Hung Up feat Isabella

Aujourd’hui était une journée sport, une passion, une façon de décompresser, d’oublier ses soucis. Le sport était une façon de rassembler les gens, de créer une communion voir une amitié. Une amitié qui pouvait dépasser toutes les frontières, le sport permettait de réunir des personnes n’ayant aucun point commun. C’était la raison qui le poussait à en faire, dépasser ses limites, battre ses records lui procurait une forme d’excitation qu’il ne retrouvait pas ailleurs.

Pas vraiment de grosse performance à son actif, aucune qualification au mondiaux, JO ou autres compétitions. Il s’agissait uniquement de sport loisirs, il n’avait pas les capacités de battre une personne dont c’était le métier. Aucun amour ou admiration pour la citation : il faut croire en ses rêves.

Tout le monde n’avait pas les moyens ou les capacités de réaliser ses rêves. Par manque de courage, d’argent, par incapacité physique ou mental. Puis une fois le rêve réalisé, que restait-il ? Il n’y avait plus aucun but, plus aucune motivation. De toute manière, la vie lui avait mis assez d’uppercut pour qu’il apprenne que rien ne se déroulait jamais comme prévu. Vieux de la vieille à qui on ne la faisait pas, laissant le soin au rêveur et autres penseurs de rêver.

La vie était une chienne, c’était la triste réalité.
La preuve se trouvait encore devant ses yeux lorsqu’il fit le chemin pour aller au sport. Des enfants des rues, des mères ainsi que des pères au bout du rouleau, des ouvriers harassés par l’effort. C’était la vraie vie, celle qui se passait de parole billevesée.

Il se demandait d’ailleurs ce que penserait son amie de ses dernières pensées. Peut-être était-il trop cynique ou peut-être était-il un précurseur de la stricte vérité. N’en sachant rien, il n’épilogua pas sur le sujet pendant des heures préférant se concentrer pour arriver vivant. Étant un dur à cuire, pas au point de mettre sa vie en danger ou celle des autres, enfin pas sur la route tout du moins. Lorsqu’il pratiquait certaines activités, il n’était pas un enfant de chœur.

Toutefois les prochaines heures allaient normalement être tranquille, voire même relaxante. Ce dont il avait bien besoin et qui le poussa à trouver rapidement une place pour se garer. N’ayant pas son amie en visuel, une cigarette fut vite allumée entre ses doigts. Moyen toxique et dangereux de passer le temps. Accro peut-être, mais pas un trop gros fumeur. Aucune volonté de préserver particulièrement sa santé, on finissait tous par mourir, lui certainement le premier. Plutôt mourir debout que de vivre à genoux, un credo de vie comme un autre.

Sur cette charmante penser, il écrasa sa cigarette en voyant la jeune femme qu’il devait voir arriver. Le mégot finit dans la poubelle, pas complètement et égoïste au point de polluer la planète. Pas un écologiste non plus, mais chaque petit geste comptait. Une bise sur chaque joue plus tard, il entama la conversation. Salut ! Comment tu vas ? Prête à suer de tout ton corps ? S’appuyant sur sa moto en attendant la réaction de la jeune femme.

@Isabella Kingston

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crédit/ tumblr ♛ w/@Alejandro Aguirez

On devrait faire du sport ensemble. Une proposition lancée, quelques jours plus tôt, sans réfléchir entre deux amis qui aiment passer du temps ensemble. Deux amis, aussi, qui apprécient également une séance de sport. Ce n'est pas extrêmement régulier pour Isabella non plus. La silhouette svelte et élancée, elle s'entretient de temps à autre sans pour autant être une férue de sport. Elle se contente de pratiquer un peu de cardio, de musculation aussi en salle de sport. Mais l'on ne peut pas dire qu'elle se dépense tous les jours en extérieur. Elle était pourtant tout à fait partante pour cette petite séance de sport avec Alejandro. Faire quelque chose qu'elle apprécie, avec quelqu'un qu'elle apprécie, cela a tout eu l'air d'être une bonne idée. Et elle est toujours aussi motivée, Isa, alors qu'elle est en train d'ajuster sa tenue. Elle porte un simple legging de sport, une brassière en guise de haut, et une petite veste par-dessus parce que le temps s'est excessivement rafraichi en quelques jours à peine à New York. Motivée, elle l'est oui, tout autant que déterminée. Mais il y a tout de même cette partie d'elle qui appréhende quelque peu, tout compte fait. Alej' est bien plus sportif qu'elle, avec des performances certainement bien plus élevées aussi.

Et toi, tu fais ce que tu fais toujours,
Tu laisses les rouages de ton esprit névrosé se lancer,
Sans pouvoir t'en empêcher, sans pouvoir les contrôler.

