huggin & kissin. (cami)

- il est où tim ?
- pas là. qu’elle répondait la brune, les yeux rivés sur l’écran géant du salon.
- t’fais quoi là toi ? pourquoi t’es pas chez ta mère ?
- j’regarde la télé, tu permets. elle ne le regardait même pas Cami,
- t’as faim ? elle hochait simplement la tête et il sortait son téléphone de sa poche arrière pour commander quatre pizzas, avant de se laisser tomber sur elle, écrasant ses cuisses pour s’affaler sur le canapé,
- t’fais chier, putain, pousse toi, merde.
- m’fais pas croire que ça t’interesse vraiment, ces putains d’émission de télé réalité,
- tais-toi un peu pour voir,

Cami, elle faisait parti des meubles depuis presque cinq ans.
Une gamine à laquelle il s’était habitué, à laquelle il avait filé un double des clés après avoir eu vent du récit malheureux de sa vie. Elle avait des grands yeux de biches, le genre de regard auquel il ne savait pas dire non, l’genre de regard qui lui rappelait trop sa petite sœur. C’est qu’elle avait les mêmes manières, les mêmes airs revêches, le même caractère de merde et qu’Ismaël, cinq ans auparavant, il avait été attendri par ses traits juvéniles.
En cinq ans, elle avait mis leurs nerfs à rudes épreuves.
En cinq ans, ils avaient créé une relation qu’il n’avait eu avec personne d’autres. Passant des soirées entières à jouer à la console, consommer de l’alcool à outrance, jusqu’à ce qu’elle frôle la vingtaine et qu’ils se retrouvent accrochés l’un à l’autre dans des baisers enflammés auxquels il avait toujours mis fin. Il s’interdisait le dérapage de trop Ismaël. Par principe plus que par raison.
Et ce soir encore, après avoir dévoré des parts de pizzas, ils avaient dérivé jusqu’à la bouteille de bourbon, avaient allumé la ps4, fumaient beaucoup trop de cigarettes et se laissaient entrainer dans des fous rires incompréhensibles, jusqu’à ce qu’elle joue d’ses yeux, d’son sourire pour se retrouver à califourchon sur lui.
Il l’embrasse à pleine bouche le blond, ses mains fixées à ses cuisses, leurs bassins se cherchant à travers les couches de vêtements. Dans ses veines, il y avait un trop plein d’éthanol qui lui vrillait les neurones. Il se détacha de sa bouche, pour reprendre son souffle, pour tenter d’éclaircir ses idées. Il poussa la jeune femme sur le côté pour récupérer l’usage de ses jambes, puis se pencha jusqu’à la table basse à la recherche d’une cigarette. tu sais pas te tenir, c’est pas possible. qu’il sifflait dans un demi-sourire, j’sais bien que j’suis irrésistible, mais tu sais bien que ça ne se fera jamais, entre toi et moi. il tentait de garder un air sérieux, allumant la clope en la regardant en coin.

Y’a qu’un repère où elle perd jamais l’nord. Cami elle connait que ces quatre murs pour s’y sentir protégée. Ne compte même plus ces soirs à se foutre au creux de ses bras comme un rituel qu’on ne défait pas. Culottée de s’incruster, dévergondée qui se sert sans d’mander. Parce que ça la fait chier d’être dans le décor, d’être pas assez. Alors elle l’attend l’soir en se demandant si lui, il l’attendait. Des utopies de cinglée, elle y récolte que baisers avant de se faire stopper. Assise à califourchon à tenter de charmer le diable. Mais l’diable se laisse jamais charmer, il y a bien que lui qui peut pervertir. Alors elle sourit, perd pas la face, y’a ses mains qui viennent dans ses cheveux comme une pub mal constituée. Faut dire que l’alcool est en train d’la brûler, que sa tête est comme déconnectée. Elle rigole seule, l’analyse alors qu’il s’empare de sa meurtrière. Plutôt moi qui suis irrésistible, un bourbon dans l’crâne et t’es au seuil de me baiser la bouche. Elle peine à se lever, à se recoller contre lui comme si c’était écrit sur le papier. Mais j’suis juste trop bien pour toi, l’oublie pas.
S’empare.
S’empare de ses lèvres avant de s’y décoller, s’empare de sa clope avant de la consumer. Elle se perdrait bien dans ses opales couleur lapis-lazuli, sa plus belle pierre dans sa vie d’cailloux. Et toi qu’est-ce que tu fous là ? Tu peux l’avouer que tu voulais juste être avec moi, je le répèterai pas à tes autres pétasses. Qu’elle rit avant de cracher la fumée en l’air et de se rassoir. Cami ment, Cami joue, pousse les pions comme au casino. Elle fixe sans pudeur, se complet dans son sarcasme. La connasse tape la place juste à côté d’elle, l’invite à revenir. Dira jamais qu’elle est droguée à son parfum. Croix de bois, croix de fer, si je mens… merde je suis déjà en enfer, ça compte ?

