bad at love. (ashley)

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Elle ne devrait pas être là, Isabella.
Elle ne devrait pas être, ici, dans cette rue que ses escarpins ont si souvent foulé. Elle ne devrait pas être, ici, devant ce bâtiment où elle s’est si souvent arrêtée. Elle ne devrait pas être, ici, devant la porte de ce loft venu tout droit du passé. Lui reviennent les fragments d’autrefois, les souvenirs inoubliés, il y a seulement cinq années… une éternité.

Elle ne devrait pas être là, Isabella.
À la recherche d’un amour cendré. Un amour qu’elle a décidé d’abandonner. Une relation qu’elle a choisi d’arrêter. Elle ne devrait pas être là, Isabella, en quête d’Ashley.

Pourtant, elle est bien là.

Ses pas l’ont guidée plus que son esprit torturé. Comme un instinct venu tout droit du passé. Parce que, peut-être, il a su voir en elle cette lumière il y a cinq ans. Il a su voir le meilleur en elle quand elle ne voit toujours que le plus sombre, le plus tortueux, le plus monstrueux. Parce que, peut-être aussi, elle sait qu’il n’a jamais été effrayé par ses ténèbres. Toujours persuadé, contrairement à elle, qu’il était à cet égard bien pire qu’elle. C’est dans l’obscurité qu’elle part le retrouver. La nuit est noire, ce soir, autant que son âme. Elle est, l’écorchée vive, à la recherche d’une étoile.

Une étoile pour la guider,
un cœur pour l’aimer,
une âme pour l’apaiser.

Partir se réfugier auprès de son ex n’est sans doute pas la chose à faire. L’erreur classique d’une femme en quête d’elle-même. À souffrir encore, constamment, dans sa relation la plus récente, elle va chercher dans le passé ce qu’elle n’a jamais su garder. La stabilité, la douceur, la confiance en un avenir qui paraît toujours beaucoup trop sombre. Elle ferait souffrir Nikolaï, elle le sait, seulement s’il apprenait l’existence de cet ancien amant. Cet autre amour, datant de cinq ans. Mais la poupée trop écorchée n’y songe pas, pas à cet instant. Pour la première fois depuis longtemps, elle pense à elle, seulement à elle. À celui que son cœur défectueux appelle.

Comme un cri venu du plus profond d’elle,
un putain d’appel à l’aide.

Elle sonne à la porte. Le cœur qui bat étonnamment vite, la belle torturée réalise trop tard qu’elle débarque, sans prévenir, au beau milieu de la nuit. Trop tard, parce que la lourde porte en marbre finit par s’ouvrir. – Bonsoir, je… Elle ne peut pas dire qu’elle passait par là. Pas à cette heure-là. Elle ne peut pas prétendre qu’elle avait une raison légitime, urgente, de le voir soudainement. Elle ne sait même pas, Isabella, ce qu’elle fiche ici. Mais c’est trop tard pour s’enfuir. – Je peux entrer ? Et, jamais, en temps normal, elle n’oserait faire une chose pareille. L’intrusion chez les autres, surtout si tard, n’est pas ordinaire. Mais elle n’est sans doute pas dans son état normal, ce soir, Isabella. Le minois dénué de maquillage, vêtue avec sobriété, la nymphe a l’apparence plus juvénile, que d’ordinaire, presque… fragile. Loin de la New-yorkaise si sophistiquée, elle laisse entrevoir une parcelle d’elle bien cachée, la beauté tout en vulnérabilité. Cassable, comme une poupée qui risquerait à tout instant de se briser. Ou qui l’a peut-être déjà trop été, et cherche, seulement, à se réparer.

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Il ouvre, Ashley. Et sourit lorsqu’il l’appercoit.

Un sourire qui lui est propre, qu’il n’offre qu’à elle. Isabella. Loin de ce sourire carnassier qu’il affiche, habituellement. Loin aussi, de ce sourire hautain, de ce sourire trompeur qui dissimule un danger certain.

Il lui ouvre et lui ouvrira toujours. Peu importe le jour et l’heure. Peu importe qu’il soit seul, ou non. Peu importe les années qui les séparent, Isabella et lui. Et peu importe l’état de son coeur, ou ce qu’il en reste, lorsqu’elle repartira, ensuite, l’abandonnant une fois de plus à son pauvre sort. Isabella passera toujours avant toutes les autres.

