Always help someone

Mars 2020

Voilà environ trois mois qu’Ivy avait été recrutée par Joseph en tant que serveuse dans son café. L’endroit était sympathique, convivial, en dehors de heures de pointe, notamment le matin avec les départs au travail de la majorité des habitants du quartier que la blonde avait encore bien du mal à gérer, dans son organisation mais aussi et surtout émotionnellement parlant, Ivy se sentait bien dans ce travail. Jo’, lui, avait l’air plutôt satisfait de cette collaboration. Contrairement aux deux étudiants qui travaillaient aussi ici quelques heures par semaine, Ivy, elle travaillait à plein temps, et, en plus d’être serveuse, Joseph la laissait accéder à la cuisine à l’arrière de la boutique pour qu’elle puisse l’aider à préparer toutes les douceurs exposées en vitrine. C’était la partie préférée d’Ivy, elle s’y sentait totalement dans son élément. Pour le moment, elle devait encore faire ses preuves en suivant les recettes du patron, mais, bientôt, il le lui avait dit, elle pourrait de temps à autre, choisir elle même une recette à proposer aux clients. Cette perpective effrayait Ivy autant qu’elle la ravissait. En attendant, la jeune femme s’efforçait de faire de son mieux et, même si souvent, derrière son comptoir, elle devait lutter avec des vagues d’émotions qu’elle peinait à contrôler parfois, en rentrant chez elle le soir après sa journée de travail, elle était fière de ce qu’elle avait accomplit. En soit, pour elle, tenir une journée sans fondre en larmes était déjà une petite victoire qui n’arrivait que rarement. Elle avait toujours tendance à être trop exigeante envers elle même mais elle travaillait la dessus chaque jour et elle essayait de faire preuve d’autant d’indulgence avec elle, qu’elle ne pouvait en avoir avec les autres. Ce n’était pas facile et c’était un combat quotidien… enfin sa vie ressemblait à une lutte quotidienne depuis tellement longtemps déjà… Bref, la matinée avait été assez calme, le créneau de midi aussi et l’après midi commençait doucement. Il faisait beau aujourd’hui et le printemps s’annonçait en douceur. C’était la saison préférée de la blonde, tout renaissait et tout était si beau, même au milieu des bâtiments du Queens. Avant d’être hospitalisée pendant de longs mois, elle n’avait pas souvenir de s’être autant émerveillée pour de si petites choses, pourtant si importantes : le chant des oiseaux, un papillon qui virevolte, la douceur des rayons du soleil sur sa peau. Etre parquée entre quatre murs, forcée à se repose, à affronter son esprit troublé et ses pensées si sombre avait au moins eu ce mérite là. Elle n’était pas guérit mais elle réapprenait à apprécier les choses simples… du moins elle essayait, son humeur n’était pas égale tous les jours. Elle était en train de préparer un caramel macchiato avec soin, pour l’un des clients régulier de l’échoppe quand quelqu’un entra dans la boutique. Par réflexe, elle tourna brièvement la tête pour saluer le nouvel arrivant de sa voix la plus joviale puis elle reporta son attention sur ce qu’elle faisait pour ne pas se tromper. Une erreur était si vite arrivée dans le dosage des boissons… Une fois son client servit, elle reporta à nouveau son attention sur le nouvel arrivant. Un homme en fauteuil. Immédiatement l’empathie d’Ivy se fit sentir dans tout son être. Qu’avait il bien pu arriver à cette homme ? Etait ce une maladie ou un accident qui l’avait contraint à rester assis et est ce que cela était un état permanent ? Elle savait combien la société actuelle était cruelle avec les personnes différents que cela soit physique ou mental, elle n’était elle même pas très bien, ou plus très bien adaptée à ce monde et elle le ressentait chaque jour. Et elle ne pouvait certainement pas ressentir ne serait ce qu’un quart de la souffrance de cet homme. Son regard perdu la frappa dès qu’elle posa les yeux sur lui et elle se sentie saisie d’une étrange émotion. Le café n’était pas idéalement adapté pour les fauteuils roulants mais Jo’ faisait de son mieux avec la conformation de son bâtiment, elle le savait. Sortant de derrière son comptoir, elle s’avança vers l’homme un sourire bienveillant sur les lèvres pour essayer de lui faciliter le passage. « Je suis désolée, on fait de notre mieux pour adapter le magasin pour les fauteuils roulants mais force est de constaté que nous ne sommes pas encore trop au point. » Lorsqu’elle avait pensé cette phrase dans sa tête, elle ne s’était pas rendue compte que cela pouvait être stigmatisant, lorsqu’elle s’en rendit compte il était déjà trop tard, les mots avaient franchis la barrière de ses lèvres et elle ne pouvait plus les rattraper. Légèrement honteuse, elle baissa les yeux avant de reprendre la parole pour ne pas laisser un blanc gênant s’installer. « Vous savez déjà ce que vous voulez ? ».

