n'est plus froid, là. il est triste. beaucoup triste. elle joue de sa maladie, ça se retourne contre lui certes, mais wes prend sur lui depuis le début. il prend sur lui pour pas chialer comme une merde dès qu'elle envisage la mort parce qu'il préfère se battre comme un con pour son traitement, et prier, même s'il est non-croyant, pour qu'elle puisse être avec lui pendant toutes les prochaines années de sa vie. j'voulais pas t'embêter avec ça. et j'sais pas. c'est pas important. mais toi, tu retournes ça contre ta maladie. et j'te jure j'prends sur moi sally. p't'être pas de la bonne façon, p't'être pas comme il le faut. mais j'prends sur moi. comme le fait que je me bats comme un con pour que tu prennes ce traitement, et pour que ça t'offre encore plusieurs années. mais là. putain. t'es méchante. c'est tout ce qu'il arrive à dire. il n'essaye pas de retourner la chose hein. mais là... la boule dans son ventre est tellement grande, ses yeux brillent, le sourire et la joie de vivre est d'un coup très loin. il pose ce carton qu'il tient encore dans ses mains, passe sa main tremblante sur sa joue. je vais fumer. c'est tout ce dont il est capable de dire, alors qu'il prend déjà son paquet et son feu, et qu'il dévale l'escalier. l'air qui vient cogner son visage lui fait du bien. le goût de la nicotine aussi. mais les larmes qui dévalent sur ses joues, pas ouf quoi. parce que putain. c'est sa plus grande peur. pas le fric. pas la déception. rien. juste sa mort. la sienne. sa sally.