C’est pas qu’elle ne lui plait pas Cami, c’est pas qu’elle est repoussante. C’est seulement qu’il ne l’a voit pas sous cet angle, qu’elle est restée figée au rang d’adolescente dans le cerveau du blond. Que la relation qu’ils entretiennent et trop particulière pour être envoyé à la poubelle et se laisser aller à une petite mort qui deviendra problématique dès le lendemain.
dis pas n’importe quoi, c’toi qui te jette sur moi dès que t’en as l’occasion. tu me saoules pour essayer d’en profiter,
Qu’il lâche dans un demi-sourire, tirant sur sa clope. La preuve en image, voilà qu’elle se redressait la brune et qu’il la laissait faire une nouvelle fois, répondant à son baiser sucré. C’est le bourbon qui lui vrillait le crâne, l’habitude d’avoir une femme contre son corps. Ils jouaient en permanence, restaient prudes, mais sa qualité d’homme tendait à vouloir rompre sa raison lorsqu’elle le poussait dans ses retranchements.
j’sais pas si t’es trop bien pour moi, mais c’est certain, que moi, j’suis pas assez bon pour toi. j’vaux rien, tu le sais, autant dans la vie qu’au fond d’un lit.
Qu’il continuait alors qu’elle lui volait sa clope, il la regardait se consumer lentement entre ses lèvres, laissait ses pensées dériver vers les contrée lubriques. Il mentirait, s’il affirmait qu’il ne l’avait jamais imaginé au bout de sa queue. Ils seraient tous des menteurs, ceux qui diraient ça. Parce que Cami, elle avait le corps d’une déesse et l’regard d’une actrice porno quand elle voulait un homme. Les mains trop baladeuses, les soupirs trop incisifs.
Il rigolait à ses paroles.
Se rapprochant d’elle, attrapant de nouveau son verre qu’il termina en une lampée.
Tu crois que j’en ai quelques choses à foutre de ce qu’elles peuvent bien penser. J’suis là, parce que c’est chez moi et que là, tu m’laisses pas vraiment le choix... non ?
Elle ne demandait rien.
Elle s’imposait.
Depuis des années, mais ça lui allait à l’héritier, qu’elle traîne ses courbes féminines à travers le lofts souvent trop vide.
Et si c’est ça l’enfer, tu le trouves pas merveilleux ? ... Bon alcool, bonne bouffe, beau mâle.
Nouveau ricanement,
Il récupérer sa clope entre les lèvres de Cami, basculant sa tête en arrière pour s’affaler sur l’assise du canapé.
Toi par contre, tu m’attendais, j’en suis persuadé !

