divine comédie. (peyton)

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{ divine comédie }
crédit/ tumblr ♛  w/ @Peyton Cooper

Elle aurait voulu se taire.
Empêcher ses lèvres d’avouer les maux qu’elle ne dit pas,
empêcher ses lèvres de balancer les mots qu’elle ne pense pas.
Peyton, elle n’est pas responsable de sa souffrance. Elle n’était qu’une enfant, sa petite sœur, son bébé. Depuis qu’elle est née et à jamais.

« Je te présente ta petite sœur, cariña. (…) Doucement Isa, oui, comme ça. Tu dois faire attention à elle, la protéger quand moi, je ne serais pas là pour le faire. (…) C’est ton rôle de grande sœur. »

Les paroles prononcées par une mère qui savait qu’elle était trop souvent absente. Mais qui n’imaginait pas que, moins de cinq ans plus tard, elle ne serait plus de ce monde. Que ces mots-là, Isabella ne les oublierait jamais. Peyton, Jim, Julius. Quoi qu’il arrive, quoi qu’elle encourt. Elle les ferait toujours passer avant tout.

Même avant elle-même.

Confier l’obscurité qui la possède à sa petite sœur lui serait inconcevable. Ce n’est pas tant la peur de lui paraître vulnérable, plutôt celle de donner à Peyton une responsabilité qui n’est pas la sienne. Depuis sa naissance, jusqu’à présent, elle a tout fait pour la préserver des ténèbres. Elle a tout encaissé, elle, pour lui laisser son enfance, pour lui laisser sa jeunesse. Comme un poison toxique que l’âme torturée serait prête à recevoir, encore et encore, pour l’épargner elle, d’y toucher une seule fois. Et elle y est arrivée, l’écorchée, elle le sait. Car chaque fois que tu la vois, tu admires cette lueur dans son regard. Cette vivacité dans son sourire autant que dans ses opales. Peyton, sa joie de vivre, son goût pour la vie, c’est ta plus belle victoire. Elle a réussi à la préserver. Elle a réussi à la sauver. Du manque de leur mère, des horreurs de leur père, de toutes les souffrances qu’elle a embrassées toute seule. Ce n’est certainement pas pour l’en submerger, maintenant, dans ses propres enfers.

Alors tu les gardes pour toi, Isabella.

Tu gardes toutes tes cicatrices,
tes pensées anarchiques,
tes envies autodestructrices,

toute ton agonie.

Elle n’a jamais évoqué la douleur de vivre loin de Peyton. Elle refusait de la confier, pour la laisser libre, de vivre sa vie comme elle le souhaitait. Ce n’est pas de cette façon qu’elle aurait dû en parler. Mais les mots partent trop vite, imprégnés d’une volonté de détruire. Détruire l’inquiétude de sa sœur et se détruire, elle, un peu plus encore. Engendrer une dispute qui balaierait toutes les craintes de sa cadette et l’empêcher, elle, de craquer et s’effondrer par terre. Mais Peyton ne se laisse pas avoir. Elle se rapproche d’elle comme pour briser les barrières imposées par son aînée.

Et elle y parvient avec bien trop de facilité.

La gorge nouée, l’âme en perdition garde le silence, incapable de parler. Incapable de s’emporter. Pas devant une Peyton qui continue d’insister pour atteindre son cœur bousillé. – Je le voulais. elle confirme, dans un murmure, pour que son interlocutrice ne devine pas les tremblements dans sa voix. Elle peut craquer à tout instant, Isabella. Elle tente d’effacer la boule qui s’est formée dans sa gorge alors que ses iris chamboulés se perdent dans ceux de sa sœur. Elle connaît la force de caractère de Peyton mais il est rare qu’elle lui tienne tête, à elle, de cette manière. Il est rare que l’aînée des deux Cooper soit aussi fébrile alors que rien ne flanche chez la cadette. – Mais tu ne comprends pas… ça ne m’aidera pas… Parce que se dire qu’elle est une source d’inquiétude pour ses proches la rend, elle, encore plus angoissée. Coupable et victime à la fois des souffrances qu’elle n’est pas capable de contrôler. Glissant nerveusement sa main tremblante dans sa chevelure ébène, la tourmentée finit par détourner ses prunelles. – Je ne peux pas craquer, Peyton… Parce que si elle le fait, Isa, elle n’est pas sûre qu’elle pourra se relever.

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{ divine comédie }
crédit/ tumblr ♛  w/ @Peyton Cooper

Sa famille,
elle toute sa vie,
son point de chute,
son repère éternel,
dans une vie décousue,
sa plus grande force et sa pire faiblesse,
Isabella, elle ne serait rien. Sans eux. Sans elle.