Elle le sait, pourtant, que tout va bien se passer. Ce n'est qu'un simple moment de complicité et de communion entre deux amis. Elle n'a juste pas l'habitude de partager le sport avec quelqu'un, pas même avec son petit-ami. Mais elle a conscience au fond d'elle qu'elle n'a absolument aucune crainte à avoir. Elle espère seulement qu'Alejandro n'en attende pas trop d'elle, au risque de le décevoir. C'est à pied que la Latina rejoint leur point de rendez-vous, une petite marche qu'elle voit comme un échauffement avant l'heure. Quand la belle brune arrive dans la rue choisie par les deux amis, elle ne met pas longtemps à reconnaître sa silhouette. C'est cet homme près d'une moto, en train de fumer une cigarette, en l'attendant tranquillement. Il lui suffit de quelques secondes à peine pour le rejoindre. - Bonjour toi. le salue-t-elle avec son doux sourire sur les lèvres, heureuse de le voir. Elle dépose un baiser contre sa joue à sa suite avant d'acquiescer d'un petit signe entendu de la tête à sa question. - Je suis prête. Je m'en remets totalement à toi. affirme-t-elle de ce ton assuré habituel qui est le sien. Elle ne montre pas les appréhensions eues un peu plus tôt parce que, au fond, elle se sent en confiance avec Alejandro. - Alors, je peux savoir le programme que tu as en tête pour la journée ? demande-t-elle avec curiosité. Parce qu'elle s'en remet à lui, Isabella, cela ne l'empêche pas pour autant d'avoir besoin de contrôler un tant soit peu la situation. Ce besoin, toujours, de maîtriser tout ce qui l'entoure, tout le temps, en toutes circonstances. Pourtant, elle va certainement devoir lâcher prise aujourd'hui, lâcher prise avec lui.

Avoir un style n’était pas une priorité, avoir une certaine élégance était primordial pour lui. Mais la mode, les pièces phares à avoir n’était pas l’une de ses passions. Un jean noir et une chemise blanche composaient la grande majorité de sa garde-robe et de sa tenue habituelle.

Un look signature en quelque sorte, toujours habillé de façon classe. Le seul moment où il pouvait se relâcher était lorsqu’il était chez lui avec son fiancé. Enfin c’était le seul moment où il acceptait de traîner en vieux jogging et en vieux t-shirt. Même pour aller courir, il veillait à paraître soigné. Un legging de course, un t-shirt en bon état noir et une paire de basket de la même couleur. Ce n’était peut-être pas au goût du jour, ce dont il se moquait bien. Aucun rituel, aucune angoisse vis-à-vis de cette séance de sport.

Connaissant ses limites, il savait jusqu’où aller pour ne pas dépasser ses propres limites. La séance de sport allait lui permettre d’éliminer toutes ses pensées toxiques, nauséabonde. Une séance qui allait le décrasser en espérant que son amie allait pouvoir suivre.

Chacun.e avait ses propres limites, ses propres réticences. Des limites que tout le monde ne pouvait pas dépasser, une force mentale qu’on possédait en soi ou non. A voir si la jeune femme allait posséder cette force.

Après n’étant pas un assassin, enfin pas dans ce cas-là, il allait diminuer la séance si la jeune femme ne s’en sortait pas. Sa moto ancienne l’emmena sur leur lieu de rendez-vous attendant son rendez-vous du jour qui ne tarda d’ailleurs pas à arriver.

Une bise claquée sur chaque joue puis une conversation qui démarra rapidement. Méfies-toi je vais te prendre au mot. Après tout elle avait dit qu’elle s’en remettait totalement à lui. Pour lui, cela voulait dire qu’elle mettait ses muscles entre ses mains. Des propos qui n’étaient pas tombés dans l’oreille d’un sourd.

Pour aujourd’hui, j’ai prévu une séance assez chargée. Enfin on fera en fonction de tes capacités. Il haussa les épaules avant de lui détailler de façon concise ce qu’il avait prévu pour eux. Ne voyant pas l’intérêt de parler pour ne rien, il ne perdit pas de temps en explication à rallonge. On commence doucement pour l’échauffement puis on attaquera les choses sérieuses ?

Avec l’approbation de son amie, la séance de sport démarra doucement. Ne pas s’échauffer pouvait causer des dommages physiques, des blessures inutiles qui pouvaient être facilement évité. Autant perdre quelques minutes en échauffement que de finir à l’hôpital pour un déchirement ou une connerie dans le même genre.

