Don de soi [PV Faith]

C’était pas une obligation…

C’était un pure plaisir.

Le sentiment de faire quelque chose de bien, d’offrir un certain répit aux parents et aux services infirmiers tout en égayant les yeux des enfants…

Ici, je n’étais pas un monstre. Un visage effrayant qu’on redoutait. Ici, on me jugeait pas. On me respectait. Quoi de plus agréable d’être accueillir avec l’honnêteté d’un enfant.

Non, j’étais un gentil musicien qui donnait de son temps, son support et permettre à ces jeunes patients de découvrir les joies de la musique….

J’arrivais avec de nombreuses étuis dans la grande salle de jeu créant toujours des réactions. Une grande envolés de cries, de sourires et rires.

C’était enfin l’après-midi de musique avec Monsieur Wilhelm.

Ils attendaient sautillant devant les étuis que je disposais tranquillement en demi cercle afin qu’ils aient la meilleur vue possible sur chacun.

Pas besoin de faire de discipline. Ils s’installaient tranquillement sur le sol ou sur des chaises, prêts pour m’entendre leur raconter une partie d’histoire d’un artiste; un compositeur, un interprète ou même un créateur d’instrument. La soif que les jeunes possèdent voulant apprendre étaient impressionnantes. Leur question m’épataient allant même jusqu’à devoir les répondre la semaine suivante, ne la connaissant pas moi-même. Je me devais, alors, d’être bien outillé, bien revoir mes notes pour ne pas perdre la face devant ces petites têtes bouillantes de connaissance.

Mais, c’était surtout la partie découverte qu’ils adoraient. Quand j’ouvrais les étuis, leur permettant d’avoir en possession, chacun d’eux, l’instrument vedette de la semaine. Difficile d’avoir leur attention une fois qu’ils ont ce joyaux entre les mains, mais je prenais cette occasion de leur faire jouer quelques notes, une gamme, juste pour les intriguer et éveiller leur intérêt.

Bien sûr, ce n’était pas tout le monde qui avait la capacité de tenir un instrument convenablement. Heureusement, j’avais l’aide d’une ou deux infirmières qui s’assuraient que chaque enfant parvenait à passer un bon moment…

Voir des regards illuminés, des sourires, les voir aussi curieux allant même jusqu’à éveiller une passion quelconque; c’était ma récompense. Entendre des cries d’extases, des réactions emballées et des remerciements; c’était pour moi un privilège.

Pendant deux heures, j’éliminais leur mal, leur souffrance, l’angoisse et ce sentiment d’emprisonnement qui les animent.

Rien était plus gratifiant que cela…

C’était une bonne action, certes…

Donner de son temps à des jeunes enfants hospitalisés, mais j’apprenais tout autant qu’eux. Il m’enseignait sans nécessairement se rendre compte. La patience, l’humilité, la résilience…

On se rend compte de la banalité de nos problèmes dans notre vie quand on regarde ces jeunes qui, tous les jours,  se battent simplement pour vivre.

Cela étant dit, il ne faut pas non plus avoir cette culpabilité de vivre. Toutefois, je voulais faire preuve de reconnaissance mon existence, quoi que convenable, en leur offrant de mon temps et mes compétences à ces petits anges.

Et j’étais plus que comblé de voir leur visage, leur enthousiasme à l’idée d’explorer mes instruments et tenter de jouer quelques morceaux.

Certains sont plus habiles que d’autres me permettant ainsi de leur prodiguer des instruments qui leur convenaient pour chacun d’entre eux. Je n’avais aucun soucis à me faire. Ils étaient tous emballés de ce moment de répit et de bonheur.

Notamment cette petite Princesse qui n’avait aucune gêne de venir, en début de séance, me voir en tirant sur mon gilet.

“ Je ne veux pas jouer d’instrument Wilhelm. Moi, je veux chanter…”

Alors, ne voulant pas faire décevoir sa majesté, après quelques moments de pratique. Je me permettais de m’installer convenablement avec ma guitare et offrir à cette belle Millie, un moment privilégié.