Elle aimerait. Aimerait que l’alcool lui bouffe les neurones, lui foutent en l’air sa bonne conscience. Elle aimerait qu’il aille s’consumer avec elle dans un lit, qu’elle goûte au fruit défendu d’Eve dans son jardin d’ronces. Se piquer à la rose et en redemander parce que c’est interdit.
Conneries.
Acquiesce en souriant, Cami dépose les cartes d’son jeu pourri comme si elle le laissait gagner. Elle tente sans y croire, joue la gamine sulfureuse à oser poser ses lèvres sur les siennes. Une passion dévorante qui lui fout l’cerveau en l’air. Elle rage. Rage seule d’être pas assez, se confond dans la colère sans jamais rien laisser passer. Faudrait pas froisser l’visage d’ange qui se plaît à batifoler dans un faux hasard. Arrête de dire ça Ismaël. Peut pas s’en empêcher, y’a l’myocarde qui se met à devenir fou quand ses palabres prennent pas la tournure qu’elle aimerait. Elle l’a jamais vu comme ça Cami. Jamais vu comme le raté qu’il aimerait être à ses yeux. Jamais vu comme l’électron libre qui mérite que le malheur. C’est des conneries tout ça, ferme-la si c’est pour dire que tu vaux rien.
Cami se veut trop sérieuse, s’veut teigneuse avant de ressortir son rictus aux coins de ses lèvres pour se détendre.
Que les traits de son visage devant sa gueule.

Des traits qui la narguent.

Parce qu’elle voudrait les posséder.
Ses opales bleutées se perdent dans les siennes, elle se sert un nouveau verre. Y’a que l’éthanol qui la rend assez folle pour oublier les filtres.
Frémit, s’redresse, doit se défendre. Se met à rire avant de s’allonger en mettant ses jambes sur ses genoux. T’sais bien que ta piaule est plus agréable que la mienne. Fait chaud, y’a toutes les chaines, personne pour m’emmerder. C’est même mieux quand t’es pas là. Et si jamais je m’ennuie, peut-être que je pourrais m’taper un autre Sartier que toi pendant que t’es en sortie.
Tire sur la corde avec neutralité, voudrait une réaction inespérée de sa part. Et pourquoi tenter Cami ? Tu sais très bien que tu s’ras même jamais le plan b. Ses doigts touchent les siens dans un gestes, elle reprend la cigarette pour mieux ressortir la fumée. Elle déteste la clope. Déteste l’odeur. Mais le geste la détend, lui fait oublier les maux.
J’ai fait un rêve où tu m’apportais encore une autre bouteille de bourbon, t’as pas fait le même rêve ? J’parie qu’il est prémonitoire. Et j’ai envie de boire ce soir alors plus vite que ça.
Elle pointe la bouteille vide devant elle. Cami elle taquine avec ferveur, n’avouera pas que sa soirée a commencé au moment où il est rentré. N’avouera pas qu’elle sent la dopamine monter en elle.
T’es content d’me voir Sartier ? Allez cache pas ta joie.

Elle faisait partie du décors.
Imposait sa présence et foutait le bordel dans son monde.
Fouillait dans ses affaires, se servait dans le frigidaire et avait même réussi à chopper un double des clés.
Le portier la connaissait, la préférait même aux deux blonds qui vivaient en ces lieux.
Cami, elle étalait ses jambes sur lui et il la regardait du coin de l’œil en inhalant la fumée néfaste.
c’est pour mater la télé en fait que t’es là ? qu’il répondait par dessus ses mots à elle, avant de lever les yeux au ciel à la fin de sa tirade. Se taper un autre Sartier pour combler son ennuie. Il réfléchissait, sentait son ego s’ébranler, se fissurer légèrement. C’est qu’il n’aimait pas qu’on me compare à son frère, que l’on puisse si facilement l’échanger au profit de Tim. Il haussait les épaules, faudrait déjà qu’il veuille de toi, non ? ... puis, ça se fait pas d’utiliser mon frère comme pièce de remplacement.
Il la cherchait,
Jouait avec elle, comme elle pouvait le faire avec lui. Il était moins envahissant Ismaël. Elle lui prit la clope une nouvelle fois, avant de jouer les princesses en visant de son index la bouteille vide sur la table basse.
t’es une assistée maintenant ? hum ? ... t’as de la chance que je sois assoiffé.
Coup de menton en avant, il finit par se redresser pour réaliser son rêve, attrapant une nouvelle bouteille de bourbon qu’il vida très vite des deux verres présents sur la table. Debout devant le canapé, il regardait la sirène allongée. Un sourire en coin, l’alcool courant dans ses veines au même titre que ses pulsions de mâle.
qui ne serait pas heureux d’voir une telle créature allongée devant lui ?
Il se laissa tomber une nouvelle contre elle, avalant de l’alcool, rallumant une clope. Détournant ses yeux bleus d’elle pour les poser sur la télévision.
t’as pas des copines avec qui faire la fête sérieux ? genre des nanas de ton age, en manque de cul perpétuellement, comme toi. tu tombes que sur des nazes ou quoi ? ou peut-être que t’es lesbienne et que c’est pour ça que tu prends jamais assez ton pied.
Il pouffait de rire, littéralement.

