we don't stand a chance. (alexios)

- we don't stand a chance -

— @alexios johnson

Elle ouvre les yeux, encore plongée dans cette bulle de douceur. Encore bien trop ancrée dans la magie de cette nuit passée. Les sentiments se bousculent, les esprits sont confus, et elle ne sait plus, Peyton. Elle ne sait plus si elle a eu raison de le repousser, durant tout ce temps. Elle ne sait plus si elle a eu raison de craquer, hier soir. Les idées sont contraires, les émotions s’affolent, et elle ne se calme que lorsqu’elle le voit, lui. Alexios. Alexios, encore endormi juste à côté d’elle. Ses bras entourant les siens, comme s’il cherchait à la garder à tout prix auprès de lui, même dans son sommeil. Une idée qui la touche, Peyton. Parce que tu ne sais pas t’attacher, parce que tu ne sais pas aimer, mais avec lui, t’as l’impression que tout est possible. C’est peut-être ce qui lui fait peur, au fond. L’idée même que cette relation ne pourra pas être sans conséquences. L’idée même qu’il puisse véritablement tomber amoureux d’elle, et finir avec le cœur brisé. Parce qu’elle n’est pas faite pour l’amour, Peyton. Elle n’est pas faite pour une vie de couple. Pour une vie bien rangée, emplie d’engagements et de promesses. Elle n’est pas faite pour tout cela, pour tout ce qu’il veut, et moins encore depuis qu’elle a développé cette maladie cardiaque. Tu ne seras jamais apte à lui donner ce qu’il mérite, Peyton. Même si tu le voulais, ta maladie t’en empêcherais. La vérité, c’est qu’elle ne se sent plus bonne à rien. Pourtant, à travers son regard, tout change. A travers son regard, elle se sent différente. Elle se sent bien. Mais elle ne veut pas être égoïste, elle ne doit pas être égoïste. C’est pourtant ce qu’elle a fait, hier soir, en cédant. En acceptant de partager cette nuit avec lui. En profitant du plaisir d’être ensemble, du plaisir d’être deux, de la fusion entre leurs chairs. C’est ce qu’elle a fait, en profitant, sachant pertinemment qu’il désirait plus. Qu’il désire plus.

T’es dans sa tête,
Il est dans la tienne,
Pourtant enchaînée au refus que tu infliges.

Elle voudrait qu’il comprenne. Elle voudrait qu’il sente, qu’il voit, ce qu’elle n’ose pas dire. Mais elle est seule fautive de l’échec de leur histoire. Seule fautive du mal qu’elle lui fait aujourd’hui. Seule fautive de cette cassure qu’elle force, de cette distance qu’elle place entre eux. Et pourtant, t’es dans ses bras, Peyton. T’es dans ses bras à attendre qu’il ouvre les yeux. Ce qu’il fait finalement. - Hey… Salut… Elle est gênée, Peyton. Gênée comme s’il s’agissait de la première fois qu’elle offrait son corps à un homme. Comme s’il s’agissait de la première fois qu’elle s’offrait à lui. Alors que ce n’est pas le cas. Et elle ne comprend pas. Elle ne comprend pas comment elle peut ressentir de telles choses, lorsqu’elle est avec lui.

- we don't stand a chance -

— @peyton cooper

Tiré par la lumière du jour à travers le rideau, Alexios n'ouvre pas encore les yeux. Il est encore bien tôt, trop tôt pour laisser venir la conscience, la morale. Le marasme matinal qui lui laissait un peu de répit. Les questions s'enchaînaient d'ores et déjà. Était-ce un rêve, allait t-il se rendre compte que tout cela n'était que le fruit de son imagination? Ou bien avait t-il forcé la main, avait t-il délibérément poussé Peyton à lâcher les armes, à se donner à lui? Réaliserait t-il alors qu'il avait failli à son objectif premier : à savoir celui de la séduire sana la brusquer?

La vérité était pourtant évidente. Tout avait été beau, sublime. À l'image de leur nuit de noces où ils s'étaient donnés l'un à l'autre dans un élan si tendre que sincère. Tout avait été si naturel, si unique. Il lui était impossible de croire, en cet instant qu'il susse fourvoyé. Il se repassait les instants dans sa tête, le visage de Peyton le prenant aux tripes. L'arrêt sur image touche un point sensible. Son coeur en alerte, il écarquille les yeux. Il sent sa présence à ses côtés. Son regard perçant, toujours aussi charbonneux. Même après leurs prouesses nocturnes.