Alors, Ashley la fait entrer.

Et s’il lit en elle, comme dans un livre ouvert, qu’il sait ce qu’elle pense, qu’il devine qu’elle regrette déjà, d’être venue.
Le grand blond ignore c’est ce qui l’emmène.

Et pourtant, c’est sans un mot, qu’il la laisse entrer. Il l’observe de loin. Les lambeaux du palpitants qui se serrent dans sa poitrine, alors qu’il distingue aisément le désespoir chez la femme qu’il a aimé et qui le hante toujours. Incapable de l’oublier ou de tourner véritablement la page. Incapable d’oublier ses traits, ses habitudes. La manière dont elle se mordille la lèvre parfois, et l’envie irrépressible de l’embrasser lorsqu’elle le fait. La façon dont elle joint ses longs doigts fins, lorsqu’elle doute, qu’elle n’est plus en contrôle de son univers. Ce besoin de tout maîtriser, surtout, d’être plus parfaite encore, qu’elle ne l’est déjà. Sans tous ces artifices que sont le maquillage, et les vêtements de grands couturiers. Inconsciente de sa beauté naturelle, alors qu’il l’a toujours préféré ainsi, Ashley. Sans mascara, ni rouge à lèvres.

Toujours silencieux, le colosse cale le verre qu’il sirotait avant que l’écorchée ne cogne à sa porte. Il le boit d’une traite pour se donner du courage, pour calmer ses tremblements. Il se fraie ensuite un chemin jusqu’au bar, et lui prépare son cocktail. Celui qu’elle appréciait à l’époque, et le lui prépare exactement comme elle l’aimait. Refusant d’admettre qu’une éternité les séparent... Et s’en sert un deuxième, avant de la rejoindre, à nouveau.

Il s’en approche, lui tend le verre, puis l’encourage a le suivre au salon. Sa main large contre son épaule frêle. Ashley la guide jusqu’au canapé. Il l’y installe, se pose devant elle. Ne la quitte plus des yeux.

« Tu veux discuter ou abuser de mon corps ? » qu’il lance finalement, à la blague, pour détendre l’atmosphère. Et briser le silence. Plus inquiet, qu’impatient.

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Et d’un sourire, il pousse son âme à la dérive.
De ce sourire qui a toujours eu le don d’illuminer son être autant que de l’apaiser, il l’accueille comme elle n’aurait pas osé l’espérer ; comme elle ne devrait plus le mériter. Car elle ne le mérite plus, Ashley, plus depuis le jour où elle a choisi de l’abandonner.

Elle est partie parce que son cœur ne suivait plus,
elle l’a fui parce qu’elle n’y arrivait plus,

Effrayée de ces battements trop effrénés,
terrorisée que son cœur déjà trop abîmé finisse par imploser.

Elle a fui, Isabella,
comme elle le fait à chaque fois.

Elle a quitté l’homme ; mais pas ses sentiments. La relation inexorable, le lien invisible mais pourtant toujours là, elle revient à lui comme vers un aimant auquel elle ne parvient plus à échapper. Irrésistiblement attirée par celui qui l’a tant aimée, qui l’aime peut-être encore assez pour la laisser entrer. Elle s’immisce dans sa vie, beauté empoisonnée, prête à nouveau à le contaminer. Elle se dit qu’il a les épaules solides, lui. Que, peut-être, elle pourra se reposer quelques instants sur lui pour empêcher l’inévitable chute.

Ou peut-être qu’elle est lentement en train de s’enfoncer,
dans les abysses cendrées de cet amour consumé.

L’âme torturée ne réfléchit plus, une fois n’est pas coutume. Elle se laisse guider à l’intérieur du loft et de ses milliers de souvenirs. Elle se laisse replonger sans retenue dans les réminiscences d’une vie qui n’est plus. Quelques petits détails ont changé, anodins, mais elle se sent comme autrefois elle se sentait, Isa, chez elle. Exactement comme elle se sent toujours chez elle, chaque fois qu’elle est avec Ashley. Comme si, peu importe le temps qui peut passer, il sera toujours gravé en elle ; lié à elle.