Elle savait pas que ça finirait comme ça. Que ses ailes finiraient brûlées dans les brasiers incandescents d’l’amour. Des fois elle a le regret qui la pointe, qui lui dit qu’elle aurait jamais dû le suivre dans ce loft trop grand pour sa personne. Qu’est-ce que ça pue l’amour. Ca la fout en vrac, lui retourne le crâne. Y’a le sourire béant derrière l’écran et le coeur qui veut pas la fermer. C’connard s’emballe dès qu’il le voit débarquer, dès que sa blondeur resplendit dans ses pupilles de gosse de bas quartier. Elle grince des dents avec l’rictus planté en coin, y’a ses doigts qui jouent avec le verre comme pour se détendre. Elle a l’rire gras presque surfait. Presque faussé. Presque défait. Je suis sûre que ton frère est moins dur à faire succomber que toi. Toi, t’es si coincé et sérieux, je savais pas que t’avais des principes, moi.
Elle s’enfile la dernière gorgée pendant que ses opales courent sur Ismaël. Les désirs de Cami sont des ordres, ses fantasmes restent des illusions. La princesse du château délabrée est reine d’un cauchemar éveillé. Elle veut qu’lui dans sa vie, lui dans son lit, mais elle fait taire les bandits de l’amour pour y jouer sa commedia del arte. L’ivresse la guette autant que ses secrets l’inquiètent. Ils grattent ses lèvres et ne demandent qu’à être rapportés.
Elle joue encore.

Pousse son cavalier.
Cami se relève alors qu’il vient de retomber sur le canapé, elle joue de contradictions. L’alcoolo junior s’empare du verre comme d’un trophée. Boit avec vigueur, son eau-de-vie du siècle dernier. Elle y laisse seulement quelques gouttes, qu’es atomes témoins de sa rapidité.
Enivrée. Besoin d’être regardée à la place de cette télé.
Voilà qu’elle se poste devant lui, le sourire armé comme pour l’alerter. T’as une telle créature devant toi et tu préfères regarder le tiercé du soir ? Coincé et si sérieux, bien c’que je dis. Elle s’éloigne pour y trouver son bonheur, connait chaque recoin comme si c’était sa propre baraque. Trouve l’enceinte, l’allume pour y foutre sa musique, Cami elle fuit les mots, elle fuit c’qui fait mal. Elle fuit pour se perdre dans l’alcool et les notes, dans l’salon et dans ses yeux. Tentatrice aux multiples talents, se met à danser devant ses iris, s’met à le fixer comme s’il flancherait. Et elle se rassoit à nouveau sur lui, elle prend ses doigts pour les foutre sur ses hanches. Je suis pas en manque de cul. je suis en manque de toi. Je pourrais sortir et me trouver un naze, mais je préfère le naze que t’es. C’est si drôle de te déranger dans ton petit confort de gosse de riche ingrat. Détourne le sujet, c’lui tabou. Celui qui dit qu’elle en a pas vu une seule, de queue. La brune s’rapproche comme un serpent en fuite, prédateur prêt à mordre sa victime. J’trouve que tu te fous beaucoup de ma gueule, mais toi il se passe quoi dans ta vie sexuelle à part de la branlette intensive sur du soft porno? Elle rigole à son tour, se joue à prêcher le faux pour avoir le vrai. Pas de copines en ce moment ? Personne à part moi qui chauffe tes draps ? Je veux tout savoir. Thèse, antithèse, synthèse. Comme à la fac. Et pas d’blabla, du concret.

