Cool kid never die (joe)

Jax & Joe

cool kid never die

Jax rentre dans le Macdonald suivit derrière lui de ce qui semblerait être une jeune SDF. Il est pas très bavard et elle, a l'air un peu bancale, enfin c'est pas qu'un air. On dirait une enfant sauvage avec son look, ses longs cheveux désordonnés et son visage de poupin mais il ne préfère pas s'attarder sur son enveloppe extérieure, pour ce que ça lui apporte... À ce qu'il en juge elle à pas l'air d'être paumée, elle s'assume complètement, mais c'est plus fort que lui, Jax s'inquiète à la manière d'un grand frère intrusif. C'est plus fort que lui, il sait combien les femmes SDF sont exposées aux viols, aux vols. Il s'dit pas qu'elle sait pas se défendre, juste qu'il soit le mieux placer pour savoir que dans la rue les lois y sont implacables. Il ferme les yeux et pousse un petit soupire, sa nuque est tendue, ses pensées s'emmaillent. Il n'a pas envie de la faire fuir, il veut qu'elle soit à l'aise mais il ne sait pas comment s'y prendre. Il ne la connaît pas encore assez bien. Il s'éclaircit la voix se retirant de ses pensées et il lance à l'intéressée

Bon, tu peux aller commander ce que tu veux, garde la monnaie.

Il lui faufile dans les mains un tas de billets frictionnés, il sait pas combien y'a dedans et il a pas envie de compter. Il la fixe longuement et finit par rajouter simplement.

Je t'attends sur une des tables là-bas.

Il montre un endroit à l'écart. Elle peut partir et le laisser là en plan mais il décide de lui faire confiance. Sans ajouter un mot de plus il va se poser nonchalamment à la place qu'il avait désignée si tôt. Les mains dans les poches, il regarde pour faire patienter le temps la vie s'articuler en dehors du fast-food. L’insouciance qui se dégage de tous ces visages, le long fleuve tranquille dont ils semblent venir, laisse un Jax songeur. Il se demande ce à quoi elle peut bien penser, emmailloter dans ses vêtements trop grands et masculins qui ne dévoilent rien d'elle sauf l'envie de ne pas être approchée, mais il abandonne vite, elle a l'air d'être un esprit qu'on ne peut sonder. Après un moment la gamine revient, Jax se redresse et lui adresse par la même occasion un sourire.

Tu aurais pu partir et pas te faire emmerder mais t'as décidé de rester alors j'espère que tu verras pas d'inconvénient au fait que j'essaie d'en apprendre davantage sur toi et ta situation.

Il sort les mains de ses poches et vient les poser devant lui.

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Tu ne refusais jamais un repas chaud. Surtout pas quand on te l’offrait sans rien te demander en retour, rien en dehors d’un peu de ton temps mais tu n’étais pas radine : du temps, tu en avais tant que tu ne savais plus qu’en faire alors tu voulais bien partager un repas en tête à tête. Partie en tête à la caisse, tu passais rapidement commande avant de fourrer la monnaie dans ta poche, revenant à la terrasse pour poser ton plateau devant toi. Tu n’avais pas chômé, malgré ta taille menue, tu mangeais pour dix quand l’occasion se présentait. T’installant face à lui, tu posais la boîte d’un filet au fish entre vous « J’savais pas s’tu manges kasher ou pas » annonçais-tu avant de prendre ton 280 en main et croquer dedans à pleine dents, te fichant bien d’avoir de la sauce plein les mains et la bouche pleine. Tu ne te souciais pas non plus de savoir s’il mangeait ou pas. S’il n’en voulait pas, tu le ramènerais au squat, un autre le mangerait.
Jax semblait avoir autre chose en tête que grignoter et d’une oreille distraite, tu l’écoutais te féliciter de ne pas avoir décampé avec son argent. Ouais et ? Tu haussais des épaules. « Bah, tu m’aurais retrouvé et tu m’aurais fait la fête » fis-tu sans marquer d’émotion particulière, parlant la bouche pleine. Evidemment, Jax ne comptait pas en rester-là, il voulait en savoir davantage sur toi, sans doute histoire de faire sa bonne action, ou alors son job tout simplement. Il devra néanmoins attendre que tu ais terminé le sandwich et ce n’est qu’une fois tes doigts léchés que tu relevais le nez sur lui. « T’veux savoir quoi ? J’suis majeure, je te préviens tout de suite ! » Pas qu’il ne songe à t’envoyer en foyer, c’est de là que tu venais, d’où tu avais fugué. « T’es marié ? »

