swelling storm. (isabella)

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{ swelling storm }
crédit/ tumblr ♛  w/ @Arya Warren

C’est l’esprit totalement ailleurs qu’elle s’est mise à cuisiner. Les pensées tournées bien plus loin que la recette du plat qu’elle préparait. Elle ne sait pas si elle est vraiment en état de partager un dîner avec quelqu’un en ce moment, Isabella, l’âme beaucoup trop prise dans ses tourments. Mais elle a eu la sensation qu’Arya avait réellement besoin de parler. Elle n’aurait pas pu le refuser. À personne en vérité, mais surtout pas à elle, elle qu’elle a tenté brièvement de prendre sous son aile. Elle se dit aussi que, peut-être, retrouver la jeune fille lui fera du bien. Que voir du monde, elle en a sans doute besoin. Elle se renferme beaucoup trop sur elle-même, elle sait qu’elle ne devrait pas… mais elle ne peut pas s’en empêcher, Isabella. Et c’est précisément pour cette raison qu’elle n’aurait jamais pu refuser de tendre la main à Arya. Parce que tu le sais, au fond, vous êtes pareilles toutes les deux. Deux âmes en perdition, fermées au reste du monde. Deux âmes écorchées, repliées sur elles-mêmes, plus encore dans la douleur, plus encore dans la détresse. C’est ce qui lui a tout de suite donné cet instinct de veiller sur la nièce de celui qui était, il y a encore quelques mois, son petit-ami. Et, plus encore, l’homme qui partageait sa vie. Comme elle partageait la sienne, comme elle s’était aussi attachée à cette petite nièce. À ce bout de femme qui lui est si similaire. Elle aurait été incapable de refuser sa demande, alors même que la latina se retrouve elle-même en pleine tourmente. Elle est, en réalité, même heureuse de se dire qu’elle va retrouver Arya. Mais ses messages laissent présager qu’il y a quelque chose qui ne va vraiment pas… quelque chose qui concerne Quinn. L’écorchée vive redoute déjà qu’elle ait compris, le secret de son amie. Le secret qu’elle connaît, elle aussi. Au bonheur s’ajoute la culpabilité, de celle que tu as sans doute un peu trahi, toi aussi. Elle était la première à vouloir que Quinn lui confie la vérité. Elle était la première à vouloir l’y pousser. Mais elle ne pouvait pas la trahir, pas elle. Car si la jolie blonde est bien entourée, Quinn, elle n’a qu’elle. Elle n’a qu’elles. Encore perdue dans ses songes bien sombres, l’âme en perdition vient de mettre son plat au four quand elle entend la sonnette. Timing parfait, les deux âmes toutes deux aussi ponctuelles que d’ordinaire. Une grande inspiration plus tard, elle trouve le courage d’aller ouvrir la porte de bois. – Bonsoir ma belle. elle se décale pour la laisser entrer et ferme la porte d’entrée derrière elle. – Oui, je te remercie. Je suis contente de te voir. elle lui confie, avant de lui faire signe de la suivre jusqu’à la cuisine. – Dis-moi ce que je te sers. J’ai du vin blanc si tu veux. elle lui propose, car elle connaît les goûts de la belle. Et, peut-être aussi, que tu essaies de la mettre à l’aise. Vous mettre toutes les deux un peu plus à l’aise.

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crédit/ tumblr ♛  w/ @Arya Warren

