to hell we go } casex

to hell we go

into the mouth of hell we march this is gonna be a bloodbath

le travail est terminé mais ça traîne encore au milieu de la nuit. rarement libéré quand le jour est pas encore levé, rex vagabonde dans les rues du queens huppé et ça lui fait bizarre de traîner par ici quand il n’y est pas forcé. même à la seule lumière de la lune, énorme et ronde, si loin au-dessus de l’horizon, tout à l’air de valoir son pesant d’or ici. il devrait y être y habitué pourtant, rex. il passe par là toutes les nuits. il les connaît presque par cœur ces avenues et ces grands boulevards. ici, on mixe le goudron avec de la poussière de diamants et si on y croit très fort, on peut le voir briller quand la lumière s’éteint. les maisons, même laides, sont bien trop belles. mauvaise humeur qui le rend nerveux, ne prend pas même pas la peine de marcher moins vite pour se gueuletonner des paysages urbains. c’est qu’il est pas là pour faire du tourisme, aussi. nan. fait un détour juste pour trouver une supérette ouverte à cette heure et s’acheter des hershey’s et un pack de caprisun. pas franchement envie de traîner là plus longtemps. et de toute façon, se promener tout seul au milieu de la nuit comme un vieux pervers, c’est pas sa tasse de thé. trouve au loin, qui brille comme un phare, un épicier avec son enseigne bien trop lumineuse. s’y précipite, avide de s’enfourner la barre chocolatée et de la faire descendre avec du jus de fruit pour enfants. c’est qu’à défaut de se bourrer la gueule en solo et de fumer des tonnes de clopes, il faut bien se rabattre sur quelque chose. à choisir, l’addiction au sucre est sans doute la plus saine. un salut lancé tout bas au caissier qui n’en a, de toute façon, rien à foutre et rex se perd dans les rayons. il feuillette un magazine fitness pour les nana – la fille sur la couverture ressemble à carmen – puis se lasse très vite. finalement, il attrape ce pour quoi il est venu et alors qu’il s’apprête a partir, il croit halluciner. « jesus christ. fuck me. » qu’il lâche a voix haute, sans doute trop fort. juste la, à l’extérieur et qui rentre maintenant dans le magasin, ce petit fils de pute de morgenstern. rex a la pure impression de rêver. c’est qu’il vient vers lui en plus. avec sa tête de connard dans laquelle on voudrait bien mettre une manchette. « introuvable pendant des mois et c’est ici que tu pointes ta gueule, enculé. » le ton est maîtrisé malgré une forte envie de lui casser les deux bras et de lui chier dans la bouche. rex le gentil chien aussitôt transformé en loup à la simple vu de casey. pas forcément effrayant pourtant avec ses deux barres de chocolat sous le bras un pack de six caprisuns mais faudrait pas s’arrêter à juste ce qu’il dégage à l’instant. « tu m’as suivi jusqu’ici ? je t’ai manqué ? ça m’étonnerait qu’on se retrouve ici juste par hasard. j’ai pas l’habitude de fréquenter les mêmes endroits que la sous-race dans ton genre. » menteur. c’est justement comme ça qu’il a pu faire de rex le pigeon parfait. parce que c’est un habitué de la misère aussi – et un gros con. bien sûr qu’ils connaissent les mêmes rues, les mêmes crasses. et c’est pire encore pour rex qui, lui, est né dedans. cash lui, il a eu la chance de naître ailleurs. mais quand il a vu la boue du quotidien des pauvres il a quand même voulu s’y baigner. et maintenant, ils en sont là : deux cons dans une supérette à s’assassiner du regard et le cassier qui s’en bat toujours autant les burnes. « donne-moi une bonne raison de pas t’éclater ta sale gueule. là. maintenant. » le cœur au bord des poings et l'envie battante de le coucher d'une droite dans la jugulaire. j'suis pas un mec violent, mais pour toi, mon pote, je paverai la route jusqu'en enfer.

