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 comme des enfants. (kurtis)

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Message Sujet: comme des enfants. (kurtis)   comme des enfants. (kurtis) Empty Lun 2 Juil - 22:06

lilo avait quatre ans et demi et elle avait désormais l'âge d'avoir des passions. d'abord, elle avait le malheureux tic de langage de dire non à tout ce que sa mère lui proposait. même quand daisy lui proposait un gâteau au chocolat tout juste sorti du four. deuxièmement, elle avait eu un lot tout neuf de feutre et elle aimait représenter la jeune femme sous la forme d'une patate avec deux bras, deux jambes et un lot de spirales pour former sa chevelure. enfin, elle avait piqué un rouleau de scotch et elle avait donc affiché fièrement ses portraits de famille sur les murs de sa chambre. les négociations furent bien entendu houleuse et daisy finit par céder. sur les dessins collés au mur - de toute manière les enlever finirait par arracher la tapisserie. et cette pensée lui fit immédiatement monter les larmes aux yeux. parce qu'elle avait regardé huit heures de tutos sur internet pour apprendre à poser correctement les rouleaux, parce qu'elle n'avait pas l'argent pour refaire la déco en ce moment et parce que la décoration de son trois pièces était à peu près la seule chose qu'elle arrivait à contrôler dans sa vie. voilà comment d'une soirée plutôt banale dans la vie d'une maman d'un enfant en bas âge, daisy se retrouva à remettre en cause le principe de procréation. elle ne s'était pas démaquillée, elle avait même encore son badge du travail. de nouveau ses yeux s'embuèrent. deux coups sur la porte d'entrée résonnèrent et elle mit longtemps à faire le lien entre cette intrusion dans son mental break down et le fait qu'elle avait proposé à kurtis de passer. entre, c'est ouvert! hurla-t-elle avant de se maudire intérieurement. elle avait sans doute réveillé la petite et celle-ci allait encore lui voler la vedette. et franchement, dans l'état où elle était, elle aurait bien aimé avoir l'attention de mcdonald pour elle toute seule. elle se leva d'un bond du canapé, essuya le mascara qui avait coulé, rattacha ses cheveux en queue de cheval bien haute. j'ai pas eu le temps de ranger, et je devais faire la vaisselle, ce que je n'ai pas fait non plus. constata-t-elle en repoussant une voiture en plastique du bout du pied pour accueillir kurtis. charmant comme décor pour accueillir un mec chez soi. enfin, il avait suffisamment rangé l'appartement pour elle pour connaître le bordel artistique dans lequel elle avait l'habitude d'évoluer. lilo est couchée, du coup ça sera que toi et moi. elle dit avec un sourire en coin, pas mécontente que leurs conversations puissent tourner autour d'autre chose que des progrès en dessin de la petite. enfin, à regret elle lui désigna la porte de la chambre de sa fille. enfin tu peux aller lui dire bonne nuit, elle doit pas encore tout à fait dormir. parce que l'idée c'est qu'il devait venir pour la petite. et il devait la garder. alors pourquoi il resterait si elle dormait et si daisy était là. des deux henstridge, c'est sans doute daisy qui avait le plus besoin d'être gardée ce soir.
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Message Sujet: Re: comme des enfants. (kurtis)   comme des enfants. (kurtis) Empty Sam 7 Juil - 1:22