Les relations éphémères,
quand l’amour demeure éternel.

Elle approche à pas feutrés du salon, pour observer chacun de ses gestes dans la confection de leurs boissons. L’assurance dans ses mains, la puissance dans ses deux lacs sans fin. Elle sent une vague de chaleur venir, doucement, dégeler le cœur refroidi depuis des jours. Soulagée de se dire qu’il y a des choses qui ne changent pas. Soulagée, surtout, que lui, jamais, ne changera. Et quand elle sent la paume rassurante de sa main se poser contre son épaule, elle réprime l’envie de se blottir tout de suite contre lui. La gorge nouée, la rose abîmée suit son hôte jusqu’au canapé. Elle laisse apparaître l’esquisse d’un trop faible sourire sur ses lippes quand elle goûte au cocktail soigneusement préparé. Son préféré. Ses opales finissent par se relever vers le grand blond et croisent tout de suite ses iris préoccupés. Il essaie de détendre l’atmosphère mais elle sent qu’il est inquiet ; peut-être intrigué. Il est en droit de se demander ce qu’elle peut bien lui vouloir si tard dans la nuit, après tout ce temps passé à le fuir.

Et tu ne sais même pas quelle réponse lui donner,
tu ne sais même pas pourquoi t’es venue le retrouver,
t’as juste eu ce besoin d’être à ses côtés.

Le silence dure, perdure, un peu trop longuement. Elle ne répond évidemment pas à sa question. Peut-être car elle a trop peur de la réponse, trop peur de s’avouer ce qu’elle est bien venue chercher auprès de son ex à une heure pareille. Trop chamboulée, aussi, par toutes les pensées qui l’assaillent et la submergent. Elle voudrait qu’elles se taisent, elle voudrait qu’elles s’arrêtent. – Je fais du mal à ceux qui m’aiment. elle laisse échapper, une vérité qui paraîtrait absurde à ses proches, à ses amis, à ses alliés. À tout le monde hormis ceux qui lui ont donné un cœur qu’elle a brisé. C’est peut-être même pour cette raison qu’elle est venue retrouver Ashley. Parce que lui, il sait. – Je t’assure que c’est la dernière chose que je veux, je… je voudrais tellement… y arriver… à aimer, à être aimée aussi.
Elle voudrait y arriver, Isabella, mais c’est comme si cela lui était impossible.

Pas faite pour aimer,
encore moins pour être aimée,
comme une malédiction instaurée,
un venin que tu distilles dans les cœurs les plus dévoués.

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Silencieux. Et patient. Ashley l’étudie. Il cherche à comprendre, sans y parvenir. Sourcils froncés, son regard océan bien ancré dans les iris d’Isabella. Mais, même lorsque la voix douce de la ténébreuse se fait entendre, le malfrat n’obtient pas de réponse. Les propos de son ancienne petite-amie confirme son état d’esprit, mais, pas la raison de sa présence.

Et puisque les mots sont parfois inutiles, Ashley marmonne. Grogne, afin de lui démontrer simplement qu’il est là, qu’il écoute. Éviter de parler, c’est aussi éviter de lui mentir. Taire la vérité. Celle qu’il a toujours refusé d’admettre à qui que ce soit, incluant lui-même. Elle lui a fait du mal. Plus qu’on ne lui en aura fait durant sa carrière de combattant, et celle de criminel réunie. Plus que quiconque aurait pu lui en faire durant toute une vie. Isabella qui lui a volé son coeur, pour mieux le lui fendre. Isabella qui l’a fracassé, puis, extrait de sa poitrine sans anesthésie. Le laissant ensuite agoniser, en solitaire. Annihilant toutes les chances de l’Australien, d’être un jour heureux, et amoureux. Plus jamais. Et pourtant, le survivant n’a aucun doute, lorsqu’elle ajoute qu’elle n’a jamais voulu faire de mal à qui que ce soit. Il n’y a même jamais songé. Elle n’est pas comme ça, Isabella.

L’irrésistible victime de son propre charme.