L’échauffement se déroulait bien, Al n’était pas un gros parleur, mais il pouvait faire un effort pour elle. Tu as du nouveau à me raconter ? Tu as vécu des choses palpitantes cette semaine ? Un intérêt sincère animait ses questions, Al était beaucoup de choses, mais absolument pas hypocrite. Si quelques choses devaient être dites, il le disait généralement sans prendre de gant. Pas un enfant de chœur, pas un bourreau, mais quelqu’un qui se souciait peu des autres. Plutôt observateur que bavard et à première vue, la jeune femme avait l’air d’être au top de sa forme.

@ISABELLA KINGSTON

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Elle se souvient, Isa, quand elle était encore une adolescente. Ses professeurs voyaient en elle une élève studieuse, sérieuse, malgré ses absences répétées, mais trop distante avec ses camarades. La cause, une famille dont elle devait seule se charger. Elle n’avait pas le temps pour les sorties shopping, les soirées organisées, ou les activités extrascolaires. Elle avait les siennes, déjà, qui lui prenaient trop de temps mais qui étaient sa seule chance de survie. Celle de sa famille. C’est différent, à présent. Depuis pas si longtemps, en vérité, elle est déchargée de beaucoup de ses responsabilités. Mais il n’empêche qu’elle en a gardé un côté plus réservé, malgré ce qu’elle a l’air. Sociable et chaleureuse au premier abord, elle n’en est pas moins solitaire, ses pensées tortueuses venant trop vite la submerger. Ses moments passés à faire du sport, ils ne font pas exception. C’est pour cette raison que, cette après-midi, elle est quelque peu nerveuse. La faute à cette partie d’elle trop anxieuse. Elle ne sait pas comment se déroulera une séance de sport en tête à tête avec Alejandro. Alors même qu’il est l’un de ses plus vieux amis. Pour autant, quand elle le retrouve, le visage avenant, ses inquiétudes sont instantanément balayées pour laisser place à un sourire heureux. Heureuse de le voir car ce n’est pas si souvent, pas assez souvent, sans doute. L’air si confiant, elle lui assure qu’elle s’en remet totalement à lui. Des mots qu’il pourrait bien prendre au pied de la lettre. Un sourire amusé apparaît sur le coin des lèvres de la Latina alors qu’elle entend Al’ la mettre en garde. – Mais tu devrais savoir que je n’ai peur de rien. Ce n’est pas vrai, pas tout à fait. Elle peut vite avoir peur, peur de mal faire, peur de ne pas savoir faire. Mais elle a un mental d’acier. Ce n’est pas surprenant avec toutes les épreuves qu’elle a traversées. Plus résistante que ne le laisse entrevoir sa silhouette presque trop fine, elle est prête à relever tous les défis qu’il voudra bien lui donner. Avec attention, comme une élève modèle et disciplinée, elle l’écoute. Ses prunelles noires posées sur lui, elle acquiesce d’un signe de la tête à ses paroles. – C’est parti. elle se contente de lui dire, l’air assurée, avant de joindre le geste aux mots. C’est le moment de lui prouver ce qu’elle vaut. Le moment de se prouver, à elle aussi, ce qu’elle vaut. Quelques instants durant, les deux amis se contentent de s’échauffer, dans un certain silence, avant qu’il ne vienne à lui demander de ses nouvelles. - Je vais... Bien. Je crois. L’on ne peut pas dire que tout aille mal dans sa vie. Elle est loin d’être parfaite mais elle est bien plus belle qu’elle ne l’a été. Bien plus belle, surtout, depuis qu’elle a rencontré l’élu de son cœur. Mais c’est justement au sujet de Nikolaï qu’elle n’est pas si certaine que tout aille bien. Depuis cette demande en mariage refusée, cette envie d’avoir des enfants non partagée, elle ne peut s’empêcher de se demander. Si elle est bien la femme qu’il lui faut. Elle sait que, à ce sujet, Alejandro pourrait lui donner des conseils. L’amour, malgré toutes les différences, il connaît. - Dis, tu penses que c’est possible de finir sa vie avec quelqu’un sans partager les mêmes... Rêves ? Parce qu’elle, n’est pas certaine. Et cela lui fait peur, parce que Nikolaï, il détient son cœur.

La solitude était sa plus vieille amie, un caractère solitaire et secret depuis toujours. Silencieux, discret, l’élève qu’on adorait ou détestait. Celui qui ne faisait jamais de vague, jamais de cris, mais jamais de participation non plus. Un fantôme qui faisait acte de présence, un élève pas trop con.

