blizzard (Hazel)

Le myocarde qui s’emballe alors que la nouvelle tombe, brutale. L’immobilité te gagne quelques secondes, imperceptible des autres. Peu de choses ou de personnes peuvent s’enorgueillir de créer un tel effet chez toi, si ce n’est cette gamine deux ans ta cadette. Les mots de ton interlocuteur vont à l’essentiel, où certains auraient pu le juger froid, toi, tu l’accueilles sans broncher. T’as toujours aimé qu’on aille directement au sujet concerné, les fioritures dont s’entourent les gens pour annoncer des faits grignotent rapidement ta patience. La ligne à peine coupée que te jambes te mènent déjà hors de ton bureau. La nuit tombe doucement si bien que beaucoup de personnes sont déjà partis, sauf ta secrétaire qui a su calibrer son rythme au tien, on remerciera l’affection toute particulière qu’elle te porte pour cela. Son prénom trouve place dans ta bouche de façon doucereuse -une technique qui porte ses fruits avec les femmes-, tu dois y aller que tu poursuis et face à son air surpris, tu précises une urgence familiale. Un désolé flotte dans les airs, tu es de ces hommes qui honores leurs engagements et nul doute qu’elle attendait ce dîner suivant généralement vos longues journées de travail avec impatience. Ses traits se peignent d’une expression soucieuse alors qu’elle dit espérer que ça ne soit rien de grave, il parait que c’est à cet instant que l’humain lambda se montre généreux en détails toi, tu te contentes de la remercier avec un sourire avant de déguerpir. Tu t’engouffres dans le premier taxi qui se présente, t’ignores pas que les transports en commun auraient été un meilleur choix à cette heure mais ton aversion l’emporte, comme toujours. Ta logique est simple, arriver dix minutes plus tard ne changera rien à la situation et étrangement cela tranquillise un instant l’inquiétude à l’origine de ce bidonville de pensées négatives. La ville défile, à l’image du temps qui passe imperturbable, insensible aux tergiversations humaines, un peu comme toi, souvent, lorsque la gamine n’est pas au centre de l’équation. Bientôt les portières te vomissent devant l’hôpital, réglant la course, tu te jettes à cœur perdu à l’intérieur du bâtiment. Une femme peu amène te fait face alors tu t’armes de ce sourire affable, passeport qui t’ouvres à toutes les possibilités. Le numéro de chambre est donné, elle rappelle que les visites arriveront bientôt à terme et affirmant que tu feras vite, tu te sauves. T’as pas le temps d’esquiver le corps étranger qui te bouscule non loin de ton point d’arrivée, manque certain de savoir-vivre mais tes prunelles s’accrochent plus que de raison à ce visage. Les traits sont familiers et quelques secondes sont nécessaires pour que le rapport soit fait. Les Rotten Saints, ta seconde vie qui s’entrechoque avec la principale car tes entrailles te le hurlent, il est sorti de la chambre de ta sœur. Les questions se bousculent alors que tu frappes avant d’entrer. « Ah, t’es réveillée ! » automatiquement ton regard cherche des signes d’une visite antérieure à la tienne pour finalement te concentrer sur l’objet de ta visite. « Comment tu te sens ? » la question est douce à l’image de tes pas qui se rapprochent de ta sœur. C’est l’heure du constat, les dégâts s’amoncellent et une interrogation brule tes lèvres « qu’est-ce qui s’est passé ? »