Jax & Joe

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Il arque un sourcil, surpris et manque de s'étouffer avec l'air - manger kasher, lui ? À la limite qu'on lui dise halal pourquoi pas mais il a pas une tête d'enfant d'Israël. Enfin, même si c'est pas vraiment une affaire de tête... Il ne relève pas mais il se dit qu'elle a de l'imagination tout de même. Il pioche dans ce qu'elle lui a apporté même s'il n'a pas faim.

Merci.

Jax lui lance qu'elle aurait pu partir mais qu'elle ne l'a pas fait, donc d'une certaine manière qu'elle est consentante aux questions qu'il va poser. Il essaie d'entrer dans la matière comme il peut sans être trop maladroit. Il analyse chacune de ses expressions, manière de répondre, pour essayer de faire le caméléon, mais il se dit à sa désinvolture, sa manière de répondre et de hausser les épaules qu'elle s'en fout de comment il est, qu'elle est totalement indifférente. Lui, un autre, pas vraiment de différence. Il se détend sur sa chaise, il n'a pas besoin de prendre des pincettes avec elle. Il la regarde manger, s'en foutre de partout et elle lui lance avec une innocence candide qu'elle est majeure. Il lève les yeux aux ciels, secouement légèrement la tête amusé.

Majeure ? tu m'en diras tant...

Elle ressemble à une lycéenne et encore il est sympa. Il sait bien que de nos jours les gamines font plus vieille mais là, faut pas déconner. Elle semble regarder avec intérêt la bague qui orne son index et lui demande s'il est marié. Un peu songeur, il se malaxe le doigt. Après tout s'il l'invite à se dévoiler autant qu'il fasse de même.

Fiancé. Enfin, avant. J'arrive pas à l'enlever, l'habitude sans doute mais ça commence à dater. Par respect pour ma copine actuelle je devrais l'enlever.

Devrait... Ce mot le fait sourire. Entre ce qu'il doit faire et ce qu'il fait la ligne est mince. Il pousse un petit soupire et s'attarde plutôt sur son interlocutrice, pas tendue pour un sou, à l'aise. Un nombre incalculable de questions lui traversent l'esprit alors il en sort de son brouhaha quelques-unes d'une traite.

T'as de la famille ? Des parents éloignés ? Une perspective d'avenir ?

Il a envie de lui demander si elle seule ou si elle a une bande, si elle mange à sa faim, si elle n'a pas froid la nuit mais ça reste bloqué entre ses lèvres et il préfère y aller doucement pour ne pas l'effrayer. Elle a des allures de petits chatons sauvages. Quand tu crois l'avoir attrapée elle te glisse entre les mains...

