god's law in the devil's land ± elijah

S’il y a bien quelque chose que tu n’apprécies pas forcément dans toute cette histoire que tu partages désormais avec les Hell’s, c’est ce que tu dois faire ce soir. A savoir, rejoindre toute la bande pour l’une de ces fameuses soirées où tout semble être permis. Des combats à mains nues pour offrir paris et spectacle digne de ce nom, à la drogue que certains s’enfilent dans les narines en passant par le sexe dans tous les coins. Tu n’as rien contre l’idée de la débauche en elle-même. Tu es loin d’être prude, même. Tu n’es simplement pas de ceux qui prennent plaisir à tout ça. Loin de là. Sans doute es-tu juste insensible à tout. Incapable d’éprouver du plaisir à faire quoi que ce soit. En dehors de ces mises à mort que tu prends un certain plaisir à orchestrer. Tu as déjà hâte d’en arriver au bon moment pour mettre fin aux jours de la rouquine. Tu n’as rien contre elle. Elle ne t’a absolument rien fait. Mais la somme d’argent qui est promise n’est pas négligeable. Et tout le monde sait que l’argent fait le bonheur. Ou au moins, y contribue fortement. Alors tu vas aller au bout des choses. Tu prends juste encore le temps de l’étudier. D’apprendre ses points faibles et ses moments de faiblesse. Pour lui tomber sérieusement dessus, quand elle s’y attendra le moins. Tu veux du spectaculaire. Tu veux qu’elle connaisse l’identité de celui venu l’éliminer, également. Mais pour ça, il faut que tu sois bien certain de ne pas manquer ton coup. Il ne faudrait pas que tu te plantes, qu’elle réalise qui est son assaillant et qu’elle se retourne ensuite contre toi.  Elle est suffisamment bien entourée pour parvenir à t’éliminer si ça en arrivait finalement là. Et aucun doute qu’ils prendraient tous un malin plaisir à te torturer avant de t’ôter la vie pour de bon.

Alors en attendant d’arriver à ce fameux jour qui représentera également ta libération, tu dois faire semblant. Au moins un minimum … Au moins en daignant lui tenir compagnie pendant ces fameuses soirées où les Hell’s se réunissent et apprennent à nouer et renouer des liens entre eux. Après avoir littéralement implosé. T’es arrivé au moment de sa reconstruction. Sans ça, tu n’aurais sans doute pas pu atteindre aussi aisément cette place en tant que bras droit de la nouvelle reine des lieux. La fameuse Houna qui est relativement simple à déchiffrer. Tu apprends maintenant sa façon de fonctionner. Ses méthodes diverses et variées. Histoire de ne jamais être pris de court. De ne pas risquer de te faire avoir par elle qui prend un plaisir certain à user de son pouvoir. Et qui n’aime que trop te provoquer, au passage. Parce qu’elle voit en toi son égal et que, certainement, elle aimerait pouvoir te confronter davantage. De faire sortir de tes gonds pour éveiller le monstre qu’elle a déjà brièvement eut l’occasion de rencontrer. Le monstre qui l’a convaincu de te voir comme son égal et de te proposer la place que tu occupes désormais à ses côtés. Tu vois clair dans son jeu. Ce petit manège quand elle vient te taquiner à propos de tes cheveux, de ta froideur, du fait que tu ne sembles jamais intéressé par la moindre femme qui croise ta route. Et bien d’autres / trop de choses de ce genre. Jusqu’à présent, tu n’as pas trop de mal à te retenir de réagir.  Tu penses même pouvoir dire que tu t’en sors à merveille. Et que ça ne la fait rager que plus encore. Jusqu’au jour où elle perdra toute lucidité et ne verra pas le coup venir. Celui qui, tu te le promets, lui sera fatal.

Enfin, tu enfiles le cuir des Hell’s sur tes épaules et quittes ton appartement de luxe. Les clés dans une poche, le téléphone dans l’autre. T’es déjà en retard et tu prends encore ton temps. Que Houna n’oublie surtout pas que tu es un électron libre et que tu le resteras. Tu estimes que tu en fais déjà bien assez comme ça. Tu n’as pas à te donner en spectacle pour son bon plaisir à la rouquine. Et en même temps, tu ne sais que trop bien la façon avec laquelle elle va te recevoir. Elle ne supporte pas ton comportement. Elle n’accepte pas tes retards à répétition. Ni ta froideur, ni ton incapacité à t’amuser comme tout le monde au cours de ces soirées. Et moins elle apprécie tout ça, plus tu en joues. T’aimes un peu trop la faire tourner en bourrique la présidente des Hell’s. C’est bien trop simple de la faire sortir de ses gonds. Et ça ne fait plus aucun doute que c’est précisément cette fâcheuse tendance ci, qui aura raison d’elle. Qui finira par lui coûter la vie. Elle commettra forcément une erreur. Et toi tu seras évidemment là pour la cueillir en plein vol et lui coller une balle dans le crâne, si ce n’est en lui tranchant la gorge. Parce que tes habiles avec tes couteaux également. Ils sont une prolongation de tes bras, comme les seringues sont la prolongation des siens. A chacun son arme de prédilection, bien sûr.  Et vous avez déjà eus l’occasion de vous voir à l’œuvre l’un et l’autre, pour ton plus grand plaisir. C’est que ça vaut le coup d’œil, tu ne peux nier la chose.

