i'm lonely but i ain't that lonely yet - Wilhelm Cyranik

01/ Née à Los Angeles de parents réfugiés d'origine polonaise. Mère bibliothécaire et peintre. Elle avait pris bien soin de présenter à son fils les grands classiques littéraires et visuels de ce monde. Elle avait conscience que le petit avait beaucoup d'intérêt et un grand sens artistique.02/ Père musicien, il avait créé une boutique de musique dans le quartier défavorisé avec le peu de moyens qu'il possède afin de vivre le rêve américain. Malheureusement, le petit Wilhelm avait de la difficulté à se faire des amis dus à son apparence et sa timidité. Il se rejugeait dans la boutique, après les cours afin d'apprendre les instruments tout comme son père. Celui-ci découvrait les talents de son fils : un véritable don de Dieu. 03/Wilhelm poursuivait ces cours académiques, même s'il était victime d'intimidation. Ces parents lui avaient appris à ignorer et se consacrer à ces études et non aux insultes. Facile à dire, mais difficile de se protéger. Pourtant, il devenait très grand et sa carrure aurait pu en soumettre plusieurs, mais il n'avait pas le désir de répliquer. C'était à cette époque qu'on découvrait que sa blancheur était due à une anomalie de son épiderme. Les traitements étaient possibles, mais trop dispendieux pour ces parents. Malgré les raisons biologiques, Wilhelm n'avait pas plus le soutien et la compréhension des jeunes de son âge...On l'associait souvent à un vampire ou un mort-vivant. Il préférait retourner rapidement à la boutique et y travailler que tenter de se faire accepter.04/Alors qu'il jouait de la guitare dans l'atelier de son père, un braquage à la boutique avait eu lieu, provoquant la mort de la mère. Elle était tombée sous les coups de fusil en ne souhaitant que cacher son enfant dans une armoire. Le père et le fils sont conduits à l'hôpital faisant la une des journaux. C'est le début des problèmes puisque la famille Cyranik n'avait pas les assurances adéquates couvrant la totalité des dommages. Il y a également l'ennui de retourner dans les lieux. Revoir cette tâche sur le tapis. Le traumatisme de Wilhelm est si grand que cela lui impose à être suivis par de nombreux psychologues. Une culpabilité l'habite, mais surtout la colère tout comme son père qui s’accrochent auprès des policiers pour retrouver les coupables, sans succès. Rajoutez les menaces qui deviennent de plus en plus fortes, étant des témoins néfastes ; vivre dans ces conditions était un cauchemar. C'est ainsi que les autorités leur recommandent fortement de quitter la ville devenant sous la protection des témoins. Recommencer ailleurs ; une nouvelle vie : à New York. 05/ Avec le peu d'argent offert par le gouvernement, ils s'installaient encore dans les quartiers défavorisés; le Bronx. Ne connaissant que la musique, Wilhelm et son père ont bâti une nouvelle boutique de musique offrant vinyle, instruments, partitions et cours. Cette nouvelle existence avait quand même ces obstacles. Ils n'avaient pas oublié et les autorités aussi continuant l'enquête. D'ailleurs, leurs visites répétitives est imprévues les obligeaient sans cesse à revenir dans le passé et avoir ces regards craintifs des clients voyant ces hommes en uniformes. Dans un quartier où la police est synonyme d’injustice et de problème, cela leur a causé plus de problèmes que de support. Encore aujourd'hui, rien est fait. Ils sont toujours en danger. Toujours que le qui-vive. Wilhelm se doit, alors, de prendre soin de son père qui a encore du mal avec cette nouvelle existence. Il est toujours dans la boutique, mais il laisse de plus en plus la place à son fils.  Wilhelm a ce don pour les instruments. Il les comprend, les ressent prenant soin de les réparer avec finesse et minuties ; dans le même respect que son père avait envers eux. Cela arrive parfois que le père s’impose en le dirigeant sur les corrections à apporter, mais avec l’arrivée de la technologie, c’est surtout Wilhelm qui lui apprend davantage. Par contre, le fils semble partager le travail manuel ignorant les dernières inventions. Bref, difficile pour un vieil homme de se résigner de plus en plus au repos. 06/ C’était donc un devoir pour Wilhem de sacrifier ces ambitions de faire carrière en musique ne pouvant aller bien loin, restant dans les bars, les clubs du quartier. Pourtant, à l’interne, dans le quartier, on reconnaissait son talent, tant au niveau de la composition de ces chansons que la grâce et sa fougue lorsqu’il joue d’un instrument. Il est complètement investi le laissant parler pour lui. Néanmoins, à une époque où l'apparence était plus importante que le talent, rares étaient ceux dans le domaine qui se sentaient prêts à transformer un être si peu... attirant en star. Alors, après plusieurs tentatives d'auditions, de rencontres, Wilhelm se résignait à rester dans son atelier ou dans les soirées musicales du quartier où les gens de la communauté l'acceptaient. Il est conscient de son talent, de sa distinction des autres en terme d’expérience, mais il est aussi conscient de la raison des choix de ces juges. De ces membres