« [...] Je… je voudrais tellement… y arriver… » qu’elle ajoute. Et sans savoir exactement de quoi elle parle, Ashley la comprend, pourtant. «  Je sais » qu’il répond simplement, parce qu’elle est foncièrement bonne, la belle. Foncièrement douce, aussi, la petite rose frêle, et fragile, malgré ses épines déchirantes. Le silence qui prend la parole ensuite. Le grand blond prend une gorgée de sa boisson, puis l’abandonne sur l’une des tables basses à sa portée. Sa main droite trouve celle d’Isabella. Il s’en saisie délicatement, alors que sa seconde main vient l’envelopper. « Tu veux bien me raconter ce qui s’est passé ? Qu’est-ce qui t’as mis dans cet état, Isa ? »

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Douce Isabella,
malédiction abyssale,
partout où elle passe,
elle engendre le mal,
chaque cœur qu’elle frôle,
finit en lambeaux,
douce mais fatale.

Elle le sait, l’âme tourmentée, elle a fait souffrir Ashley. Elle l’a quitté alors qu’elle disait l’aimer. Alors que, pour lui, elle aurait tout donné. Elle est partie, seulement, parce que la force de son amour était bien trop lourde à porter. Bien trop intense pour les frêles épaules qui tremblotaient. Elle croyait avoir grandi, depuis, elle croyait avoir mûri. Elle est même allée jusqu’à se marier, comme pour se rassurer ; comme pour se persuader, qu’elle est capable d’aimer. L’union déliée, elle a fini aussi par l’abandonner. Comme elle abandonne tous les êtres sur son passage. Isabella, faucheuse au doux visage, qui pousse aux ravages. Isabella, ange déchue, entraîne dans ses abîmes embrumés tous ceux qui s’essaient à l’aimer. Isabella, ange de la mort, elle écroule les cœurs comme tombent les corps. Fleurissent derrière elle comme autant de carcasses vides les êtres qu’elle a brisés. Meurtrière du cœur, elle se retrouve face au premier homme délaissé, première victime de la rose empoisonnée.

Là où elle a commencé.

Le silence loin d’être équivoque, il confirme sans un mot ce qu’elle sait déjà. Elle lui a fait du mal, tellement de mal, mais il est toujours là. Les océans dans lesquels elle s’est si souvent noyée, ils la scrutent, comme si c’était pour elle qu’il s’inquiétait encore. Comme si elle le méritait encore. Elle laisse les mains du colosse, si grandes, venir envelopper la sienne comme un geste de réconfort. Ou bien c’est du courage qu’il lui offre. – Je ne sais pas par où commencer. qu’elle avoue, la voix lointaine. C’est peut-être sa rupture avec Nikolaï, ce que lui a fait cet homme dans cette cave, ou bien encore juste l’éternel constat. Chaque fois qu’elle frôle le bonheur du bout des doigts, elle s’en éloigne comme si elle avait peur qu’il ne s’abatte comme un château de cartes. – J’ai l’impression que tout part à la dérive. elle murmure, les pupilles qui brillent, la tête qui se détourne. Elle a la gorge nouée, Isabella, alors qu’elle n’a pas même encore craqué. Alors qu’elle n’a encore rien expliqué. – J’engendre le malheur partout où je passe… dans ma famille, avec toi, et maintenant… avec Nikolaï… elle laisse échapper, plus noyée dans ses pensées, que réellement capable de s’expliquer. Le cocktail toujours encerclé par ses doigts délicats, l’âme en peine en savoure une ou deux gorgées plus que nécessaires. – Je ne sais même pas pourquoi tu es encore si gentil avec moi. elle confie en relevant soudain les deux lunes vers Ashley.
Comme une manière de le remercier,
parce qu’il continue,
envers tout,
d’être à ses côtés.

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Isabella, objet de sa tendresse.
Isabella, naïade de l’amour.

