l'amitié avant tout.

Le travail, encore et toujours, Boyd a vraiment l’impression de ne vivre que pour ça depuis qu’il a posé ses valises à New York. Bien sûr, il a eu le temps de se faire des connaissances au fur et à mesure, plus ou moins importants pour lui ; mais il ne prend pas beaucoup de temps pour les voir. Certaines de ses connaissances ne sont restés qu’au stade des connaissances, tandis que d’autres sont devenus de belles amitiés. Des amitiés que Boyd devrait chérir car à force de repousser les moments de se voir, il va finir par les perdre. Pour une fois qu’il reste longtemps dans une ville, Boyd ne veut pas faire n’importe quoi. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a prévu depuis quelques jours de passer une petite soirée avec une des personnes qui l’a le mieux accueilli en ville : Aspen. C’est parti d’une connaissance, à des visites en ville, si bien que Boyd se sentait adopté très vite. Lui qui ne sort pas forcément beaucoup, ça lui a fait un bien fou et forcément, il essaye de la voir quand il peu. Malheureusement, avec son emploi du temps, combiné à celui de la jeune femme, ce n’est pas toujours aisé de trouvé un petit temps, alors c’est surtout par message qu’ils communiquent. Là, le rendez-vous a dû être pris en avance, et même le jour même, Boyd n’était pas certain qu’il pourrait vraiment le faire. Une affaire qui prend beaucoup de temps, qui dure depuis des jours et les nouvelles informations le forcent à faire quelques heures supplémentaires alors il a envoyé un message à son ami pour savoir s’il pouvait repousser de quelques heures et qu’au lieu de se voir dans un petit restau du coin, ils pourraient se voir chez l’un ou l’autre car ils étaient forcés d’annuler le dit resté pourtant réservé. C’est l’inconvénient du métier, et c’est pour cela que certaines amitiés se déforment car certaines personnes ne comprennent pas que ce n’est pas forcément dépendant de sa volonté. Après une heure, l’affaire ne pouvait pas avancer avant l’accord d’un juge, donc Boyd envoya un message à la jeune femme « Chez moi dans une heure, on commande ça te dit ? » Heureusement le jeune homme a eu le temps de faire le ménage à fond la veille. Vu l’heure pas trop tardive, ils auraient pu se rejoindre au restau mais bon, au moins ils seront posés et ils auront plus le temps pour discuter et ce, sans vraiment regarder si leurs voisins de tables ont les oreilles qui trainent. Après une réponse positive de la jeune femme, il eut à peine le temps de rentrer, de prendre une douche et de se changer que la sonnette retentit. Pile à l’heure, voire en avance. « Hey ! » Dit-il avec un grand sourire avant de lui faire une accolade en guise de bonjour. « Vas-y entre » Inutile de lui dire de faire comme chez elle, ce n’est pas la première fois qu’elle vient. « Je suis désolé de ce plan à la va vite mais c’était la folie » dit-il simplement. Même si ça devient une habitude, il tient à s’excuser, surtout que ça lui tardait de faire enfin une soirée en sa compagnie.