Peyton est sa petite sœur, celle qu’elle a voulu préserver de toutes les horreurs qu’elle a connues elle-même bien trop tôt. Mais elle est aussi celle qui l’a sauvée, bien plus de fois qu’elle ne saurait l’imaginer. Étincelle lumineuse,
elle est celle qui l’a toujours éclairée,
son étoile dorée,
dans un monde sans couleurs.
Peyton, elle l’a sauvée des ténèbres, chaque jour de sa vie. Car, sans elle, sans leurs frères, la rose abîmée aurait depuis longtemps déjà fané. Sans rien pour la maintenir en vie, sans raison de se battre, elle n’en serait pas là aujourd’hui. Elle ne serait peut-être plus nulle part sans sa famille. Alors elle l’aide, sa sœur, elle l’aide bien plus qu’elle ne semble le croire. Ses mots bouleversent Isabella qui voudrait être capable de lui dire, tout ce qu’elle lui doit. – Et tu m’aides… tu m’aides tous les jours, Peyton. elle confie lentement, la voix chamboulée, la voix éreintée aussi, de devoir continuer de lutter. Elle arrive au bout de ses limites, l’écorchée vive, ses forces s’amoindrissent. Jusqu’aux battements de son cœur qui semblent ralentir. Isabella, elle au bord de l’abîme, au creux d’un précipice. Incapable de taire toutes ces voix dans sa tête, ces démons qui refusent de disparaître, elle n’est plus capable de faire semblant devant sa cadette. Plus capable de cacher ses tourments à celle qui, au contraire, est déterminée à ne pas lui laisser le choix. Résiliée, épuisée de se battre, l’âme en perdition finit par se laisser tomber sur le canapé. Silencieuse, quelques secondes durant, les iris fuyants, elle commence pourtant à parler. – Tu es… tellement forte, Peyton. elle laisse échapper, perdue dans ses songes, plus qu’elle n’essaie de s’expliquer. Mais elle se met peu à peu à se dévoiler. – Tu es assez forte pour faire le tour du monde, pour affronter ta maladie, et continuer de vivre avec… une telle intensité… moi, je… je n’y arrive pas… Elle secoue la tête, fébrilement, les lunes sombres qui se mettent à perler, alors qu’elle relève enfin la tête vers l’astre solaire. – J’ai l’impression de constamment suffoquer… qu’à chaque fois que je crois pouvoir relever la tête, je finis à nouveau par me noyer…

Et tu lui confies,
tout ce que tu n’as jamais osé dire,
toute la souffrance qui t’anime,
ton âme à la dérive,
ton cœur à l’agonie,
tout ton être en déséquilibre,
toute ta vie qui ne tient qu’à un fil.

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{ divine comédie }
crédit/ tumblr ♛  w/ @Peyton Cooper

Elles ont tant partagé, toutes les deux, elles se sont toujours tant donné(es). L’une à l’autre, l’une pour l’autre. Peyton, elle a été sa priorité dès l’instant où elle est née, jusqu’à la femme qu’elle est désormais. Elle l’aime, elle les aime, elle et leur frère. Elle les aime car ils sont sa famille, c’est vrai. Mais il y a quelque chose de bien plus fort, bien plus intense, qui les relie. Ce n’est sûrement pas ainsi dans toutes les familles. Peut-être qu’ils s’aiment plus puissamment que les autres familles ; peut-être qu’ils s’aiment avec violence, une violence silencieuse, parfois presque tortueuse, dont ils ne parlent pas. Ils n’en ont pas besoin, car ils savent. S’il y a une chose que tu sais dans ce monde, Isa, c’est que tu as ta famille avec toi. Où que tu ailles, quoi que tu fasses, ils sont en toi. Ils sont un fragment de toi, le fragment aux couleurs d’or, parmi tous les débris plus sombres. Ils ne se confient pas, pas si souvent, pas sur ce qu’ils ressentent, les uns envers les autres. Peut-être devraient-elles, en réalité, car elle ne serait pas si chamboulée d’entendre la manière dont sa petite sœur peut la considérer. Un sourire fêlé sur les lèvres, la ténébreuse l’écoute sans un bruit, touchée par ses dires. Mais elle secoue la tête, de gauche à droite, négativement. « Mais au moins, toi, tu t’es construite, toute seule, tu sais… tu sais exactement qui tu es. » alors qu’elle… elle a seulement continué d’encaisser, tous les coups que la vie lui a portés. T’as la sensation douloureuse d’avoir subi tout au long de ton existence, Isabella, la sensation que tu ne serais rien aujourd’hui sans tes souffrances. Il y a certainement une partie d’elle qui en a voulu à sa cadette, quelques années plus tôt, quand elle est partie alors qu’elle avait tellement besoin d’elle. Mais, avec le recul, elle sait. Elle sait que Peyton a fait un choix nécessaire, courageux ou lâche elle ne pourrait le dire, mais nécessaire. Elle a trouvé sa voie, elle a découvert la manière dont elle veut vivre. Quand Isabella, encore, se contente de survivre. Ce sont ces mots-là qui brisent les derniers remparts de l’aînée, eux, ou bien les bras de sa sœur qui viennent l’envelopper. Sans prévenir, elle éclate, Isa, les perles salées qui se mettent à la submerger. «  Seulement je suis épuisée… je suis épuisée de devoir constamment survivre, Peyton, je… je n’y arrive plus… » sa voix chancelle alors qu’elle est toujours blottie dans ses bras rassurants, frêles mais si grands. « C’est pour cette raison que je… prends ces cachets. » elle avoue, enfin, ce qu’elle s’est interdit d’admettre. Une dépendance dont elle n’a pas tout à fait conscience mais qui, peu à peu, prend de plus en plus d’importance.
Car elle t’empêche de suffoquer,
elle t’empêche de te laisser définitivement sombrer.

