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 Nuit sur pluie

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Message Sujet: Nuit sur pluie   Nuit sur pluie Empty Ven 24 Jan - 9:34

Nuit sur pluie dans la rue et aucun bruit.

Antigone & cahal ☽ janvier deux mille vingt.

Tu connais les songes qui portent des lumières, la terre sur tes mains et la violence du sang sur tes lèvres. Tu connais les balles qui fracassent les murs, les hurlements au bout du couloir, les empruntes de mort dans le salon. Antigone. Elle connaît aussi les hommes quand elle s’allonge sur un lit de misère, plein de punaises, quand elle suit la silhouette pour les billets verts. Antigone.
La nuit, elle pousse son corps à la recherche d’une vie, une survie, seule, décidée. Honteuse.
Les heures s’écoulent et elle hésite.
Tu sais les dangers, les mains sur le cou, parfois, l’étranglement de plaisir, de sadisme. Tu sais les baisers suintant de luxe sur les lippes. Tu ne réagis pas, corps poupée pour ces créatures masculines, tu ne comprends pas, tu subis. Parce que ton père et ta mère se sont enfuis, te laissant les stigmates de la culpabilité, ils t’ont honni lorsque tu leur as dis. Elle avait avoué, chuchoté dans le noir brisé de l’écran de télé, qu’elle l’aimait, ce meurtrier. Ils l’avait regardé, hésitants, choqués.
Aujourd’hui la pluie ruisselle, toujours autant de pluie dans ton coeur charnier.
Antigone. Qui es-t-u ? Antigone.
Guerrière sacrificielle Antigone. Car le chômage te touches et que le loyer se paie Antigone.
Derrière son dos, une voiture. Vitres teintées. Atteint la descente et le carrefour, mais la ville est déserte et cette carlingue pénètre sa sécurité. Alors elle comprend.
Court la biche effarouchée, apeurée. L’intelligente gamine fragile.
Tu sais que tu n’es rien qu’une marchandise et que les autres, gourmands et narcissiques, les hommes aux mains de fer convoitent et maugréent la somme de tes douleurs.
Tu sais que tu n’es rien qu’une fille, que ton sexe se monnaie pour la somme des désirs de l’Homme.
Tu sais que tu ne sortira pas entière, indépendante et fière de tes lambeaux si jamais ils parvenaient à te tenir entre leur bras titanesques. Tu sais que tu sortira marquée, anéantie. Au fond, tu ne pries pas. Au fond, tu te résignes. Le chemin se termine sous la lumière d’une lune pâle et essoufflée. Un quartier où les feux et les règlements de compte, où la pègre et la misère côtoient la violence et la concurrence. Personne ne voit la jeune fille qui, entourée de deux singes, l’emportent dans le cuir d’une auto rutilante de richesse.
Et s’endort l’hyade à la chevelure trempée de terreur.
Et se réveille Perséphone dans le froid d’un enfer souterrain, une cave aux odeurs putrides.
Elle semble perdue. Elle est perdue. Effrayée tout d’abord. Effrayée et paralysée.
Elle ne saurait parler. Pour supplier ? Pour s’agenouiller ? Pour se soumettre et ployer devant Hadès ? Tu n’es rien qu’une gosse, une lycéenne traumatisée.
Antigone est ton nom, tu lui feras honneur.

(c) calaveras.
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Message Sujet: Re: Nuit sur pluie   Nuit sur pluie Empty Lun 3 Fév - 17:32

une pluie de tes os
pour te sentir sur ma peau.

antigone & cahal ☽ janvier deux mille vingt.

tu t'es fais baiser, antigone.
tu t'es fais baiser lorsque tu t'es penchée. lorsque t'as tendu ta main dans cette foutue bentley. t'as pas fais gaffe aux vitres teintées. t'as pas fais gaffe non plus à la mort qu'il portait sur ses traits. la tienne. t'as ignoré l'intérêt morbide qu'il t'a porté ; c'vieux regard de celui qui t'a longtemps cherchée. t'as couru longtemps dans les rues. tu t'es glissée dans les ombres, tu l'as pris au dépourvu. mais ton heure est venue.
tu t'es fais baiser par ce démon et les chiens qu'il t'a envoyé. lorsqu'ils ont passé autour de toi leurs sales pattes pour te souiller. pour porter à ton visage le tissu imbibé d'ivresse programmée. tu les avais pas vu. t'avais pas senti leur souffle chaud dans le haut d'ton dos. t'avais pas entendu leurs rires rauques et le grincement d'leurs griffes contre ta peau. mais ils t'ont baisé, t'ont planté dans la gorge la plume du corbeau.


la pièce est sombre. le sol est froid. l'air est humide et ses cheveux pleurent les mêmes larmes que les murs. et ses poignets, joints de ce plastique abîmé, de ce plastique aux bords bouffés qui lui lacèrent les tendons : ses poignets qui hurlent dans un murmure, d'avoir perdu leur liberté fracassée contre le béton. son corps las a été traîné, bousculé, c'est écrit dans la noirceur de ses plaies. les chiens l'ont dépiautée comme les hyènes dépiautent la proie à peine crevée. elle est à demie-nue sur le sol trempé, les articulations tordues comme un pantin qu'on aurait délaissé. sa peau se teint de bleue à mesure que les coups s'allient au passé et que l'hémoglobine perle sous sa peau fanée. c'est dans la douleur qu'elle devrait s'éveiller.

mais c'est long. beaucoup trop long. le sang que dégueulent ses lippes asséchées a coagulé et l'oiseau perd la patience prédatrice qui l'animait. alors il s'approche et ses pas résonnent contre les planches de bois qui maquillent les fenêtres. il se penche et abat sans attendre le couperet : d'un geste lent et savouré, les braises vives de nicotine s'écrasent dans le creux de sa clavicule. là où la peau est fine, là où la souffrance s'affine.
et le corps s'anime dans un gémissement imbitable mêlant amer blessure et ces déjà apprivoisées sutures. elle a les cils qui battent ses rétines avec léthargie et ses os craquent, ses articulations geignent lorsqu'elle voudrait s'extirper de ce feu que cahal continu de faire brûler.

et tu ne dis rien, saloperie d'irlandais. tu la laisses s'arracher les paupières avec la seule force qu't'as daigné lui laisser : celle d'imprimer ton visage dans ses traits fatigués pour un jour qu'elle soit prise de cette pulsion de vouloir te déifier. pour que dans ses veines coulent le seul sang que tu lui auras fait couler. pour que t'appartienne à tout jamais la valeur d'son déhanché.
tu vas l'affamer. tu vas faire naître dans son âme la peur de l'obscurité. et te nourrir de l'horreur qu'ils graveront sur son corps fatigué, jouir de la puissance que ses blessures vont rapporter.  


(c) calaveras.
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