Ivy était terriblement gênée par la situation à laquelle elle devait faire face. En soit, il n’y avait rien de dramatique, surtout qu’elle se précipitait pour aider le malheureux client potentiel qui avait de grandes difficultés à entrer dans la boutique avec son fauteuil roulant. En même temps une rien mettait la blonde mal à l’aise et, en l’occurrence elle n’y pouvait pas grand chose. D’ailleurs, le problème s’était déjà présenté, les vieux locaux commerciaux du Queens n’étaient pas réellement adaptés pour accueillir les personnes à mobilité réduite, c’était triste et dommageable. Faire des travaux d’adaptation coutait cher et prenait du temps, elle savait que Joseph, son patron et propriétaire de l’endroit, était plus que conscient du problème et qu’il cherchait une solution activement ne voulant certainement pas empêcher les personnes en fauteuil roulant d’entrer dans son magasin. En attendant, lorsqu’Ivy était derrière son comptoir, ce qui était la majorité de son temps de travail, elle faisait de son mieux pour venir en aide à toute personne en difficulté. Elle n’avait d’ailleurs pas à se forcer, c’était dans sa nature d’être toujours à l’écoute des autres, aux petits soins même pour des inconnus. Heureusement, l’homme, même s’il semblait perdu et un brin dépité de la situation n’avait pas l’air revendicatif ce qui facilitait la tâche à la blonde qui pouvait fondre en larmes à la moindre émotion un peu trop forte.- C'est pas grave... ça me gêne surtout de vous embêter... Toujours aussi gênée mais un peu soulagée par cette réponse, Ivy avait sourit faiblement essayant d’afficher un air rassurant et compatissant à l’homme en face d’elle avant de faire diversion en lui demandant s’il avait déjà une idée de ce qu’il voulait, question peut être un peu rapide étant donné que l’homme en fauteuil était encore sur le pas de la porte du magasin et n’avait toujours pas réussi à entrer. Mais quand Ivy était mal à l’aise, elle avait la mauvaise manie de trop parler et de dire, souvent, des choses pas forcément cohérentes. - Je... non, en réalité, je suis perdu... mais les pâtisseries de la vitrine me donnaient envie aussi... pouvez vous m'aider à rentrer ? Je peux me lever si jamais c'est plus facile pour faire rentrer le fauteuil... Il se plie... Je peux faire quelques pas si je me tiens... Ivy avait acquiescé d’un signe de tête franc se mettant tout de suite à l’ouvrage pour aider l’homme à entrer. Elle déplaçaa une tables et les chaises qui se trouvaient autour pour donner plus d’espace dans l’entrée de la boutique et après quelques minutes, avec l’aide plus que précieuse d’un autre client, qu’Ivy avait l’habitude de voir plusieurs fois par semaine, l’homme était enfin à l’intérieur du magasin. « Vraiment désolée, encore une fois. Jo’ est en train de voir comment on pourrait adapter les lieux pour rendre l’accès plus facile mais c’est pas évident apparement… Si je peux me permettre je crois que vous avez bien fait de vous perdre par ici, nos pâtisseries vont vous requinquer, ça ne fait aucun doute ! » Elle avait légèrement rit en terminant sa phrase. Parler des pâtisseries lui permettait de faire passer la gêne et, si cette homme avait décider d’entrer ici, c’était aussi pour ça et non pas pour discuter avec une idiote bafouillant sans cesse des excuses. Il devait en entendre assez souvent alors inutile qu’elle en rajoute encore une couche. Elle avait donné une carte des boissons et des différents gâteaux au nouveau venu et avait été prendre la commande de l’autre client arrivé ensuite dans le magasin. -Est ce qu'il serait possible d'avoir une bouteille d'eau ? et ensuite, je crois que je vais me laisser tenter par un cupcake et un muffin au chocolat s'il vous plait... Ca me donne bien envie... Elle hocha la tête dans un signe positif, un sourire franc affiché sur le visage. Son travail avait sans doute des airs de job étudiant mais Ivy l’affectionnait tout particulièrement et ce pour bien des raisons. « Pas de problème, je vous apporte ça tout de suite ! » La commande fut rapidement préparé, une bouteille d’eau sortie du réfrigérateur et les deux gâteaux qu’elle pris sur la devanture. Les commandes les plus longues à préparer étaient bien évidement celle avec des boissons à base de café, de chocolat ou même les milk-shakes et les smoothies étant donné que tout était fait maison et préparé à la commande. Elle apporta ensuite le tout sur un petit plateau à son nouveau client. Elle allait repartir quand il l’interpela. - Est ce que... vous pourriez peut être m'aider à retrouver mon chemin ? Je veux dire... Je me suis perdu et si je rentre pas d'ici une heure et demi, je crois que je me fais tuer parce qu'il sera trop inquiet...  [/b] Ivy l’avait observé, d’abord interdite, le temps de comprendre ce qu’il lui demandait. Quand elle ne s’attendait pas à ce qu’on lui parle, comme c’était le cas à l’instant, elle avait tellement tendance à se mettre dans sa bulle qu’il lui fallait quelques instants pour comprendre ce que l’on venait de lui dire et reprendre ses esprits. L’homme était attendu apparement, elle ne savait pas qui était ce il, son frère, son petit ami ou simplement un ami, d’ailleurs cela importait peu finalement, elle sortie son téléphone avant de prendre la chaise en face de l’homme qu’elle venait de servir pour lui venir en aide aussi efficacement qu’elle le pouvait. « Oh bien sûr ! Ca serait bête quand même ! Ou habitez vous ? Mon sens de l’orientation laisse à désirer mais avec google maps je devrait être en mesure de vous aidez… » Elle avait sourit, ravie de pouvoir être utile à son nouveau client. Ivy se plaisait à aider les autres c’était un peu ce qui donnait un sens à sa vie. Par contre, sur ce coup là, elle aurait besoin de son smartphone car, si elle se fiait à son sens de l’orientation, l’homme risquait de se retrouver à l’opposé de l’endroit où il voulait se rendre.