Au creux de ses bras, il sent sa nature protecteur reprendre le dessus. Un trait de personnalité qu'il cultivait depuis son adolescence. Il faut dire qu'il aimait avoir ce rôle sur son jumeau. Pourtant, il le secondait, il était le cadet. Il était souvent le plus émotif. Investi et sensible, il perdait pied facilement. Il n'y avait qu'à voir la dépression sentimentale, l'échec qu'il avait ressenti quand Peyton l'avait abandonné. Son frère avait été sa boussole mais Alexios avait toujours été celui qui le protégeait des autres. Celui qui montrait les crocs si quelqu'un osait s'approcher et malmener son frère. Il était prêt à tout.

Son attention portée sur sa dulcinée, il perçut rapidement sa gêne. La peur qui se lisait dans son regard et... peut être aussi du regret. Vraiment? Déjà, il cherchait comment pouvoir la rassurer. Il essayait de plonger ses yeux dans les siens pour la calmer. Il avait surtout peur qu'elle lui en veuille, qu'elle s'en veuille. Qu'elle le rejette une nouvelle fois... Quelque chose qu'il ne supporterait pas. Jamais. Elle était là, cette preuve d'amour. Celle qui les avait fait se retrouver la nuit dernière. Ce n'était ni malsain, ni calculé. Ni dangereux, ni futile. C'était seulement inévitable.

Alors, il se racla la gorge, se frottant les yeux pour la contempler. Encore. Comment pourrait t-il s'en détourner à présent? Il prit une voix douce, posée. Il marchait sur des oeufs, il en était conscient.

«Salut comment... Comment tu te sens? » .

Forcément, il s'y prenait un peu comme un manche. Il se redressa légèrement et ajouta.

«Moi en tout cas, ça va... J'ai bien dormi... » .
Il ne peut s'empêcher alors il lui caresse le long du bras. Il espère, intérieurement. Il espère de tout son coeur qu'elle ne dira pas les mots qu'il craint. Qu'elle ne l'arrêtera pas dans son souhait de la reconquérir. Qu'elle ne réduirait pas ses efforts au néant. L'alcool avait été une mauvaise excuse. Mais ne disait t-on pas que la fin justifiait les moyens? C'était l'occasion de le vérifier. Derrière cette façade, pourtant, Alexios savait que la situation ne tenait qu'à un fil. Que la balle pouvait passer au dessus du filet et qu'il pouvait gagner. Ou qu'elle retomberait et qu'il ne serait alors plus rien. Il n'aurait que cette merveilleuse nuit en mémoire. Mais serait-ce suffisant?

