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 (wp #06) / amy.

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Message Sujet: (wp #06) / amy.   (wp #06) / amy. Empty Sam 11 Avr - 11:35

Spoiler:

Cela fait des années que je n’ai plus mit les pieds là-bas. À vrai dire, je déteste cet endroit. J’y ai passé de très mauvais moments, si ce n’est, les pires de ma vie. Je ne m’y rends que pour rendre visite à une amie de longue date. C’est plus ou moins la seule personne qui me raccroche à cette ville.

Faire ce trajet me rend malade. J’ai emprunté cette route tellement de fois, fait cet aller/retour chaque weekend pendant des années. Je la connais par cœur. Et pourtant, Dieu sait à quel point je l’ai en horreur. Mais il fut un temps où je n’avais pas vraiment mon mot à dire. Aujourd’hui, si. Je fais ce chemin de mon plein gré. Une amitié comme celle-là, il faut l’entretenir. Cette personne a été présente pour moi à des périodes très sombres et je me sens redevable envers elle. Elle fait partie de moi.

Plus la voiture s’enfonce dans les bois, plus je me sens approchée de cet endroit maudit. Le rythme du cœur qui s’accélère, la boule au ventre, la respiration saccadée… Mais pire que tout le reste, les flashbacks pleins la tête. Respire, tu le fais pour elle. Je viens de passer le panneau avec le nom de la ville. J’aurais bientôt fait le tour, ce trou à rats n’est pas bien grand.

Alors que je suis de plus en plus près de mon point d’arrivée, une envie irrésistible me vient subitement : ne pas aller directement chez elle mais aller faire un tour, en souvenir. Ce que je peux être sadique parfois. Comme si ça me faisait triper de m’infliger toute cette souffrance. Et puis merde, j’ai déjà des images pleins la tête dans tous les cas. Les vivre en direct ne changera pas grand-chose après tout.

Je décide donc de faire un petit détour avant de rejoindre ma destination finale. Ce n’est pas demain la veille que je reviendrais de toute façon. Je gare la voiture au centre-ville (si on peut appeler ça comme ça…) et commence à inspecter les environs.

Rien n’a changé. Tout est toujours aussi froid et vide. À part croiser des petits vieux qui vont faire leurs courses le matin, on ne voit pas grand monde dans les rues. Ce n’est pas plus mal. Aucune envie de croiser qui-que-ce-soit. Pourquoi prendre le risque alors ? Parce que je sais très bien que toutes les personnes à qui je ne veux plus avoir affaire ont plié bagages depuis des lustres. De toute façon, il va bientôt faire nuit. Et, en sachant qu’il n’y a littéralement rien à faire dans ce patelin, je doute fort d’être emmerdée.

J’arrive à l’entrée du parc. Pas un chat. Je commence à m’y enfoncer et à me remémorer toutes les fois où je suis venue pour fumer ou me bourrer la gueule. Le lycée est tout près. À l’époque, dès qu’il y avait le moindre rayon de soleil, tout le monde venaient ici pour flâner.

Je passe tout près de marches où j’avais pour habitude de me poser. Combien de fois j’avais vu d’ici les arbres tanguer, les chemins se brouiller, les sons se faire de plus en plus lointain... J’effleure le béton de ma main et finis par m’asseoir.

Je n’aurais jamais cru que tout se chamboulerait à ce point dans ma tête, juste avec le fait de revenir. J’ai besoin de reprendre mes esprits. Elle m’attend et je ne peux pas me pointer dans cet état. Allez, cinq minutes pour souffler et je repars à la voiture. Je ferme les yeux et fais disparaître tout ça de mon esprit.

Je commence à aller mieux quand, soudain, j’entends quelque chose derrière moi. Comme des bruits de pas.

« Ça fait un bail. »

Non. Impossible. Pas ça. Tout mais pas ça.

Ma respiration se stoppe net. Mon cœur est à deux doigts d’exploser. Je suis incapable de bouger. Mes yeux ont arrêté de cligner.

Cette voix… La pire de toutes les voix que j’aurai pu entendre en revenant ici. Je la reconnaitrais entre toutes. Je ne la connais que trop bien. J’aurais préféré l’avoir oubliée. J’ai pourtant tout fait pour. J’aurais surtout tout donner pour n’avoir jamais connu son propriétaire.

Cette fois, ce sont des milliers d’images qui me reviennent en tête, comme si elles ne dataient que de la veille. Ma tête commence à tourner. Je suis tétanisée, complètement impuissante face à ce déferlement d’émotions et de souvenirs.

Je revois notre rencontre. C’était à une époque où rien ne comptait, où tout était facile. Je me souviens avoir admiré son attitude je-m’en-foutiste. J’étais choquée par sa vulgarité mais, en même temps, ça m’attirait. Bien sûr, j’étais loin de me douter que je venais de rencontrer la personne avec qui j’aurai la relation la plus destructrice qu’il m’ait été donné de vivre.

Entendre cette voix à nouveau me fait l’effet d’une bombe. Je ressens tout ce que j’ai pu éprouver autrefois simultanément. Comme avant de mourir, quand on voit sa vie défiler devant ces yeux. La rage, l’obsession, l’effroi, le chagrin, l’amour… Tout est beaucoup trop intense. Je suis totalement submergée par cette vague d’émotions. Je vais imploser. Je suis à deux doigts de l’évanouissement.

Que faire ? Je dois partir d’ici. Je n’ai pas la force de l’affronter. Je suis vidée. Le simple fait de devoir me retourner me paraît être la tâche à accomplir la plus difficile de toute ma vie. Mais je n’ai pas le choix. Je ne peux pas juste me lever et partir. Je dois dire quelque chose avant. Je dois lui faire face, même si c’est de la manière la plus lâche qui soit.

J’ai la nausée. Ma bouche est pâteuse. Je ne sais même pas si je vais être capable de prononcer le moindre mot, d’émettre le moindre son. J’arrive tout juste à baisser mon regard en direction de mes mains. Je tremble comme si j’avais Parkinson. Ressaisis-toi putain, lui fais pas ce plaisir. Je ferme les yeux et inspire profondément. Je les rouvre et expire lentement.

Je puise au plus profond de moi le peu de force qu’il me reste et me lève. Mes jambes manquent de s’écrouler sous mon poids. Tu n’as pas le droit de t’effondrer. Pas ici. Pas maintenant. Je me tourne lentement vers mon interlocuteur. Nos regards se croisent. Je ne sais même pas comment je suis en mesure de soutenir son regard. Une douleur intense me saisit la poitrine. Je l’ignore.

« On m’attend. »

C’est tout ce que je parviens à dire avant de foncer tout droit en direction de ma voiture. Ma vision se brouille comme si j’avais descendu une bouteille de vodka à moi toute seule. Je ne contrôle plus mon corps. Je suis seulement en mesure de regarder mes jambes continuer à avancer, comme si c’étaient elles qui avaient pris le contrôle. J’entends vaguement mon nom au loin, comme dans un rêve…

À ce jour, je ne sais toujours pas comment je suis rentrée chez moi.
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