on s'habitue à new york, comme on s'habitue à tout. de la même manière qu'elle s'était adaptée à son rythme de travail aspen. là où le vent la mène, elle apparaît. là où résonnent les appels au secours, elle se dresse face aux flammes. malgré le danger, malgré la peur, c'est toujours l'adrénaline qui prend le dessus. malgré le risque de ne pas s'en relever, elle fonce tête baissée. le vide qu'elle fait dans sa tête, uniquement concentrée sur les victimes du massacre. et elle aurait de quoi plier la jeune femme. face aux horreurs qu'elle côtoie tous les jours. face à la détresse et aux pleurs qu'elle entend tous les jours. pourtant, c'est quelque chose de plus fort qu'elle. une force invisible qui l'étreint toute entière, qui la fait surmonter ses propres frayeurs, sa propre douleur. elle mentirait si elle osait dire que ça ne lui rappelait pas les circonstances atroces de la perte de son père. sauf que malgré les maux qui ne passeront jamais, elle a appris à vivre avec aspen. pour en ressortir encore plus invincible qu'avant. parce que rien que pour lui rendre honneur, elle embrasera l'existence qui lui est due. non, tu ne seras pas parti en vain papa. oui, tu seras fier de moi papa. le mouvement qu'elle a suivi, encore aujourd'hui. le flux des vagues, qui l'a mené jusqu'ici. parce que la nuit s'invitera bientôt, dans cette soirée déjà bien entamée. un restaurant avait été évoqué, avant d'être finalement annulé. puisque dans des métiers qui touchaient les vies, il n'y avait aucune place à l'improvisation. plutôt au don de soi, quel qu'en soit le prix. c'était leurs propres habitudes que devaient revoir les policiers, autant que les pompiers. boyd autant que aspen. sans pour autant tirer un trait sur leur amitié. chacun connaissait leurs devoirs respectifs, ce pourquoi ils se comprenaient si bien et ne s'accusaient jamais de rien. elle sait le retard souvent accumulé, le temps après lequel on court perpétuellement. alors elle prend sur elle de laisser respirer son ami. le laisser récupérer de sa journée certainement épuisante. parce que quand l'on se donne autant qu'ils le font chaque jour, on en ressort forcément vidé. et les batteries doivent être rechargées, jusqu'au jour d'après.
la route qu'elle fend jusqu'à l'appartement où on l'attend. dans l'espoir de décompresser. dans l'espoir de vaincre sa solitude pour un petit moment. parce que bien souvent, les retours à la maison sont moroses. là où jamais personne ne l'attend. et elle a besoin de lumière aspen. elle a besoin de bonnes ondes et de chaleur, pour contrer tout ce qu'elle subit dans son boulot. elle veut équilibrer la balance et ne pas avoir à supporter seulement le plus mauvais. c'est que la vie lui a appris à positiver, à ne se souvenir que du plus beau. pour ne pas complètement sombrer. l'esprit est léger et enjoué quand elle se retrouve sur le pas de la porte, où elle toque. dans l'attente d'un signe de boyd, dans l'attente d'une soirée améliorée qui l'aidera à relativiser. puisque les amis sont là pour ça. pour toujours nous rappeler qu'il reste une main à laquelle s'accrocher, une épaule sur laquelle se reposer. le sourire envahit ses traits quand la vision du jeune homme s'offre finalement à elle. hey ! salut monsieur le flic. elle échappe un léger rire. vas-y entre. ravie d'être invitée dans votre humble demeure. la vérité, c'est que ce n'est pas la première fois qu'elle vient ici. c'est presque devenue comme un autre endroit où se réfugier quand la vie semble aller trop vite pour elle. se délestant de son manteau, elle le laisse poursuivre. je suis désolé de ce plan à la va vite mais c'était la folie. et elle secoue la tête pour lui signifier combien elle ne lui en tiendra pas rigueur. question d'habitude dans leur milieu respectif. tu rigoles, pas à moi. on sait ce que c'est, aussi bien l'un que l'autre. elle refuse qu'il se sente coupable de quoique ce soit. elle refuse qu'il culpabilise alors qu'il fait l'un des métiers les plus utiles au monde. prends le temps de te poser, on est entre nous. et quand t'auras respiré, j'veux tout savoir de cette journée de folie. parce qu'elle s'y intéresse. parce que son métier doit être passionnant aussi. et elle a envie d'en savoir plus aspen. parce que les enquêtes, elle ne les suit qu'à la télévision. aujourd'hui, elle veut les vivre dans la réalité.