Elle lui a tout appris. Elle lui a aussi donné envie d’être quelqu’un d’autre, Isa. Un homme bien, un homme amoureux. Et il l’a été, follement, jusqu’à en perdre pied. C’est ainsi qu’il a été blessé. Elle n’en est pas la seule fautive, elle n’en est pas la cause. Son départ, a été déchirant. Le manque d’elle, le sevrage qu’elle a engendré chez Ashley. L’amant, l’amoureux transi. Sans un mot. L’orgueil qui pointe le bout de son nez, celui qui en a pris un coup. Les mains masculines capturent celles de son ex. Pour ne pas qu’elle le quitte, et pour être là. Simplement, pendant qu’elle cherche ses mots. Écorche le coeur meurtri au passage, en mentionnant celui d’un autre. Piétiné une fois de plus. Il baisse les yeux et se racle la gorge. Ses prunelles sur ce qu’il tient, sur ce qu’il y a de plus précieux. Elle. Encore. Toujours. Et ces mains délicates, tremblantes.

En temps normal, il pourrait en rire aux éclats. C’est qu’il n’est pas reconnu pout être doux, l’australien. Il n’est pas patient, ni gentil, Ashley. Il n’est pas mielleux. Il n’a pas de sentiment, pas de coeur. Mais, à cet instant, c’est un sourire tendre, et carnassier à la fois, qui apparait aux lèvres du colosse. Un sourire qui lui est propre, accompagné de ce sentiment qu’elle est la seule à faire naître chez lui. Une chaleur. Un bien-être intense, malgré l’angoisse du moment. « Probablement pour la même raison que toi... Pour ce qui fait que tu es ici, en ce moment... » qu’il lance, en approchant son visage du sien. Un baiser sur sa joue, au coin de ces lèvres couleurs vermeilles dont il rêve toutes les nuits, depuis qu’il l’a revu. La main masculine venue envelopper les leurs, vient à présent se poser sur l’autre joue de la brune, alors qu’il reste là. Tout contre elle. Joue contre joue, fermant doucement ses paupières. « J’sais pas ce qui s’est passé, exactement, ce soir, ma toute belle. Mais, je sais qu’tu as tort. T’engendre pas la peine. T’engendre pas le malheur, Isa. » Son pouce caresse la peau rougie, douce et chaude de l’écorchée vive. La voix suave, d’un viking fragilisé par la souffrance ressenti de celle qu’il a tant aimé. De celle qui ne cherche qu’à aimer et qui en souffre. « J’ai jamais été plus heureux qu’avec toi. J’avais même oublié comment l’être à nouveau, avant qu’tu emboutisse mon 4x4, et débarque à nouveau dans ma vie. » Exactement comme elle l’a fait, des années plus tôt. Arrivée de nulle part. Un ange métissé, tombé du ciel. Elle a tout chamboulée, Isabella. Elle l’a même rendu meilleur, un instant. Mais, ça, elle n’a jamais su le voir, Isabella. Tout le bien qu’elle fait. Tout l’amour qu’elle procure, à tous ceux qui l’entoure. Aussi sensible, qu’elle peut être forte, elle qui porte le poids du monde, sur ses frêles épaules. Et ça non plus, elle ne le voit pas. Un baiser de plus, avant de rompre l’étreinte. « Peut-être, aussi, que j’espère coucher avec toi... » qu’il ajoute, à la blague. Sur fond de vérité, bien sûr.

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Elle ne sait pas pourquoi elle est ici,
pourquoi précisément ici, cette nuit,
pourquoi elle est revenue à lui.
Elle se sent irrémédiablement reliée à lui.
Comme un attachement tacite, presque un non-dit, résolument interdit.
Elle se sent attirée par lui.
Comme un aimant indélébile, un amour consumé trop vite.
Elle se sent comprise par lui.
Comme une âme miroir à la sienne, un fragment inavoué d’elle,
des ténèbres qui la submergent.