Il y a, comme, une angoisse qui la taraude depuis qu’elle a reçu ce message loin d’être clair. Une angoisse qui la submerge, alors qu’elle se demande ce qui peut être arrivé dans la vie de celle qui est, un peu, comme sa nièce. Les suppositions sont nombreuses, mais toutes la ramènent à Quinn. À Quinn mariée, Quinn battue par un homme auquel elle n’arrive pas à échapper. C’est à elle qu’elle pense, la beauté latine, quand elle ouvre la porte à l’ange qu’elle n’a pas vu depuis une éternité. Les retrouvailles sont tendres, elles auraient pu l’être bien plus encore, si Arya n’avait pas le visage aussi fermé ; si Isabella n’était pas aussi brisée… aussi effrayée. Elle se sent idiote de se sentir aussi inquiète face à elle alors qu’elle s’y est tant attachée. Mais c’est précisément parce qu’elle tient beaucoup à elle qu’elle redoute, non seulement de l’avoir blessée, mais aussi de la perdre. Parce que, peu importe la manière dont vous vous êtes rencontrées, quelque chose s’est passé. Comme si vos âmes se connaissaient, vous vous vous êtes tout de suite liées. Et l’attachement n’a cessé de se renforcer… Jusqu’à aujourd’hui. Jusqu’à aujourd’hui où la tourmentée risque, malgré elle, de tout gâcher. Un doux sourire, sincère mais un brin factice, se dessine sur ses lippes alors qu’elle entraîne son invitée jusqu’à la cuisine. Elle tente d’alléger l’atmosphère avant toute chose mais, instantanément, dans une spontanéité qui ne lui (leur) ressemble pas, Arya met les pieds dans le plat. Et c’est la culpabilité qui t’envahit instantanément, Isabella. C’est le remord que tu laisses entrevoir dans tes grandes prunelles noires. Elle savait que Quinn était mariée, bien sûr qu’elle le savait. Elles sont amies, toutes les deux, depuis des années. Mais c’est aussi pour cette raison qu’elle ne pouvait pas la trahir… même si ça lui a coûté, et Dieu sait combien cela lui a coûté. Tu t’en veux de n’avoir pas su lui dire, ni même d’en persuader Quinn. Tu t’en veux de ne pas avoir été capable d’empêcher le cœur déjà trop fragile d’Arya se détruire. Tu t’en veux de lui avoir préféré ton amie alors que, au fond, tu tiens autant à elle qu’à Quinn. La gorge serrée, les opales fixées sur son interlocutrice, la brune ne sait aucunement comment réagir. Mais c’est la vérité, cette fois, qu’elle choisit. – Oui, je le savais. elle repose la bouteille de vin sur la table, les paumes de ses mains aussi, comme pour se raccrocher à quelque chose de solide, alors qu’elle poursuit, l’air un peu fébrile. – Arya, je suis… tellement désolée. Je voulais qu’elle te le dise, crois-moi mais… elle avait si peur de te perdre, et moi je… je ne pouvais pas le faire pour elle… elle essaie de justifier la trahison qui lui était impossible. Mais c’est Arya qu’elle a fini par trahir. – Je t’assure que ce n’était pas facile… Non, elle aurait préféré ne jamais le savoir… ou mieux encore, elle aurait préféré changer l’histoire mais, Isa, elle n’avait pas ce pouvoir.

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Le temps paraît suspendu. Les courtes secondes qui passent lui semblent durer des heures de torture. Pas un mot, pas un bruit, il n’y a rien qu’Arya dont elle attend le verdict avec appréhension. Chaque fraction de seconde, elle sent la culpabilité submerger un peu plus son être. Tu aurais voulu lui dire, tu aurais voulu la prévenir. La mettre en garde pour qu’elle soit préparée, pour que son cœur ne soit pas… trop bousillé. Mais tu ne l’as pas fait. Tu n’as pas été capable de la protéger. Elle lui a préféré Quinn… et elle l’a trahie. Elle s’en veut, Isabella, elle se dit qu’elle aurait pu faire autrement. Inciter plus fort, plus souvent encore, son amie à tout avouer. Elle aurait pu lui dire qui si elle ne le faisait pas, ce serait elle qui le ferait. Mais elle n’a pas pu. Elle n’a pas trouvé ce courage. Parce que, devant les prunelles emplies de peur et de douleur de Quinn, tu ne pouvais que faiblir. Tu ne pouvais pas lui faire du mal, pas toi. C’est tout le contraire de toi. Pourtant, incapable de lui en faire, tu t’es retournée contre Arya. La culpabilité la ronge, chaque seconde un peu plus. Elle s’attend à la colère, à la rancœur de celle qui méritait qu’elle soit sincère. Mais Arya, elle garde son calme, elle maintient une telle… maîtrise d’elle-même. À cet instant, elle lui rappelle elle. Et ça brise ton cœur un peu plus. Parce que tu sais trop bien que, derrière le contrôle et l’assurance à toute épreuve, elle souffre. Elle souffre mille fois plus que si elle pleurait, que si elle craquait… que si elle s’autorisait à le révéler. Elles se ressemblent, toutes les deux, tellement qu’Isabella n’est même pas surprise quand la jeune fille évacue le sujet d’un seul mot. Elle voudrait tenter de s’excuser, encore, elle voudrait s’assurer qu’elle ne la déteste pas. Mais Arya lui fait une demande à laquelle elle ne s’attend pas. Alors elle se doit bien de lui répondre, Isa. Elle lui doit bien ça. – Quinn, si tu lui demandais de parler d’elle, probablement qu’elle ne saurait pas le faire. confie-t-elle alors qu’elle s’assoit sur le tabouret, juste à ses côtés. Ses iris plongés dans ceux d’Arya, elle commence à parler, sans réfléchir, sans y penser. – Elle a… une image sombre d’elle. Elle se voit comme quelqu’un de mauvais alors qu’elle est douce, attentionnée et bienveillante. Attachante. Elle ne sait pas se voir à travers elle-même. Elle se voit à travers les yeux d’un autre, depuis des années… Son mari, même si elle ne le dira pas, Isa. Pas directement. – Elle vit… dans l’obscurité. Je n’essaie pas de justifier le fait qu’elle t’ait menti Arya mais… quand elle t’a rencontrée, elle a vu pour la première fois une lueur venir l’éclairer. elle n’est peut-être pas objective, Isabella. Il s’agit de son amie. Mais si la petite blonde est venue la voir, précisément elle, ce n’est sûrement pas pour rien.