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{ divine comédie }
crédit/ tumblr ♛  w/ @Peyton Cooper

C’est la première fois.
La première fois qu’elle craque. La première qu’elle se laisse submerger par les vagues qui menacent depuis trop longtemps d’éclater. La première fois qu’elle laisse les remparts céder. La première fois qu’elle se laisse, Isabella, le droit de pleurer. Les perles diluviennes viennent bientôt inonder sa petite sœur qui la tient toujours contre son corps. Peyton, elle la sent qui la tient si fort. C’est peut-être pour cette raison, aussi, que tu finis par céder. Parce que t’as l’impression que tu peux craquer. Que Peyton, elle sera là pour ramasser les débris de toi. Elle sera là pour les recoller avec toi. Peyton la tient avec force et elle, elle… elle se raccroche à elle comme elle ne l’a jamais fait. Car ce n’est pas dans ses habitudes, à Isa, déjà de s’effondrer. Mais moins encore avec elle, son bébé. Avec Peyton plus qu’avec n’importe qui, elle a toujours tâché de garder maîtrise. Rester forte, rester courageuse, quoi qu’il arrive. C’est pour elle qu’elle s’est battue toutes ces années. Il y a leur frère, aussi, mais Julius connaît mieux les failles de leur aînée.
Peyton, elle a toujours été leur bébé. Son bébé.
Mais le bébé a grandi, elle est devenue cette femme si aventureuse et si libre. Audacieuse et intrépide. Surtout, cette femme capable de vivre. C’est tout le contraire de l’âme en détresse engloutie par les affres abyssales qu’elle n’a jamais été capable de fuir. C’est si différent d’Isabella qui, à tout moment, sent qu’elle pourrait se laisser partir. Couler sans plus jamais revenir. « Penser à moi, c’est penser à tout ce qui me fait mal… » elle avoue de sa voix éraillée, tremblante sous toutes les perles qu’elle continue de verser. Une grande inspiration qu’elle prend, et tente de retrouver un semblant de contenance. « Et j’ai… besoin de toi. » trois mots. Trois petits mots qui pourraient paraître insignifiants, qui seraient tellement futiles si la situation était inversée. Innombrables sont les fois où la rose abîmée a entendu ces paroles sortir de la bouche de sa cadette. Innombrables sont les fois où elle a été là pour elle. Cette fois, c’est toi. Toi qui as besoin d’elle. Toi qui lui demandes son aide. Son soutien. Sa présence à elle, personne d’autre, ta sœur. Elle se recule lentement pour récupérer, d’une main fébrile mais pourtant sûre d’elle, la petite boite contenant ses cachets. Elle la remet à Peyton dans un geste, presque solennel, un geste qui en dit long. « Tu m’aideras… ? » Elle lui remet bien plus qu’un flacon entre les mains. Elle lui offre sa confiance autant que sa souffrance, qu’elle lui livre à cœur ouvert. C’est la première fois. La première fois qu’elle se sent aussi mise à nu face à sa petite sœur. Ça lui fait terriblement peur.
Mais Peyton, elle saura mieux que quiconque prendre soin de son cœur.