Medellín / Cuando sufras, Cuando llores. (Elzay)

Spoiler:

Elle s’interrompt abruptement, comme si elle avait vu un fantôme. La guitare continue, le guitariste se racle la gorge et elle reprend.



La voix vibrante de Frida s’estompe, un frisson mélancolique peine à quitter la salle avant que les applaudissements ne retentissent, modérément. Il ne s'agit pas de faire une démonstration de ses talents ici, simplement un partage d'émotions. Elle laisse sa place sur la minuscule scène de ce bar chantant, un vieux bar qu’elle fréquentait déjà dans sa jeunesse. Chanter pour expulser la peine inimaginable qu’elle ressent, il n'y a bien que ça qui parvient à l'apaiser. Si on lui avait dit que c’était ça l’amour, elle ne l’aurait pas tant désiré pendant toute cette vie aux accents vains. Et cela ne fait que quelques jours qu’elle a quitté New-York, seulement depuis ce matin qu’elle s’est retrouvée seule avec un père qui se plaint plus qu’il ne meurt. Il réclame Alba, constamment, il perd la tête ce vieux bougre. Il n'est plus grand chose pour le Cartel d'ailleurs, juste une vieille légende, suffisamment respecté pour mourir de vieillesse. S'il meurt, car Frida n'en est en rien convaincu depuis qu'elle la rejoint. Il semblerait qu'il fasse son cirque plus qu'autre chose, et ça marche, même avec elle.

Tomás lui manque, plus que de raison. Seule, elle ne l’est pas vraiment, son père a tout de même trouvé moyen de lui coller un de ses larbins sur le dos, pour la surveiller, la protéger – des autres mais surtout d’elle-même. Il a bien fait, sinon elle aurait déjà sauté sur la neige sud-américaine. Il est adossé au bar, sirotant une grenadine alors qu’elle a trouvé place sur une petite table avec une seule chaise, rien qu’elle, son verre de tequila et son cigare. Elle et la musique, les plus belles chansons latines, toute sa culture pour se ressourcer.

C’est là qu’elle la voit à nouveau, le fantôme… Alba. Ses yeux vitreux la fixe, de longues minutes, elle reste bouche bée, le cigare pendouillant de ses lèvres jusqu’à sombrer sur son bras. « Jamon ! » Elle peste de sa brûlure tout en récupérant le coupable de feuilles enroulées. Son regard se relève et la cherche, ne la trouve plus. Elle soupire...


@Elzay Delenikas