La fatigue est belle et bien présente mais ce n’est pas pour autant que Boyd est décidé à passer la soirée tranquille à comater dans son canapé ou encore moins d’aller directement au lit après le boulot. Il a du sommeil à rattraper, il le sait, mais il a aussi sa vie sociale à maintenir à flot. Marre de ne voire que ses collègues de travail ou bien ses amis seulement en coup de vent. Alors tant pis pour le sommeil, il le rattrapera durant un jour de congés, ou non. De toute manière il y a bien longtemps maintenant que Boyd ne s’écoute as quand il s’agit de dormir pour prendre des forces, ce n’est pas demain la veille que ça va changer et qu’il va commencer à être raisonnable. Il a assez repoussé des soirées ou des repas et puis, faut surtout avouer qu’il a bien envie de voir Aspen. Les moments entre amis sont ce qu’il y a de plus précieux. Et c’est aussi avec ce genre de lien qu’on tient le coup, qu’on reste debout sans que la personne ait besoin de faire quoi que ce soit. Elle a juste besoin d’être là, elle a juste besoin d’exister. C’est clairement ce genre d’amitié qui lui fait tenir le coup. Par le passé, pendant très longtemps il n’avait pas trouvé ce genre de personne, et faut aussi avouer qu’il n’avait pas cherché. En débarquant ici, ça c’était fait naturellement, du moins avec Aspen ça a été le cas. Ici à New York il sait qu’à moins de quelque chose exceptionnel et surtout imprévu, il ne va pas refaire ses cartons, pas dans l’immédiat. Quoi qu’il advienne, ce moment, même aussi simpliste qu’il soit, allait leur permettre de passer du temps ensemble et de décompresser. Au vu de leurs carrières respectives, c’est loin d’être négligeable. En plus, même s’ils font tous les deux un boulot qui demandent beaucoup de mental et qui peut être épuisant, le fait qu’ils ne fassent pas la même chose est plaisant, ce n’est pas comme se confier à leurs collègues par exemple, et ça emmène un point de vue extérieur. Alors que la jeune femme est arrivée, il a retrouvé l’usage de son sourire. « Je te ferai bien le tour du propriétaire, mais c’est pas l’heure de la visite guidée » dit-il en plaisantant, comme s’il vivait dans un musée ou tout autre endroit ayant des visites des touristes. Aspen est déjà venue plusieurs fois ici et à force, il n’a même plus besoin de lui dire de faire comme chez elle. « Le jour où on aura des journées de boulot calme on s’appelle hein ! » Au moins ils se comprennent, et ils ne s’en veulent pas s’ils sont trop pris par le boulot. En même temps pourrait-on vraiment appeler ça une belle amitié s’ils s’en voulaient pour si peu ? Boyd lui sourit, il sait qu’elle ne demande pas des nouvelles de sa journée seulement pour le faire décompresser, mais parce qu’elle s’y intéresse réellement. « Ca marche, tu veux boire quelque chose en attendant ? » On lui a toujours appris les bonnes manières, ce n’est pas aujourd’hui qu’il va les perdre. Puis il lui demande ça maintenant qu’il est debout, parce qu’après coup il n’est pas sûr d’avoir la force de lever son cul du canapé si ce n’est pour ouvrir une fois que la bouffe sera sur le palier. Allant cherche de quoi boire et se rafraîchir, il ramène tout dans son salon avant de poser ses fesses sur le canapé. Que ça fait du bien. « Enfin ! » Dit-il avec un vrai air satisfait avant de légèrement rire et de lui demander pour ne pas commencer directement l’instant où il racontera l’affaire sur laquelle il est depuis quelque temps. « T’étais de garde ces jours-ci ? Ca se passe bien à la caserne ? » Même s’il sait qu’ils vont aussi parler de lui, c’est tout Boyd ça, préféré parler de l’autre plutôt que de lui-même. Faut dire qu’il est très mystérieux sur son passé Boyd.

