my pain, your thrill. (( cahal ))

nuits lourdes, palpitant agités, l’insomnie à son apogée, miral elle a le manque qui lui colle à la peau. elles sont déjà trop loin ses soirées sous la blanche. adrénaline absente dans les veines, l’illicite qui l’a fuit depuis trop longtemps. y’a plus côme. par choix. fugitive de cette dépendance humaine, côme, la tentation à tout les niveaux. y’a plus lonan, par dépit. l’enfoiré a cessé de lui répondre depuis des semaines, laissant princesse dans son désordre infernal. pandémonium qui l’empoisonne, l’esprit malin qui s’immisce et cogne partout dans son cerveau. maux de tête, sentiments meurtriers fourrés sous sa cage thoracique. elle peine à traîner sa carcasse fébrile dans une aisance insupportable. allure impeccable, démarche animal, princesse faite dans un alliage de leurres et de feu. les courbes occupent les globes oculaires quand elle passe le couloir du cabinet, mais aujourd’hui elle n’y prête aucune attention. obnubilée par les fourmillements incessants qui martyrisent ses membres. le corps en ruine, l’esprit est pire, miral la tête haute se présente comme invincible. son eye-liner trace ses lignes de fatigue, les rendent moins ternes, fond d’teint là pour illuminer sa mine blafarde, les cernes sous une paire de lunettes de luxe, la lumière lui brûle les rétines, rouge à lèvres carmin, appât à regards. pour qu’ils s’éloignent tous de cette vérité acide. miral qui ment continuellement, miral qu’on ne cerne jamais vraiment, qui se plait à se réinventer pour qu’on ne puisse jamais la capturer.

les dossiers qu’elle feuillette sans conviction, le cerveau qui ne répond plus de rien, les lettres s’alignent mais princesse n’en connaît plus les sens. et le bruit strident du téléphone résonne, ça irrite, sa première réaction aurait été de le balancer contre un mur et le voir partir en morceaux. puis elle se contient, passe nerveusement sa langue sur ses lippes quand elle voit ton numéro s’afficher. celui d’ton bureau. son regard se lève instinctivement vers ta baie vitrée, les pupilles qui dessinent ta stature imposante régnant sur ce fauteuil de cuir. même ses battements de cils sont devenus douloureux mais, ses billes claires ne peuvent plus se résoudre à lâcher la vitrine. - je te manque mcgrath ? qu’elle murmure en s’enfonçant dans son siège. l’air triomphant, comme si elle contrôlait tout avec toi. comme si elle avait pas déjà perdue depuis longtemps. dis que oui, que t’as besoin de baisser les stores, que personne a son goût et que tu veux la sentir encore. dis le. que t’as pas la puissance ni l’envie de te passer d’elle, de ce que ce jeu t’apporte, que t’es accroc à la satisfaction que ça te procure de la voir sous ton emprise. de la voir se débattre pour te prouver sans cesse que tu n’la tient pas encore dans la paume de ta main. quand corps et âme prouvent le contraire. dis le, même si tu mens. miral elle adore vivre dans tes impostures.

j'ai de l'appétit à en vomir
et toi l'envie de mourir.

miral & cahal ☽ janvier deux mille vingt. 

t'sais qu'elle est camée la poupée ? lonan se marrait de dénoncer l'entièreté d'la clientèle que son aîné lui filait au compte-goutte ; quelques noms sur un bout d'papier. il avait l'écume aux lippes de s'imaginer la brunette la poudre aux naseaux et l'indécence de la ficelle qui lui déchire la peau. les rétines plantées dans la baie vitrée et sa virilité prête à bondir dans l'bureau d'à côté ; lonan il aurait bouffé cette gamine aux faux airs d'autorité. mais c'qui a fait arquer le sourcil de cahal, c'est pas la bestialité d'son cadet. c'pas non plus la vulnérabilité qu'elle se colle dans l'nez. mais c'est la nouvelle faille qui vient de se dessiner sur le plastique de son jouer. cette nouvelle plaie dans laquelle remuer d'foutu couteau émoussé. parce que c'est plus douloureux lorsque la chaire se crible d'aveux.
affame-la qu'il avait ordonné. et l'cadet interloqué avait perdu l'habitude de poser des questions. il se suffisait d'cette lueur malsaine dans les yeux de cahal. se satisfaisait d'son silence lorsqu'il le sentait rongé par le mal. celui qu'il inflige aux autres pour le plaisir de contrôler.
alors il s'était exécuté, le dévoué cadet. il avait affamée miral comme on affame un clébard. pour qu'il revienne aux auges, les flancs creusés et la volonté flagellée. pour qu'il revienne au fouet dont seule la douleur lui insuffle le bonheur d'exister.

le cuir comme linceul, mcgrath trône dans son château de verre duquel il observe les tribulations frénétiques de ses dévoués vassaux. mais il fait face à un seul bureau. celui de la proie affairée à fureter dans d'imbitables dossiers dans lesquels son pognon ne peut rien pour sa compréhension. les pulpes impeccables de l'irlandais glissent sur les chiffres qui le mèneront au contact salvateur.
la gamine tangue des épaules et ses rétines s'affalent sur le numéro qui s'affiche. elle a ce rictus masochiste qui lui déchire les joues et le regard qui s'précipite dans celui d'son bourreau. comme si ça lui avait manqué qu'il possède de ses azurs la cambrure de ses os. elle décroche et comble ce silence qu'elle hait. laisse sur l'accoudoir son bras s'échouer. il répugne qu'elle le tutoie ; ce n'est pas l'apanage d'une proie. derrière la vitre cahal ne lui a pas offert un sourire. il ne lui en offre jamais.
miral, c'est si grisant ta crédulité.

non, sa réponse tombe comme un roc arrachant le lierre, ça écrase et ça déchire, mais j'ai quelque chose qui devrait te manquer, à toi. ses phalanges s'extirpent du gilet de son costume et emportent avec elles le trophée qu'elles font danser sous les yeux affamés de la brune. la poudre ondule dans le sachet et s'ancre dans sa paume l'envie dévorante de la succube. le poing de cahal retombe sur le combiné et il referme ses serres sur la précieuse immaculée. c'est la bride de son jouet qu'il vient de serrer un peu plus fort. et il tient fermement les rênes de ce corps.
ô miral, viens chercher l'horreur dont il te nourrit.
rampe pour lui offrir le sadisme qui lui ouvre l'appétit.

(c) calaveras.