en cavale. (warston)

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{ en cavale }
crédit/ tumblr ♛  w/ @Nikolaï Warren

Ils s’enfuient,
loin de cette cérémonie,
comme ils rêvent à partir,
loin de la ville.

Ils s’enfuient,
pour oublier les horreurs subies,

Ils s’enfuient,
pour retrouver un peu la vie.

Pour échapper aux démons qui les hantent, pour oublier toutes les souffrances qui les tourmentent. Elle veut s’en délivrer, Isabella, juste quelques heures. Juste quelques heures, en sa compagnie, parce qu’il est celui qui comprend le mieux ce qu’elle vit ; parce qu’il est victime, lui aussi, des mêmes blessures indélébiles. Elle n’est pas certaine que, comme le jeune homme a tenté de la rassurer, leur absence ne sera pas remarquée. Ils ont attiré l’attention, sans rien faire, seulement en étant les principaux concernés au sein de cette affaire. Mais elle ne veut plus y songer, la tourmentée. Elle a besoin de ne plus penser à rien, juste retrouver un brin d’oxygène. C’est ce qui arrive, tout de suite, à l’instant où elle saisit l’endroit où il veut l’emmener. Elle n’y a pas encore posé le pied mais elle sent déjà un souffle de sérénité. Les opales sombres posées sur l’océan si clair, elle admire l’eau turquoise qui danse sous la houle. Elle avance sans se faire prier, retirant vite ses escarpins, pour suivre l’être aimé. Un sourire complice sur les lèvres, alors qu’il lui rappelle la première baignade partagée, elle se remémore cet instant comme si elle le revivait. – Je suis sûre que tu avais regardé. dit-elle, la voix espiègle. Car, deux ans plus tôt, alcoolisée et insouciante, elle n’y songeait guère. Pas plus qu’elle ne pensait à celui qui est devenu son ex. Mais elle connaît trop bien Nikolaï, à présent, pour ne pas l’envisager. Elle connaît aussi trop bien ce regard envoûtant autant qu’il est envoûté. L’ombre d’un sourire sur les lèvres, la rose abîmée se risque à s’installer à ses côtés. – Ça fait du bien, aussi, d’être avec toi. elle confie dans un murmure alors qu’elle se laisse envahir par les souvenirs de leur passé. C’est ici qu’elle l’a emmené, la première fois, ici qu’elle s’est laissée le risque de se révéler à lui. C’est ici aussi, juste devant la plage, qu’ils ont franchi la limite. Mais c’est également à cet endroit qu’elle lui a confié pour la première fois combien elle est brisée. Sans imaginer que, deux ans plus tard, elle le serait plus encore. Prenant une inspiration, l’écorchée vive est interrompue dans le fil de ses pensées obscures quand elle entend le compliment de l’inspecteur. – Je te remercie. lui répond-elle avec un faible sourire. Cela fait longtemps qu’il ne lui a pas dit.

Peut-être qu’ils ne savent plus comment s’aimer,
peut-être qu’ils ont fini par oublier,
mais c’est toujours, là, bien ancré.

Distraitement, ses doigts délicats glissent sur le sable fin, pour y dessiner des formes imaginaires. L’esprit ailleurs, elle le contemple toujours, hésitante à laisser parler son cœur. – Je partirais avec toi. elle lui avoue, les lunes ancrées dans les siennes. Elle laisse sa main glisser contre le bras de Nikolaï, pour le serrer un bref instant. – Je veux qu’on essaie. qu’ils essaient d’oublier ; qu’ils essaient de renouer ; qu’ils essaient de se retrouver.