les journées sont intenses. que ce soit dans son métier ou dans celui de boyd.
mais ces journées finissent toujours par prendre fin.
et à ce moment-là seulement, un autre quotidien commence.
la rengaine des soirées en solitaire, avec pour unique compagnie, un plateau-télé. parce que depuis que maman était partie, aspen n'affrontait que la monotonie de son appartement. de son triste appartement. il l'était devenu quand plus un seul rire n'avait résonné entre ses murs.
d'ordinaire lumineuse et généreuse, elle voyait ses plus belles qualités s'éteindre puisqu'elle n'avait plus personne à qui elles pouvaient profiter.
l'ennui n'était pas son meilleur ami. pire, elle le fuyait même comme la peste. sans doute pour cela qu'elle était devenue pompier. pour ne jamais être reléguée derrière un bureau pendant des jours entiers. pour ne jamais être forcée de rester assise pendant des heures d'affilée.
l'action et le mouvement qu'elle réclame à corps et à cris. la sensation de sauver des vies, en souvenir de lui.
sa voix était toute tracée. et à l'instant où elle avait posé le doigt dessus, elle n'en avait plus déviée. sa réalité personnifiée.
et la présence qui lui manque cruellement chaque jour, elle s'en va la chercher. là où elle prolonge et enchaîne les gardes à la caserne. là où elle s'invite chez les amis qu'elle peine à retrouver. parce que leurs emplois du temps jouent avec leurs nerfs.
rien n'est pourtant insurmontable pour celle qui veut les faire perdurer, ses fameuses amitiés. ses précieuses amitiés. parce que maintenant qu'elle était déshéritée des membres de sa famille, jusqu'au dernier, ne lui restait plus que ses amis à qui se raccrocher.
et boyd en était le représentant le plus singulier. lui avec qui les liens s'étaient tissés en toute simplicité.
par nécessité de ne surtout pas le brusquer, elle lui intime de prendre son temps. de retrouver ses esprits et de ne pas se mettre la pression. ils étaient entre eux, le partage, la compréhension et la communication étaient définitivement de mise. l'important étant d'être ensemble.
je te ferai bien le tour du propriétaire, mais c'est pas l'heure de la visite guidée. elle rit à sa plaisanterie, avant de reprendre. j'suis pas venue envahir ou décortiquer ton espace, seulement rendre ta soirée un peu moins morose.
parce qu'elles le sont toutes quand on revient d'une journée de travail. quand on y a côtoyé la mort de près et les accidents à répétition. la dépression guette bon nombre d'entre eux, ils étaient les seuls à pouvoir essayer de se sortir de ce bourbier, en mettant toutes les chances de leur côté.
alors qu'elle reprend ses quartiers, comme à l'accoutumée, elle remarque ben vite qu'il n'a encore pas chômé. d'autant qu'il le lui confirme lui-même. le jour où on aura des journées de boulot calme on s'appelle hein ! elle éclate de rire, avant d'amorcer une réponse. sauf que j'tiens à te dire que si c'était le cas, on s'en plaindrait aussi. ose me dire que tu ne t'ennuierais pas comme un rat mort. ils étaient de la même trempe, à la recherche de frissons. ceux que l'on ne trouvait pas dans tous les corps de métier.
ça marche, tu veux boire quelque chose en attendant ?
la simplicité était toujours le maître mot entre ces deux-là. ils en étaient bourrés tous les deux. et ils ne pouvaient pas se montrer autrement que naturels face à l'autre.
j'veux bien un jus de n'importe quoi, si tu as. j'dois avoir besoin de vitamines. elle lâche dans un sourire. les dépenses en énergie était folle sur le terrain, rien ne valait donc un bon coup de fouet pour recharger les batteries. et si j'dors pas cette nuit, je t'appelle. histoire de ne pas passer la nuit blanche, seule.
si généreuse aspen. prête à partager même les déboires avec son ami. après tout, c'était bien ce qu'on appelait la véritable amitié.
enfin ! il semble enfin respirer quand il vient s'installer sur le canapé à son tour. et ça lui fait plaisir de le voir souffler pour de vrai. puisque finalement, elle ne lui avait pas laissé ce loisir en débarquant dès son début de soirée. t'étais de garde ces jours-ci ? ça se passe bien à la caserne ?