kaisy / comme des enfants /

T'as jamais été un type de confiance, Kurt. Toi, on t'confie des secrets, des biens impalpables, des choses que tu sauras garder pour toi comme les plus précieux des trésors. Mais on te confierait jamais un vase en cristal, jamais un coeur de femme. Et jamais un marmot non plus. Pourtant Daisy, elle l'a fait. Pas pour le vase, ni pour le coeur. Mais pour le petit bout gigotant qui te faisait sans doute plus peur qu'une horde de hyènes à trois têtes. T'as déjà bien du mal à t'occuper de toi-même que le soudain statut de babysitter que tu avais rapidement endossé pour le plaisir de rendre service à un joli minois était surprenant et doublement cocasse. Y'a encore pas si longtemps, t'aurais vendu la gosse sans hésitation pour une paire de Nike neuves. T'aurais recyclé le contenu de ses couches en petits pots pour bébé (bio, ça va de soi), tu lui aurais pincé les fesses pour qu'elle pleure enfin pour quelque chose, et peut-être bien que tu l'aurais lancée par la fenêtre pour voir si oui ou non sa culotte était aéro-dynamique. Mais en quelques années, ça a changé. C'est fulgurant l'affection que l'on développe envers un enfant. Et maintenant Kurt, t'as l'air bien con. Tu ressembles un peu trop à l'un de ces papas-gâteau desquels tu rirais bien d'ordinaire. D'ailleurs, t'es le premier à te foutre de ta propre gueule quand tu t'en rends compte. Heureusement que t'es toujours seul, parce que t'en connais qui se paieraient ta tête dix fois plus que tu ne le faisais déjà. Mais c'est qu'elle est craquante Lilo. Elle a un peu de sa maman. Et quand l'occasion se présente de la voir ou de t'occuper d'elle, tu ronchonnes toujours pour la forme, mais acceptes bien volontiers en vérité. Parce que passer du temps avec Lilo, c'était passer du temps avec quelqu'un qui avait le même genre d'humour que toi et surtout, qui galérait autant que toi dans tous les domaines. Et puis, une fille qui veut de toi, ça ne se refuse pas. Alors ce soir, tu t'es tiré de chez toi, prétextant une soirée entre potes, tout ce qu'il y a de plus normal. Mais c'est jusque chez Daisy que t'as vogué.
« Entre, c'est ouvert ! » La poignée s'affaisse sous le poids de ta main, et, à peine entré, tu manques de tomber en marchant sur un gros bloc de lego qui avait du échapper à la vigilance de Daisy. « J'ai pas eu le temps de ranger, et je devais faire la vaisselle, ce que je n'ai pas fait non plus. » Tu retiens un léger rire. « Et moi qui pensais être accueilli comme un prince », que tu râles faussement avant de refermer la porte derrière toi. « Lilo, elle, elle me saute au cou pour me dire bonjour. » Et pourquoi Daisy elle ne le fait pas, elle ? Les mains dans les poches, tu t'avances vers la demoiselle sans manquer de lancer des regards alentours dans le but de repérer la petite princesse de la maison. « Lilo est couchée, du coup ça sera que toi et moi. » Ton corps se fige, trahissant une certaine surprise. Tu fronces d'ailleurs significativement les sourcils, et tout ton manque de tact ressort en une seule question : « Bah qu'est-ce que je fous là alors ? » T'ignores si elle t'a entendu Daisy (et tu ferais bien d'espérer que non), parce qu'elle reprend la parole presque aussitôt, recouvrant les propos indélicats par une voix si douce et chaleureuse qu'elle ne te permet même pas de déceler la petite pointe de déception qui la colorait pourtant. « Enfin tu peux aller lui dire bonne nuit, elle doit pas encore tout à fait dormir. » Et toi Kurt, tu n'hésites pas une secondes ; tu détales. Y'a le rire d'une petite fille qui s'élève et qui te met du baume au coeur. Mais tu te retiens de rester trop longtemps à ses côtés, sans quoi elle ne s'endormira jamais. Alors, après avoir fait un pacte oral avec elle pour qu'elle accepte de dormir et avoir déposé un bref baiser sur son front, tu rejoins enfin Daisy que tu regrettes soudainement d'avoir laissée seule. Daisy et ses fichus problèmes qui avaient fait couler ses larmes quelques minutes auparavant. Daisy et ses fichues larmes qui avaient noirci le contour de ses si jolis yeux. Et toi Kurtis, t'en ris parce que tu mets ça sur le compte de la maladresse, sans te douter une seule seconde que la belle en avait gros. « Tu sais que t'es pas obligée de te maquiller si tu sais pas t'y prendre. Je sais que tu veux te faire belle pour moi mais quand même », tu plaisantes avant de passer délicatement l'un de tes pouces sous son oeil pour effacer la noirceur de ses soucis. « Comment tu vas ? T'as l'air fatiguée », que tu constates tout de même alors que ta main quitte finalement sa peau. Elle avait de quoi être exténuée la jolie maman.