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Tu te souciais peu des origines, du sexe ou même de la religion des gens que tu croisais jour après jour, tu n’avais pas la prétention d’appartenir à la moindre caste mais pour le peu que tu en savais, il te semblait que certaines religions empêchaient les gens de manger n’importe quoi. Jax, tu ne savais rien de lui mais dans le doute, le poisson semblait bien et s’il ne le voulait pas, tu aurais toujours de la place dans ton estomac. Tu avais beau manquer de tout, quand l’occasion se présentait, tu ne mangeais plus, tu bouffais. Pire qu’un animal. Plus d’une fois tu avais mangé au point de t’en rendre malade, vomissant tout ce que tu avais avalé, réduisant évidemment tes efforts au néant. C’était débile mais tu n’apprenais rien de tes erreurs. Avec toi, c’était chaque jour un éternel recommencement, à croire que tu étais restée bloquée un jour, n’évoluant plus alors que les années elles, elles passaient.
Tu le savais à son air retenu qu’il t’observait silencieusement. Tu avais tout de même appris au fil des années que les silences n’étaient pas forcément dépourvus d’intérêt et plutôt que de te bombarder de questions auxquelles tu ne répondrais sans doute pas, il préférait te laisser agir librement pour en apprendre davantage sur toi. T’étais peut-être pas très intelligente mais tu avais quand même un peu de jugeote, hein ? Mais qu’il regarde, qu’il voit ce qu’était d’être une fille des rues. Aussi empathique et plein de volonté soit-il, il ne saurait jamais ce qu’est ta vie, le manque de nourriture, les nuits inconfortables à ne fermer qu’un œil et sauter sur ses pieds au moindre bruit, le manque d’hygiène à commencer par celui des protections hygiéniques. Ah pour des capotes, c’était à chaque coin de rue mais alors pour vous ladies, que dalle. Tout ça, tu ne le disais pourtant pas, tout ce qu’il voyait, c’était la débrouillarde indélicate que tu étais devenue, à force de pratiquer. « Mouais » grognais-tu juste pour confirmer, la bouche pleine, te souciant assez peu qu’il te croit ou non quoique, à la réflexion, tu détesterais être renvoyée chez les services sociaux.
Ta question eut pourtant de quoi le surprendre et à son instar, tu l’observais du coin de l’œil tourner l’alliance sur son doigt. De toute évidence, il ne s’attendait pas à être questionné mais il se prêta de bon cœur au jeu. « Tu n’arrives pas ? Je peux t’aider si tu veux en plus au clou tu dois bien en tirer cent billets. » commençais-tu avant de poser le sandwich à l’évocation de sa copine. « Bah putain elle est sympa. Moi je te l’aurais déjà arrachée à la pince, doigt y compris si tu m’faisais c’coup-là » commentais-tu avant de reprendre le sandwich pour y mordre à pleines dents, moins intéressée par ses questions sur toi. « chais pas. On s’envoie pas d’cartes d’anniversaire. Elle s’apelle Janet Malone, t’as qu’à faire des recherches toi-même » annonçais-tu. Si ça l’intéressait tant, qu’il aille la chercher dans ses fichiers, toi tu n’avais pas cette technologie à portée de main. « L’avenir, c’est pas un concept pour moi. Si j’finis la semaine sans casse, j’suis contente et ainsi de suite. Elle est morte ta fiancée pour que tu fasses ça à ta copine ? Non parce que je me dis que sinon, ce serait quand même vraiment très bâtard. »

Jax & Joe

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Il croise les bras puis les décroises succinctement car il ne sait pas comment réagir. Il ne sait pas comment la regarder pendant qu'elle balance ses insanités. S'il arbore un visage neutre, il n'en pense pas moins. L'envie de répliquer le tend mais il décide malgré tout de rester silencieux et de faire abstraction de la partie où elle lui parle de lui arracher les doigts à la pince. Après-tout, s'il devait s'offusquer à chaque fois qu'on lui parle mal, il serait déjà atteint d'une calvitie avancée. Il se concentre donc sur le meilleur à venir. Elle finit par glisser le nom de sa mère, pour qu'il fasse des recherches. Il hausse les épaules. ça ne changera certainement pas sa situation d'en apprendre plus sur sa maternelle mais peut-être qu'avec un peu de pression elle pourrait au moins envoyer un minimum vital à sa fille. Ce ne sont que des espoirs, mais il le faut bien. Il aimerait que la vie ce soit comme un de ces témoignages Facebook où il est conté des histoires merveilleuses qui redonnent foi en l'humanité comme une fille a retrouvé son père mendiant et l'a sortie de la pauvreté mais ce qu'oublie Jax c'est que parfois la rue on l'aime et on ne veut pas la quitter. Il lui lance, impassible.