un hochement de tête plus tard. je l'étais. et j'me l'suis un peu imposé aussi. pour remplir soirées si vides de sens. pour combler l'ennui et la solitude. pour exister aux yeux de quelqu'un.
et un vague haussement d'épaule. mis à part qu'on a perdu l'une des nôtres. leur lot quotidien dans une caserne, ils y étaient tous préparé. ce n'était pas pour autant que ça atténuait la peine. même si elle n'exerçait pas le même métier, elle faisait partie de leur paysage quotidien. et se dire que son rire ne résonnerait plus jamais autour d'eux était aussi étrange que triste.
et toi alors ? c'est vraiment aussi palpitant qu'on veut nous le faire croire à la télé ?
elle refuse de rester dans cette ambiance aspen. elle veut de la gaieté, jusqu'à ce que leurs rires emplissent l'espace. jusqu'à ce qu'ils oublient que le monde trépasse.

Depuis qu’il vit à New York, Boyd n’a pas vraiment l’impression de profiter de la ville comme il se doit. En même temps, les rues New Yorkaises sont un peu son terrain de ‘jeu’, c’est là-bas qu’il enquête, poursuit et fait tout ce dont on lui demande, si ce n’est quand il se trouve dans les locaux de la police pour chercher dans des dossiers ou autre choses avec la technologie à leur disposition. Il connait quelques coins qu’on lui a recommandé mais c’est vraiment qu’il ne sort pas beaucoup. Quand ses journées au travail sont aussi longues, il n’a pas toujours la tête à sortir, préférant profiter de son canapé et son abonnement au câble. Il n’aurait pas prévu un truc avec Aspen, il y a de fortes chances pour qu’il comate sur son canapé toute la soirée. Il ne regrette absolument pas cette soirée, car mine de rien, même si la fatigue se fait ressentir à l’intégralité de ses muscles, ça va lui faire du bien au moral. Prendre soin de sa santé physique c’est bien, mais prendre soin de celle mentale c’est encore mieux. C’est tout ce qu’il lui faut donc. A peine est-elle arrivée qu’ils plaisantent déjà. Tout est si naturel entre eux. « Dans ce cas-là tu es la bienvenue » dit-il avec un sourire. C’est tout ce dont il a besoin, passer une bonne soirée, profiter pour passer du temps avec Aspen avec qui l’entente a été au top dès le départ. Pas de prise de tête, juste deux personnes qui aiment passer du temps ensembles pour décompresser de leurs quotidiens plus que chargés mais aussi auprès de qui ils peuvent se confier si le besoin se fait ressentir. Ça n’a pas besoin d’être toujours sérieux ou fun, ça peut être les deux. C’est juste… naturel ! « C’est vrai t’as pas tort. Il n’y a rien de pire que l’ennuie » Surtout l’ennuie au boulot. Il se souvient à ses débuts, où il n’était que le nouveau à la paperasse, avant qu’on le forme. Qu’est-ce qu’il pouvait détester ça. « Ou bien derrière un bureau, l’angoisse ! » Si pour certains ils font des travails durs, pour Boyd rester son cul sur une chaise devant un ordinateur, c’est la définition d’un travail dur. Car l’ennuie, ça l’épuise. Il n y’a rien de mieux que de ne pas rester en place, de bouger tout le temps mais forcément, les journées sont fatigantes tout de même. Mais au moins, ils ne voient pas le temps passer. Aller lui chercher deux verres de jus de fruit il revient rapidement pour lui tendre un verre « Oh si tu veux tu m’appelleras, je te laisserais en fond sonore pendant que je ronflerais comme un bien heureux » quand il a besoin de repos, il n’a aucun mal pour dormir, même s’il prend un café bien fort. Finalement il revient vite, se posant sur le canapé, son propre verre de jus à la main pour en boire une gorgée. Finalement les sujets de conversations plus sérieuses commencent. Boyd fit une petite moue désolée en apprenant la nouvelle. Ce n’est pas toujours facile dans leur