Love me like you do - Warston

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{ Avant toi, on m’a pas
montré le chemin }
crédit/ tumblr ♛  w/ @nikolaï Warren

Et elle craque, Isabella. Elle craque ici, sur cette plage, au milieu des vagues et du sable. Au milieu de cette danse qu’ils partagent. Il y a quelque chose, en elle, qui se brise. Comme une barrière qui se rompt, avant que n’arrive l’inondation. Toutes les larmes qu’elle s’est refusée si souvent de verser, toute la tristesse qu’elle n’a pas voulu dévoiler. Mais, surtout, toute la souffrance qu’elle a tenté de brimer. Tout remonte à la surface, tout lui revient brutalement en pleine face. Les émotions sont violentes, incontrôlables. La latina peine à garder une emprise sur la réalité, ni même un simple contact. Il n’y a que la douleur qui est là, il n’y a qu’elle qui est toujours là. Elle s’effondre dans les bras de Nikolaï, presque, sans s’en rendre compte. Il est là, tout autour d’elle, il l’enveloppe de sa lumière. Mais elle ne le sent pas, ne le voit pas. Il n’y a toujours que ça. Blottie contre l’homme qu’elle aime, l’écorchée vive n’essaie plus de retenir ses émotions, elle les laisse aller sans plus aucune tentative de simulation. Elle ne tente plus de garder le moindre contrôle de la situation. Et elle pourrait se laisser noyer par tous ces torrents versés. Mais il est là, lui, pour la rattraper. La retenir de tomber définitivement, quand il commence à lui chanter cette chanson.

C’est sa voix qui vient te sortir de cette tempête,
elle qui te fait oublier l’ouragan qui s’abattait  sur tout ton être,
lui qui te ramène à nouveau dans le monde réel.

Les battements anarchiques de son cœur embrouillé commencent peu à peu à s’apaiser. Ils retrouvent, tant bien que mal, un semblant de sérénité. Les perles salées s’atténuent de leur côté, laissant ses sanglots s’évaporer. Le calme retrouvé, il n’y a plus qu’une certaine mélancolie dans ses pupilles assombries. Une douleur résignée qui subsiste. Elle paraît étonnamment apaisée quand elle se décide à se reculer. Le visage encore inondé, elle essaie lentement de reprendre contenance en effaçant les larmes versées. L’air un peu perdue, elle se sent, comme, vidée de toutes ces émotions qu’elle ne retient plus. Peut-être que cela lui a fait un peu de bien, juste un peu. Peut-être qu’elle en avait besoin. C’est sa voix qu’elle choisit de complimenter, alors qu’il fait tout pour prolonger le faible sourire sur son visage chamboulé. – Si… Tu le fais, parfois, quand tu es sous la douche. Et elle, elle l’entend, au loin. Elle l’écoute, heureux, se laisser aller sans se douter qu’il est espionné. Qu’il l’était. Bien sûr, qu’il l’était.

La réalité vient te rattraper,
douloureuse, criante de vérité,
vous deux, c’est terminé.

Et pourtant, l’on ne dirait pas. Pourtant, ils sont toujours là. Encore en face l’un de l’autre, c’est encore une fois dans ses bras qu’elle s’effondre. Comme si le lien qui les unit, était indivisible. Comme sir rien ne pouvait l’effacer, rien ne pouvait entacher… tout ce qu’ensemble, ils ont réussi à créer. Même pas toi, Isabella. Même toi, tu n’y arrives pas, à tout briser. Même toi, pourtant spécialiste pour tout gâcher. Il lui sourit, Nikolaï, mais elle voit cet air inquiet dans son regard. Elle le sent, aussi, à la manière bien à lui qu’il a de la retenir auprès de lui. Comme s’il avait peur, comme s’il avait compris. Qu’à tout moment, elle pouvait tomber. Qu’il ne voulait surtout pas, la voir s’effondrer. Son ange gardien finit par s’asseoir à sa suite, à même le sable, face à l’océan qui laisse éclater toutes ces vagues. L’âme en peine se perd, un bref instant, dans cette contemplation. Et, dans des mots à peine murmurés, elle commence à son tour, le jeu des confessions. Le jeune homme reste plongé dans le silence, comme elle l’a fait avant lui, il se contente de l’écouter parler. Il se rapproche, presque, instantanément d’elle pour mieux l’écouter. Il la force par la même occasion à reposer son regard brisé sur lui.