Pourtant les études avaient vite été interrompues, l’argent étant le nerf de la guerre pour pouvoir faire des études sur le long terme. Les factures qui s’accumulaient, les relances d’huissier également puis la mère qui était épuisée physiquement. L’argent ne tombait pas du ciel et aucune famille ne se nourrissait d’air et de lumière. Même les vampires et autres créatures devaient se nourrir, quoique se nourrir de sang ou de cervelle pour les zombies coûtaient certainement moins chères.

Mais dans ce monde inégalitaire et injuste, personne n’embauchait un jeune sans diplôme. Malgré que ce jeune parle plusieurs langues, ne soit pas trop con. On regardait uniquement son manque de qualification et d’expérience, ce qui l’avait poussé dans la voie du vice. L’argent sale, l’argent facile obtenu dans les ténèbres des bas-fonds de sa ville. Un métier difficile, effrayant, mais addictif. Un tablier qu’il ne comptait pas raccrocher pour le moment.

Un statut de délinquant pour beaucoup, pas que ce genre de réflexion lui reste dans l’esprit. Il avait la tête dure et le cœur encore plus. Pourtant certains ou certaines arrivaient à se faire une place, comme sa partenaire du jour. Une amitié partagée ainsi que de nombreuses séances de sport comme aujourd’hui.

D’ailleurs elle lui affirma n’avoir peur de rien, ce qui le fit sourire. Mais je suis le mal, le vice à l’état pur, tu devrais crier et trembler de peur. Il lui fit un clin d’œil montrant que ces remarques ne l’atteignaient guère. L’image reflétée dans le miroir ne le dérangeait pas, seules les rides qui commençaient à marquer sa peau le faisaient grimacer.

La conversation dériva rapidement sur la vie en général, sur les dernières nouveautés et son amie lui confia qu’elle croyait aller bien ce qui l’intrigua. Tu crois ? N’étant pas intrusif, il n’était pas le genre à bombarder les gens de questions. Chacun avait des cadavres dans son placard ou dans son esprit après tout.

Mais sa partenaire de sport reprit la parole tout en suivant les exercices prévus par Alejandro. Lui posant une question difficile, même pour lui. Elle faisait partie de ceux qui connaissaient la sexualité et le statut sentimental d’Al, elle n’avait jamais mis les pieds chez eux, mais elle en savait plus que beaucoup d’autres personnes qui côtoyaient pourtant Al tous les jours.

Je pense. Tout dépend de la valeur du rêve et des sacrifices que tu es prête à faire. Mon fiancé est l’amour de ma vie, si un jour je me retrouvais coincé entre choisir mon rêve ou lui, je choisirais de m’amputer de mon rêve, mais conserver ma vie. Mieux vaut être manchot que mort. Il haussa les épaules suite à ces dernières paroles, c’était un point de vue que peut-être elle n’allait pas partager. C’était peut-être propre à leurs histoires, il n’était pas conseiller conjugal.

Lui-même avait des soucis dans son couple, mais l’amour franchissait tous les obstacles pour peu qu’on y mettait du sien. Mais c’était un choix propre à chaque personne, tout le monde n’était pas prêt à se battre pour raviver la flamme. C’était plus simple de laisser tomber, de mettre cette relation au cimetière.

@ISABELLA KINGSTON

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Il y a ces personnes avec lesquelles on se sent bien. Inexplicablement, il y a cette complicité qui, naturellement, se crée. Il fait partie de ces personnes pour elle, Alejandro. Peut-être parce qu’ils quelques points en commun tous les deux. Plus solitaire qu’elle, il est cela dit aussi réservé qu’elle. Peut-être même plus qu’elle encore. Si elle est pudique sur ses émotions, elle a moins de mal à dévoiler sa vie. Elle n’a jamais mis les pieds chez lui quand, plusieurs fois, elle a pu l’inviter dans ses différents lieux de vie. Il a connu son appartement minuscule au centre-ville, l’immense villa aux allures de palais quand elle était mariée à Luke. Et même le loft qu’elle a quelques mois partagés avec sa sœur. Ne reste plus que la maison dans laquelle elle a emménagé il y a peu à le faire découvrir.

Comme s’il suivait, chaque fois, les différentes étapes d’une vie trop tumultueuse.

