manhattan / divine éclipse. (andrea)

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{ divine éclipse }
crédit/ tumblr ☾ w/@Andrea Dominicci

Elle a le sourire discret, presque timide, sur son minois tourmenté. Parce qu’elle a du mal à imaginer rencontrer la famille de ce garçon qu’elle vient à peine de rencontrer. Ella, elle n’est pas celle que l’on présente à ses parents. Encore moins à ses grands-parents. L’allure sulfureuse, les prunelles sauvages, elle est animée par cette aura un peu trop noire. Elle n’est pas ce que l’on pourrait appeler une bonne influence. Mais il ne l’a peut-être pas encore compris alors qu’ils apprennent encore à faire connaissance. Ou peut-être que les gens sont plus ouverts, plus téméraires, en Italie. Peut-être qu’elle ne serait pas maudite dans sa famille. – Dommage qu’elle t’ait pas appris à cuisiner alors. elle rétorque simplement, un fin sourire sur les lippes. Elle garde ses songes obscures pour elle, préfère l’éventualité de l’imaginer cuisiner pour elle. Sans qu’elle ne s’en rende trop compte, elle s’ouvre de plus en plus au jeune homme. Comme si, sans qu’elle ne comprenne comment ni pourquoi, il avait cette drôle d’emprise sur elle. Il la pousse à se livrer à lui, comme elle n’a pas l’habitude de le faire. Un rôle de confident qu’il semble prendre, tout doucement, alors qu’elle ignore encore tant de choses sur lui.

Mais c’est peut-être plus facile de parler avec un inconnu.

Quelqu’un qui ne la jugera pas sur ce qu’il sait d’elle,
ce qu’il a déjà découvert,
quelqu’un qui, juste, l’écoutera, elle.

C’est peut-être pour cette raison que la belle torturée commence finalement à parler. Elle lui explique son rapport si particulier à la ville qui ne dort jamais. Devant la question d’Andréa, elle garde le silence un bref instant, comme pour se laisser le temps. Elle n’est pas sûre d’avoir peur de l’inconnu, parce que pour cela, il faudrait qu’elle attende encore quelque chose de la vie. Il y a longtemps que ce n’est pas arrivé, peut-être même que c’est jamais arrivé. Il n’y a qu’en ses proches que l’écorchée vive se donne le droit d’espérer. Elle croit en eux plus qu’en n’importe quoi au monde. – J’crois pas, non… j’pense que c’est partout pareil. Les mêmes doutes, les mêmes craintes. C’est juste les gens qui ne sont pas les mêmes. Les gens, ceux qu’elle a en horreur, ceux qu’elle déteste de tout son être. Ce sont eux, dans toutes ses contradictions, qu’elle aime. Ceux qui, malgré elle, la maintiennent encore en vie malgré l’obscurité qui la submerge. – Y’en a qui comptent pour moi ici… j’serais incapable de vivre sans eux. Les mots sont forts, les mots sont prenants. Pourtant débordants de sincérité. Sans tes proches, Ella, tu ne serais rien. Et que tu le confies à quelqu’un que tu viens de rencontrer, c’est loin d’être anodin. Peut-être qu’il pourrait devenir l’un d’entre eux, le bel Italien.