Il ne relève pas la première attaque.
Parce qu’elle est fausse.
Des deux, c’est bel et bien Ismaël l’homme facile. Il ne résiste pas aux femmes, se laisse trop vite emporter par les déhanchés, se laisse trop vite absorber par les décolletés. Ce sont elles, sa plus grande faiblesse. Le blond il les accepte toutes, ou presque. La preuve avec Cami qu’il repousse sans cesse.
Elle s’accroche pourtant la gosse.
Elle vient de se mettre debout devant lui, lui bloque la vision d’son corps, parle, encore.
Il ricane, lève les yeux au ciel.
t’es en manque d’attention, non ?
La brune fait comme chez elle, allume une enceinte qui se met à couvrir les piaillements de la télévision. Malgré lui, y’a son regard qui s’accroche à ses courbes qui se trémoussent. A ses yeux qui le cherchent. A ce corps qui l’aguiche en reprenant place au-dessus de lui. Ses mains guidées jusqu’à ses hanches, ses ongles qui s’accrochent au tissus pour ne pas se faufiler en dessous. En fait, t’es de ces gens là, d’ceux qui veulent ce qu’ils ne peuvent pas avoir ? hum ? il sourit en coin, leurs iris s’entrechoquent, l’alcool lui vrille le crâne, autant que le souffle de Cami contre son épiderme. Elle continue à railler, il regarde ses lèvres, se mord la sienne de lèvre.
Plus elle parle, plus elle se fout de lui, plus il a envie de l’obliger à se taire.
Mais il ne fait rien, tente de regarder ailleurs sans y parvenir.
C’est pas mon truc, le soft porno, qu’il annonce en arquant un sourcil. Elle ne sait pas s’arrêter la femme, il laisse les paumes de ses mains glisser jusqu’à ses fesses, y passet en dessous pour la rapprocher un peu plus de lui. pourquoi tu veux détourner la conversation comme ça ? qu’est-ce que tu veux dans le fond Cami, t’sais bien que c’est pas bien de jouer avec moi, parce qu’il n’est qu’un lion en cage, prêt à dévorer de la chair fraiche, on va baiser et après ? j’vais te foutre dehors au milieu de la nuit et t’aura plus envie de me voir trainer dans les parages, est-ce que ça vaut vraiment le coup ? il demande, sourit et ricane bêtement, mais si tu veux m’faire une branlette pour venir en aide à un copain, j’dirai jamais non. c’est lui qui a rapproché son visage du siens, pour embrasser sa joue, dérivant bien vite jusqu’à ses lèvres qu’il trouvait beaucoup trop tentantes. Il fait danser leurs langues, s’égare un instant jusqu’à sa gorge. Il sent que ça se réveille entre ses jambes, que c’est pas la bonne voie qu’il est en train de prendre. Il éloigne son visage, secoue la tête, mais pour répondre à ta question, y’a bien une nana qui traine dans ma vie, mais t’sais, j’sais pas me poser.
Qu’il balance, pour ne jamais trop en dévoiler.