au placé de l’industrie. Cela en devenait terriblement insultant. C’était devenu prévisible. Alors, aussi bien rester inconnu, mais être apprécié par son clan ; la minorité visible. Ceux que l’on ne veut pas voir. Que l’on pousse du revers de la main. En guise de reconnaissance, Wilhelm offre gratuitement des cours de musique aux enfants démunis. Il se fait un devoir de prendre soin de ces décideurs de demain, peu importe leur état, leur race. Souvent, après la messe, il offre son temps à l’Église et fait du bénévolat à la cantine pour les sans-abris ou assister les assistants sociaux dans les rues du quartier. Ce rendre utile tout en se négligeant lui-même. En effet, il se doit de continuer les rencontres avec les spécialistes afin de tenter de gérer sa colère, son caractère impulsif, mais il lui arrive de ne pas se présenter, encrer dans son travail. Il a cette difficulté de s’exprimer outre que la musique ou ces poings se mettant souvent dans le trouble qui le conduisaient et conduit encore, parfois, au poste de police. Il s'agit surtout de confrontation avec des jeunes hommes de son âge qui tentaient de s'en prendre à des demoiselles; choses dont Wilhelm ne supporte pas. Depuis le cambriolage, il a cette impulsivité, ce besoin d’intervenir, de protéger les plus faibles comme les enfants ou les femmes. Croire que chacune d’entre elles le rapproche du pardon. Pardon envers sa mère qu’il n’a pas pu sauver. Envers lui-même dans ce sentiment de culpabilité… 07/Même avec tout le soutien possible, cela ne peut pas effacer ce reflet dans cette glace. Cette réaction que les gens ont en le voyant pour la première ou la dixième fois. Certains ne semblent pas s’y faire. Wilhelm avait souvent trouvé comme solution de se cacher le visage à l’aide de sa propre chevelure ou de beau chapeau. Excuser son teint par l’éclairage vif d’une scène ou l’ambiance sombre et colorée des bars. Tranquillement, au fil des années, il parvient à alterner les complets vestons et les longues chemises, par des t-shirts affichant ainsi ces avant-bras clairs.  Aucune intention de se présenter en culottes courtes, malgré la chaleur. C’est impensable. Il a du mal avec le vêtement en soi et d’assumer ces jambes dénudées préférant se cacher. Ce cacher de tout ce qu’il peut. Ce genre d’attitude fuyante ne l’aide aucunement dans sa tentative de renouer avec la société. Il anticipe…Anticipe le rejet. 08/ Il avait essayé. Il essaie encore, mais la peur revient sans cesse. Cette crainte d’être blessé.  Wilhelm sait à quoi il ressemble. À quoi les gens peuvent ressentir en le voyant. Bien des dos se sont dressés devant lui suite à une présentation de sa personne. C’était toujours joliment préparé, presque féerique. On lui organise une rencontre ou c’est même suggéré par la demoiselle suite à plusieurs discussions sur ces réseaux sociaux, cette nouvelle manière de rencontrer, où tout est possible. Peu importe le temps passé à clavarder avec elle. Peu importe ses qualités, ses talents vantés par des proches à la demoiselle, c’est toujours au moment du face à face que tout se gâche, que la vérité frappe. Frappe de plein fouet…Elle voit son vrai visage….et lui la sienne. Celle d’une femme superficielle que voyant que le blanc, le blanc cadavérique. Quelques fois, elle ne s’était jamais présentée ayant été prévenue au sujet du jeune Polonais….Non, ce n’est pas cela. Ce n’est point cela l’amour. Ce n’est point ce qu’il avait lu dans les livres, petit. Il n’est pas le grand Phoebus, mais…plutôt Quasimodo...L’être qui espérait tant être aimé, au-delà de son apparence. 09/ Ces fois il était revenu seul, insulté, le cœur en miette, il avait trouvé refuge dans le whisky. Malheureusement, c’est encore le cas. Wilhelm a cette vilaine béquille qui l’épaule lors de moment difficile. Caché dans son café le matin ou après une prestation, avec une bonne cigarette, il se réconforte dans cette boisson afin de brûler ces anciennes blessures qui refusent de cicatriser. Il connaît ses limites et ne l’a jamais franchi à la boutique. Toutefois, les effets de cet élixir sont plus apparents lors de soirée dans les bars. Avec l’alcool, il sort de son cocon, de sa timidité. Le sourire aux lèvres, son instrument qui chante entre ces mains, c’est un Wilhelm festif et même extraverti. C’est pourquoi il devient difficile de le maintenir lors de confrontation. La politesse n’est plus. Seules la rage et la vengeance prennent les devants. Pourtant, c’est toujours le lendemain que les regrets viennent ; derrière les barreaux du poste de police ou en fuyant le lit d’une inconnue, songeant très bien qu’elle était tout aussi dans un triste état, aucunement consciente qui se trouvait à ces côtés. Alors, aussi bien de fuir et faire comme si rien ne s’était passé…10/ Il est conscient de son côté imprudent et imprévisible. Conscient qu’il doit agir afin de ne pas le laisser dominer. Gérer ses émotions et sa dépendance, mais de les affronter est un véritable défi. Un défi qui le retournerait à un endroit où il refuse d’aller. Il serait temps de se consacrer à lui plutôt que son prochain.