Ivy faisait de son mieux pour que le nouveau venu se sente à l’aise après son arrivée difficile dans la boutique. Elle n’était pas handicapée, du moins elle possédait toute sa mobilité physique, mais elle savait beaucoup trop bien ce que cela faisait que de se sentir à l’écart des autres, inadaptée au monde qui nous entoure et elle voulait, autant que possible éviter aux autres de savoir ce que cela faisait, de le leur faire ressentir et encore moins chez Jo’. Le patron du café était un être d’une extrême bienveillante et c’était certainement pour cela que ça avait si bien collé entre eux, dès le début, malgré la timidité de la jeune femme et son manque d’expérience pour le poste. Joseph était la joie de vivre personnifié et il regrettait assez souvent la mauvaise adaptation de son café pour les personnes en fauteuils roulants. Ivy avait été mise extrêmement mal à l’aise par la situation et elle était aussi très attristée, certainement encore plus que le principal concerné. C’était son principal problème face à la moindre contrariété ou à un évènement inattendu elle était envahie par un flot d’émotions, plus souvent négatives que positives d’ailleurs, qu’elle ne parvenait pas à contrôler ou à réguler. Cela lui donnait souvent l’air étrange, déphasée peut être et elle était bien consciente qu’elle pouvait en devenir effrayante pour un regard extérieur. Heureusement l’homme ne semblait pas plus perturbé que cela par son comportement, il n’avait pas l’air gêné non plus et beaucoup de sympathique semblait émaner de lui. Ivy aurait dû s’en douter, les personnes qui subissent le plus les mauvais coups de la vie sont souvent les plus bienveillantes avec leur entourage. Peut-être qu’elle en aurait la confirmation pour son interlocuteur si leur conversation se poursuivait au-delà de la simple commande. Rapide et efficace, la commande fut rapidement passée et Ivy s’attela à la préparer au plus vite. Après l’entrée en matière difficile elle refusait de faire trop patienter son nouveau client. Le plus vite qu’elle put, tout en prenant soin de ne rien oublier et de préparer un plateau présentable, elle amena sa commande à son client, un léger sourire aux lèvres, chaleureux mais encore emprunt de son malaise précédent. Lorsque l’homme aux cheveux bruns lui demanda de l’aide pour retrouver son chemin, Ivy perçu cette demande comme une manière de se racheter. Elle savait que ça n’était pas de sa faute si la boutique n’était pas très adaptée pour accueillir les personnes à mobilité réduite mais elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle devait se faire pardonner et, se faisant, faire pardonner son patron pour ce problème logistique qui aurait pu le faire fuir à la première seconde. Rapidement, la blonde avait dégainé son smartphone tout en s'asseyant sur la chaise vide en face de son client. Je suis désolé, je passe pour un idiot, mais je ne sais pas utiliser tout ça... A vrai dire, y'a quelques mois je ne me serais pas perdu bêtement, je n'étais pas non plus dans un fauteuil roulant et j'aurai vécu avec mon temps et j'aurai des souvenirs de tout ça... Disons que  je ne sais plus vraiment utiliser ce genre d'appareil... Ivy n'avait pas pu cacher son air un peu surpris à ce qu'elle venait d'entendre. Ce n'était pas tant le fait qu'il avait l'air d'ignorer complètement ce qu'était Google Map ou comment se servir de son téléphone portable, certaines personnes n'étaient pas très à l'aise avec les nouvelles technologies cela n'avait rien d'étonnant pour Ivy. En revanche, le reste de ses mots interloqua la demoiselle. De ce qu'elle comprenait, cet homme était un accidenté de la vie et il subissait, en plus de se retrouver assis dans un fauteuil, une sorte d'amnésie. Un peu comme elle finalement, à la différence que dans son cas à elle ça n'était que certains souvenirs, les plus douloureux, que son cerveau avait choisi d'occulter. Elle resta silencieuse quelques secondes,   cherchant ce qu'elle pouvait bien dire de réconfortant face à tout cela. Après quelques secondes elle repris un semblant de contenance, elle s'empara du papier que le brun lui tendait avec son adresse indiquée dessus et, avant d'entrer l'adresse sur l'application de géolocalisation, elle repris la parole. « C'est vrai ? Mais c'est terrible de perdre la mémoire comme ça j'imagine... Et, pour le fauteuil ? Vous avez l'espoir de pouvoir remarcher comme avant un jour ? » Elle s'était stoppée dans ses questions, se rendant compte qu'elle allait peut être un peu trop loin et que l'homme qui était venue ici pour étancher sa soif et déguster des délicieuses pâtisseries n'avait peut être pas envie de raconter sa vie et notamment des évènements douloureux à une inconnue. « Excusez moi, j'ai certainement été indiscrète. Vous n'êtes pas obligé de répondre ne vous inquiétez pas » La blonde avait accompagné sa phrase d'un sourire, le plus doux possible, pour tenter de faire oublier sa question.  