- to hell we go...

la brise gifle son visage, lui r'filant l'effet d'une tempête s'abattant sur sa tronche. lui faut un moment, pour s'habituer à la pénombre, qui tranche violemment avec les néons vulgaires du fortune.
son coeur s'fracasse furieusement contre sa cage thoracique,
dans un mouv'ment saccadé, frénétique.
comme s'il pompait l'sang juste au bord d'ses lèvres.
il s'l'imagine, cash. son foutu myocarde jaillissant d'son corps, tel un feu d'artifice - ou un monstre d'l'enfer, pour échouer sur l'asphalte recouvert d'mégots, frétillant, éclaboussant l'trottoir d'sang par-dessus les tâches d'vomi. et d'autres fluides corporels, tiens. ça lui arrache un sourire cynique, qui s'éternise l'temps de trois secondes, suivi d'une quinte de toux. p'is il s'grille une cigarette, et s'remet en marche, d'un mouv'ment saccadé, frénétique.
son corps a les stigmates d'la nuit imprimés sous les ongles, p'is celles des nuits d'avant. l'a la tête qui tourne, quelques résidus d'coke dans les veines, l'parfum fétide d'la sueur sous l'palais, mêlé à c'lui d'l'alcool. les chiffres dansent dans son crâne, sous la même mélodie. l'vide a toujours les mêmes notes, entêtantes, empoisonnées. ses mains s'agitent nerveusement, il n'est plus s'coué par l'adrénaline, mais par l'angoisse. il s'sent lessivé. sa chaussure vient piétiner l'mégot. il d'vrait trouver un endroit où s'pieuter, mais l'sommeil est l'meilleur pote du vide. et il a juste tellement, tell'ment, besoin d'le combler. avec d'jolis mots, des baisers, ou ses poings qui s'écrasent sur n'importe quelle gueule. un truc à cogner, ça étouffe l'angoisse.
il arpente les rues, n'sait pas trop où il va, p'is c'là qu'il l'voit, sur l'trottoir d'en face. et comme une mouche attirée par la merde, cash l'suit. pulsion irrépressible. il n'fait que c'pour quoi on l'paye. après tout, l'aut' gars doit un paquet d'fric à kozlov, ~~la faute à qui ?~~ faut dire qu'il n'est pas mieux qu'une charogne attirée par l'appât du gain, que ça soit du pognon, ou quelques minutes d'adrénaline, d'extase. america rentre dans une supérette, et furtivement, telle une foutue ombre, morgenstern l'file, s'arrête devant. l'fait qu'il soit un p'tit gabarit permet à cash d'se fondre dans l'décor. l'odeur de détergeant lui attaque les narines. il observe un moment rex derrière la vitrine, mater c'magazine et prendre sa bouffe. ses pensées s'entrechoquent. p'is finalement, il pousse la porte, et tombe nez à nez avec lui. il l'entend jurer, invoquant c'bon vieux jésus, et ça lui arrache un sourire carnassier, à cash, bien content d'le foutre en rogne. « hé, fallait juste l'dire, que tu t'languissais d'ma gueule. c'vrai que j'suis pas mal inoubliable, j't'en veux pas. » l'sarcasme dégouline d'ses lèvres, enrobé d'une voix qui s'fait douce, suave, comme s'il s'adressait à un gosse de deux ans écervelé. il n'y peut juste rien, faut dire. le suivre ? l'aurait pu, r'marque. l'grand patron commence à s'impatienter - il veut son pognon, et il savait bien, casey, qu'il fallait un jour ou l'autre qu'il aille lui en tirer deux mots à america, plus ou moins gentiment. selon l'humeur. c'te foutu euphémisme. pas qu'revoir sa gueule le réjouissait franchement. l'était pas fan des dommages collatéraux. « woa, t'donne b'coup trop d'importance. j'ai toujours mieux à faire que t'chercher ta tête d'fion. on sait tous les deux d'quelle crasse tu sors, joli toutou. » qu'il lâche, d'une voix graveleuse. c'est là qu'ils s'sont rencontrés tous les deux, t'façon, dans la crasse. c'est là aussi qu'en plus d'bousiller sa vie, cash à décider d'bousiller la sienne aussi. t'façon, il a aucun soupçon d'regret dans la caboche. america fait facile une tête d'plus que lui, qu'il s'dit, d'abord. un désavantage notable. p'is il écoute rex déblatérer, morgenstern, un air vaguement ennuyé, blasé, travaillé sur l'visage. une bonne raison ? ah, p'tain, ça il n'a pas, cash. c'pas non plus une raison pour lui d'fermer ça ~~trop~~ grande gueule. « ça alors, america ! t'veux t'abaisser à la sous-race d'mon genre ? quelle jolie ambition, mec. dis, t'en as les burnes, au moins ? » ouais, peut-être bien qu'il cherche juste à s'prendre un coup dans la gueule, mais p'tain, c'pas lui qui va s'y coller l'premier. il préfère mater rex s'consumer d'colère d'vant lui avant.

» What the hell is going on? (daphne)
» she's the goddess of her own hell (nine)
» raise hell (top).
» the last road to hell.
» -- hotter than hell.