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Message Sujet: Re: comme des enfants. (kurtis)   comme des enfants. (kurtis) Empty Jeu 12 Juil - 13:28

c'était un vieux cauchemar qui la poussait à garder son calme. l'affreuse sensation qu'être un peu énervée contre sa fille faisait d'elle automatiquement une mauvaise mère. et daisy craignait plus que tout une possible comparaison avec sa propre mère. sa génitrice s'était révélée n'être qu'un agrégat d'indifférence et de mépris mal caché envers sa fille aînée. elle ne saura sans doute jamais si le plus grand reproche de mrs henstridge envers elle venait des vergetures qu'elle lui avait laissé sur le ventre ou si cela découlait d'une véritable désaffection pour sa personne. sur le point de craquer, elle ne saurait dire s'il s'agissait uniquement d'un trop de fatigue accumulée ou s'il n'y avait pas aussi un peu de culpabilité de s'être si vite empressée de coucher lilo pour profiter de sa petite vie. elle oscillait entre un amour profond pour la petite tête brune qui rythmait depuis quatre ans et demi sa vie et, parfois, l'impression d'avoir une colocataire plus cool et plus jolie qu'elle et qui lui volait systématiquement l'attention. le sourire, elle le retrouve en pensant à kurtis. elle se plait à se dire que l'intérêt du jeune homme pour sa petite personne n'est pas uniquement lié à lilo. elle aime bien passer du temps avec lui, quand ils ont le temps entre une sieste et un tour sur le pot. elle a parfois l'impression qu'il comprend pas tout à fait ce qu'elle lui dit, mais il lui rend suffisamment service pour qu'elle ne lui en tienne pas rigueur. puis, lilo rappelle trop rapidement sa présence. j'te signale que tu peux t'en prendre qu'à toi-même je me rappelle pas lui avoir acheté des legos, si elle était moins pourrie cette gamine, elle en mettrait pas partout comme ça. elle repousse le fameux bloc de lego sous le canapé du bout du pied. ajoutons qu'elle est un peu vexée qu'encore une fois toute l'attention soit concentrée sur un nain d'un mètre vingt. en plus, franchement, il avait beaucoup plus intérêt à s'intéresser à elle. mais enfin, elle se demandait parfois ce qu'elle ferait s'il n'était pas là pour la remplacer quand elle avait besoin de souffler. elle s'était attelée à ranger un peu les carnets de coloriage laissé en l'état sur la table par la petite quand kurtis revint de ses embrassades avec la morveuse. elle ne savait pas si elle devait pleurer ou rire, ce qui donna un truc un peu naze niveau glamour - la lèvre inférieure qui tremble, un reniflement et malgré tout un petit rire. elle était purement et simplement minable, pour une fois qu'ils avaient une ou deux heures devant eux, elle avait vraiment rien pour elle. je suis épuisée, est-ce que tu as vu l'état de sa chambre? je vais te l'envoyer en pension, elle est devenue trop grande pour moi je sais plus comment faire. par réflexe, elle repasse sa main là où kurtis a essuyé les derniers vestiges de sa crise de nerf. tu restes quand même, ou je suis trop vieille et je t'intéresse pas? elle retrouva le sourire, dans l'espoir de se montrer sous un meilleur jour. même si, la question était bien sûr rhétorique.
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Message Sujet: Re: comme des enfants. (kurtis)   comme des enfants. (kurtis) Empty Sam 21 Juil - 0:48