Elle est venue parce qu’elle se sentait triste, et seule, et vide. Elle est venue parce que, dans son esprit nébuleux et tourmenté, au milieu de tous les démons qui ne cessent de la hanter, il y a son visage qui est apparu comme un coup de magie,
un éclair de génie,
ou la pire connerie,
elle ne sait pas exactement, Isabella. Elle sait seulement qu’elle avait besoin de se raccrocher à lui. Comme une évidence, une ancre dans les abîmes diluviens, un point de survie pour l’empêcher de couler.  Peut-être, aussi, qu’elle est venue chercher des explications ; une tentative de comprendre sa propre personne. À un moment de sa vie où elle est incapable de retrouver un amour cendré, elle a eu besoin de renouer avec les analectes de celui qui lui a tant manqué. Le premier homme qui lui aurait tout donné ; le premier homme qu’elle a abandonné ; l’instant où la malédiction est née. Démarche naïve, peut-être vaine, de vouloir s’analyser ; comprendre ce qui peut bien clocher ; ce qu’elle fait de si mal pour finir toujours un peu plus brisée. Paupières closes, peau contre peau, elle retrouve sa chaleur. Elle respire son odeur. Les fragrances masculines qui ont tant de fois su l’envoûter, les effluves indescriptibles qu’elle a tant de fois désirés. Elle ne dit pas un mot, s’imprègne de ceux du colosse à la voix tendre. Il la berce, par son souffle, autant que par ses gestes ; ses baisers qui lui font, autant que son parfum, tourner la tête. Elle pourrait vite s’y perdre, Isabella, mais ce sont les paroles de son ex qui la poussent à relever ses iris sombres vers lui. La déclaration qui la chamboule ; alors qu’il évoque son retour dans sa vie. Et, finalement, un rire.

Il a toujours su la faire rire, Ashley.

Pas si candide, la poupée, elle décèle un fond de vérité ; dans les sentiments qu’il peut éprouver ; ceux qui continuent de les relier. Mais c’est surtout la chaleur de sa présence qui vient la soulager, la préserver des démons jamais lassés de la hanter. Comme un cocon qu’il crée, qu’ils créent, tous les deux, le même que celui du passé. Tout ce bonheur qui a filé. – Moi aussi, j’étais tellement heureuse avec toi. elle confie, la voix emplie par les remords qui l’animent. Toutes ses peurs, aussi. Submergée par les affres sentimentales, elle se raccroche aux phalanges qui s’entremêlent encore aux siennes, alors qu’elle confesse. – Mais alors… pourquoi je fais ça ? Pourquoi je… gâche tout, à chaque fois ? La culpabilité exprimée, si loin encore de révéler la douleur d’être ce qu’elle est. Une rose abîmée, une rose fanée, une rose condamnée. Et celui qui se risque à la saisir risque de se blesser avec les épines empoisonnées. – Est-ce que… elle hésite, craintive, elle a peur de le faire souffrir. De le torturer en remuant une blessure qu’il n’a pas choisie ; une rupture qu’il a subie. Mais quelque chose, dans les océans pénétrants d’Ashley, la pousse à continuer. Quelque chose, dans son cœur qui ne cesse de l’appeler. – Est-ce que tu as compris, toi, pourquoi je suis partie ?

Est-ce que t’as compris,
pourquoi je nous ai fait autant souffrir ?
parce que moi, j’ai encore du mal à le saisir,
j’ai encore du mal à comprendre,
à savoir ce qui se passe en moi véritablement,
je ne suis peut-être juste pas faite pour aimer,
pourtant je t’aimais, Ashley, je t’aimais tellement,
violemment,
atrocement,

et peut-être que je n’ai jamais arrêté,
jamais totalement.

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Elle lui a volé son palpitant, Isa.
Elle l’a fait fondre, lui a fait perdre la tête.
Elle l’a rendu fou d’amour.

Elle a détruit son coeur de pierre, Isa.
L’a piétiné, ensuite.
A annihilé toute possibilité d’être heureux, un jour.

Et pourtant, il lui a suffit de réapparaître.
Un regard, un sourire pour le lui faire oublier...

Alors, il est là, Ashley. Les yeux clos, et son seul amour contre lui. Il serre sa main, la caresse du bout des doigts. Trouve les mots, et le courage pour les lui dire. Dire tout haut, ce qu’il a compris avec le temps. Bien trop tard, par contre. Sans espoir. Simplement pour lui ouvrir les yeux, parce qu’elle est tout l’inverse du malheur. Elle est le soleil, Isa. Elle est l’amour. Elle a été son monde, et ses étoiles. Et elle le serait toujours, malgré leur séparation, et la douleur que celle-ci a engendré, s’il n’était pas mort ce jour là. S’il avait encore un coeur, Ashley.