Il veut te sauver,
comme si tu étais en danger,
mais le seul danger, ici, c’est toi,
c’est toi, isa,
toi et tout ce que tu peux t’infliger.

La torturée secoue la tête brièvement, mais toujours plongée dans son océan. Elle ne peut pas le fuir, pas quand elle se sent aussi fragilisée. Pas quand il est si près. Pas quand il n’y a plus rien pour la protéger. – Tu ne comprends pas… je ne peux pas être sauvée. C'est avant que tu aurais dû l'être. Il le voit bien, elle n’est pas en danger. Elle ne cherche pas à détruire sa vie, ni à se blesser. Elle ne fait rien de conscient, Isa, pour se faire souffrir. Ce n’est pas comme si elle prenait de la drogue, qu’elle abusait d’une quelconque substance – ou presque. C’est juste elle, elle et sa souffrance. C’est elle qui a mal, quoi qu’elle fasse. Il n’y a pas d’issue, juste elle et cette douleur abyssale. – Ce que j’ai vécu, je… Elle peine à trouver ses mots. Elle ne parle pas souvent des abus qu’elle a subis, Isa, même pas avec lui. C’est beaucoup trop difficile. – J’ai été abusée par mon propre père, tu comprends ? Je… La première fois qu’elle l’expose si clairement. Qu’elle met les mots sur les actes si violents. Détruite par celui qui était censé la protéger, celui qui était censé l’aimer… comment pourrait-elle croire, à présent, qu’elle le mériterait ? Qu'elle mériterait que l'on se batte pour elle, qu'elle arriverait, elle, à se battre pour l'aimer ? – Je sais que tu m’aimes, je t’assure, mais je… Je n’arrive pas à y croire. Je n’ai pas l’impression de mériter ton amour, je… je ne me sens pas à la hauteur. Parce que je suis brisée de l’intérieur. Elle baisse la tête, l’air coupable. Parce qu’elle s’en veut, Isabella, elle se sent responsable. Responsable de tout ce qu’elle a subi, responsable de tout ce qu’elle lui inflige. Incapable d’être aimée correctement, incapable d’être aimée tout bonnement.

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{ Avant toi, on m’a pas
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crédit/ tumblr ♛  w/ @nikolaï Warren

La présence enveloppante de Nikolaï autour d’elle lui fait du bien. Il agit en elle comme un halo de lumière. Il la réchauffe comme le ferait un rayon de soleil. Mais c’est lui, cette lueur, c’est lui cette clarté aux allures éternelles. Avec toute la tendresse et la patience qu’elle lui connaît, il attend sans un mot qu’elle finisse de pleurer. Que toutes les larmes soient versées. Et qu’elle soit prête, elle, à retrouver un brin de réalité. Ils sont toujours dans cette petite bulle qui s’est formée. Un peu, comme, s’il s’était immiscé dans celle qu’elle avait créée. Qu’il avait su briser les frontières pour mieux la rejoindre. Et ils sont là, tous les deux, loin du reste du monde. Elle ne songe pas un instant à tout ce qui peut d’ordinaire l’accaparer, toutes ses angoisses incontrôlées. Elle ne songe même pas à tous les efforts établis pour s’éloigner de l’homme qui la tient en ce moment enlacée. Il n’y a plus qu’eux, qui se regardent, eux qui retrouvent cette connexion intacte. Nikolaï, il arrive même à la faire sourire, même si elle se sent toujours aussi démunie. Fragilisée d’avoir craqué si violemment, elle se sent vulnérable comme elle l’est rarement. Comme mise à nu, face à lui, elle se sent un peu perdue. Reconnaissante malgré tout du réconfort qu’il lui a donné, du soutien inconsidéré. Elle le remercie aussi, intérieurement, de tenter de détendre l’atmosphère. La détendre, elle, après s’être fait rattraper par les ténèbres.

Et te revient cette sombre sérénité,
la mélancolie retrouvée,
les prunelles obscurcies par les tourments rattrapés.

