iLLUSION rATÉE -- alex

les copines d'abord -- C’est ma nouvelle copine, me dis-je avant même de connaitre son prénom, elle est gentille, elle dit qu’elle trouve ma robe jolie, je souris, et puis deux autres petites filles arrivent, « c’est quoi vos prénoms ? », je ne sais pas quoi dire, ma nouvelle copine dit qu’elle s’appelle meg, elles me regardent, je dis que je suis timide, elles insistent pour savoir mon prénom. C’est le plus vieux souvenir que j’ai d’elles. Le temps passe, je continue de mettre des robes que meg trouve jolies, ces filles sont toujours mes copines, sauf que maintenant nous nous inquiétons de ne pas être dans la même classe à la rentrée, je dors mal la veille, elles aussi. Si mes souvenirs sont bons j’avais douze ans, et cette année-là, j’étais dans la même classe que meg. Tout file entre nos seize ans et nos dix neuf ans, les garçons sont chiants, mes copines c’est mes meilleures amies maintenant, je dors souvent chez elles, elles dorment aussi chez moi, elles parlent d’amour, j’ai l’impression d’être à côté de la plaque, j’écoute quand même, j’aime être avec elles. C’est pendant l’une de ces nuits-là que je réalise la chance que j’ai. C’est tard mais pas trop tard.

au revoir -- c’est vraiment terminé ? mon père m’appelle sa chérie, je m’approche de lui, il sourit, je me heurte gentiment contre son torse, il coince l’une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille, et il me dit de ne pas être trop triste. Facile a dire. Des larmes tombent du bord de mes yeux, dévalent mes joues, meurent sur le t-shirt de mon père, je m’excuse, il s’en fiche, il est toujours en train de sourire, et maintenant il me serre contre lui. C’est de pire en pire, parce que je me dis que c’est vraiment fini, j’écrase ma main sur ma bouche, ça s’entend quand même quand je pleure, j’ai besoin de lui, je ne dis rien mais je ferme plus fort mon poing sur son dos, il frotte gentiment le mien. Quand est-ce qu’il reviendra ? Il ne veut pas me mentir. Est-ce qu’il reviendra ? Ça je n’ose pas le dire. Ma mère me regarde, elle reste là-bas, elle croise les bras, j’espère qu’elle ne s’en veut pas, je ne lui en veux pas, c’est comme ça. Mon père le répète, c’est comme ça. C’est l’heure de se dire au revoir. Déjà ? Mon père m’attrape mollement les bras, il m’écarte de son torse, il me regarde, pas moi, il me demande de le regarder, pourquoi j’ai l’impression que c’est la dernière fois ? Je relève la tête, même si je serre les dents mon menton tremble, il sourit inlassablement mais je sais qu’il a mal aussi, il dit que ça ira. Pour lui ? Pour moi ? D’autres larmes roulent jusqu’à ma bouche. C’est toujours aussi nul l’amour ? J’hoche lentement la tête, il embrasse mon front, il regarde pas ma mère et il s’en va. Dernier remord ? Il se retourne quand il arrive à la porte, il tient sa valise, je me force à sourire, j’ai envie qu’il me dise qu’il m’aime sauf qu’il part sans rien dire, sont-ils tous les mêmes ? Je ferme les yeux, mes cils font des paquets, la porte se ferme, quelques minutes plus tard il m’envoie un sms, « au fait, je t’aime ». six mois plus tard, et un soir, ma mère rentre tard, elle jette ses talons à côté de mes pompes, elle laisse tomber son sac à main ici aussi, je l’entends alors, j’arrive, dès qu’elle me voit elle me dit que c’est bon, je reste plantée là, elle s’approche de moi, je lui dis que ça ira, c’est à son tour de pleurer. Elle hoche la tête, elle hausse les épaules, je crois qu’elle ne sait pas quoi dire. Il n’y a rien à dire. J’allais sourire, elle saisit mon visage entre ses mains et elle s’excuse, j’ai pas besoin d’excuse, tout va bien, je lui dis, je ne sais pas si elle me croit. En tout cas, elle m’enlace, moi aussi, je serre sa chemise, c’est de la soie, je déteste ça, tant pis. Je respire l’odeur de son parfum. Elle caresse mes cheveux. Qui console l’autre ? Parce qu’elle pleure mais moi aussi. Mes parents ont divorcés, maintenant c’est vraiment terminé.

chute --

t-warning, agression sexuelle:

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