It's okay if all you did today was survive ~ Jesaïa

ce qu'il faut savoir /
Ne cherchez pas Jesaïa dans les jupons de sa maman, vous ne l’y trouverez pas. Non, il a plutôt décidé de fuir ses parents dès que l’occasion s’est présentée pour ne pas avoir à supporter cette mascarade constante à laquelle se livre sa mère pour préserver les apparences. Cette femme est peut-être son héroïne, mais il n’a jamais compris comment elle pouvait accepter de rester aux côtés d’un homme profondément raciste contre les siens (mexicaine immigrée). ◖◗  Originaire de ce charmant État américain qu’est le Texas, connu pour sa formidable ouverture d’esprit et ses idées en avance sur leur temps (sentez-vous l’ironie ?), il a pris soin de partir sans se retourner dès qu’une université suffisamment prestigieuse (Columbia University) a accepté de le recevoir en son sein. Avec un dossier scolaire comme le sien, il aurait été difficile de dire non. Quarterback au lycée, il aurait pu poursuivre après s’être vu offert une bourse sportive mais il a préféré suivre le choix du cœur en optant pour ses ambitions personnelles : la médecine. ◖◗  Major de promo, Jesaïa a toujours été très bon lorsque placé dans une ambiance compétitive. C’est ce qui lui a permis d’obtenir une place de choix dans un hôpital new-yorkais. C’est là-bas, pendant son internat, qu’il a rencontré Letizia. Elle accompagnait sa sœur, atteinte d’un cancer en phase terminale. Touché par son histoire et par la perte inévitable de cette dernière, il a fini par commettre une erreur de débutant en franchissant la frontière entre « patient » et « médecin ». ◖◗  Letizia est tombée enceinte peu de temps après et a appris à Jesaïa à toujours porter des préservatifs. Ils se sont mis ensemble tous les deux et l’accouchement s’est extrêmement bien passé. Le petit Karam a officiellement vu le jour le dix-sept août deux-mille douze. ◖◗  Peu de temps après la naissance du la prunelle des yeux de Jesaïa, Letizia a mis les voiles sans crier gare, subitement, du jour au lendemain. Elle n’est plus jamais réapparue et, malgré ses efforts, Jesaïa n’est jamais parvenu à la retrouver. ◖◗  Michele, la mère de Jesaïa a passé trois années entière aux côtés de ce dernier pour lui permettre de terminer ses années d’internat et de se stabiliser sans avoir à choisir entre son fils et son ambition. Elle lui a été d’une aide précieuse. ◖◗  Après avoir opté pour une spécialisation en neurologie, Jesaïa est parvenu à franchir toutes les étapes jusqu’à officiellement être reconnu docteur en chirurgie neurologique. Sa licence en poche, il a été freiné par une tuile qu’il n’attendait clairement pas. ◖◗ En deux-mille dix-huit, au détour d’un contrôle de routine, les médecins se sont rendu compte que Karam avait contracté un cancer du poumon. Père et fils ont mené un combat sans relâche durant lequel Jesaïa a flambé l’intégralité de ses économies pour subvenir aux coûts de la chimiothérapie et des multiples traitements envisagés pour sauver la vie du petit garçon. ◖◗  Finalement, et après dix mois de combat, Karam est décédé dans les bras de son père, à l’hôpital, en lui faisant promettre de ne pas être triste… Une promesse que Jesaïa a longtemps choisi de bafouer. ◖◗  Désabusé par l’inefficacité de la médecine, science en laquelle il croyait pourtant ardemment, Jesaïa a brutalement démissionné, vendu son appartement et sombré dans l’alcool. ◖◗  Ce n’est qu’en acceptant de participer à une expérience sociale pour éponger ses dettes que Jesaïa est récemment revenu « à la vie ». Les difficultés rencontrées, le sadisme qu’a pu déployer l’homme derrière cette expérience, la cruauté des dilemmes qui lui ont été proposés, la perspective de ne jamais parvenir à s’en sortir et la rencontre de personnalités en or lui ont permis de progressivement se réveiller. Le chemin a été long, il est ressorti traumatisé de sept semaines d’enfermement, le cœur lourd, l’esprit hanté mais conscient de s’être vu offrir une seconde chance d’honorer sa promesse à Karam. Dorénavant, et même si c’est difficile, il vivra et arrêtera de simplement survivre.