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Les battements anarchiques de son cœur abîmé commencent à se calmer. Ils ralentissent lentement tandis que la conversation vient à s’apaiser. Il y a toujours ce fragment d’elle, bien trop conséquent, imprégné par la culpabilité. Elle s’en veut, Isabella, de ne pas l’avoir prévenue. Ne pas l’avoir protégée quand il l’aurait fallu. Elle a vécu avec la poupée durant des mois, elle la considère comme un membre de sa famille. Elle l’aime, en réalité, aussi fort que son amie. Elle a peur de voir couler Quinn sans Arya. Mais elle a tout aussi peur de voir Arya sombrer avec Quinn. Elle s’essaie pourtant à lui parler d’elle, sans faux-semblant, à cœur ouvert. Débute une description qui vient naturellement, à laquelle l’étudiante ne répond que d’une seule façon. Elle trouve la quadragénaire… perturbée. Un mot qui trouble la latine alors qu’elle la fixe, l’air légèrement incrédule. Elle n’irait pas jusqu’à dire que Quinn est la personne la plus équilibrée au monde. Sa vision d’elle comme de la réalité est faussée, obscurcie par le voile des tourments qui ne cessent de la hanter. Par cet homme, ce mari qui n’en est pas un, celui qui la retient contre son gré. Mais elle n’est pas perturbée, Quinn, seulement fragile. En déséquilibre. Ou peut-être que tu n’arrives pas à le voir car tu es tout aussi vulnérable ; tout aussi instable. Tu n’es plus sous la coupe de ton bourreau, toi, mais t’es toujours sous son emprise. Toujours autant en déséquilibre. C’est peut-être même ce qui t’a reliée, sans que tu le saches, à Quinn. Un soupir inaudible s’échappe de ses lèvres pourpres alors que la ténébreuse relève les opales vers la princesse. – Je l’ai vu, deux ou trois fois. Très brièvement. Quinn, elle… elle l’a toujours tenu à l’écart de notre amitié. Comme une vie qu’elle aurait segmentée. Tout ce dont elle a envie d’un côté, tout ce qui l’effraie à l’opposé. Elle n’a jamais eu droit à une existence entière. Jamais eu le droit d’être elle-même. Elle a seulement tenté de trouver un échappatoire à son enfer. Échappatoire éphémère quand les ténèbres demeurent éternels. – J’ai vu les marques sur son corps, Arya. J’ai vu… ce qu’il lui inflige. la gorge nouée, les prunelles noires toujours rivées sur leurs homologues azurés. – Crois-moi, j’ai tenté de l’en sortir mais elle s’y refuse. Elle pense que… elle est persuadée qu’il la retrouverait. Qu’il lui ferait encore plus de mal, à elle, même à ceux qui veulent l’aider. Isabella, t’as la sensation d’être la pire amie. Tu connais tous les sévisses que l’éditrice subit mais tu n’as rien su faire pour l’en sortir.