kaisy / comme des enfants /

Ses paroles se font soupirs, étouffés par l'exaspération qu'elle n'était manifestement plus en mesure de contenir plus longtemps. C'est à ce moment précis que tu te rends compte (et il était temps) qu'il n'était pas toujours question de Lilo. Que Daisy avait beau ne plus être une enfant, il n'en restait pas moins qu'elle avait besoin elle aussi de l'attention que tu avais l'habitude de porter à sa petite princesse. Une oreille attentive, une approche bienveillante, une épaule réconfortante, un sourire chaleureux. C'est le genre de choses que t'es capable d'offrir Kurt, et quand ses yeux ne pétillent plus, tu entends à l'intérieur de ta tête comme une prise de conscience que le moment est venu de jouer ton rôle d'ami. Alors en l'espace de quelques secondes, tu te libères de ce costume invisible de babysitter du dimanche pour ne redevenir que Kurtis. Pour être avec elle enfin, plus avec quelqu'un d'autre. « Je suis épuisée », qu'elle avoue finalement, ne retenant plus l'alanguissement d'affaisser ses traits. « Est-ce que tu as vu l'état de sa chambre ? Je vais te l'envoyer en pension, elle est devenue trop grande pour moi je sais plus comment faire. » Dans un premier temps, tu hausses les épaules. « Honnêtement, elle vaut à peu près la mienne. » Un rictus plus amusé que gêné étire tes lèvres, du genre de celui d'un grand gamin qu'aurait pas encore achevé de grandir. T'as pas encore les capacités nécessaires pour supporter toutes les responsabilités qui incomberaient à n'importe quel adulte qui se respecte, Kurt. Ta piaule ressemble encore à celle d'un adolescent. « Au moins, elle serait pas franchement dépaysée », tu ironises comme pour tenter de détendre un peu Daisy. Tu sais pas vraiment comment lui dire que tu le ferais pour elle, malgré un environnement tout sauf propice au bon développement d'un enfant. T'as qu'un appart' précaire à lui offrir, l'odeur d'un peu de weed parfois, et un type pas franchement responsable pour seul référent (à savoir, toi). Pas de quoi faire rêver, ni la maman, ni la petite fille. Et la première des deux semblait déjà avoir perdu tout espoir de faire quelque chose de bien avec la seconde alors qu'elle avait déjà fait des merveilles, de celles que seule une mère pouvait à la fois initier et offrir. « Tu restes quand même, ou je suis trop vieille et je t'intéresse pas ? » Surpris, tu regardes autour de toi comme si tu étais à la recherche de quelque chose (et à vrai dire, tu ne sais pas quoi toi-même). T'étais presque déjà parti dans ta tête, Kurt. Mais fort heureusement, t'as encore le cerveau suffisamment vigilent pour ne pas lui balancer une connerie du genre "du moment que tu ne me demandes pas de changer ta couche". Et ça, c'est plutôt une bonne chose. Au lieu de ça, tu lui adresses un sourire attendri avant de la mener tout droit au canapé. « Déjà, tu t'assois », tu commences en tirant son bras vers le vas pour l'inciter à s'installer. « Et j'reste là si tu me promets de pas bouger de la soirée. Prépare ce que t'as sur le coeur, j'suis prêt à tout entendre, j'ai toute la nuit. » Sans même attendre une quelconque acceptation de sa part, tu te diriges jusqu'à la cuisine avant d'hurler comme un putois : « Tu veux un truc à boire ? T'as mangé ? Tu veux que j'fasse la vaisselle ? » Pour la dernière question quand même, tu baisses d'un ton ou deux, de peur qu'elle te dises oui. Parce que t'es assez poli pour demander, mais pas assez fou pour avoir réellement envie de le faire.

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Message Sujet: Re: comme des enfants. (kurtis)   comme des enfants. (kurtis) Empty Mar 31 Juil - 22:26