Ta deux roues trouve sa place près de celles des autres membres. Et tes rangers ne tardent pas à fouler la dernière rue à longer pour atteindre l’endroit certainement le plus bruyant du coin. Tu ne tournes pas autour du pot. Sans quoi, tu pourrais bien changer d’avis et faire demi-tour. Et pas uniquement pour faire rager Houna. Tu pousses la double porte et pénètres enfin dans le sanctuaire des Hell’s. Où, sans surprise, tu es vivement accueillit par la rouquine qui t’interpelle et s’assure de bien se faire remarquer. D’arracher des rires à la foule compacte présente. Pour autant, ça ne suffit évidemment pas à te faire rager. Tu te contentes de t’arrêter et de la regarder en silence. Alors qu’elle-même déserte son coin près du bar, pour s’approcher de toi. Elle se veut provocatrice au possible. Aucun de ses mots n’a le don, ni de te surprendre, ni de te blesser et moins encore de t’énerver. Parce que tu commences à les deviner à l’avance ses répliques. Si tu avais la moindre envie d’entrer dans le jeu des provocations, tu lui ferais justement remarquer qu’elle tourne déjà en boucle et qu’il est sans doute temps de se mettre à jour et de passer à autre chose. Au lieu de ça, tu te contentes de la regarder en silence, sans afficher la moindre expression. Et, sans surprise de ta part non plus, tu hausses les épaules de la façon la plus désintéressée qui soit et tu la contournes pour prendre la direction du bar qui en a déjà bien assez vu ce soir, te semble-t-il. Tu sais très bien qu’elle n’en restera pas là. T’es même déjà prêt à éviter le coup qui pourrait venir dans ton dos si elle perdait le contrôle et n’appréciait vraiment pas que tu l’ignores ainsi devant tout le monde.

T’es sur le qui-vive. Ce qui, de toute façon, est habituel chez toi. Prêt à éviter le coup et à en offrir un en retour. Prêt à lui rappeler que, que ça lui plaise ou non, tu en feras toujours à ta tête. Et tu sais qu’elle n’apprécie pas ça Houna. Tu aurais pu choisir d’adopter un tout autre comportement. Tu aurais pu faire le choix de rester sage, gentil et obéissant au possible pour maintenir ta place au sein des Hell’s. Ce n’est pas du tout ta façon de faire. Parce que ce n’est pas toi. Tu n’as rien d’un lèche botte. Et elle a beaucoup plus besoin de toi au sein des Hell’s, que tu n’as besoin d’elle et de son gang dans ta vie. T’en es suffisamment conscient pour t’amuser à prendre des risques de ce genre. Et tu le sais que, dans le fond, tout le monde est aussi amusé que choqué de te voir tenir tête à la présidente de la sorte. Ils aiment tout autant vous voir vous foutre sur la gueule quand, réellement, elle n’est plus capable de se retenir de te bondir dessus comme une tigresse enragée.

Flashback

Elle est là devant toi. A tout juste quelques mètres de ta petite personne. Si proche et pourtant si loin. Tu sais que tu dois l'éliminer et que le plus tôt sera le mieux. Mais tu sais aussi qu'elle ne te rendra pas la tâche facile. Tu le sais parce qu'elle a mauvais caractère la rouquine. T'as un peu eus l'occasion d'être briefé sur elle et de l'observer quelque peu. Et tu ne peux nier cette évidence : il s'agit d'une mission compliquée. Périlleuse au possible. Que même toi, tu ne sauras peut-être pas relever avec brio.  Mais tu aimes le challenge, ça n'a rien d'une nouveauté. Tu n'aimes que trop jouer avec le feu. Et ça, le peu de personnes qui te connaissent, le savent parfaitement. Plus tes missions sont compliquées, plus tu es heureux. Heureux à ta façon. Un bonheur qui ne se lit pas sur les traits de ton visage. Un bonheur que tu n'exprimes pas le moins du monde. Parce que c'est ainsi que tu fonctionne. Parce que rien ni personne ne saura jamais te changer. Ne serait-ce que parce que tu ne le souhaites pas outre mesure de toute façon. T'es presque brutalement ramené sur terre par la voix et le ton sec de la rouquine que tu as dans le viseur depuis quelques temps maintenant. T'as tout l'air de quitter la lune sur laquelle tu t'étais posté, quand tu ramènes tes yeux sur elle. C'est bien à toi qu'elle s'adresse. Tu n'as guère l'occasion de lui répondre, qu'un crétin vient flanquer le canon de son arme sur ta tempe. Inconscient. Qui se vide de son sang à même le sol, moins de deux minutes plus tard.  Ta réponse à sa question est non verbale. Voilà qui tu es. Ou plutôt, ce que tu es.