Elle pourrait être touchée par le fait qu’il n’a pas la même transparence avec elle, Alejandro. Ce n’est pas le cas, d’abord parce qu’elle n’est pas comme ça. Elle fait preuve de patience autant que de tact avec ceux qu’elle aime. Les laisse, peu à peu, venir à leur rythme comme elle ne voudrait pas être brusquée de son côté. Puis, indéniablement, il y a le fait qu’elle sait la confiance qu’il a posée en elle. Les secrets d’une vie qu’elle est l’une des rares à connaître, elle. Comme une privilégiée qui sait son plus grand secret, elle ne lui renvoie elle-même pas tout à fait la pareille. Elle, c’est sur sa souffrance qu’elle ne sait pas se confier, celle qu’elle garde enfouie au plus profond de son cœur trop ébréché. Écorchée vive qui a pourtant envie de croire en la vie, elle est capable de tout donner. C’est ce qu’elle va prouver à son ami aujourd’hui. Tout en assurance, la Latina lui assure qu’elle est prête à relever tous ses défis. Mais il la taquine sans scrupule. Ce n’est pas la peur mais l’amusement qu’il déclenche en elle. Son rire cristallin vient bercer l’atmosphère alors qu’elle lui répond, sur le même ton. – Mais non, moi, tu ne me ferais jamais de mal. Persuadée qu’elle est, heureusement d’ailleurs. Il est son ami, trop précieux dans son cœur, pour qu’elle puisse avoir de telles frayeurs. L’échauffement entamé ne les empêche pas de discuter. C’est Al’ qui prend le temps de lui demander comment elle va. Une réponse qui ne semble pas si convaincue, certainement parce qu’elle ne l’est pas elle-même. Depuis la conversation qu’elle a eue au sujet des enfants avec son petit-ami, elle se sent un peu perdue, Isa.

T’as besoin de te confier,
Besoin d’être éclairée.

Et qui de mieux qu’Alejandro pour y arriver ? Il a une relation plus longue que toutes celles d’Isabella réunies. Il connaît la vie à deux, il connaît tout ce qu’implique le fait d’être amoureux. Là où elle est encore trop novice, il pourrait peut-être bien lui donner un point de vue plus lucide. Car il sait ce que c’est, aimer. Avec toute son attention, elle l’écoute parler. Lui dire qu’il renoncerait à ses rêves sans hésiter, pour l’être aimé. – Mais tu n’aurais pas peur… De lui en vouloir ? Ou de te sentir… Brimé ? Pour la première fois, elle s’arrête dans leur échauffement. Elle prend une profonde inspiration. – Nikolaï veut des enfants depuis toujours. Et moi… Moi, je ne suis pas certaine d’en avoir envie un jour. elle lui confie doucement, avant de reprendre ses mouvements. – Je n’ai aucune envie qu’il renonce à son rêve pour moi. Pourtant, il dit comme lui, Nikolaï. Qu’il la choisirait, elle, plus que tout le reste. Mais c’est douloureux de se dire qu’être avec elle, signifierait renoncer à son rêve.

La fidélité était la base de toute relation, une relation sans confiance était dangereuse et pouvait même devenir effrayante. De nombreuses histoires de revenge porn avaient également montré que l’horreur était humaine, mais également que l’excès de confiance pouvait créer des horreurs. Ne pas faire confiance à grand monde, ne pas donner la même confiance à tout le monde. La peur de se faire trahir, une situation déjà expérimentée par le passé. Une protection supplémentaire, permettant de cacher les cadavres dans le placard qu’il avait comme tout le monde. Avoir un cercle de personne restreint réduisait le risque, mais n’empêchait pas la trahison.

Les monstres n’étaient pas uniquement dans les cimetières, tout le monde en côtoyait tous les jours sans le savoir. Mais sa partenaire de course était quelqu’un en qui il pouvait avoir une confiance modérée. Il ne lui donnait pas trop d’informations personnelles, mais elle connaissait sa vie privée. Ce qui était un signe de confiance, c’était effrayant pour lui.

Effrayant de donner un pouvoir aussi minimum qui était pourtant pouvait le rendre mort ou vif. La prochaine peine de prison serait certainement une peine à perpétuité. Ce qui ne le voulait absolument pas, il allait être mort s’il replongeait une troisième fois.

S’amusant avec la jeune femme sur sa soi-disant dangerosité, sur l’effroyable qu’il pouvait représenter. Jeune demoiselle qui ignorait cette partie de lui, cette partie dangereuse de sa personnalité. Ses démons, le petit diable sur son épaule qui pouvait le faire vriller en une fraction de seconde.

Personne n’avait été envoyé au cimetière de sa main, mais beaucoup étaient à l’hôpital. Des faits qui ne rendaient fière personne, un faux calme. Tu es une idéaliste non ? Tu ne verras pas un hippopotame devant toi. Levant les yeux au ciel devant l’innocence de la jeune femme, pourtant elle avait également un diable sur l’épaule pourtant elle savait le maîtriser. Enfin de ce qu’il connaissait d’elle, l’erreur comme l’horreur était humaine après tout.