Poupée cassée qui a toujours fait en sorte de continuer à fonctionner. Fonctionner, le mot avéré. Elle emploie ses fonctions premières, Isabella, mais elle n’est jamais totalement là. Il y a toujours cette part en elle, enfermée dans le passé. Piégée dans des souffrances insurmontées. Elle a appris à aller de l’avant, l’écorchée. Ce n’est pas pour autant qu’elle en a réchappé. L’impression douloureuse que, quoi qu’elle fasse, elle finira toujours par souffrir. Le bonheur est devenu cette sorte de hantise. Trop mal habituée, le corps si souvent abusé. Elle ne mérite pas d’être aimée. Tu ne mérites pas d’être aimée. Les mots injustifiés, elle devrait le savoir, mais l’impression persiste, douloureusement sadique. Elle a la sensation amère que, peu importe tout ce qu’elle peut faire, elle sera toujours cette jeune fille dépossédée d’elle-même par son propre père. Toujours à la merci de celui qui l’a créée, pour mieux la briser. La sensation, terrible aussi, de se dire que c’est cet homme qui l’a détruite qui parvient, encore aujourd’hui, à anéantir le peu qu’elle est capable de construire. Et viennent les remords, les sentiments de culpabilité. De donner la responsabilité à un autre, alors qu’elle est peut-être juste incapable d’aimer. Peut-être même que le problème vient d’elle en réalité.

Prise au piège d’un passé que t’es incapable d’oublier,
l’idée qui revient constamment, tu l’as peut-être provoqué,
et tu continues de le provoquer encore aujourd’hui,
chaque fois que tu détruis à nouveau ta vie.

Cercle sans fin dont elle ne sortira pas indemne. L’écorchée vive se retrouve face au regard pourtant si différent de l’homme qu’elle aime. L’homme qui l’aime, surtout, et qui ne voit pas combien il peut se tromper. Combien elle est juste, ravagée. L’âme saccagée, emprisonnée dans son propre corps. Elle n’a juste… plus la force. Elle est enveloppée de cette tendresse, ce courage qu’il voit en elle. Mais c’est comme si elle restait de marbre, Isabella. Comme si son esprit était hermétique à tout ce qu’il peut dire. En réalité, c’est tout son être qui est trop morcelé pour être capable de croire à autre chose que ce qu’elle a toujours ressenti. Il ne paiera pas, son père, c’est faux. Il s’en est sorti, il est libre. C’est elle, la seule prisonnière de tout ce qu’il lui a fait subir. – Je ne suis pas aussi forte que tu le crois… Elle est fatiguée, épuisée de se battre chaque jour, juste pour continuer à supporter cette douleur. C’est en train de la ronger, Isa, c’est en train de la tuer. Elle a juste appris à prendre sur elle, comme si avoir aussi mal était devenu naturel. Elle ne sait même pas, au fond, qui serait-elle sans elle ? Mais ces pensées-là, elle les garde pour soi. Il ne comprendra pas.

Et tu te terres un peu plus dans tes enfers,
par cette part de ténèbres,
il ne peut pas t’atteindre,

t’es déjà trop loin.

Les mots de Nikolaï, elle les entend, elle les comprend. Mais elle ne les ressent pas, ne les croit pas. Il semble saisir combien tout ce qu’elle a vécu l’a marquée. Il semble savoir combien elle est brisée. Mais c’est comme s’il pensait qu’elle pouvait y remédier. Comme si, subitement, elle pouvait choisir que ce mal soit soigné. Elle vit avec ce sentiment en elle que les abus qu’elle a subis, influencent encore aujourd’hui chaque pan de sa vie. Toutes ses décisions, toutes ses angoisses, toutes ses peurs, c’est cette horreur venue tout droit du passé qui les inscrit dans son cœur. La seule chose qui peut, un peu, l’apaiser, c’est l’amour qu’elle peut porter. Celui qu’elle ressent, celui qu’on lui offre également. Celui de Nikolaï, qu’elle ressent, là, contre la paume de sa main. Elle l’écoute la rassurer, l’aimer, sans rien dire du tout de son côté. Le silence comme seule réponse, elle s’imprègne des mots qui lui font du bien. Mais qui ne suffiront pas à lui ôter ce sentiment malsain. – Mais tu vois bien ce que je fais… je détruis tout ce que je touche, Nikolaï. lance-t-elle, la voix serrée. De sa main libre, elle replace ses cheveux d’un geste fébrile, les pupilles toujours rivées sur lui. – Je suis partie… Je suis partie parce que j’ai été incapable de gérer tout ce qui se passait entre nous… Tu… tu devrais être avec quelqu’un qui sait se battre avec toi, quelqu’un qui… qui sait se battre pour toi, dans une relation équilibrée, dans quelque chose de solide… Tu mérites mieux que ça… Ça, c’est tout ce qu’elle lui inflige. Toutes les douleurs subies. Tout le mal qu’elle répand, en elle, autour d’elle. Ça, c’est cette femme qui paraît si saine, mais qui ne l’est pas. Cette femme névrosée, sûrement déséquilibrée. Cette femme instable qu’il a eu le malheur d’aimer. Tu mérites mieux que ça, Nikolaï, mieux que moi.