Elle veut savoir. L’désir est pervers de connaître les détails qui lui entaillent l’coeur et la peau. Elle veut savoir ce qu’il s’trame dans le brouillard de la nuit et ses clopes de midi.
Elle joue à la roulette russe, s’fait flinguer à chaque phrase. Cami elle est sur le plateau du jeu et oscille pour rester dessus, enfonce les portes pour sauter d’une case à l’autre. La nymphe déchue se sent colérique d’être accompagnée que par le silence.
En manque d’attention ? Une évidence.
Une certitude flagrante qu’elle tente de masquer derrière la violence de son verbe. Derrière c’visage séraphin dopé aux mensonges. Elle frémit quand il s’accroche, devient folle quand ses opales s’font la malle sur sa peau laiteuse. Et toi t’es de ces gens-là qui se pensent irrésistibles et incroyables, hein ? Ca t’galvanise d’avoir les filles à tes pieds, ta bite se sent monter ? Elle raille avec dédain, avec cynisme. Ca lui arracherait trop la gueule de confesser devant ses opales céruléennes que l’ange démoniaque a raison. Cami elle crèverait pour avoir c’qu’elle a pas. Elle convoite l’impossible, s’électrise face au défi.
Sauf qu’elle a pas le pouvoir, la mioche s’fait piétiner trop facilement. S’fait balayer sans avoir le temps de riposter. Elle frémit sous ses mains, elle crépite comme un pop-corn. Ca l’exaspère d’être si faible, d’être si frêle. Elle voudrait arrêter de fondre dans des ébats faussement endiablés. Elle touche presque le septième ciel avant de s’écraser comme une météorite. La constellation devient une supernova, l’explosion interstellaire qui cause le chaos. Parce que tu me jetterais dehors ? J’vaux tellement rien que tu me foutrais à la porte comme la dernière de tes putes ? Rigole à moitié Cami, commence à devenir fébrile. Son coeur il chiale le bourbon, elle en tiendrait même plus droit. Elle se laisse porter par ses lèvres, ces instants cristallisés avant de redevenir souvenirs.
C’est peut-être ça le coup de grâce.
Celui qui fait mal.
Celui qui froisse l’éclopée de l’amour.
Y’a quelqu’un. C’est pas elle. Y’a quelqu’un dans le recoin de son crâne.
Ca dure une seconde. Ca dure éternellement. Le black-out dans la ville. L’big bang qui mène à rien. Elle s’poile plus Cami, elle sait plus faire semblant. Une seconde de rien pour des milliards de sentiments.
L’sourire il disparait comme un automatisme. Elle se cache en écrasant la distance pour l’embrasser à nouveau. Faudrait pas qu’on fêle le masque. Qu’on découvre la supercherie. Elle entretient les flammes, ses lippes s’perdent dans son cou avec érotisme. La poupée termine par s’éloigner comme si le jeu était terminé. Elle laisse entrevoir ses canines pour se faire croire à elle-même qu’elle sait encore faire semblant. C’est qui ? Elle pose sa main sur son torse, les lippes qui forment un rictus tendancieux. Tu sais pas te poser mais tu penses à elle.Elle est comment ? Blonde ? Grande ? T'es trop évasif.
Elle est comment ? Un peu ? Beaucoup ? Passionnément mieux qu’moi?

Il sait qu’il plait Ismaël.
C’est l’aura des Sartier. L’aura des connards qui ensorcellent.
Evidemment que ça le grise, que ça l’aide à se sentir plus viril.
Elle met le doigt sur une vérité. S’amuse de ces sourires.
Il attaque, elle ne se laisse pas faire. Est-ce qu’il la foutrait dehors, comme une vulgaire pute. Sans doute. Sans complexe aucun. Parce qu’une fois qu’il a bouffé le loup, il ne veut jamais ronger les os. Il préfère se débarrasser des restes, refusant de s’encombrer avec des élans d’affections communs à tous les êtres humains. Ils sont des pièges, qui force les gens à s’accrocher les uns aux autres. Puis Cami, il est trop habitué à sa présence, il ne l’avouera prétend pas. Préférera sans doute passer le cap que lui faire entendre qu’elle compte.
Alors, à demi-mot, il avoue.
Que dans sa tête y’a une fille qui s’y traine. Qui prend de la place, qui bouffe tout l’espace. Il a la trouille Ismaël, mais ça il garde bien ancré dans le fond de sa tête.
En guise de réponse, Cami elle écrase ses lèvres contre les siennes. Elle enflamme le reste de sa raison, il a ses mains qui glissent jusqu’à ses cuisses, qui caressent au même rythme que l’entrechoquement de leurs bouches. Elle veut le faire taire, il ne voit pas qu’elle cache son masque. Il ne voit pas grand-chose le blond, pas quand on tente d’allumer le brasier de ses entrailles. Stupide mâle. Il grogne quand elle stoppe ses baisers, que sa main se place sur son torse pour pouvoir le regarder de haut.
Tu la connais pas. qu’il siffle, il ne veut plus parler l’héritier. Parce qu’il veut pas y penser et qu’il est en train de bander pour une autre fille. Comme un con. Et t’as pas envie de la connaitre de toute manière. et j’ai pas envie que tu la connaisses, elle est brune, les yeux sombres. Petite. Volcanique. y’a ses iris qui se figent dans celles de Cami, il cherche au fond de ses yeux, Tu t’sens mieux ? Ta curiosité est assouvie ? il arque un sourcil, lui laisse pas le temps de répondre qu’il l’allonge sur le canapé, se positionnant entre ses cuisses. Le regard carnassier, autant que le sourire qu’il arbore. C’est toi qui est en face de moi, j’commence à me dire que t’as raison, je t’apporte pas assez d’attention. une dernière phrase et il plonge littéralement contre elle, dévore son cou au lieu d’sa bouche. Laisse une de ses mains remonter sous son haut, découvre sa peau pour la première fois.
Il en ferait qu’une bouchée de Cami.
C’est son inconscient qui veut la mettre face à leurs démons.
Briser cette relation pour le malheur et pour le pire.