Devant ces amis, à mes côtés, je lui donnais un micro que j’avais branché sur l’amplificateur de ma guitare acoustique. Lentement, en ne la brusquant pas, elle me murmurait dans l’oreille la chanson qu’elle souhaitait faire.

Aussitôt dit, je plaçais mes doigts sur le premier accord et j’attendais son signale.

Mademoiselle Millie chantait pour la première fois, devant public. Un énorme sourire en coin sur mon visage, nous jouions, elle et moi en accord, à quelques exceptions près.

Certes, la timidité contre elle, je remarquais son regard sur moi ne sachant plus les prochaines paroles. Doucement, je lui murmurais les premiers mots puis nous étions repartie jusqu’à la fin. Une version plus lente, mais combien amusante et réconfortante pour tous ces amis, stupéfait et fière d’elle.

Les applaudissements d’enfants et des membres de l’hôpital.
Je me mêlais à la foule applaudissant aussi la belle Millie jusqu’à ce que je m’arrête d’un coup, la voyant tendre ces bras vers moi. Sans attendre, je me redressais légèrement afin de la serrer contre moi sous les applaudissements.

Voilà ma récompense. Ce qui me touchait au plus profond de mon être. Je tentais par tous les moyens de retenir les larmes qui survenaient spontanément au coin de mes yeux. J’ai eu rarement ce genre de reconnaissance, de proximité avec tout être humain. Alors qu’une enfant, dont je connaissais à peine veut bien me prendre et m’exprimer sa reconnaissance envers moi.

J’avais du mal à garder mon professionnalisme.

Dans le mouvement, j’essuyais mes larmes en me redressant à nouveau afin de d’applaudir tous les enfants étant à la fin de la séance.

Aussitôt, les voyant partir un après l’autre, je leur faisais un signe de la main tentant toujours de me contenir. J’entendais des remerciements, mon nom et d’autres qualificatifs de leur affection en mon égard. Trop d’affection pour moi…Trop d’un coup…

Je commençais, ensuite, le rangement de mes instruments.

J’ouvrais un de mes étuis…apercevant une ombre s’approcher. Trop grande pour être un enfant…

Je levais la tête apercevant le visage d’une demoiselle. La demoiselle bénévole qui avait assisté à la séance. Je lui souriais automatiquement voyant ainsi, une collègue au grand coeur.

“ Owwww…euh…C’est gentil. Je veux…je veux juste qu’ils passent un bon moment. Offrir mes compétences aux plus jeunes. Et honnêtement, ce sont eux qui m’apprennent tellement.” disais-je en prenant une guitare que je rangeais dans l’étui.

Quand elle me proposait son aide, j’étais un peu embêté. Non pas que je ne souhaitais pas son aide, mais j’étais un peu…possessif de mes instruments. J’avais du mal à les confiés. Je me trouvais déjà extrêmement bon avec les enfants, mais j’arrivais, quand même à un certain contrôle.

Pour le rangement, j’avais mes principes…

Pourtant, voyant autant de gentillesse et …de volonté, je pliais.

“ Euh…oui…oui, bien sûr. Il y a les guitares, au fond, qui vont dans les étuis et puis…le xylophone qui faut retirer les lattes d’abord…C’est vraiment gentil, merci. Surtout qu’il y a une autre activité d’ici peu. Je dois faire vite…” disais-je en pointant les instrument mentionné.

Filer en douce…

Je voulais juste filer en douce comme je l’ai toujours fait. Aussitôt terminé, aussitôt les enfants prendre le chemin de la porte, je m’emparais du premier instrument et commençais mon processus de disparition…

La priorité aux enfants. Ils sont les vedettes de cette heure spéciale. Je ne suis que celui qui apportaient le matériel. Je ne voulais pas qu’on s’attarde à moi. Qu’on fait ce genre d’éloge, de remerciement de m’être déplacer, d’accorder du temps.