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crédit/ tumblr ♛  w/ @nikolaï Warren

Vivre, lui a trop souvent été assimilé à survivre. C’est ainsi qu’elle l’a vécu, ainsi qu’elle a appris. Elle s’est accommodée des souffrances infligées par la vie. Comme si elles étaient normales, comme si c’était là les charges d’une existence banale. Mais tout cela n’a jamais été banal. Ce que son père lui a fait subir, c’était anormal. Amoral. C’était mal. Et même si elle en a conscience, raisonnablement, si son esprit le sait depuis tout ce temps… c’est différent de ce qu’elle ressent. Différent de ce qu’elle éprouve au plus profond d’elle, cette douleur vive qui écorche tout son être. L’impression qu’elle ne mérite rien d’autre malgré tous ses efforts. Qu’il y a quelque chose, en elle, qui ronge, autant qu’elle, les âmes de ceux qui l’approchent. L’impression que son cœur est trop morcelé, pour ne pas écorcher celui de l’homme qui dit l’aimer. Nikolaï, c’est lui qui a appris à la torturée à se laisser aller. C’est lui qui l’a incitée à suivre ses envies, ses désirs, plutôt que toutes les angoisses qui contrôlent si facilement son esprit. Il lui a indiqué le chemin du bonheur, chemin qu’il était prêt à suivre avec elle, main dans la main. Seulement elle s’est détachée, Isabella, elle s’est éclipsée. Elle n’avait pas sa place dans cet endroit, pas de place nulle part.

Il n’y a que dans la noirceur que tu sais te trouver,
dans les ombres, tu peux te cacher.

Un peu, comme si elle avait peur de se révéler. Peur de se dévoiler au reste du monde, et qu’il choisisse de la blesser. Que l’on puisse définitivement la briser. Elle n’est pas forte, elle n’est que ce corps qui sait encaisser les coups, jusqu’au moment où elle pliera. Jusqu’à cet instant où elle s’effondrera. C’est déjà arrivé, plusieurs fois, elle vient même de craquer sans aucune possibilité de se retenir. Il aura beau croire  qu’il peut la sauver, Isa elle est convaincue que ce n’est plus possible. Avec conviction, une force de persuasion remarquable, il essaie de lui ouvrir les yeux. Il essaie de lui faire comprendre combien affronter tout ce qu’elle a vécu est courageux. Mais elle ne le ressent pas comme ça, la latina, elle n’avait juste pas le choix. – Tu sais que c’est différent… être là pour ceux que j’aime, c’est facile. C’est ce qu’elle a fait toute sa vie durant. C’est la seule chose qu’elle sait faire assurément. Mais c’est s’occuper d’elle-même qu’elle n’arrive pas à faire. C’est quand il s’agit d’aller de l’avant, sans laisser les tourments du passé la submerger, qu’elle enchaîne les défaites. Il est là, lui, pourtant, c’est ce qu’il lui affirme sans l’ombre d’une hésitation. Il est là pour elle, même quand elle le rejette. Il est là pour leur amour même quand elle le repousse.

Devant nikolaï,
tu ne sais pas,
tu ne sais plus rien,
pas même ce dont t’as besoin.