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crédit/ tumblr ♛  w/ @Arya Warren

Elle est touchée en plein cœur, Isabella. Touchée par celle qui semblait venir chercher des explications mais qui a en réalité besoin d’une solution ; besoin d’une réponse à toutes ses interrogations. Touchée de la voir aussi préoccupée par l’état d’une femme qui lui a menti alors que son propre cœur paraît lui-même si fébrile. Touchée de voir son appel à la rescousse, sans l’air de rien, sans réellement l’admettre, alors qu’elle a terriblement besoin d’aide. T’es chamboulée tout entière par Arya ; Arya qui, tu l’as tout de suite senti, te ressemble à beaucoup trop d’égards ; Arya qui te ressemble alors qu’il vaudrait mieux pour elle qu’elle soit tout le contraire de toi. Et ça lui serre le cœur, à Isa, ça l’atteint directement parce qu’elle sait sûrement mieux que personne ce qu’elle ressent. Le masque d’apparence, la fille douce et assurée, celle qui semble toujours bien entourée ; celle dont on ne devinerait pas la solitude quand on la retrouve avec ses amis, avec sa famille. Sa propre famille, sans doute, ne voit probablement pas l’âme  en détresse telle qu’elle lui apparaît à ce moment. Comme toi, elle garde tant de choses en elle. Comme toi, elle porterait le poids du monde sur ses épaules trop frêles. Mais tu veux éviter, toi, qu’elle se laisse autant consumer que toi par les ténèbres. Alors elle écoute, en douceur, le moindre des mots, le moindre des maux, de celle qui est bien plus qu’une nièce pour elle. Comme elle accepte d’éclairer toutes les zones d’ombre qui pèsent sur elle. Mais elle a peur, Isabella, de l’influencer d’une quelconque manière, qui soit néfaste pour elle. «  Elle dit que, grâce à toi, elle peut à nouveau rêver. » confie-t-elle avec un sourire un peu fêlé. Elle comprend Quinn, car elle connaît ce sentiment elle aussi. Elle sait combien la lumière d’un être aimant peut rassurer au milieu de la terrible obscurité. «  Elle s’en voulait énormément de te mentir, te cacher la vérité alors que toi… tu as toujours été parfaite avec elle. Elle dit que tu es une fille en or, et je suis bien d’accord. » Elle lui sourit un peu plus franchement cette fois. Mais la suite risque d’être plus douloureuse à entendre. Plus douloureuse à admettre également, pour celle qui voudrait aider les deux âmes en perdition. « Arya, écoute-moi… Quinn est mon amie, mais je m’inquiète pour toi aussi. Je ne voudrais pas que tu t’enfouisses dans quelque chose qui pourrait finir par, toi, te faire trop de mal. » Elle ne veut surtout pas lui donner l’impression qu’elle est contrainte de supporter tout ce poids. Elle ne veut surtout pas qu’elle pense qu’il en est de sa propre responsabilité… Arya, elle est encore si jeune. Elle mérite de s’épanouir, trouver la paix elle-même, avant de tenter de sortir quiconque de l’enfer. Mais la belle écorchée t’a parlé à cœur ouvert. T’en as conscience, Isabella, ce n’est pas quelque chose qu’elle doit souvent faire. Elle t’accorde sa confiance en se confiant de cette manière ; tu dois bien pouvoir lui rendre la pareille. « Sincèrement, je crois que… tu serais capable de lui pardonner son mensonge avec le temps. Mais la question qui se pose réellement, c’est de savoir ce que toi, tu voudrais ; ce dont, toi tu aurais envie, en écoutant ton cœur. » elle conclue enfin, ses iris dans les siens, sa paume qui se pose sur sa main. Parce que tu veux lui dire, à Arya, qu’elle n’est pas toute seule, elle ne le sera pas tant qu’elle voudra bien de toi.