métier mais ils sont souvent confrontés à ça ; car ils jouent avec leur vie tous les jours. [/color]» Vous étiez proche, » Demande-t-il avec un air désolé qui est sincère. Les drames, Boyd a été baigné dedans depuis qu’il est tout gamin. Bien sûr, il ne peut s’en vanter – s’il y a quelque chose à se vanter de ça – d’avoir dû changer d’identité pour échapper à la mort. Et puis avec le métier qu’il exerce, il en a perdu des collègues. « Franchement depuis que je suis arrivé à New York j’ai l’impression d’être dans les Experts Criminelles ! » Il regardait autrefois ce genre de série, il en était fan et c’est d’ailleurs ce qui l’a poussé à vouloir aller dans cette branche-là. « Là c’est une fille retrouvée avec un talon aiguille dans le crane » Il ne prend pas de gant, c’est la réalité des faits. C’est pas quelque chose de forcément d’extraordinaire pour quelqu’un dont le métier est le pompier. Peut-être qu’Aspen a déjà eu ce genre de cas lors d’un appel, peut-être même que les victimes s’en étaient sorties mais pas dans le cas de Boyd. Lui il n’agit pas vraiment avec des victimes qui s’en sortent, ou alors c’est qu’elles ont eu de la chance et qu’il y en a plusieurs. Ça fait bien longtemps qu’il enquête dans les homicides, enfin quand un service mieux placé que lui ne vient pas pour traiter de l’affaire à la place de la police de New York. « Sauf que c’est la deuxième qu’on retrouve comme ça en quelques semaines, ça ne peut pas être un hasard. Mais bon on est coincé par les mandats, ça prend du temps » Alors que le temps presse, car jamais deux sans trois comme on dit. « Enfin on est là pour sourire, rire et se détendre non ? » Drôles de sujets pour débuter la conversation.

peut-être qu'elle aurait dû rester à londres aspen. peut-être qu'elle aurait dû avertir ses parents qu'elle avait un mauvais pressentiment. peut-être qu'à l'abri de leur capitale anglaise, le sort ne se serait pas acharné sur eux avec autant de vigueur.
tant de peut-être qu'elle ne pourrait jamais vérifier. réduite à s’accommoder à ce que le destin avait fait de sa vie. et s'il existait une entité quelconque là-haut, elle en avait des tas de questions à lui poser. à commencer par tenter de comprendre pourquoi on s'en était autant pris à eux. pourquoi une force plus grande qu'eux avait trouvé amusant de leur faire traverser l'enfer de la mort. par deux fois. pour maman et pour papa.
sauf qu'elle n'est plus dans les accusations. elle se retrouve seule face à elle-même, dans une ville qui ne l'avait pas vu grandir. seule dans un monde qui ne voulait pas d'eux.
alors elle essaie de donner un sens à tout ça. de se rebeller contre ça. contre les coups du sort qui s'en prennent aux hommes. et pour rendre hommage à celui qui fut son héros et le sera jusqu'à son dernier souffle.
et malgré tout, t'es comme un soleil aspen. déposant ses rayons ici et là, partout où tu passais. tu savais éclabousser les autres d'une positivité qui n'aurait même pas dû être ta principale qualité.
alors elle garde le sourire grand et sincère. elle relève la tête et bombe le torse, prête à affronter l'univers.
et elle se raccroche à la famille qu'elle s'est choisit. pas pour remplacer ceux qui l'avaient quitté, simplement pour entretenir l'illusion d'être entourée. pour se dire que quelque part, on l'attendait encore.
et avec boyd, elle peut tout se permettre. il était de ces relations dîtes naturelles. celles dans lesquelles on n'a pas besoin de tricher. parce qu'on se sent déjà en confiance, dès la première seconde.
quand la fatigue les éreinte, ils se plaignent comme tout être humain. et bien vite, ils revoient leurs jugements. se rappelant que sans l'action, leurs quotidiens seraient bien mornes.