Il a beau se raccrocher à elle de toutes ses forces, elle se laisse encore tomber dans ces profondeurs obscures. Ces abysses qui la rongent et la torturent. Pour la garder auprès de lui, il n’y a que le contact de l’homme qu’elle aime, son cœur qui bat contre la paume de sa main. Ses mots, cette fois, la touchent. Plus que de raison. Elle se sent émue, chamboulée par une pareille déclaration. – Mais je te fais souffrir aussi… je le sais. confie-t-elle comme une criminelle avouant sa culpabilité. Les torts pourtant partagés. C’est vrai, il dit la vérité, mais c’était lui qui était inquiet. C’était à elle de le rassurer. Pas de s’en aller. Pas de lui montrer, qu’il avait raison d’avoir peur. Tout ce qu’elle lui a prouvé, c’est combien son cœur est bancal. Combien entre eux rien n’était stable. Qu’elle, n’a jamais été stable. – Je ne sais plus quoi penser de… de nous. J’avais l’impression qu’il n’y avait pas de solution, que… que c’était la preuve que toi et moi, cela ne pouvait pas marcher. Et c’est douloureux à entendre, certainement, autant qu’à admettre. Mais Isa, elle avait cessé de croire à leur histoire. L’échéance arrivant, comme une malédiction, leur amour ne pouvait pas durer plus de quelques saisons. – Peut-être que ce n’est pas normal, la manière dont j’agis avec Luke… Peut-être qu’elle lui donne trop d’emprise, elle n’en sait rien. Elle a juste suivi son instinct, comme un besoin. Mais Nikolaï ne la laisse pas parler plus longtemps, il se lance dans un discours bien plus profond.

Plus touchant.

Plus percutant.

Elle sent les larmes revenir inonder ses prunelles à peine apaisées, elles brillent à nouveau. Elle ne sait même pas, Isabella, ce qu’elle peut répondre devant de pareils mots. C’est quand il lui assure qu’elle peut bien dire ce qu’elle veut, cela ne changera rien, qu’elle sort de sa torpeur, enfin. – Tu es un homme incroyable… confie-t-elle dans un murmure alors que son regard ébène est toujours ancré dans le sien. Elle ressent ce besoin de se raccrocher à lui, comme si elle avait peur que tout cela ne soit qu’une chimère. Sans prendre la peine de lui répondre, pas avec des paroles, la belle choisit les gestes. Elle choisit ses bras dans lesquels elle se blottit pour une douce, rare, étreinte. Ses paupières fermés, elle ne bouge pas au millimètre près. – Je t’aime… confie-t-elle d’une voix à peine audible, l’assurance encore fragile. Elle a peur, Isa, peur de se tromper. Peur de les blesser. Mais c’est devenu trop difficile de lutter. Elle se sent fatiguée, l'écorchée, elle se sent lessivée. Elle ne sait pas si c'est d'avoir trop pleuré, peut-être aussi les médicaments qui font toujours effet. Ou bien c'est peut-être juste lui, Nikolaï.

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crédit/ tumblr ♛  w/ @nikolaï Warren

Il n’y a rien qu’elle contrôle, Isabella, rien qu’elle ne maîtrise dans tous les tourments qui l’habitent. Elle n’est pas maîtresse de la situation, quoi qu’elle en montre. Elle peut en donner l’impression, laisser penser qu’elle a le contrôle sur ses émotions. Qu’elle n’écoute que sa raison. Car, c’est vrai, elle n’est jamais bien loin, sa raison. Présente pour lui rappeler comment agir en toute bonne conscience. C’est trop souvent elle qu’elle a écouté plutôt que ses envies. Plutôt que tous les désirs qu’elle a préféré enfouir. Mais son cœur, il n’est jamais bien loin. Il bat toujours plus fort, comme pour lui indiquer le chemin, celui dont elle a besoin. Celui qu’elle se refuse, trop souvent, trop submergée qu’elle est par ses démons. Eux, reviennent trop facilement, plus forts qu’elle ne le sera jamais. Mais pas plus fort que l’être aimé. Si elle fait tout pour l’éloigner, il est toujours là pour lui prouver, qu’il n’est pas prêt de l’abandonner. Qu’il ne la laissera pas tomber. Même si, comme il lui fait comprendre, elle ne lui facilite pas la tâche. Même si, sans s’en rendre compte, elle lui refuse d’être là pour elle comme elle l’est pour lui. Devant les mots prononcés, l’écho de douleur ravivée, elle le contemple, à la fois coupable et blessée. Coupable qu’il puisse se sentir aussi rejetée, blessée de se dire qu’il ne voit pas tout ce qu’elle a pu lui livrer. – Je pensais être différente avec toi. avoue-t-elle en détournant son regard voilé. Elle se sent coupable de lui faire autant de mal. Et elle n’a pas besoin de se sentir coupable, Isa, elle est déjà dans un trop sale état. Elle se sent un peu plus épuisée encore, alors que lui paraît toujours plus fort.