Parlant de tout et de rien, le sujet des problèmes de couple arriva sur le tapis. Comme s’il était un expert sur le sujet, il était persuadé que son fiancé cachait un plan de meurtre sous le tapis. Essayant de lui faire comprendre son point de vue, il lui énonça les faits de façon assez morbide. C’était clair, mais apparemment pas assez pour elle. Lui posant l’épineuse question des enfants, ce qui le fit réfléchir en continuant les exercices.

Non parce que je me connais, je connais mes rêves et ceux que je suis prêt à abandonner. C’est difficile de parler pour quelqu’un d’autre. Ce n’est pas à toi de prendre la décision pour lui, la confiance est la clef de tout. Tu dois avoir confiance en lui, il se connait mieux que tu ne le connaîtras jamais. Expose-lui tes craintes et laisse-le prendre sa décision. Une fois la décision prise, il faut l’assumer comme un homme. On ne peut pas te remettre le bras que tu as découpé toi-même pour te sauver la vie, mais on peut te mettre une prothèse si vraiment le manque est trop cruel.

Le regret faisait partie de lui, comme tout le monde, il avait des regrets. Aucun concernant les rêves ou la vie qu’il aurait pu mener sans son fiancé. Son bras n’avait pas été encore coupé, mais il allait le faire un jour. L’ombre de ses activités parallèles, les squelettes de ses pratiques allaient devoir être abandonnée. Ou peut-être pas, criminel dans l’âme depuis toujours, une partie de lui qu’il ne pouvait peut-être pas couper.

La question n’avait jamais eu lieu d’être et se la poser ne faisait pas partie de ses priorités pour le moment. La tête déjà pleine d’autres choses, un problème à la fois, seule la mort ne pouvait pas attendre. Un dicton de sa mère qu’il appliquait à la lettre.

@ISABELLA KINGSTON

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Idéaliste, Isabella. Elle ne sait pas. Elle n’est pas de ceux qui croquent la vie à pleines dents, pas de ceux qui voient le plus beau à chaque instant. Plus sombre qu’elle n’y paraît, elle peut vite se renfermer, se replier sur elle à la moindre souffrance de trop. Cela lui arrive trop souvent. Mais, à côté, il est vrai qu’elle a cette envie en elle, cette envie d’y croire. Ce besoin d’avoir de l’espoir. C’est aussi comme cela qu’elle est avec ceux qu’elle rencontre, ceux qu’elle fréquente, ceux qu’elle aime et, même, ceux qu’elle ne connaît pas. Elle a ce côté méfiant, il ressurgit parfois, parce qu’elle a besoin de temps. Elle a besoin d’observer les autres pour les connaître. Mais elle a aussi envie de croire en la bonté de l’être humain. Besoin de voir le meilleur chez chacun. Certainement pour oublier tout le mal qu’elle a vécu, celui qu’elle a subi. De l’homme censé la protéger des ténèbres, mais qui l’y a plongée la tête la première. Elle a trop vu le pire de ce dont l’être humain est capable pour être une idéaliste. Mais elle a peut-être envie d’essayer d’être quelqu’un d’optimiste.

Peut-être bien que c’est la seule manière que tu as trouvé de survivre.

Alors, aux paroles de son ami, la Latina hausse délicatement les épaules, pas du même avis, évidemment. – Parce que tu oserais me faire du mal, à moi ? elle lui demande, l’air faussement outrée. Bien qu’un sourire amusé sur le coin de ses lèvres vient la trahir. Elle ne sait pas tout d’Alejandro, indéniablement, comme il ne sait pas tout d’elle. Le pire de toi, il ne l’a pas vu. Pas même entr’aperçu. Alors tu te doutes qu’il en est de même pour toi. Qu’il y a des parts d’ombre en lui qu’il ne te dit pas. Et elle le respecte, Isabella. Elle le respecte mieux que personne ne pourrait le faire, justement parce qu’elle sait ce que c’est, d’avoir des secrets trop sombres à porter. Des erreurs passées, des souffrances causées, ou des douleurs endurées. Mais elle reste convaincue d’une chose, c’est que pour elle, il ne veut que du bien. S’il joue subitement les conseillers conjugaux improvisés, ce n’est sûrement pas pour rien. Isa, elle se contente de l’écouter, avec la plus grande attention. Comme si elle se retrouvait face à un grand spécialiste de l’amour. Il l’est probablement bien plus qu’elle, elle qui a encore tant de mal à s’y faire. Elle qui est encore incapable de se laisser totalement aller, totalement se donner.

Incapable de totalement aimer, peut-être.