Vous pouvez me montrer comment on se sert de tout ça ?  Parce que, je me sens déjà très idiot...Mais si vous n'avez pas le temps, je comprends, ne vous inquiétez pas... « Bien sûr, ça sera avec plaisir, je ne suis pas une spécialiste de ce genre d'appareils mais vous allez voir c'est très facile quand on sait faire ! » Elle avait donc rapproché sa chaise de l'homme pour se mettre à côté de lui et pouvoir lui expliquer la manipulation à réaliser. Le téléphone du brun en main, elle commença sa démonstration en lui montrant d'abord l'icone de l'application qui se trouvait déjà installée sur son téléphone, comme sur la plupart des smartphones puisque c'était une application qui s'y trouvait souvent par défaut. Tout en prenant son temps elle poursuivit la manoeuvre en entrant l'adresse qu'il lui avait indiquée dans le champ prévu à cet effet. Rapidement, une fois la fonction GPS activée sur le téléphone, le lieu recherché , ensuite avec la fonction itinéraire, Ivy arriva rapidement à ses fins. C'était une fonctionnalité dont elle se servait régulièrement, même pour se rendre dans des endroits qu'elle connaissait déjà car elle avait toujours peur de se tromper de chemin. « Et voilà, quand vous partirez vous n'aurez plus qu'à appuyer ici pour avoir un guide en temps réel en fonction de votre progression sur le trajet »  Elle lui avait adressé un large sourire, ravie d'avoir pu l'aider en espérant qu'elle avait été assez claire dans ses explications.

Heureusement le nouveau venu semblait s’adapter assez facilement et ne pas avoir la rancune tenace. Ivy était d’ailleurs assez admirative de cette capacité d’adaptation malgré sa situation. Elle, qui n’avait pourtant pas autant de problèmes, qui pouvait passez inaperçue partout, entrer partout sans difficulté et, en théorie sans avoir besoin de l’aide de qui que ce soit, avait bien du mal à se sentir à l’aise quelque part et surtout pas dans un lieu inconnu comme l’était ce café pour cet homme. Peut être que la boutique de Jo’ avait un espèce de pouvoir magique sur quiconque y pénétrait parce que, du plus loin qu’elle s’en souvienne, la première fois qu’elle était entrée ici pour son entretien d’embauche, le premier entretien avec Joseph, même si elle était angoissée, stressée à l’idée de ce qu’elle était en train de faire et à la simple idée de penser qu’elle essuierai probablement un refus du fait de son manque de qualification, il ne lui avait fallu que quelques secondes pour se sentir bien, à l’aise avec Jo’. Il avait l’art et la manière de délier les langues et de réchauffer les coeurs et sa petite boutique était tout à son image. Quoi qu’il en soit, le nouveau venu semblait d’ors et déjà à l’aise et cela rassurait Ivy. Ce qui lui plaisait dans son travail c’était de pouvoir faire sourire les gens, c’était simple et peut être idiot mais cela lui faisait du bien, elle si triste, si blessée et meurtrie, elle qui avait des pensées parfois si sombres, elle avait besoin de voir qu’elle était capable d’aider autrui, de faire se dessiner un sourire sur les lèvres de ses interlocuteurs même si cela ne passait que par la commande d’une boisson chaude ou froide ou d’une succulente pâtisserie. C’était important dans sa reconstruction et c’était pour cette raison qu’elle aimait tant ce travail. La conversation s’était engagée très facilement avec cet homme inconnu et Ivy s’était retrouvé à poser des questions qu’elle jugea elle même, après coup, assez indiscrète. Par chance son interlocuteur avait vraiment l’air d’être quelqu’un de gentil et de patient, il ne s’en offensa nullement et accepta même sans tabou de répondre aux interrogations qu’elle pouvait avoir.  