- we don't stand a chance -

— @alexios johnson

Son cœur bat la chamade, lorsqu’elle le voit ouvrir les yeux. Son cœur s’emballe, peut-être un peu trop pour son propre bien. Elle a peur. Elle est terrorisée. Et cela n’arrive jamais, parce qu’elle n’a peur de rien, Peyton. Elle a toujours été cette fille casse-cou, que rien n’effraie. Mais elle est effrayée, face à Alexios. Parce qu’elle sait ce qu’il veut, depuis le début. Elle sait qu’il veut recoller les morceaux, recommencer leur histoire là où elle s’est brutalement arrêtée, brisée, envolée. Il veut la reconquérir, alors qu’il n’a pas à le faire. Parce qu’il est parfait, Alexios. C’est toi qui fais tout de travers, Peyton. C’est elle qui a tiré un trait sur leur histoire, ce n’est pas à lui de se mettre à terre pour qu’elle accepte de revenir. Et pourtant, elle est touchée. Touchée plus qu’elle ne l’a jamais été, de voir combien il l’a aimé. Combien il l’aime, peut-être encore. Parce qu’il ne se raccrocherait pas à une femme qui ne compte pas. A une femme qui ne cesse de le rejeter. Mais ce matin, t’as pas envie de le rejeter, Peyton. T’as pas envie de tout casser, encore. T’es perdue, prise à ton propre jeu. Perdue, dans l’incapacité de réfléchir correctement. Partager entre l’envie de l’avoir à ses côtés et la peur inconsidérée de devoir s’engager. Premier frein à leur histoire. Second frein, sa maladie qui l’empêchera de vivre normalement, pour le restant de ses jours. C’est parce qu’elle tient à lui, qu’elle ne doit pas être égoïste avec lui. Elle doit le laisser vivre sa vie, le laisser trouver une femme à sa hauteur, être heureux, avoir des enfants, voyager, construire une maison. Tout ce qu’il mérite, tout ce qu’elle ne peut pas lui donner. Et pourtant, elle est là, dans ce lit avec lui. Elle se redresse un peu à son tour, attrapant doucement sa main dans la sienne, lorsqu’elle sent ses caresses. - Je… Je me sens bien, ça va. Elle tente de le rassurer, électrisée par son touché. Et elle ne ment pas, Peyton. Elle est bien. Réellement bien, lorsqu’il est près d’elle. C’est quelque chose qu’elle ne peut pas nier. Quelque chose qu’elle ne peut pas effacer. Ses yeux divaguent, elle est perdue, elle ose à peine le regarder de peur qu’il lui pose cette question. De peur qu’il lui demande ce qu’elle veut, ce qu’elle envisage, où elle en est. Alors elle prend les devants, d’elle-même. - Est-ce que tu… tu veux qu’on parle de ce qui s’est passé…de cette nuit ? T’es peut-être en train de te tirer une balle dans le pied toute seule, Peyton. T’es peut-être en train de te confronter toi-même à ce que tu veux à tout prix éviter. Et réalisant qu’elle tient toujours sa main, ses doigts entremêlés aux siens, elle la lâche finalement. Elle s’en libère, pour éviter de se laisser complètement submerger par ce qu’elle ressent au fond d’elle.

- we don't stand a chance -

— @peyton cooper

Il soupire, respirant doucement alors que la jeune femme le regarde avec attention. Elle est ici, bien réelle et dans son lit. Il pourrait se frotter les yeux une seconde fois pour comprendre qu'il ne rêvait pas mais il souhaitait en profiter un maximum. Il savait qu'il n'y avait peut être pas de seconde chance mais avoir eu cette occasion la nuit dernière était la chose dont il était le plus fier. Il avait eu raison de se battre même si beaucoup d'éléments étaient contre lui. Le récent rejet de Peyton et son ivresse dans l'alcool ne jouaient pas en sa faveur, loin de là même. Il avait pourtant pensé qu'en la faisant monter, il pouvait changer la donne. Ne pas être l'homme le plus idiot et le plus gamin du monde. Il n'avait pas forcément envisagé que cela se termine de cette façon mais il remerciait le hasard ou le destin d'avoir su lui donner un peu de vigueur, un peu de beauté ou de charme pour la séduire. Son coeur s'emballa légèrement alors qu'au fond, il savait déjà. Elle n'était pas officiellement à lui mais il ne la lâcherait plus désormais. Si auparavant, il aurait pu abandonner la bataille et la laisser à un autre, aujourd'hui il ne le concevait aucunement. Pour lui, ils étaient fait l'un pour l'autre, ils étaient deux âmes soeurs. Ils s'étaient perdus mais retrouvés et enlacés. C'était trop beau, trop parfait pour qu'elle puisse le rejeter une nouvelle fois.  Le doute était possible mais Alexios préférait ne pas l'envisager. Il était bien trop heureux de sentir sa main dans la sienne et son corps chaud contre le sien. Il pouvait retrouver la sensation qu'il avait eu lors de leur nuit de noces et combien il se sentait comblé, complet. Elle permettait d'une manière totalement inattendue et inexpliquée d'être lui-même, d'être quelqu'un d'entier. Elle lui apportait une pièce manquante à son puzzle, peut être parce qu'elle l'observait comme aucune autre femme ne l'avait fait avant elle. Elle le regardait comme s'il était un homme avec de l'estime, de la prestance, de la bonté. Comme un homme admirable et lui ne voulait pas perdre cette image, ni cet amour qu'elle lui donnait. Elle pouvait se tarer de beaucoup de choses mais l'amour entre eux était inévitable.