c'est vrai t'as pas tort. il n'y a rien de pire que l'ennui. ou bien derrière un bureau, l'angoisse !
elle rit à ses répliques aspen. parce qu'ils sont fait du même bois. qu'ils ont choisit ce métier pour le frisson.
j'crois qu'on était fait pour se rencontrer toi et moi.
ils avaient en commun le naturel, les plaisirs simples de la vie, le besoin de se sentir utile et de sauver le monde. comme s'ils cherchaient à apporter leur pièce à l'édifice de quelque chose de plus grand qu'eux.
d'un regard, elle suit boyd qui se retire en quête des verres de jus, avant de revenir près d'elle. remerciement d'un sourire quand elle attrape le contenant en verre. et qu'elle plaisante déjà en le tenant responsable d'un sommeil qui ne viendrait pas. la vitamine était réputée pour tenir en éveil.
oh si tu veux tu m'appelleras, je te laisserais en fond sonore pendant que je ronflerais comme un bien heureux.
quel ingrat, je rêve ! si tu veux la jouer comme ça, je reste là, je campe. et j'aurais l'occasion de t'empêcher de dormir moi-même.
elle s'abreuve de l'orange, tout en écoutant son ami reprendre. les sujets légers laissent place à davantage de sérieux. quand ils évoquent leur boulot et les derniers cas auxquels ils avaient fait face. et aspen ne peut pas taire la perte d'une collègue. un évènement qui l'avait particulièrement marqué, parce que c'était la première fois. sans doute qu'elle en verrait d'autre, elle devrait se blinder pour la suite.
vous étiez proche ?
elle est presque gênée d'instaurer un tel froid sur leur échange, mais elle avait besoin d'en parler. d'extérioriser ce qui la rongeait. et boyd était son plus proche ami.
elle était ambulancière... donc pas tant que ça. elle dit en haussant les épaules. parce qu'ils se côtoient pas la force des choses, sans passer leurs journées entières les uns avec les autres. c'est juste que ça fait toujours bizarre, quand tu connais les gens. j'pense à sa famille surtout, elle avait la vie devant elle.
quand une personne âgée s'éteint, on se dit que c'est le cours de la vie. quand c'est une jeune femme, on en veut au monde entier de ne pas l'avoir suffisamment protégée.
franchement depuis que je suis arrivé à new york j'ai l'impression d'être dans les experts criminelles !
comme elle lui avait suggéré, elle comprend bien vite que la télévision ne mentait pas. pourtant, on s'imaginait que tout était surfait sur les petits écrans, alors il était le mieux placé pour confirmer ou infirmer ces dires.
là c'est une fille retrouvée avec un talon aiguille dans le crâne. sauf que c'est la deuxième qu'on retrouve comme ça en quelques semaines, ça ne peut pas être un hasard. mais bon on est coincé par les mandats, ça prend du temps.
moi qui croyais qu'ils en faisaient trop, me voilà calmée.
ça te retournerait presque le coeur aspen. parce qu'au-delà de la mort qui vous prend, là c'était quelqu'un qui donnait la mort. et tu ne comprends pas qu'on puisse se permettre d'avoir ce droit-là sur un être humain.
et vous avez des pistes ? j'veux dire... ça vous arrive souvent des cas comme ça ?
elle espérait qu'il réponde par la négative. un tel constat était bien trop glaçant pour sa sainteté d'esprit.
je sens que je n'vais pas tarder à te réclamer une protection rapprochée. elle plaisante pour détendre l'atmosphère.
enfin on est là pour sourire, rire et se détendre non ?
parce qu'il a raison boyd, vos discussions étaient plutôt spéciales, alors que vous cherchiez à fuir la fatigue de vos métiers respectifs.
d'ailleurs, t'es escapades t'ont permis de découvrir davantage new york ou pas ?
la ville était si grande et emplie de mille-et-un secrets à découvrir. tant que même toi, tu ne les connaissais pas encore tous.