J'ai juste perdu trente ans de ma vie et je crois que c'est très dur pour mes proches quand je pose des questions sur des choses que je suis censé connaître... Pour le fauteuil, d'ici quelques semaines je devrais remarcher... La blonde était bouchebée par l’histoire que lui racontait l’homme, elle s’était laissée tombée sur la chaise libre en face de lui. C’était quelque chose d’horrible qui lui était arrivé. Perdre la mémoire… sur trente ans en plus… Cela devait être très difficile, éprouvant, pour ses proches certes mais surtout pour lui. C’était dans des cas comme ça, après des rencontres comme celle-ci qu’Ivy culpabilisait un peu de sa situation. Elle avait fini à l’hôpital parce que ses nerfs avaient craqués pour quelque chose de finalement tellement futile… Elle se sentait honteuse d’être à ce point peu courageuse et si faible face à cet homme qui lui inspirait, en plus de la sympathie, un profond respect. Il enchaina avant qu’elle n’ai pu trouver les mots pour répondre, ses pensées tournant à mille à l’heure dans son crâne.
Non ça ne me gêne pas de répondre à vos questions, en réalité j'suis content de pouvoir passer un moment à discuter avec quelqu'un d'autre que mon ami à qui je brise le coeur à chaque fois que j'ouvre la bouche pour poser une question je crois... Le brun était vraiment une personne gentille, Ivy le sentait et ses propos le confirmait, il acceptait de lui parler de ce qu’il avait vécu alors que cela avait sans doute été très traumatisant. Dotée d’une empathie sans limite, elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver une compassion excessive pour son client, face à ce drame qui lui était arrivé, au point de ressentir un léger pincement au coeur comme si elle vivait un peu sa situation. Sur un point, elle pouvait se comprendre : faire du mal à ses proches. Ca, elle savait faire, c’était même devenu sa spécialité. Elle avait déçu tant de monde lorsqu’elle avait déraillé, sa mère en premier lieu, qu’elle n’avait plus revu depuis, trop honteuse pour aller la voir, et puis son fiancé. Elle était si triste, si mélancolique qu’elle avait fini par lui gâcher la vie et peut être la santé et il avait préféré s’éloigner d’elle, la fuir. Mais c’était ce qu’elle méritait, d’être seule parce qu’elle était, visiblement, un oiseau de mauvais augure, tous ses proches finissaient par mourir… « Mon dieu… trente ans de mémoire perdu. Je n’ose même pas imaginer ce que cela doit faire ! Je suis par contre ravie de savoir que vous allez retrouver l’usage de vos jambes ! » Et elle ne faisait pas semblant. Ivy était une des rares personnes à savoir se réjouir réellement pour les autres même face à de toutes petites joies. Lorsque ça la concernait, elle n’était pas capable de voir le positif mais, lorsque c’était pour les autres, elle décelait et tentait toujours d’amplifier la moindre petite étincelle de joie ou d’espoir. Camille avait repris détaillant un peu plus les circonstances qui l’avait conduit à cet état de fait. On m'a tiré dessus, j'étais...Enfin je suis policier apparemment, et on m'a tirer dans la poitrine, en tombant ma tête a fortement cogné contre le trottoir et j'ai fais trois mois de coma après l'opération et je me retrouve perdu, dans ce fauteuil roulant... Heureusement j'vais retrouver ma mobilité mais il faut le temps que je me remuscle.... Bref, j'espère surtout recouvrer ma mémoire... Parce que c'est affreux de vivre dans un nouveau monde très inconnu... . Ivy avait sentit des légers frissons la parcourir et son coeur se serrer alors qu’il racontait cette histoire glaçante avec, pourtant, un certain détachement. Elle avait un respect sans borne pour les forces de l’ordre, les médecins et toutes ses professions qui venaient en aide aux autres jusqu’à parfois risquer leur vie pour protéger des inconnus. Elle était très admirative mais sa sensibilité à fleur de peau la faisait se sentir plus mal que de raison devant ce qui était arrivé au policier. Elle resta silencieuse quelques secondes, fixant son interlocuteur avec compassion puis elle repris timidement la parole, ayant alors l’impression que rien de ce qu’elle pourrait dire ne serait à la hauteur de ce qu’elle venait d’entendre. « C’est vraiment… on croirait un scénario de film policier, quel horreur ! Vous avez l’air très courageux en tout cas et bien entouré. » Bon, elle ne le connaissait pas et elle s’avançait peut être un peu trop mais quelques instants plus tôt, au début de la conversation, il avait confesser que s’il ne rentrait pas dans les temps une personne le tuerai, cela signifiait donc qu’il y avait quelqu’un, qui que ce soit, pour s’inquiéter pour lui et Ivy se sentait un peu