Mine de rien, il dit des choses plus que sensées, Al’. Il lui rappelle qu’elle ne peut pas décider pour Nikolaï. Le priver de son choix. Quelque part, elle a l’impression que c’est un peu trop facile. Que c’est égoïste. Et elle est tout, sauf égoïste, Isabella. Cette année écoulée, passée à ses côtés, elle est la première de sa vie qu’elle passe à penser enfin à elle. C’est son petit-ami qui lui a appris à lâcher prise, à suivre ses envies. Mais elle ne veut pas que ce soit à son propre détriment. Elle ne veut pas que ce soit lui qui en pâtisse. Pourtant, il a raison, Alejandro. Ce n’est pas à elle de décider, il faut juste qu’elle parvienne à l’intégrer. – Je dois lui faire confiance. J’ai l’impression de l’entendre, les images morbides en plus. avoue-t-elle, un petit sourire taquin aux lèvres. – Je vais essayer de t’écouter. Tu as plus d’expérience que moi en la matière. Elle poursuit les exercices d’échauffement qui, tout doucement, tendent à se terminer. Le vrai sport va bientôt pouvoir commencer. – Et toi d’ailleurs, comment vont les choses chez toi ? Parce qu’il a peut-être plus d’expérience, il n’est pas pour autant à l’abri des problèmes. Et elle, elle est aussi là pour lui, autant que le contraire.

Ne pas savoir le passé de son interlocutrice, mais surtout faire en sorte qu’elle ne connaisse pas le sien. Quelqu’un d’observateur qui observait plus qu’il ne parlait, un taiseux qui pouvait deviner certaines choses sans pour autant découvrir les cadavres dans le placard de ses interlocuteurs. Des fêlures, des manques que le commun des mortels cachait jusque dans la tombe et qu’il arrivait à percevoir. Des squelettes ressortis au bon moment pouvaient créer un sentiment de peur voire d’épouvante pour la personne victime de cet odieux chantage.

Homme aux multiples visages, ami, amoureux et membre de la famille ayant la main sur le cœur et également montres sans cœur capable des pires monstruosités. Aucune cause défendue, sauf celle de l’argent peut-être sale, mais facile à obtenir. Certaines personnes, des montres dignes des plus horribles films d’horreur étaient devenus des amis très chers pour lui.

Toujours cette capacité à voir derrière le masque, à voir les démons des autres. Ceux de son interlocutrice ne lui sautaient pas aux yeux, mais elle avait des faiblesses. Aucune idée de l’origine de ses failles, mais il était persuadé qu’elle avait des cadavres dans le placard. Preuve en est qu’elle n’avait pas peur de lui riant lorsqu’il la menaça.

Penses-tu avoir une amulette d’immunité ? Un faux air sérieux, un ton amusé qui remettait en doute la sincérité de sa phrase. L’horreur est humaine, lui n’était pas mieux que les autres, mais à défaut d’être quelqu’un de bien, il était un homme fidèle. La conversation dériva sur l’histoire du couple, sur les rêves différents que les gens pouvaient avoir lorsqu’ils étaient en couple.

Un cas qu’il connaissait bien, des rêves différents qui lui provoquait parfois la peur au ventre par crainte d’être abandonné par celui qui était devenu son monde depuis de longues années maintenant. Aucun homme n’avait touché son cœur de cette façon et la vie allait certainement être funeste sans la présence de son fiancé. Si tu fais quelques choses contre ta volonté ou sa volonté, votre couple finira par pourrir de l’intérieur et il explora. Comme les cadavres dans le placard, ils finissent par te sauter à la gorge quand tu t’y attends le moins.

N’étant pas un expert sur le sujet, il ne pouvait guère en dire plus. Il pouvait juste espérer qu’elle allait suivre ses conseils et faire confiance à son fiancé. Sa partenaire de sport finit par lui demander comment se déroulait sa relation avec son fiancé ce qui le fit taire quelques instants.

Nous sommes un vieux couple, nous avons connu des situations compliquées. Il enchaîna par un autre exercice avant de regarder son amie. Tu es à fond ? Amusé, il la regarda faire avant de taper dans ses mains et de lui faire signe d’arrêter. Ok, voici le programme. Il lui décrit la séance avant de se préparer à partir.

On commence ? Évidemment, elle pouvait s’arrêter quand elle voulait si ça devenait trop difficile, mais il ne voyait pas l’intérêt de lui dire. Elle n’était pas stupide, ce n’était pas un zombie qui errait sans but, elle avait un cerveau et pouvait s’en servir pour connaitre ses limites. Quoiqu’il allait la pousser, sans tomber dans le danger. Le but n’était pas de se mettre dans le rouge ou finir au cimetière après une bonne crise cardiaque qui aurait entraîné la mort de son amie. Sinon la famille va bien ? Tu t’es entraîné cette semaine ?