Pourquoi t'es partie de chez ta mère ?

Il continue à la fixer longuement, silencieux pendant qu'elle répond à sa troisième question. Celle qui concerne sa perspective d'avenir qui ne s'étend pas au-delà d'une semaine. Il hoche doucement la tête, compréhensif. ça empêche de se projeter. On peut se noyer tranquillement dans ses problèmes quotidiens et se nourrir d'eux jusqu'à ne plus penser à autre chose. Il a déjà vécu ça quoiqu'il n'ait jamais été dans sa situation. Il devient pensif et regarde dans le vide. Elle glisse à nouveau un petit commentaire sur sa vie affective, captant à nouveau toute son attention. Les sourcils arqués il ne comprend pas pourquoi elle se focalise sur ce sujet. Par provocation ? Ou parce qu'elle n'a tout simplement pas envie de parler d'elle ? peut-être les deux. En tout cas, ça faisait longtemps qu'il n'avait pas entendu de la bouche d'une femme qu'il était un bâtard. Malgré lui il ne peut s'empêcher de sourire à son impétuosité et son culot. Après-tout elle ne connaît rien de son histoire. Il fait claquer sa langue contre son palais et lui répond complètement détaché et avachi contre le siège.

Elle n'est pas morte, non. Je suis juste attaché aux souvenirs que renvoient à cette bague ça n'a rien avoir avec elle.

Un sourire nostalgique finit par s'inviter sur ses lèvres. Il se remémore lorsque Cameron l'avait aidé à choisir cet anneau et lui avait dit "J'espère me trouver quelqu'un comme toi". À cette époque il avait compris crédulement, sans se fier aux signes, qu'il voulait lui aussi trouver quelqu'un avec qui fonder une famille et non pas qu'il voulait quelqu'un de semblable à lui puis par extension, lui. Peut-être que s'il l'avait su/vu il serait toujours vivant, aujourd'hui. Il soupire lourdement comme si le bruit de l'air qu'il expirait allait faire taire les regrets qui le rongent. Il se force à se concentrer à nouveau sur celle qui a en face de lui. De toute manière comment oublier la gamine ? Et surtout comment oublier ses menaces. Il revient dessus et lui demande sérieusement avec une pointe de curiosité.

Tu penses que tu serais capable d'arracher des doigts à la pince ?

Lui, oui.