rassurée. Après un tel traumatisme était il possible de rester seul et de se reconstruire sans l’aide bienveillante de ses proches ? Elle se le demandait franchement étant donné qu’elle, qui n’avait pas subit la moitié de ce que lui racontait le policier accidenté, ne parvenait pas à se remettre de ce qui lui était arrivé alors que, quelque part, c’était un peu elle même qui avait provoqué sa propre chute… enfin c’était une autre histoire et, pour l’heure, elle focalisait toute son attention sur l’homme en face d’elle, s’appliquant à l’aider du mieux qu’elle le pouvait, pleine de compassion et d’empathie, encore plus maintenant qu’elle connaissait l’histoire. C’est avec grand plaisir et beaucoup d’application que la jeune femme se transforma donc brièvement en professeur d’informatique bas de gamme pour montrer au policier comment se servit de l’application google map, l’air triomphant elle lui rendit son téléphone une fois le trajet dessiné sur l’écran, prêt à accompagner l’homme jusqu’à son domicile. Merci beaucoup ! C'est... Mon dieu ça me sauve la vie... Je crois que j'allais me faire tuer si j'appelais Alejandro en catastrophe pour lui dire que j'm'étais perdu... Ou je crois qu'il s'inquièterait un peu trop. C'est... je comprends qu'il s'inquiète, mais je n'ai plus envie d'être un poids pour personne... Elle avait répondu au brun par  un sourire large et sincère, vraiment heureuse d’avoir pu se rendre utile et l’aider. Le dénommé Alejandro devait être le fameux ami dont il lui avait parlé un peu plus tôt. Ivy trouvait cela touchant et rassurant qu’il ait quelqu’un pour s’inquiéter à ce point pour lui. Elle… ça n’était pas son cas ou du moins ça ne l’étais plus. Depuis son retour d’hospitalisation, elle n’avait repris contact avec aucune de ses anciennes connaissances, bien trop honteuse à la simple idée de devoir évoquer, même sans entrer dans les détails, les raisons de sa disparition soudaine. Jo’ serait certainement le seul à s’inquiéter pour elle en ne la voyant pas arriver au travail sans prévenir mais sinon…  Elle était soulagée, quelque part, de savoir que Camille n’était pas dans ce cas, il avait l’air d’être quelqu’un de bien et il ne méritait pas d’être seul, elle en était convaincue sans le connaitre.« Si je peux me rendre utile c’est toujours avec plaisir ! Et si je peux éviter un meurtre c’est pas mal aussi ! » Elle avait rit à la fin de sa phrase, faisant allusion à ce qu’il venait de dire. Elle avait finit de l’aider mais elle était restée là, assise sur la chaise en face de lui, la conversation était agréable et, comme il n’y avait pas d’autre client à servir, elle voulait profiter un peu de son temps pour faire connaissance avec ce nouveau client. MMh un délice, c'est vous qui les faites ? En tout cas, j'adore ! Cette fois ce fut un très large sourire qui se dessina sur les lèvres de la jeune femme, venant illuminer son visage. Elle aimait entendre les compliments des clients sur les pâtisseries et les boissons vendus au café, elle se disait qu’elle aussi apportait un peu de bonheur aux clients, l’espace de quelques secondes et cela lui faisait du bien, la sortait un peu de l’obscurité dans laquelle elle vivait depuis de si longs mois. Et puis Jo’ mettait tellement de coeur à l’ouvrage, qu’elle était toujours ravie de pouvoir lui rapporter les multiples compliments des différents clients sur les produits qu’il fabriquait et vendait dans son café.« Oui, tout est fait maison ici avec des produits de saison et les plus locaux possible. Ce sont les recettes personnelles du  patron, je lui transmettrait le compliment ! Pour le moment je l’aide à les faire mais qui sait, peut être qu’un jour il me laissera aussi faire mes propres essais. » Autant parfois Ivy pouvait être d’une grande mélancolie, autant parfois, comme à cet instant, elle était joyeuse et s’emballait un peu, parfois pour rien. La pâtisserie était une véritable passion pour elle, qu’elle avait découvert lors de son hospitalisation qu’elle avait longtemps cru sans fin et elle était heureuse, dans cette nouvelle vie, de pouvoir travailler dans ce métier. Elle n’était pas que serveuse ici, elle participait aussi à la confection des produits et, Jo’ lui avait dit que, lorsqu’elle se serait fait la main sur ses recettes à lui, elle pourrait s’essayer à quelques nouveautés issues de son imagination à elle et cette perspective la ravissait autant qu’elle la tétanisait. Y'a longtemps que vous êtes installé là ? Je crois que je repasserais rapidement commande pour en ramener chez moi... . Les mots du brun lui réchauffait le coeur, elle se sentait soudain légère et joyeuse comme cela ne lui arrivait pas