Prêt à rester à tes côtés,
prêt à te sauver,
même contre ton gré.

L’âme en perdition le contemple quelques secondes, sans savoir ce qu’elle devrait dire. Sans savoir, surtout, comment elle devrait le dire. Comment exprimer tout ce qu’elle peut ressentir, toute la détresse qui achève de l’anéantir. – Mais tu ne comprends pas, je n’ai aucune envie de te faire du mal… Peut-être que lui, est prêt à l’accepter. Mais elle, elle n’y arrivera jamais. Ce n’est pas dans son tempérament de blesser, encore moins de plonger dans un tel mal-être la personne qui a le malheur de l’aimer. Elle ne veut pas le ronger, elle ne veut pas le contaminer, de cette souffrance qui ne veut pas s’en aller. Mais il lutte, Nikolaï, il lutte pour rester à ses côtés. Il affirme que leur couple peut marcher, que l’amour parfait ne peut exister. Peut-être que c’est lui qui a raison mais, Isabella, elle n’arrive pas même à en supporter l’idée. Elle sait trop ce que c’est de souffrir pour l’infliger.

Et pourtant, toi aussi,
t’en as envie,
et pourtant, toi aussi,
tu le veux dans ta vie.

Doux instant de flottement, elle finit par se blottir dans ses bras aimants. Incapable de trouver les mots, pour le convaincre, pour lui ouvrir les yeux. Il ne se laisse bercer que par ce sentiment, celui d’être amoureux. Et elle ferme les paupières, l’écorchée vive essaie de se mettre à sa place. Elle essaie, surtout, d’arrêter de penser. Arrêter de se torturer. Arrêter de s’empêcher de l’aimer. Elle essaie d’oublier, toutes les peurs qui peuvent l’animer. Ou même, les confessions qu’elle vient de dévoiler. Le sentiment que, peut-être, tout est terminé. C’est difficile à croire, pourtant, quand on la voit serrée contre lui comme si sa vie en dépendant. Les opales à peine ouvertes, la belle relève la tête vers lui pour le contempler avec tendresse. – Moi, je pense que c’est en toi. confie-t-elle dans un murmure à peine audible. C’est vrai, elle n’en a rendu aucun autre ainsi. La plupart d’entre eux se sont même enfuis. Non, c’est lui, c’est Nikolaï, qui est comme ça.

Et tu te perds dans son amour,
évacues tout ce que tu redoutes,
tu aimerais, pour toujours.

Elle ne sait pas ce qui va se passer. Il leur faut sans doute parler. Se confier, se livrer à cœur ouvert, sur leur relation et tout ce qu’ils en espèrent. Car c’est évident, elle ne peut pas tourner les talons et lui affirmer simplement que c’est une erreur. C’est là, dans son cœur. Elle revient à lui, avec une telle facilité, un tel magnétisme. Elle est incapable de rester loin de lui. Alors, devant sa proposition, la jeune femme se redresse doucement. Délicatement, sans interrompre trop brusquement leur étreinte, elle se détache pour mieux plonger son encre dans cet océan sans fin. Plusieurs secondes durant, elle ne prononce pas une parole, rien. Elle se demande, en vérité, si c’est la chose à faire. Mais Isa, elle a beau écouter sa raison. C’est son cœur qui l’emporte le plus souvent. C’est son cœur qui prend d’elle possession. – D’accord, je rentre avec toi. accepte-t-elle dans un murmure timide, presque effrayée. Elle ne sait toujours pas si c’est une bonne idée. Et elle veut oublier, ces craintes qui commencent de nouveau à la submerger. – Mais pas maintenant, tu veux bien ? Je veux rester encore un peu ici, juste quelques minutes. Il fait peut-être un peu froid, les vagues sont peut-être un brin trop puissantes aussi. Mais l’air marin lui fait du bien. Et ses bras autour d’elle, lui font encore plus de bien. Elle a besoin de le savourer, ce moment, besoin de profiter de celui qu’elle n’a pas cessé d’aimer.