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Face à toi, le travailleur social se faisait nerveux, il ne cessait de bouger, changeant de position à plusieurs reprises et tu te dis qu’il aurait mieux fait de le prendre, le burger que tu lui avais donné parce qu’à défaut d’avoir faim, il aurait au moins les mains prises, ça l’aiderait à rester focalisé sur un seul truc. Ça ne te dérangeait pourtant pas plus que ça, tu continuais à manger et lécher tes doigts entre deux bouchées gourmandes, loin de te laisser happer par le trouble dans lequel il semblait plonger. Tu ne laissais pas les mots te toucher, tu restais loin de toute émotion bien que tu n’étais pas inébranlable. Bien au contraire, parfois tu étais prise par tes émotions sans parvenir à les contrôler mais là, ça allait. Sans doute parce que ça t’était égal, ta mère te laissait indifférente. C’était sans doute choquant à imaginer pour ceux qui ne vivaient pas à ta place mais toi, tu avais toujours vécu sans image paternelle ni même maternelle. Tout ce que tu as connu, c’est ce frère porté disparu. De lui tu ne parlerais pas. « J’suis pas partie. Je suis née à la prison, ils allaient pas m’laisser là-bas alors j’ai fait le tour des foyers et familles d’accueil. Et maintenant je suis là. » Et à défaut d’y être bien, tu étais au moins libre d’aller et venir à ta guise. Ce n’était pas parfait mais tu t’y étais faite. « J’m’en sors. » ajoutais-tu comme pour le rassurer avant qu’il ne se mette en tête de s’en mêler.
Puis comme d’un accord tacite entre vous, tu le questionnais à son tour, curieuse de découvrir ce qu’était la vie des gens normaux, ceux qui avaient une porte à franchir le soir. Tu n’avais pas imaginé tomber sur une histoire croustillante et pleine de rebondissements, tu avais lancé cette question au hasard un peu. Fidèle à toi-même, tu trouvais malgré tout moyen d’émettre un avis sur la question bien qu’il ne te le demandait pas. Ce n’était pourtant pas de la méchanceté, juste une manière de discuter. Les limites de l’intrusion te paraissaient bien floues. « D’accord j’comprends. Ça te rend nerveux d’en parler ? » ajoutais-tu en levant tes yeux délavés sur lui, n’ayant pas raté son claquement de langue impatient malgré son attitude nonchalante. Cette bague représentait sans doute quelque chose d’important pour lui et tu ne ferais pas l’erreur de lui tirer les vers du nez. Tu ne parlais pas de Lex, il ne parlait pas de sa vie émotionnelle, c’était okay. T’acceptais le deal sans insister, attrapant le gobelet de coca pour en aspirer une longue gorgée. On t’avait dit une fois que le coca, c’était mal et que ça vous rongeait les tripes. Pour l’instant, tu n’avais rien senti de tel. Sa question en revanche eut de quoi te faire avaler de travers, prise de court par la question.
Toussotant pour reprendre ton air correctement, tu levais sur lui un regard perplexe. C’est qu’il semblait complètement sérieux en plus ! La question méritait donc réflexion. En étais-tu capable ? Là comme ça à chaud non. Mais pour survivre ? « J’crois que ça dépend de la situation. Si c’est pour sauver ma peau ouais sans doute, mais par vengeance je crois pas, je disais des conneries. Faut avoir les couilles pour aller jusque-là» finis-tu par dire, sourcils froncés sous la réflexion. Tu avais beau être un esprit libre, d’une indifférence révoltante…tu n’en étais de loin pas une psychopathe pour autant. Tu n’étais pas capable de faire souffrir par plaisir ou satisfaction personnelle. « Tu as des monstres cachés sous ton lit ? »

Jax & Joe

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Jax s’immobilise un moment puis il la fixe en clignant des yeux. Il n'avait jamais pensé au fait qu'elle aurait pu être née en prison. C'est au-dessus de son imagination de se dire qu'il y a vraiment des mères qui accouchent dans ce genre d'endroit. Il est plus habitué aux petits malfrats qu'aux petites. Faut dire qu'une part de son imagination s’évertue à donner le bon Dieu sans confession à la plupart des femmes. Il aimerait moins les aduler, les idéaliser mais quelque chose en lui persiste à les voir toujours comme des êtres frêles qui veulent seulement êtres aimées et protégées. Il finit par baisser la tête osant à peine imaginer ce qu'elle a vécu. Il n'a pas envie de prendre un air compatissant, mais ça se lit sur sa gueule qu'il est vraiment désolé. Il se gratte la tête ne sachant pas où s'foutre et préfère ne pas revenir dessus. Il ne sait pas vraiment quoi dire dans ce genre de cas. "désolé" ? "j'aurais voulu que ça se passe autrement" ? ça n'avance à rien autant se taire. Le silence est d'or disait une citation à la con. Elle essaie de le rassurer en assurant qu'elle s'en sort. Il n'est pas du tout convaincu, il trouve même qu'elle se paie un peu sa tête, alors il relève la tête et plonge ses yeux dans les siens.

La blague, je veux pas paraître macho mais les femmes ont beaucoup de mal à "s'en sortir" dans la rue, entre les viols et les menstruations c'est l'horreur. Pas pour rien qu'il y a des foyers pour femmes et pas pour hommes.