souvent. S’il comptait repasser commande c’était qu’il appréciait réellement les pâtisseries qu’il avait choisi. Ivy lui adressa à nouveau un grand sourire. « Pour ma part je travail ici depuis seulement trois mois. Jo’, le patron, s’est installé il y a quelques années maintenant et il a un certain nombre de clients fidèles. Je pense que sa bonne humeur et la qualité de ce qu’il propose ont contribué à sa réputation. Et bien finalement vous avez bien fait de vous perdre, ça vous aura au moins permis de découvrir le café ! » Ivy avait sourit tout en lui tendant une petite carte de visite avec les coordonnées du magasin afin qu’il puisse facilement revenir quand l’envie lui prendrait. La boutique ne payait pas de mine, lorsqu’elle habitait à Manhattan, dans son ancienne vie, Ivy n’avait jamais vu ou entendu parler de cet endroit, ou peut être que si mais elle n’y avait alors pas fait attention. De toute façon, elle n’avait le temps de rien avec son travail si prenant et le Starbucks en bas du building où elle travaillait à l’époque faisait amplement l’affaire pour son petit déjeuner. Le café de Joseph n’avait strictement rien à voir avec toutes ses grandes chaines et Ivy ne pouvait qu’en venter les mérites à chaque occasion qui se présentait.

Ivy admirait la facilité avec laquelle Camille parlait de son handicap. Certes ça n’était apparement que provisoire mais il démontrait une certaine force de caractère qu’admirait Ivy. Et comment ne pas être admiratif de Camille qui continuait à vivre sa vie, comme il le pouvait malgré le coup dur qui lui était tombé sur la tête. Ivy, elle, n’avait pas cette force là, il lui en avait fallu bien moins pour tomber et elle était resté à terre longtemps. Aujourd’hui elle estimait d’ailleurs qu’elle ne s’était pas encore relevée, elle essayait simplement mais certains jours elle n’était vraiment pas sûre de parvenir à retrouver le gout de la vie. C’était peut être triste à dire mais elle avait l’impression que toute cette noirceur, toute la peine et la souffrance avec laquelle elle vivait, ne la quitterait jamais un peu comme si c’était une partie d’elle. A tel point d’ailleurs, qu’elle n’était même plus capable de se rappeler vraiment des instants de sa vie où elle n’avait pas été accompagné par toutes ses émotions négatives, cette sensation d’étouffer. Disons que je suis perdu et c'est agaçant de toujours devoir demander à quelqu'un parce que je n'arrive pas à me débrouiller tout seul... Il me tarde de retrouver un peu ma mobilité et motricité... J'aime pas vraiment déranger... Ivy était heureuse d’apprendre qu’il allait au moins retrouver sa mobilité et, elle espérait de tout coeur qu’il retrouverait la mémoire. Elle ne connaissait pas cet homme, elle venait tout juste de le rencontrer et pourtant, dans sa bienveillance légendaire, elle lui souhaitait déjà tout ce que la vie pouvait lui réserver de meilleur. En tout cas cette rencontre, même assez brève, la marquerait certainement. Elle n’était pas prête d’oublier cette force de caractère dont le brun faisait preuve et qui l’impressionnait réellement. Elle aurait aimé être capable d’en prendre de la graine mais elle se sentait bien trop fragile pour ça. Elle ne pouvait en tout cas que comprendre Camille lorsqu’il disait ne pas aimer déranger, elle non plus, elle essayait toujours de se faire discrète pour être sûre de ne gêner personne et elle avait toujours tendance à s’effacer pour ne pas risquer de faire de l’ombre ou de déranger qui que ce soit. C’était peut être un peu extrême mais elle ne savait pas vraiment comment agir autrement tant elle avait à coeur de toujours valoriser les personnes qui pouvaient croiser sa route. L’homme avait ensuite raconter sans filtre les circonstances de l’accident qui l’avait conduit dans ce fauteuil et Ivy était restée sans voix, incapable de trouver des mots à la hauteur de ce qu’elle venait d’apprendre. Ouais, sauf que là, c'est malheureusement réel...Et je crois surtout que ce sont les risques du métier, je me suis engagée dans cette voie-là, je suppose que je savais pertinemment ce que je faisais... Certes il avait un métier dangereux mais de là à considérer que c’était l’un des risque que de manquer de mourir. Devant le sourire amusé de Camille, Ivy n’avait pu s’empêcher de sourire à son tour avant de répondre en riant légèrement, donnant à nouveau un peu de légèreté à cette conversation. « C’est sur que c’est moins risqué de travailler dans un café ! ». A part apaiser un conflit entre deux clients voulant la dernière part de cake citron pavot, elle ne prenait pas de grands risques ici et c’était quelque chose qui lui convenait. Après les derniers mois