Elle a l’désir inassouvi. Vorace à l’idée de connaître qui est l’élue.
Elle veut pas la connaître, elle veut seulement s’emparer d’la dague pour la saigner. C’est instinctif. C‘est animal. Un terrain qui ne lui appartient pas et qu’elle aimerait conquérir. Cami exige, Cami s’dispense de règles et tire sur la corde de diamants autour de son cou. Elle l’étrangle de ses charmes, méthode disgracieuse digne d’la catin qu’elle pourrait être. Elle a l’bout du doigt qui touche ce rêve insensé, celui où elle finissait enfin par emprisonner le fauve dans sa cage montée de fantasmes.
Cami si proche du soleil qu’elle s’en brule l’épiderme.
Belle de jour s’fait salope de nuit.
Salope de nuit est sur le point de se faire sauter.
Elle ose même plus parler, il y a qu’les soupirs qui se font entendre. La porte est ouverte sur ses courbes, elle bouge avec lascivité comme une danse mal chorégraphiée. Lèvres éprises par l’bonheur, par l’odeur qui l’enivre et la nargue. Le jeu en est mortel, la pomme à croquer n’est qu’envenimée et passablement abimée.
Et après ?
Y’a que ses mains qui parcourent sa peau pendant que ses lippes la tourmentent. Cami enfermée dans la cage dorée de Sartier. La poupée de chiffon sait même plus comment s’en sortir, tiraillée entre le pêché et la raison. La balance du dernier jugement ne fonctionne plus, la sentence doit être levée.
Encore un peu.
Juste assez pour s’en souvenir.
Encore un peu.
Juste assez pour prendre son pied.
Elle pose ses mains sur ses joues, les regards sont fixés alors qu’son haut est à moitié défait. Est-ce que tu vas me foutre à la porte après ? instant de silence comme un cloître. Embrasse-moi. Encore une fois. Elle s’laisse bouffer à feu doux, s’laisse tenter par le sacrilège. Mais l’temps la rattrape, l’cerveau tourne plus rond et y’a tout qui vacille autour d’elle.
Elle sait Cami que le glas sonne la fin.
Je peux pas. Elle le regarde même plus, c’est la chute après l’extase. J’aimerais mais je peux pas. Ca lui arrache la gueule d’faire preuve de lucidité. La vérité c’est que la peur tétanise son être. De chair et de sang. D'horreur et de terreur. Ca lui monte sans qu’ça prévienne, elle a les opales humides remplies de rancoeur. Et j’peux pas te dire pourquoi putain. Laisse tomber, retourne voir ton autre nana parce qu’avec moi t’es voué à te foutre en l’air. S’relève et se rassoit, c’est bien trop rare d’avoir honte de soi. Elle s’déteste. Un peu plus chaque jour. Elle s’jetterait bien même de la fenêtre. C’est toi qui as raison Ismaël, est-ce que ça vaut vraiment le coup ? Est-ce que je vaux vraiment le coup ?
Et d’habitude elle s’rait déjà barrée, éclipsée dans la nuit fragmentée d’étoiles. Elle a ni l’envie de partir, ni l’envie de rester. Cami elle est destinée à s’faire rattraper par ses secrets.