C'est pas pour rien non plus que les femmes SDF sont très rares. Normal qu'il s'inquiète et même avec toute la bonne volonté du monde, il serait rassuré que si elle lui disait qu'elle avait trouvé un endroit où vivre. Elle continue de manger comme si de rien n'était mais il sent son regard s'attarder sur la bague. Il répond à ses interrogations la concernant. Il aimerait que ses muscles se détendent mais c'est plus fort que lui, il ne se sent pas à l'aise. Déjà parce qu'il ne sait pas comment agir avec cette gosse mais aussi parce qu'il a pensé à Cameron et ça, ça le fait encore suer. Elle lui demande avec un air presque mignon et innocent s'il est nerveux d'en parler. Un petit rictus sarcastique s'invite sur les lèvres.

Non, ne t'inquiète pas je suis juste de nature nerveux.

Il n'est pas prêt à dire ce qu'il ressent à quiconque, pas même à sa famille, ou à sa copine. Pas même à Vanille. Ne voulant pas qu'elle s'attarde sur le sujet il en change. Il revient sur ses menaces qui le perturbent. Il se demande si elle serait capable de les exécuter puisqu'elle les a énoncées avec une telle facilité. Elle semble perplexe mais Jax, lui, ne sourcille pas, il est sérieux. Elle prend quelques instants avant de répondre, assez pour qu'il comprenne de lui-même que ce n'était que des paroles en l'air. Il se sent un peu con d'avoir pu penser qu'une petite fille qui se goinfre serait capable de faire quelque chose comme ça par simple vengeance. Le fait qu'elle lui demande si elle a des monstres cachés sous son lit ne fait renforcer que son impression qu'en fait, elle n'est qu'une enfant. Il ne sait pas s'il est attendri, mais il sourit franchement. Du moins jusqu'à ce qu'il pense aux monstres tapis sous son lit. Il ferme les yeux et contracte la mâchoire. Il n'a plus de monstres sous son lit depuis qu'il ne fait qu'un avec eux. Il a commis la violence et le viol au nom de la vengeance. Si son cerveau a ausculté une partie de l'atrocité de ses actes il a encore le gout du sang dans son palais en se remémorant cette nuit pourpre. Ce dégueulasse arrière gout de fer. Il n'a pas envie qu'elle remarque que quelque chose cloche alors il se remet à sourire, dévoilant sa rangée de dents blanches. Il répond le plus naturellement possible.

Je suis en paix avec eux et toi ?

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Ton histoire fait toujours son petit effet, Lyes aussi avait été rincé quand il avait obtenu les réponses à ses questions et bizarrement, il n’avait même pas mis tes paroles en doute. Jax non plus. Sans doute parce qu’elles semblaient trop surréalistes pour être inventées. Parce qu’en inventant des conneries, on en oubliait qu’on marchait sur la tête dans cette vie. Jax ne s’y attendait pas et il semblait plus troublé que toi, comme si tu venais de lui hôter les mots de la bouche. Tu appréciais pourtant son silence et tu devais admettre qu’il y mettait du sien pour te rendre l’entrevue la plus agréable possible. Sans doute qu’il devait être un bon éducateur spécialisé. Toi, tu n’en avais pas besoin mais d’autres, sans doute que si. Il devait certainement savoir mettre les gens à l’aise, il se montrait observateur et empathique, dommage qu’il perdait son temps avec toi. Ce n’était pourtant pas faute d’essayer de le prévenir, chose qui ne semblait pas le convaincre. A ses remarques, tu levais les yeux sur lui, poussant le plateau vidé devant toi. « Ah bon ? Tu sais ce que c’est ? J’ai pourtant pas l’impression que t’ai déjà été une femme. Tu veux m’aider ? Reste à ta place et file moi de la bouffe, de la thune ou du matos mais t’imagines pas savoir » dis-tu soudain sur un ton calme, le regard perçant et les mots aiguisés comme des flèches. Il ne savait rien de toi, ne connaissait pas tes manières ni même ce qui se cachait sous tes épais vêtements de garçon ou tes airs sauvages. Il n’avait pas besoin de te raconter la rue, tu la connaissais suffisamment bien et tu connaissais le prix à payer quand tu étais née du sexe faible comme ils disent. T’avais besoin de personne pour qu’on te le rappelle et surtout pas les bien-pensants. Ils s’imaginaient savoir, ce n’était pas eux qui subissaient et s’il pensait avoir la solution miracle, toi tu savais qu’il n’en était rien. Tu n’avais peut-être pas l’âge requis pour être prise au sérieux mais toi au moins, tu n’avais plus rien à imaginer du tout, tu le vivais.
Et aussi vivace tu avais été à décrocher tes flèches, aussi vite tu changeais à nouveau de registre, lu relançant la balle en le questionnant sur son attitude soudainement nerveuse. Sa réponse ne te convainquit pas vraiment mais tu n’allais pas chercher plus loin. Il avait droit à ses propres histoires sans que tu n’aies à les remuer comme de la vase au fond d’un lac trouble. Parfois, il ne valait mieux pas savoir ce qui se cachait sous la boue. « D’accord » fis-tu seulement en changeant de position, te mettant dos au mur, les jambes posées le long du banc, le visage offert aux rayons de soleil. Ta question, plus légère sembla le détendre enfin et il eut un joli sourire. Ça lui changeait le visage, c’était bien. Ce fut pourtant de courte durée et sa réponse encore une fois te laissa songeuse. « Tu mens mal. Mais c’est okay » fis-tu avec un petit sourire de coin avant de tourner la tête vers lui. « C’est à cause d’eux que tu as décidé de faire ce job ? »