il y avait quelque chose qui relevait presque de la jalousie quand daisy posait son regard sur kurtis. elle aimait bien se laisser exaspérer par son insouciance, en réalité elle lui enviait beaucoup son innocence. son caprice tenait surtout à cela. ce soir, elle voulait se donner le droit de ne pas être rationnelle, d'exiger l'attention du jeune homme. peut-être que le compromis est plus facile quand on est préparé. peut-être que les vraies questions qu'elle aurait du se poser, quand elle avait tenu son test de grossesse positif dans les mains, c'était justement de savoir si elle était prête à s'abandonner pour quelqu'un d'autre. c'était de la tragédie grecque. elle n'avait jamais demandé que ça daisy. ne plus exister que pour celui ou celle qu'elle aimerait. dans ses rêves d'adolescente, elle n'aurait jamais pensé que ça se concrétiserait avec la naissance de sa fille. la réponse de kurt la fait sourire. j'me demande si c'est vraiment une bonne idée que tu fréquentes ma fille. elle dit en levant les yeux au ciel. pourtant elle lui en était tellement reconnaissante. quelque chose qui la tenait assez au corps pour qu'elle passe l'éponge sur ses quelques maladresses et sa manière franchement lourde de lui mettre des vents quand elle avait pu laisser son cœur s'emballer. jamais elle ne pourrait lui rendre la pareille, elle avait beau réfléchir. elle alourdissait la facture ce soir, avec les larmes au bord des yeux. daisy se laissa faire, elle s'assis sur le canapé, regardant avec un pincement au cœur kurtis disparaître dans la cuisine. elle aimait bien l'idée de lui gâcher la soirée, de l'avoir un peu pour elle. prends juste un truc à boire, mais viens-là. j'achèterai des assiettes en carton, on jettera celles-là. elle se savait chanceuse de l'avoir. et quand elle le voyait comme ça, elle se posait sincèrement la question de combien de temps les autres filles de cette planète lui laisserait. heureusement pour elle, et pour lilo, le charme était presque systématiquement rompu quand il ouvrait la bouche. je suis désolée, je crois que dès que je t'ai demandé de venir la garder je savais que je ne sortirais pas. elle se mit à grignoter, pour ordonner ses pensées. elle n'avait jamais été avare de confidences, mais l'invitation était trop belle, elle avait son sac à vider. j'avais pas envie de faire semblant, avec quelqu'un qui m'intéresse pas vraiment et qui va de toute manière tirer la gueule quand il s'agira d'aborder le sujet de lilo. c'était une partie d'elle, elle avait besoin qu'on l'accepte comme tout le reste. mais, lilo avait souvent l'allure d'une erreur de jeunesse, de l'inconscience de la brune alors que kurtis arrivait à lui faire ressentir qu'elle accomplissait quelque chose de bien en élevant cette petite toute seule.
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Message Sujet: Re: comme des enfants. (kurtis)   comme des enfants. (kurtis) Empty Lun 20 Aoû - 21:52