Un peu d’humour, pour chasser les souvenirs qui l’envahissent. Et ceux qu’il aurait aimer créer, avec la latina. Elle rigole. Il sait, qu’elle décèle ses envies. Ce manque, d’elle. Celui qui l’a rongé ces dernières années, et qui le force à s’en éloigner à présent, avant de ne plus pouvoir contrôler ses pulsions. « Moi aussi, j’étais tellement heureuse avec toi » qu’elle ajoute, sans réussir à l’en convaincre. Il caresse de son pouce, la main féminine, sans un mot de plus. Puis, le grand blond hausse les épaules, lorsqu’elle lui demande s’il a compris ses raisons. Ashley, il a supposé, oui.

Il inspire, puis expire lentement. Aussi profondément qu’il a pu l’aimer, elle. Il réfléchi. Secoue doucement la tête. « J’imagine que t’as fini par comprendre que j’étais pas fait pour toi, et qu’tu méritais mieux... » Quelqu’un de bien. Doux et bon. Un homme capable de lui dire Je t’aime et auprès de qui elle se sentirait aimée, et pas seulement désirée. Un homme qui lui rappellerait tous les jours à quel point elle est merveilleuse, Isa, et comme il a de la chance d’être à elle. Un amoureux qui aurait eu le courage de la retenir, et su trouver les mots pour la convaincre de rester. Mais, de toute évidence, il n’était pas à la hauteur et ne l’avait jamais été. Elle s’était enfuie, l’abandonnant à lui-même, le coeur en miettes. Et jamais elle ne s’était retournée, Isabella.

L’australien s’éloigne, ensuite de la chaleur latine. Il se saisi de son verre et le cale rapidement. Ainsi, il peut se lever du canapé, le temps de reprendre ses esprits. Il peut lui faire dos, ne rien laisser paraître. Impassible, toujours. Le visage figé par l’orgueil devant elle, le coeur bien plus lourd dès qu’il quitte son champ de vision. Il se racle la gorge et se sert à nouveau à boire. Le premier, ou le troisième, en réalité - est ingurgité aussitôt qu’il est versé. Il rempli de ce liquide ambré son verre une fois de plus, avant de se retourner vers l’écorchée.

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Il a ces yeux, Ashley,
ces yeux qui la dévorent,
de cette lueur qui subsiste encore,
de cette étincelle qu’elle croyait morte.

Il a ces yeux, Ashley,
ces yeux qui lui confient,
tout ce que les mots sont incapables de dire,
tous les discours aux allures impossibles.

Il la regarde,
et elle se sent revivre, Isabella.

C’est, comme si, il capturait cette aura sombre qui tourne autour de la nymphe. Toute l’obscurité qui émane d’elle, il la fait disparaître. Il la chasse pour mieux en voir la lumière. Celle qu’il évoque en évoquant le bonheur qu’il pouvait éprouver, quand il était à ses côtés.

Et toi, tu as envie d’y croire,
envie de t’y accrocher comme un dernier espoir,
comme un dernier miracle,

mais tu n’y arrives pas.

Trop lucide sur elle-même, malgré l’alcool brûlant et malgré sa tendresse encore plus ardente, la beauté écorchée ne peut pas se résoudre à y croire. Car c’est un homme qu’elle a brisé qui lui parle. Comme si elle était si cassée, Isabella, qu’elle avait le besoin de détruire tout ce qu’elle touche. Comme si elle était incapable d’engendrer autre chose, la venimeuse dont le meilleur poison reste l’amour. La rose abîmée, aux épines empoisonnées, elle sait, elle sait que c’est elle qui a tout gâché.

Comme elle a toujours tout gâché.