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Elle ne comprend pas, elle se sent invulnérable car elle est jeune. Elle se sent forte car son corps le lui permet encore. Il ne veut pas qu'elle se braque mais c'est trop tard. Elle le regarde avec des yeux hargneux remplies animosités. En réponse, il hausse les épaules d’un air faussement impressionné tout en inspirant lentement. Elle lui en veut de la mettre en garde. Puis, comme tous ces pseudos féministes elle lui rétorque que c'est pas une femme donc qu'il n'y pige rien. Eh ouais, faut être une femme pour savoir les choses essentielles. Il laisse vagabonder ses doigts sur ses genoux, réfléchissant. Puis, de nulle part il sort de ses méninges en la fixant, en la défiant car ses mots tranchant ne lui font pas peur.

T'as qu'à venir habiter chez moi s'tu veux. Y'aura à manger, de l'argent, tout ce qu'il faut, je pourrais même te trouver un travail.

Il ne détourne pas le regard, ne se dérobe pas. Il n'a qu'une parole et il gagne un salaire pour deux, voire trois. Elle reprend la conversation comme si de rien n'était, les yeux adoucis, la fureur sans doute partie. P't'être qu'elle est bipolaire. Il décide de ne pas relever son soudain changement de comportement à son égard après tout il n'a pas à la juger vu qu'il lui ment comme à un arracheur de dents. Elle acquiesce d'ailleurs à ses mensonges mais il n'est pas dupe il sait bien qu'elle n'en pipe pas mot. Qu'elle n'est pas aussi naïve que ses gestes, ses manières et sa façon de parler le prétendent. Il lui offre un vrai sourire, car sa question enfantine et si innocente contraste avec les démons qui tambourinent aux portes de sa cage thoracique. Elle répond à son sourire en lui disant de but en blanc qu'il ment. Il aurait aimé qu'elle n'en fasse pas la remarque mais c'est fait. Elle reprend avec ses airs de poupées délabrés si c'est à cause de ses démons qu'il fait ce job. Il ne saisit pas pourquoi elle l'aime le questionner mais puisque son plateau est vide et qu'elle n'a plus de quoi rester, il peut bien lui accorder une ou deux nouvelles réponses.

ça m'aide à soulager ma douleur je n'ai pu aider quelqu'un que j'aimais j'espère donc aider les personnes que d'autres personnes aiment. Il marque une courte pause et toi, y'a pas un travail qui t'dis ?

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