Le fait qu'elle se sentait bien rassura le rouquin qui était impatient d'attendre la suite. La jeune femme reprit la parole quelques secondes plus tard, évoquant la nuit dernière. Un sourire en coin, Alexios essayait de contenir sa joie pour ne pas la brusquer ni l'effrayer. Cela serait stupide de griller ses chances. Il avança sa réponse doucement, histoire de lui montrer ce qu'il pensait sans paraître le gros lover. Elle lâcha sa main immédiatement mais il entreprit sa lancée.

- Oui j'aimerais  en parler, Peyton... C'était bien, non?

Et il se redressa sur le lit tout en se rapprochant d'elle, fixant ses lèvres comme pour l'embrasser de nouveau.

- Tu étais si belle...

Il plongea son regard dans le sien et ajouta, comme pour la ramener vers lui, l'incitant à se rapprocher de lui et à ne pas avoir peur.
A ne plus craindre ce qu'il pourrait se passer.
Car il l'aimait hier, il l'aime aujourd'hui. Et il l'aimera certainement demain.


 

- we don't stand a chance -

— @alexios johnson

Elle se jette dans la gueule du loup. Elle se jette dans le vide, s’engouffrant dans une conversation qui risque de la dépasser. Une conversation qu’elle se sent obligée d’avoir, même si au fond, tout a déjà été dit. Seulement, elle s’est montrée incohérente, Peyton. Incohérente, parce qu’après l’avoir rejeté en bloc depuis qu’ils se sont retrouvés, elle s’est finalement laissée séduire. Tombant toutes barrières. S’offrant à lui pour leur plus grand bonheur, à l’un, comme à l’autre. Mais le bonheur, il risque d’être de courte durée, Peyton. Parce que tu n’es pas sûre qu’il apprécie réellement ce que tu as à lui dire. Parce que tu n’es pas certaine que vous soyez sur la même longueur d’onde, tous les deux. Et au fond, cela te fait peur, de devoir lui dire adieu. Elle aimerait que ce soit plus simple. Qu’ils n’aient pas besoin de parler. Qu’ils n’aient pas besoin de discuter. Qu’ils se contentent d’une relation ancrée dans le flou le plus totale. D’une relation sans nom, sans mot, sans qualificatif. Mais Alexios, il n’est pas comme cela. Il n’est pas ce genre d’homme. Il n’est pas ce genre d’homme, parce qu’il a des sentiments pour toi, Peyton. Des sentiments réels, des sentiments sincères, qui dépassent tout ce que tu peux bien imaginer. Sentiments partagés et pourtant inavoués. Tristesse d’une relation avortée. Retrouvée, rien qu’un peu, au fond de ce lit, dans le creux de ses bras. Retrouvée, rien qu’un peu, rien qu’un temps, l’espace d’un instant. La nuit est passée en un instant. La nuit s’est échappée, aussi rapidement qu’elle est arrivée. Et désormais, il n’y a plus rien d’autre que le souvenir. Qu’eux. Que les regards. Ceux qui ne trompent pas, ceux qui ne trompent jamais. Alexios et sa douceur. Alexios et ses compliments. Alexios et cette foutue perfection, bien trop pour elle. Parce qu’elle n’en mérite pas tant, Peyton. Elle le sait. Elle en est convaincue. - Tu es beau aussi… Et elle se retient. Elle se retient pour ne pas complètement succombée face à lui. Succombée à la tentation, une fois de plus. Elle est extrême, la tentation. Parce qu’elle se trouve face à un homme qui l’attire. Un homme qui semble l’aimer. Qui semble prêt à n’importe quoi pour elle. - C’était bien… Et ça l’est toujours, avec toi… Mais, mais, mais, parce qu’il faut toujours un mais. Il te faut l’objection, Peyton. Rongée par la peur. - Tu sais que ça ne change pas tout ce que je t’ai dit hier, et l’autre fois… Cela ne change pas son instabilité, sa peur de l’engagement, son incapacité à aimer, cette maladie qui s’empare d’elle. Cela ne change en rien tout ce qu’elle ressent au fond d’elle. Ce qu’elle est, depuis vingt quatre années maintenant. La question reste fatale. Est-ce qu’il sera capable de l’accepter ? Est-ce qu’il sera capable de l’encaisser ? Ou est-ce qu’il finira par se détourner complètement de toi, Peyton. Est-ce qu’il finira par s’en aller, parce qu’après tout, tu n’as rien à lui donner.