Un être qui prend un plaisir certain à voir le sang couler. Un monstre de froideur qui prend plaisir aux échanges brutaux et violents. Un homme au coeur de pierre qui ne fait jamais dans le sentiment. Et qui, cette fois ci, est bien décidé à faire ses preuves pour se rapprocher de sa prochaine cible. Mine de rien. Tu lui prouveras que t'es à la hauteur pour occuper une place importante à ses côtés. Et tant pis si tu dois patienter de longs mois avant qu'elle ne t'accorde la moindre dose de confiance. Tu connais plus ou moins fonctionnement. Et bientôt, tu en sauras bien assez pour pouvoir agir en fonction et faire en sorte qu'elle ne puisse plus se passer de toi. Bientôt, tu seras suffisamment proche d'elle pour pouvoir être celui qui lui ôtera définitivement la vie. Tu seras celui qui lui trancheras la gorge pour la vider de tous ses vices.  Mais pour l'heure tu te joins bien volontiers à la mêlé générale que tu as toi même démarré. Tu frappes dans le tas. Tu uses et abuses de tes bons vieux couteaux. Tes plus fidèles amis. Les seuls qui comptent réellement. Et tu t'en sors, de longues minutes plus tard, sans rien de plus que quelques petites égratignures. Et un petit sourire aussi mauvais que fier sur les lèvres. Mais surtout, tu t'en sors avec ta coupe de cheveux parfaitement en place. Ils ne peuvent pas faire grand chose contre toi ces gamins incapables. Ils peuvent à peine te secouer. Ils sont faibles et tu te rassures en te disant que ta vraie cible sera nettement plus compliquée à abattre que ça.  Si la chose avait été trop simple à ton goût, tu ne te serais probablement pas lancé là dedans.

Fin du flashback

Tu prends le temps de la contourner sans lui adresser la parole. Tu ne lui offres même qu'un très bref regard avant de t'éloigner d'elle. Peu intéressé par le jeu de provocations qu'elle n'a de cesse que de relancer entre vous. Tu n'as pas de temps à perdre avec tout ça. Pas l'envie surtout. Alors tu t'éloignes et la laisses revenir à toi. Parce que tu ne sais que trop bien qu'elle n'en restera pas là. Ce n'est pas son genre. Elle a ce besoin insensé qui consiste à te pousser autant que possible à bout, pour te faire réagir et provoquer de violents échanges entre vous. Tu ne t'es déjà que trop habitué à la chose et le fait est que ça t'amuse presque dans le fond. Un verre glisse dans ta direction quand tu arrives près du bar. Mais ce sont les doigts de la rouquine qui se referment autour et le soulèvent. Non pas pour le porter à ses lèvres mais pour le balancer à travers le bar. Elle peste et grogne à voix haute avant de te rejoindre. De se poster dans ton dos pour refermer ses doigts autour de ta nuque. Geste qui te fait grincer des dents et se hérisser les poils sur l'ensemble de ton corps. Tu as peu de points faibles te semble-t-il. Mais tu as horreur de ce genre de geste. Tu n'as rien d'un chat que l'on maîtrise en l'attrapant par la nuque. Les mots qu'elle vient souffler à ton oreille, ont un parfum de menace. Tu ne sais que trop bien de quoi elle est capable quand quelqu'un la fout vraiment en rogne. Tu as déjà eus l'occasion de la voir à l'action. Ce n'est pas pour autant que tu vas t'assagir et devenir son gentil petit chien.

Peut-être qu'il t'attend chez toi. J'ai toujours préféré les livraisons à domicile. Douce froideur dans la voix. Tu n'es pas de ceux qui laissent facilement parler leurs états d'âme. Tu n'as pas l'intention de laisser ta colère lui éclater en plein visage. Tu es plus malin que ça. Tu sais parfaitement te garder sous contrôle quand ça t'arrange. Et en l'occurrence, tu ne peux pas te permettre de partir dans tous les sens avec elle. Tu dois rester vigilent et aux aguets. Toujours. C'est tout ce que tu voulais savoir ? Est-ce que je peux maintenant profiter de la soirée ? Ton désintéressé. Tout autant que le regard que tu poses sur son visage quand, d'un geste habile, tu te dégages de son emprise pour lui faire pleinement face. Encore une fois, toujours aussi prêt à esquiver ses coups s'il lui prenait l'envie de t'en envoyer un ou deux. Elle a les pupilles dilatées et le blanc des yeux injecté de sang. Elle est sous drogue, pour ne pas changer de ses bonnes vieilles habitudes. Et ça ne te fait ni chaud ni froid. Tes yeux foncés la scrutent sans que ta bouche ne souffle le moindre mot supplémentaire. La moindre parole de trop. Tu te contentes de la regarder et d'attendre qu'elle daigne te libérer et t'offrir la possibilité de t'installer le temps d'un verre ou deux. Avant que tu ne t'échappes de nouveau pour vite rentrer te mettre au calme chez toi. Où tu continueras d'élaborer des plans pour mettre fin aux jours de la tueuse en chef. Mais tout ça, ce sera uniquement si elle veut bien te laisser faire. Tu sais que rien n'est jamais gagné d'avance avec Houna. Que, sur un coup de tête, elle peut encore décidé de faire de ta soirée une suite d'événements tous plus improbables et/ou violents les uns que les autres.