kaisy / comme des enfants /

Il y a des fois où tu te confies à l'innocence Kurtis, des fois où tu penses que les mots sont faits pour n'être reçus que par les écoutilles étourdies de Lilo. Tu sais qu'elle ne t'écoute pas vraiment sauf quand c'est pour déblatérer des bêtises dont vous seuls aviez la connexion et le secret. Mais parfois, c'est quand ses paupières sont closes que tu te laisses aller, simplement pour ne pas garder les pensées douloureuses dans ton crâne sans doute trop vide de bon sens mais trop plein de sentiments hors-la-loi. Comme le fait que tu l'envies, la gamine. Tu l'envies d'avoir une mère qui prend soin d'elle, quitte à s'effacer pour lui laisser toute la place du monde entier ; pour une toute petite fille qui était pourtant si grande dans le coeur de jeune maman de Daisy. Toi t'as pas eu cette chance Kurtis, exempt bien trop tôt d'une affection maternelle qui aurait pourtant pu changer bien des choses. Et puis il y a ces jours où tu l'envies encore, simplement parce qu'elle a Daisy. C'est pas qu'elle ait une mère. C'est pas qu'elle ne soit pas seule. C'est qu'elle ait Daisy. Daisy et sa douceur. Daisy et ses sourires. Daisy et tout ce qui la rendait elle. Mais peut-être que t'es pas vraiment à plaindre Kurt, on pourrait bien te trouver chanceux de les avoir toutes les deux quelque part dans ta vie. « J'me demande si c'est vraiment une bonne idée que tu fréquentes ma fille. » Ton inconscient capte les propos de la brune et t'arrache un sourire narquois avant-même que tu ne sois totalement sorti de tes pensées. « Entre Lilo et moi, y'en a un qu'a plus de chance que l'autre. » Tu marques une pause, comme si le suspense était intégral alors qu'il n'y en avait probablement aucun. « Mais j'te dirais pas qui. » Parce que ça pourrait lui mettre des idées dans la tête, de celles qui ne joueraient pas franchement en ta faveur ; de celles qu'elle a sûrement déjà et que tu ne souhaites pas nourrir davantage, simplement pour te laisser une chance de rester dans ses bonnes grâces, et ce, même si t'es le pire baby-sitter que le monde ait jamais porté. Et aussi parce que l'évidence était telle qu'elles savaient toutes les deux au fond d'elles que le chanceux de l'histoire, c'était toi. Pourtant tu râles Kurt, sans arrêt. Il paraît que t'as toujours mieux à faire que de garder un marmot. Mais la vérité c'est que c'est rarement le cas. T'as juste la frousse de pas être à la hauteur à chaque fois. Parce que t'as pas la fibre paternelle (quand bien même Lilo n'était pas ta fille), et peut-être même bien que t'as aucune fibre tout court (à moins que la fibre "grand gamin qui galère dans tous les domaines existants" n'existe réellement). Heureusement pour toi et pour les autres, t'es à peu près serviable et dévoué (après avoir grogné dix ou onze fois par avance de manière à signifier que quand même, ça te fait un peu chier). Et, dans tes bons jours comme celui-là, ça t'arrive même de ne pas broncher du tout. C'est d'ailleurs de cette façon que tu atterris dans la cuisine de Daisy. « Prends juste un truc à boire, mais viens-là. j'achèterai des assiettes en carton, on jettera celles-là. » Il te semble qu'un soupir de soulagement s'échappe de tes lèvres au moment où tu prends conscience que tu n'auras pas à faire la vaisselle, et tu ne te fais pas plus prier pour rejoindre la jeune femme et t'affaler nonchalamment sur le canapé. « Je suis désolée, je crois que dès que je t'ai demandé de venir la garder je savais que je ne sortirais pas. » Tu restes silencieux quelques secondes, notamment parce que tu ne comprends pas tout de suite où elle veut en venir. Mais lorsque l'information atteint finalement ton cerveau, tu n'es pas plus loquace. Tes yeux balaient la petite pièce à l'horizontale avant de trouver un point d'ancrage sur son visage poupin. « Tu vas pas me faire avaler que t'aurais pas pu trouver meilleure compagnie », tu lâches en haussant les épaules. « J'avais pas envie de faire semblant, avec quelqu'un qui m'intéresse pas vraiment et qui va de toute manière tirer la gueule quand il s'agira d'aborder le sujet de Lilo. » Machinalement, tu te redresses contre le dossier du sofa et adresse un large sourire à la jolie brune à tes côtés. « Alors si moi je te promets le plus beau de mes sourires, tu me gardes ici ce soir ? » Au cas où elle changerait subitement d'avis, tu préfères assurer le coup. « J'te préviens, je range pas sa chambre », tu reprends avec humour avant de lever les yeux au plafond. « En revanche, j'ai un diplôme en psychologie, j'ai juste pas le divan qui va avec. » Tu pourrais en rire tant t'as pas été loin en ce qui concerne les études. La seule chose que tu pourrais éventuellement faire à peu près bien, c'est jouer ledit divan (mais surtout, surtout, ne pas jouer les psy). Mais il n'en reste pas moins que t'as envie d'être là pour elle Kurt, alors t'es prêt à faire les efforts nécessaires pour qu'elle ne regrette pas d'être restée là avec toi. « Par contre, t'aurais au moins pu allumer des chandelles. » Le sérieux envolé, comme toujours. Comme trop souvent, peut-être. Comme toutes ces fois où Daisy n'avait pas tenu compte de ton inaptitude à discerner les choses plus importantes ; ces choses que tu avais toujours été incapable de comprendre parce que t'as oublié en route de prendre la vie au sérieux. « L'ambiance serait meilleure pour la demande en mariage que j'ai prévue. »

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