- we don't stand a chance -

— @peyton cooper

Le seul avantage mesurable et concret de cette étreinte matinale était son intensité. Lovée dans ses bras, à la serrer si fort contre lui pour ne pas la laisser s'échapper; Alexios sentait que quelque chose se passait. Elle n'avait encore rien dit mais il parvenait à distinguer son non verbal qui était en proie aux mêmes ressentis que lui. Il ne pouvait guère l'affirmer mais cette certitude l'habitait. Celle qu'il était celui qu'il lui fallait, qu'elle ne pourrait jamais trouver un foyer si chaleureux et sincère que le sien. Elle le déstabilisait autant qu'elle l'apaisait, le tourmentait tout autant qu'elle pouvait le charmer, le faire succomber. Elle avait pris soin de lui la nuit dernière. Refusant de le laisser s'abandonner dans l'alcool, réfutant toute rupture. Il ne veut pas l'entendre prononcer ces mots là ce matin bien qu'il n'écarte pas cette éventualité. Elle l'a trop prévenu par le passé.Qu'il ne s'attache pas, que tout ceci n'est qu'un rêve, qu'une belle passade. Il s'accrochait de toutes ses forces pour ne pas y croire, pour ne pas la laisser s'influencer par les quand on dira t-on ou d'autres raisons qui lui échappaient. Il se fichait bien de ce que dirait sa famille de leur couple, de leur relation, de leur mariage. Il souhaitait seulement une deuxième chance, qu'ils repartent sur de bonnes bases et qu'elle le laisse faire. Qu'elle le laisse devenir ce mari si attentionné, si attentif à ses besoins. Celui qui ramènerait le sapin de Noël avec un bouquet de roses et lui offrirait le meilleur des cadeaux.

L'espace d'un instant, l'espoir le regagne. Il se demande si le vent n'a pas tourné dans la bonne direction, si elle n'a pas laissé ses doutes au placard. Peut être l'a t-elle enfin entendue, peut être vaut t-il la peine qu'elle se décide enfin, qu'elle le laisse la guider comme il se doit ? Il sourit et lui dépose un baiser sur le front quand elle le complimente, quand elle le rassure dans ses performances, dans sa virilité. Il n'avait pas forcément besoin de cela mais il est heureux de le voir dans le regard de celle qu'il aime, celle qu'il a toujours aimé depuis ce fameux jour, depuis qu'il lui a passé la bague au doigt. Il s'apprête à lui dire ces mots, ces huit lettres qui signifient tout, qui représentent tout.

La boule de cristal se brise en mille morceaux, emportant son coeur avec. L'idéal s'effondre alors qu'elle campe sur ses positions. Ses yeux deviennent humides, il a envie de hurler, de crier qu'elle se trompe, qu'elle ne peut pas lui faire ça. Pas maintenant, pas comme ça.

- Peyton, attends... Tu sais qu'on vient de le faire, tu sais que moi, que toi... Bon sang je t'aime Peyton!

Il l'avait dit, cette révélation sortait au meilleur moment. Quand bien même se serait t-il retenu, il n'aurait pas pu. Il se redresse, quittant ses bras pour se passer une main sur le front. La frustration le gagne et il plonge sa tête dans ses mains. Il voudrait la reprendre dans ses bras, recommencer ses caresses et ses baisers mais elle ne le veut pas. Sentir qu'il est de trop, qu'elle ne le désire pas est pire que tout.

Il serre les dents pour ne pas pleurer, pour ne pas être faible. Intérieurement, il est détruit, chagrin d'amour qui l'envahit et le fait chavirer. Le bateau tangue, il a le mal de mer, le mal d'aimer.

- Je ne comprends pas, je ne vois pas pourquoi tu ne veux pas de moi... Pourquoi tu ne me laisses pas tenter ? Pourquoi tu...tu me rejettes encore une fois?

Il la regarde, l'air suppliant. Il sait que le reste n'a plus d'importance, il veut seulement saisir l'ampleur de ses motivations, de ses explications. Saisir s'il avait faux sur toute la ligne, s'il s'est retrouvé en hors jeu face à un concurrent inopiné. Il veut savoir s'il était hors compétition depuis le début. Comment pouvait t-elle coucher avec lui pour le remettre aux oubliettes ? Pourquoi ne le laissait t-elle pas son coeur alors que lui, à maintes reprises, lui avait légué le sien ?
Etaient t-ils des amants maudits ou bien était -ce seulement lui qui y avait trop cru, au risque de n'être qu'un amoureux transi en dehors des réalités?