Les opales noires l’observent tandis qu’il se détache ; il s’éloigne. Elle ne réagit pas en le voyant avaler l’ambré déjà trop consommé. Ce sont ses mots qui reviennent dans son esprit tourmenté, comme un écho qui ne cesse de la hanter. « Moi, je crois que c’est l’inverse. Regarde, depuis que je suis arrivé, tu as eu besoin de te servir trois verres. » elle réalise, en même temps que les mots sortent de ses lippes. Elle ne prend pas l’habitude de réfléchir à tout ce qu’elle peut dire, Isa, comme elle le fait à son habitude. Elle se laisse aller plus facilement, peut-être car elle est à bout, peut-être parce que c’est lui. La ténébreuse n’a jamais eu peur de révéler son obscurité, pas avec Ashley. D’instinct, elle se relève. Sirène approche de son ex, cet amour qui n’en est plus un. Elle saisit le verre entre ses mains pour l’en débarrasser. Ses iris obscurs rivés sur les siens, elle reprend. « Je n’ai jamais cru mériter mieux que toi… j’ai juste cru que… c’était trop fort, ce qu’il y avait entre nous. Trop fort pour moi. » et peut-être qu’elle était stupide, peut-être qu’elle n’aurait pas dû avoir si peur d’une passion aussi intense, aussi prenante. Mais son cœur était trop écorché, son âme trop brisée.

Pourtant, quand elle le regarde,
elle oublie tout ça,

Elle se souvient juste comme ils étaient liés. Autant dans la clarté que dans l’obscurité. Comme il effleurait sans crainte la part d’ombre en elle. Comme il continuait pourtant d’y voir encore la lumière. Comme il était présent, tout le temps. Pour le meilleur, pour le pire, irrémédiablement. Et elle réalise à ce moment précis, Isabella, que c’est pour cette raison exacte qu’elle est venue ici. Venue le rejoindre, lui. « C’était égoïste de venir chez toi. Je suis désolée, je devrais te laisser tranquille. » elle lâche sans quitter son regard. Happée par les deux océans qui la retiennent, malgré eux, ceux qu’elle n’a aucune envie de laisser.

elle dit l’inverse de ce dont elle a envie, Isa,
elle a toujours fonctionné comme ça,
et quand elle formule l’envie de le quitter,
elle voudrait s’y noyer,
s’oublier, avec Ashley.

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Il y a ces gens qui entre dans votre vie tel un météorite. Ils transforment tout votre être.

Ces gens magnétiques, auprès de qui, même l’éternité nous parait bien trop courte. Le ciel est plus grand, à leur côtés. La vie plus belle.

Ces gens qui d’une simple, et trop brève apparition dans votre vie, vous marquent malgré tout pour toujours.

Ces gens qu’on ne peut oublier.

Isabella ne peut être oubliée.

Il n’est même pas certain d’en avoir eu envie, Ashley. Et s’en confesse à celle qui l’a brisé. Un haussement d’épaule plus tard, le colosse fragilisé se sert un autre verre et le cale aussitôt. « Moi, je crois que c’est l’inverse. Regarde, depuis que je suis arrivé, tu as eu besoin de te servir trois verres. » Un sourire en coin et il lui fait face, alors qu’elle se lève. Marche tel une panthère vers sa proie. Lui confisque le verre. « Je n’ai jamais cru mériter mieux que toi… j’ai juste cru que… c’était trop fort, ce qu’il y avait entre nous. Trop fort pour moi» qu’elle le happe, tant bien même qu’il ne laisse rien paraitre, le grand blond. Il la contemple, simplement. Tend la main, frôle les doigts fins de la latina.

« C’était égoïste de venir chez toi. Je suis désolée, je devrais te laisser tranquille. »

Il acquiesce en silence. Elle ne devrait pas être là, si mal accompagnée. Si vulnérable. Et pourtant, le criminel agrippe le haut d’Isabella et la tire fermement vers lui. Ses doigts relâchent rapidement le bout de tissus. Le troque contre la peau satinée de la brune. Des grands cercles lents de son pouce, sur la gorge frêle de l’écorchée. Et les iris couleur océan de l’australien s’accroche à son doux visage. Ses beaux yeux en amandes. Son adorable fossette. Ses lèvres vermeilles, et délicieuses... Ses doigts glissent le long de son cou, puis de son buste, jusqu’à en perdre le contact.

Et Ashley se racle la gorge. « Sauf qu’il est tard... J’peux pas te laisser repartir, Isa. » qu’il tranche. Juste avant que sa main large, et masculine ne vienne détacher les cheveux de la trentenaire, puis, caresser sa joue.