gone girl (shellie)

Encore et encore, l’oubli qui tourmente son esprit, comme un trou noir aspirant ses pensées et ses souvenirs, le cosmos en bordel. Elle se protège, la petite planète aux orbites dangereux, mais la force gravitationnelle qui l’écrase l’oblige à se soumettre aux forces supérieures, la force d’un astéroïde qui vient frapper cette coquille vide, planète trop fragile, planète trop abîmée, elle explose sous la force d’un choc hasardeux. Cette même force qui lui permet d’oublier, Shellie c’est ce qu’elle fait de mieux, oublier, quand le trauma est trop fort, quand les étoiles brillent avec trop d’intensité et que la lune ne coopère plus. Quand la force intérieure n’est plus présente, c’est l’amnésie qui prend le dessus, sauf qu’elle n’est pas éternelle cette anesthésie, plus le temps passe plus elle sent qu’on est venu dérégler sa galaxie, qu’il y a quelque chose qui cloche et elle cherche à se souvenir, à retrouver sa trajectoire.
Et là elle se souvient, les bras trop encombrés par des achats, futiles fournitures pour combler ce vide, elle se souvient de cette voix, la fermeté inquiétante de ce timbre, crispée sur ses articles les muscles au bord de l’atrophie c’est la force une fois de plus qui la pousse à marcher plus vite, les pieds raclant le béton, la force de cet instinct de survie qui lui chuchote à l’oreille de s’enfuir, parce que cette voix ne présage rien de bon, cette voix elle te glace le sang et tu finis par comprendre que c’est trop tard, l’animal t’a rattrapé, t’es entre ses griffes.
Ses yeux, le pire c’est ses yeux, quand ils viennent percer la carapace de la blonde d’un regard, simple regard qui renvoie son esprit frêle dans les souvenirs enfouis afin de raviver la douleur des hématomes salissant son visage d’ange. Son enveloppe charnelle alors bloquée contre ce mur elle la revoit, la scène de l’autre soir, alors que l’obscurité avait gagné sur le soleil, le sol semblable à ce même mur, froid et amer, la couleur de son hémoglobine tachant sa peau d’habitude si lisse. Pourtant elle n'avait pas voulu que ça finisse comme ça, abrutie par l’alcool elle en avait trop dis, mais elle ne voulait pas. Alors que l’autre, elle a su passer ses nerfs sur ton petit corps, parce que même après que t’ai assumé ta faiblesse elle a pas arrêté, t’as cherché, t’as bouffé, et comme quand tu titillait le fond d’ta gorge pour éliminer les calories t’as recraché ce soir là, t’as recraché et t’as été humiliée. T’as recraché ta honte, ton regret, ta haine, t’as recraché d’la pitié, t’as recraché et depuis t’as pas ravalé. Et c’est maintenant qu’tu la vois que tu ravales. Et c’est maintenant qu’tu la vois que tu t’rappelles, qu’elle est venue causer la perte de ton univers fragile.
Tremblante la petite blonde a voulu fuir comme une proie à son chasseur, ignorance naïve elle s’est retrouvée en pleins dans le piège alors que la haine fracasse ses oreilles aux sons des rugissements de l’adversaire. Et le choc à nouveau, qui fait voler ses acquisitions et qui fait sursauter le gibier, shellie, victime des colères ravageuses.  
« je-.. j’me souviens pas, désolée, tu veux quoi ? j’me souviens pas ! »
Les vibrations pitoyables de ses paroles aux mensonges dangereux, elle a paniqué la petite, elle a paniqué et elle à sorti des conneries, parce qu’elle se rappelle de tout et elle préférait quand elle avait oublié.
« j’ai de l’argent dans mon portefeuille s-si tu.. »
mais les paroles s’envolent parce que ses cordes vocales ne veulent plus coopérer, elle sait plus, shellie, réagir face à la tétanie et au fond elle l’accepte tout ça, comme un châtiment de force mérité.