Dis lui, Alexios.
Dis lui que sans elle, tout est fini.

- we don't stand a chance -

— @alexios johnson

La discussion ne peut pas bien se terminer. C’est impossible, pas alors qu’ils sont dans une optique si différente, tous les deux. C’est impossible, parce qu’il veut être avec elle, et qu’elle, elle ne veut être avec personne. Elle a vingt quatre ans, et elle n’a jamais été en couple avec qui que ce soit. Jamais de toute sa vie. Elle n’est même pas certaine de savoir comment faire. Pas certaine de savoir comment se comporter. Comment aimer, tout simplement. Tu ne sais pas si tu peux aimer convenablement, Peyton. Si tu peux aimer correctement. Parce que tu ne sais pas faire, tu ne sais pas te lancer corps et âme dans une relation. Tu ne sais pas t’offrir à quelqu’un. Alors que lui, il semble prêt à se donner plus que jamais. Elle le sent, au fond d’elle. Elle sent qu’Alexios est sûr de lui, certain qu’il veut être avec elle, pour de vrai, pour de bon. Il est sûr de ce qu’il ressent et c’est encore pire que tout. Encore plus angoissant pour la brune. Elle ne veut pas le blesser, c’est tout ce qu’elle veut éviter. Elle l’a déjà bien trop fait. Mais les mots s’échappent de ses lèvres. Les deux mots fatals, je t’aime. C’est ce qu’il dit, se laissant complètement aller. Se laissant emporter par les sentiments qu’il éprouve, par l’intensité du moment. Et elle, elle est tétanisée. Incapable de savoir comment répondre. Incapable de savoir quoi répondre. Tu ne sais pas si tu l’aimes, Peyton. Parce que tu n’as jamais aimé avant. Parce que tu n’as même pas idée de ce qu’est l’amour. Mais ce que tu sais, en revanche, c’est que tu n’as jamais ressenti ce que tu ressens pour lui, jamais. Elle est simplement perdue. Perdue entre ce qu’elle ressent, ce qu’il lui dit, sa dévotion envers elle. Perdue entre l’envie d’Alexios de construire quelque chose de sérieux avec elle et sa peur à elle d’en être incapable. Et cette maladie toujours présente, pesante, sur elle, sur eux. Il a le don de la retourner, de la pousser dans ses retranchements, de la secouer. Plus qu’il ne le faudrait. - Arrête, ce n’est pas ce que je dis Alexios… Je ne dis pas que je ne veux pas de toi, que je ne veux pas de toi dans ma vie, que je ne veux pas te voir… Je ne dis pas ça… Mais elle est difficile à suivre Peyton. Difficile à comprendre, parce qu’elle ne sait pas ce qu’elle ressent, parce qu’elle ne sait pas ce qu’elle doit faire. - Je dis simplement que je ne veux pas être en couple avec quelqu’un… Je ne te l’ai jamais caché… Et tu te sens mal de lui infliger ça, Peyton. Tu te sens mal de le faire souffrir, parce qu’il souffre, à cause de toi. Parce qu’il s’attend à plus, et tu refuses sans cesse. Elle détourne le regard, incapable de s’expliquer. Incapable de croiser son regard, réellement. - Je sais que tu ne dois pas comprendre, que pour toi c’est plus simple, mais je ne peux pas. Et surtout pas maintenant. Surtout pas dans une telle période.