Parler pendant une séance de sport permettait de savoir quand on arrivait dans le rouge. Ça permettait de se rendre compte, du moment où le souffle finissait par manquer. Du point de non-retour avant que l’on ne puisse plus revenir en arrière. Après il n’était pas quelqu’un qui faisait énormément la conversation donc il allait rapidement se taire. Ce n’était pas un bavard et il n’allait certainement jamais l’être. Les paroles vaines n’étaient pas sa tasse de thé.

@ISABELLA KINGSTON

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Le noir et le blanc ; Le bien et le mal ; le paradis et l’enfer ; les anges et les démons. Ce serait simple si la vie était séparée en deux. Ce serait certainement beaucoup moins douloureux. Il n’y aurait pas de déception, pas de trahison. Mais pas de belles surprises non plus. Ni aucune chance de rédemption pour tous ceux qui font des erreurs, parfois volontairement, parfois inconsciemment. Ce n’est pas ainsi qu’elle voit le monde, Isabella. Encore moins les personnes qui le composent. Elle sait qu’en chaque individu, il y a cette dualité. Ce conflit permanent entre le bien et le mal. La seule chose qui compte, finalement, ce n’est pas ce qui se passe à l’intérieur. Mais les actes réalisés à l’extérieur. Les choix qu’un être humain fait, ce sont eux qui le définissent. C’est en tout cas ainsi qu’elle le voit, Isa. C’est pour cette raison que, face à Alejandro, elle serait incapable d’avoir peur. Elle le porte beaucoup trop dans son cœur. Ils sont amis tous les deux et, peu importe tout ce qu’il peut faire autour, elle ne l’imagine pas capable de la trahir. Alors, peut-être que c’est bien ce qu’elle pense avoir, une amulette d’immunité.

Une amulette pour l’immuniser,
Une amitié, surtout, pour la protéger.

Un doux sourire se dessine sur les lèvres de la belle aux paroles de son ami alors qu’elle hoche vigoureusement la tête pour les confirmer. Oui, elle se sent à l’abri de tout danger, en tout cas, avec lui. – Je te manquerais beaucoup trop pour que tu te passes de moi. Des paroles emplies d’assurance, pas en elle, mais en leur amitié. Elle est d’humeur légère, avec lui, parce qu’elle se sent en confiance. Il fait partie des rares qui peuvent se vanter de voir en elle une certaine insouciance. Ce côté femme-enfant qu’elle ne dévoile pas facilement, il fait surface si rapidement… mais avec lui seulement. Témoignant de la confiance qu’elle ressent à son égard, la Latina se laisse aller aux confidences. Elle lui confie que, si elle ne veut pas d’enfant, elle a beaucoup plus de mal à accepter l’idée d’en refuser à l’homme qu’elle aime. Mais il la met en garde, Alejandro. Car à trop vouloir bien faire, elle pourrait bien tout empirer. – Je suppose que tu as raison. laisse-t-elle échapper dans un murmure. Elle n’a pas peur de lui donner raison. Mais qu’il se trompe, un peu plus. Toutefois, elle a tout le temps d’y penser. Nikolaï est loin de lui demander de prendre une décision tout de suite. Et elle, trop loin d’en avoir envie si vite. C’est plutôt à son ami qu’elle souhaite s’intéresser, mais sa réponse vient à l’intriguer. – Et vous les avez surmontées…? C’est autant une déclaration qu’une interrogation. Elle sait qu’ils forment un couple fort, solide. Mais elle commence tout juste à comprendre qu’une vie de couple n’est pas toujours rose. Qu’il y a parfois des bas, pas seulement des hauts. Mais elle acquiesce d’un signe alors que l’échauffement arrive sur la fin. Avec attention, elle écoute la suite de son programme, comme l’élève attentive et studieuse qu’elle est. – C’est parti.

La séance de sport vient à commencer véritablement. Déjà plus éreintante que leurs petits échauffements. Elle tient la cadence plusieurs minutes durant. Mais elle s’essouffle déjà un peu, plus que son partenaire qui finit par prendre la parole. – Hum… Non. Je crois que cela se voit. affirme-t-elle en faisant référence à l’énergie qui lui manque. Elle essaie de garder une respiration aussi régulière qu’à son habitude. – Mais ça va… Et toi ? Ses réponses se sont plus brèves. À défaut de pouvoir tenir la cadence, elle préfère autant l’écouter que se fatiguer davantage à parler elle-même. Puis, elle sait que la vie de son ami peut être mouvementée, elle est prête à l’écouter.

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