Ce n’était pas de moi qu’il s’agissait, mais du bien-être des enfants. Leur temps à eux, mon plaisir à moi. C’est tout.

Et cette petite Millie était l’accomplissement. La preuve que j’avais réussi à faire de leur journée, meilleure. Je n’en demandais pas plus.

Aucun temps mort, j’entreprenais le rangement de mes instruments, mes compagnons de vie sans me soucier de cet autre âme charitable qui espérait m’aider.

Ma timidité toujours au rendez-vous, surtout quand celle qui m’aborde possède des traits particuliers. De jolie trait qui me rendait encore plus nerveux qu’à la normale. Déjà que j’avais du mal à m’acclimater avec le genre humain, quand il s’agit d’une ravissant demoiselle, c’est pire…

Comme un adolescent devant la classe lors de son premier exposé oral. Je bégaie, j’ai du mal à regarder dans les yeux, préférant me concentrer sur le mur du fond. Que dire de mes mains blanches qui ne savent plus comment se positionner sans paraître fou, mais je le deviens en essayant de trouver une posture qui est complètement ridicule.

Heureusement qu’ici, j’étais en train de faire une action, une distraction qui me permettait d’occuper une partie de mon esprit…

Ranger ma guitare était ma priorité. La plus importante à mes yeux. Je fermais l’étuie tranquillement, rassuré qu’elle a traversé une autre journée spéciale.

“ Et c’est tout à leur honneur. Avec eux, j’ai l’heure juste…J’apprécie leur honnêteté…Ils m’ont posé les bonnes question et m’ont accepté…sans jugement.” disais-je rapidement constatant que j’allais rapidement dans la critique humaine…

Ce n’était pas le temps d’aller dans cette zone. Pas aussi vite avec une pure inconnue. Inconnue, mais qui était souvent l’accompagnatrice de la petit Millie…

Elle en faisait, justement allusion. J’ai aussitôt souris suite à son commentaire:

“ Millie est extraordinaire. Elle m’impressionne à toutes les séances. Je prends les cases horaires qu’ils peuvent me donner..Je voudrais tellement en faire plus, mais…”

C’était difficile de coordonnée les horaires de tous. Déjà que c’était un miracle de pouvoir avoir autant d’enfant en même temps dans cette pièce. J’avais offert de me présenter dans les chambres, mais les risques était plus grand. Ils sont uniques avec chacun leur maladie et leur processus de visite…

C’était souvent compliqué et difficile à encaisser…pour de si petits êtres…

Le xylophone; instrument qui fait souvent réagir par sa grandeur et complexité, mais il suffit juste de posé la tige au bon endroit, au bon moment pour composer des notes, des mélodies…plus douce.

J’avais toujours ces drôles de réaction en jouant des chansons populaires avec le xylophone. Souvent le premier dont les enfants veulent essayer.

Je retirais tranquillement les lattes regardant la demoiselle du coin de l’oeil entrant mes guitares dans leur étuis. Oui, je la surveillais afin de m’assurer qu’elle les positionnais correctement…

“ Oui, c’est bien cela, Mademoiselle. Euh…Mademoiselle ?…”

Mais je m’attendais pas à ce commentaire de sa part…

Un compliment…Un compliment me faisant perdre une latte de métal. Elle tombait sur le sol créant un petit vacarme en Si…

Et moi d’essayer de récupérer…

“ Owwww euh…et bien..c’est c’est…normal…Qui ne ferait pas cela pour des enfants ?…Et…je…me dois de le faire. Les enfants doivent s’amuser un peu...et les fonds se font rares…Cet hôpital en à fait beaucoup pour moi…” disais-je rapidement essayant de combler le vide, mais cela venait de se jouer contre moi, plaçant cette dernière réplique qui pouvait la questionner d’avantage sur moi…

Chose que je refusais de laisser planer. Donc, aussitôt…

“ Vous…vous êtes aussi bénévole ?…Vous êtes attitré à Millie ?”