- we don't stand a chance -

— @peyton cooper

Trop tôt pour s'avouer vaincu, le rouquin. Il était suspendu aux lèvres de sa dulcinée, persuadée qu'elle lui laisserait la porte ouverte. Après tout, il avait fait de gros progrès depuis cette fameuse soirée sur la plage. Des efforts visibles et concrets qui ne pouvaient être balayés en un instant. Il les connaissait, Alexios, ces mecs qui pouvaient s'en foutre du jour au lendemain. De ses propres potes qui avaient pu le tanner antérieurement pour qu'il laisse tomber ce vieux rêve, ces retrouvailles émerveillées. Les mêmes qui tentaient de détourner son regard de la belle brune, de chasser son souvenir dans sa mémoire. Il n'était pas de ceux là, malheureusement et heureusement. Heureusement car l'amour de la jeune femme continuait de le faire vivre, de le faire espérer. Leur étreinte de cette nuit était si belle, si fugace à l'image de leur nuit de noces. Elle était pourtant tellement vraie, si douce qu'il avait peur de laisser ce jour se lever. De perdre le bénéfice de plonger son regard dans le sien, d'écarter toute éventualité de couple officiel. Malheureusement, aussi, parce que le fruit de cet amour demeurait défendu. Il suffisait d'observer le visage de la jeune femme pour s'en convaincre. La mine déçue, fermée, muette.Une facette qu'il avait perçu dès l'instant où il l'avait revue mais qu'il avait préféré occulter. Trop dur de voir l'objet de son désir être prise de tourments, de secrets ,de... honte ? Comme si ce qu'ils avaient fait n'aurait jamais dû arriver, comme s'il fallait oublier... Alexios craint la suite, son coeur rate un battement quand elle écarte toute hypothèse de non amour, de lassitude... Au fond, serait t-elle comme lui ? Incapable de rejeter cet amour naissant, faible à l'idée de le voir se terminer ? Il souffle et dans un murmure, n'attend pas qu'elle continue pour lâcher à son tour quelque chose. Quelque chose qu'il aimerait graver dans la pierre, dans l'édifice de leur histoire.
- Tu vois, toi aussi tu me veux, toi aussi tu ne veux pas qu'on s'oublie...
Parce qu'il s'accroche, Alexios. Terriblement sur ses acquis encore faiblards mais éclairés par une pâle lueur. Celle du soleil ou de l'optimisme légendaire du rouquin ? Lui-même l'ignore. Mais il y croit. Il ne sait pas s'il s'y prend comme un pied ou s'il est près du but. Il sait juste qu'il ne veut pas la laisser décider, pas lui donner l'occasion de prendre la poudre d'escampette. La dernière fois, le sommeil l'avait trahi. Johnson s'était réveillé sans la belle à ses côtés. Cette fois, il était bien debout et il ferait tout pour ne pas commettre la même erreur. Pour ne pas la perdre une seconde fois.
Il se sent proche d'elle, avance d'un pas mais elle ruine tous es espoirs avec cette vérité, avec ce mur de pierres, rempli de conviction. Le couple, les balades main dans la main, le pop corn à partager au cinéma... Tout cela n'arrivera pas. Elle ne le laissera pas faire. Une nouvelle plaie, saignante et abondante entache le coeur du jeune homme qui serre les dents. Frustré, désabusé, déboussolé, désemparé... Il ne peut s'empêcher de répondre, sur un ton sarcastique.
- Non c'est sûr... Tu veux seulement coucher avec moi de temps en temps
... Après tout qui pourrait bien t'en vouloir? Comment j'ai pu croire que....
Il s'arrête avant de regretter tout ce qu'il pourrait dire d'autre. Il ne veut pas précipiter sa sortie, il ne souhaite pas s'embrouiller avec celle qu'il a toujours idéalisé, rêvé de retrouver. Il ne peut pas griller cette cartouche si vite, juste parce qu'il est en colère. Il a mal à son coeur, Alexios. Presque autant qu'à son égo qui lui crie, l'exhorte à se rebeller, à lui répondre. Son jumeau lui dirait qu'il l'avait prévenu, qu'elle n'est qu'une arriviste, une profiteuse. Et pourtant, il voit bel et bien dans son regard qu'elle n'est pas comme ça. Qu'elle souffre, elle aussi. Alors, il retrousse ses manches et il laisse parler son coeur, comme il le fait toujours.La fixant de ses yeux doux et chétifs, il garde cependant une expression sérieuse, preuve qu'il ne lâchera pas.
- Et si moi, je ne peux pas te laisser ? Si moi, je pouvais comprendre ce qui ne va pas ? Si j'étais celui qu'il te fallait, Peyton... Tu y as pensé à ça?
Il pourrait traverser des tempêtes ou des crocodiles pour elle, si seulement ils restaient ensemble. Pour lui, le doute n'était pas permis, il n'existait pas. C'était elle et pas une autre : la femme à qui il avait dit oui, à qui il s'était donné encore cette nuit : c'était indéniablement la femme de sa vie.