qu’elle avait passé elle n’était plus vraiment capable d’être soumise au stress intense qu’elle pouvait parfois connaître dans son ancienne vie. Alors elle ne parlait même pas d’un métier comme celui de Camille, c’était impensable pour quelqu’un comme elle. Ivy sourit plus largement en voyant que l’homme semblait se régaler avec les pâtisseries qu’elle lui avait servit. Chaque jours les mets proposé à la vente étaient préparés avec attention par Joseph mais aussi par Ivy et, pour la jeune femme mais aussi pour son employeur, voir les clients déguster les pâtisseries avec appétit était la meilleure des récompenses.Vous êtes vous aussi pâtissière ? Enfin, je demande ça parce que vous dites espérer que votre patron vous laisse faire... Pourquoi pas lui demander un essai pour justement le surprendre ?  . La blonde avait sourit, ravie de parler de pâtisserie avec un client et d’avoir de quoi répondre, pour une fois tant le sujet de conversation était inspirant pour elle. « Je fais quelques pâtisseries chez moi, je teste des trucs. Je suis arrivée ici il y a peu et pour le moment j’essaie d’apprendre et de maitriser chaque recette de Jo’. Quand j’aurais fait mes preuves il a assuré qu’il me laisserait parfois proposer certaines de mes créations aux clients ! Parfois on fait des petites soirées à thème et je participe à la création de la carte proposée spécialement pour l’occasion. Joseph est vraiment un super patron ! » Et elle ne disait pas du tout cela pour essayer de donner la meilleure image possible de son lieu de travail pour inciter les clients à revenir. Elle était sincère et elle pensait chacun des mots qu’elle venait de dire. Joseph était un patron en or, il était bienveillant et encore plus avec sa nouvelle employée. Il ne connaissait pas l’histoire d’Ivy mais il avait rapidement remarqué que quelque chose clochait chez elle et il se montrait toujours encourageant, il lui donnait beaucoup de force chaque jour et la motivation nécessaire pour aller de l’avant. Elle devait encore faire ses preuves certes mais Jospeh était toujours derrière elle, c’était son meilleur supporter et il passait son temps à l’encourager chaque jour. Bientôt elle pourrait proposer ses pâtisseries mais pour le moment elle n’était pas encore prête à soumettre ses créations à l’avis d’autre personne, celui de Joseph lui suffisait pour le moment d’autant que l’homme était un fin gourmet et elle prenait chacun de ses conseils pour tenter de s’améliorer. Ouais j'ai bien fait de me perdre, et j'vais noter l'adresse pour la prochaine fois, je tenterais de pas me perdre et surtout je tenterais d'apprendre à utiliser le téléphone et toute les applications... [/b] Un large sourire était venu illuminé le visage de la jeune femme. Ca n’était pas si souvent que cela qu’elle affichait une mine réjouie aussi sincère qu’à cet instant mais elle était tellement heureuse d’avoir pu arranger un peu la journée de Camille. Et puis, pour couronner le tout, il avait apprécier le café et ses petites douceurs ce qui mettait réellement du baume au coeur à la blonde, c’était précisément dans ce but qu’elle s’était engagée dans cette voix professionnelle à sa sortie de la clinique. « J’espère que vous reviendrez me montrer vos progrès avec la nouvelle technologie ! Et qui sait la prochaine fois que vous mettrez les pieds ici peut être que vous pourrez gouter l’une de mes créations. » Il n’y avait pas à dire, le courant passait bien entre la serveuse et ce nouveau client qui était entré ici complètement par hasard. Parfois la vie était bien faite et aujourd’hui elle avait apporté un peu de bonheur à Ivy, comme une petite parenthèse agréable dans ses journées difficiles où la peine et la douleur avaient souvent les premiers rôles. En tout cas, merci, vous êtes vraiment ma sauveuse... Je vais devoir aller... Merci beaucoup pour votre aide... Je promets de repasser dès que mes jambes me le permettent... J'adore vraiment vos pâtisseries ! Merci encore Ivy.... Ivy avait sourit, ravie d’avoir pu se rendre utile et d’avoir apporté un peu de réconfort à une personne de passage. « Mais de rien, si j’ai pu vous aidez j’en suis ravie. La prochaine fois n’hésitez pas à venir avec votre ami aussi, ça sera un plaisir de le rencontrer ! » Elle avait salué l’homme d’un signe de la main, un sourire chaleureux sur le visage puis pendant quelques minutes encore elle l’avait suivi du regard à l’extérieur de la boutique, l’esprit un peu plus léger après cette rencontre agréable. Elle se sentait plus légère et cela durerait certainement encore quelques heures jusqu’à ce que ces angoisses ne reviennent l’écraser sous leur poids trop lourd pour elle.