advance or fail (s)

Une réunion ou plutôt un groupe de parole l’attend. Arès n’est pas dans le style bavard, lui il est plus du style à écouter les autres parler et n’intervenir que si on le sollicite. Alors, ce n’est pas forcément de gaieté de cœur qu’il y va, depuis sa sortie de prison. Ce qu’il attend le plus c’est sans doute le suivi ensuite, comme un parrainage pour les nouveaux ex détenus libéré. Arès lui-même avait un parrain en sortant, un ancien détenu qui l’aidait à la réinsertion, qui l’aidait à voir les choses d’un autre point de vue. Depuis peu, il est de l’autre côté de la barrière, c’est lui qui parraine et si pour certain il relèverait plus d’un supplice qu’autre chose, Arès ça ne le dérange aucunement. Bon, son premier filleul n’est pas l’exemple à suivre puisqu’il n’a pas vraiment eu le temps de beaucoup échanger avec lui avant qu’il soit de nouveau incarcéré mais bon, ça ne se passe pas comme ça tout le temps même s’il est vrai qu’en sortant de prison, il y a beaucoup de chances qu’on y retourne, et ce programme d’échange tente d’améliorer les choses. Arès ne sait pas si ça arrange beaucoup les choses sur le long terme, en tout cas pour lui le court terme a été plus facile grâce aux conseils qu’il a pu recevoir. Malgré ça, Arès n’a pas de situation stable pour le moment au niveau de l’emploi, mais il ne risque pas de retourner passer des années là-bas et c’est déjà un bon point. Après tout ce qu’il a vécu là-bas pour une chose qu’il ne regrette pas lui-même, il ne veut pas y retourner. Il aime bien trop sa liberté pour ça. Il aime bien trop son propre lit pour retourner en cellule et la partager avec d’autres hommes dont il devait constamment se méfier. Alors Arès, il va à ses réunions alors que seul l’après l’intéresse, et comme à chaque fois, il trouve ça interminable. La prochaine fois il ne viendra surement pas, ce n’est pas comme si ça lui apportait quelque chose, tout comme ce n’est pas comme si lui-même apportait aux autres au vu de son silence durant les groupes de paroles. Là il y va pour se présenter à son nouveau filleul, après ils n’auront pas besoin d’ici pour se voir. Ils sont assez grands pour ça. Alors que la dernière personne a parlé, Arès se lève, il va se prendre un café avant de rejoindre le jeune homme qu’il avait repéré durant l’échange. « Tu dois être Sam ? » Il sait son nom de famille mais est-ce qu’il a vraiment besoin de le préciser. Lui-même n’ayant pas parlé, il se présente même si ça doit être clair comme de l’eau de roche. « J’suis Arès, j’suis ton nouveau référent, je ne sais pas si on t’a expliqué ? » Souvent ils changent de référents pour x ou y raison, ou alors c’est parce qu’ils viennent tout juste de sortir.

l'heure tant redoutée a sonné. sam avait passé sa journée à trainer sur le sofa abimé du salon de sa colocation, enchainant les clopes. il passait son temps à appuyer sur les boutons de la télécommande, de manière frénétique, sans même prêter attention au programme qui s'affichait ensuite à l'écran. il préférait perdre son temps devant des programmes qu'il ne regardait même pas plutôt que de se perdre dans ses pensées et devoir envisager son avenir. il n'avait aucune idée de ce qu'il voulait faire de sa vie. néanmoins il savait qu'il ne voulait pas retomber dans la délinquance, ne pas retourner à l'ombre. il avait assez culpabilisé pendant ce temps passé enfermé. culpabilisé de ne pas avoir été là pour ceux qu'il aime alors qu'ils avaient des problèmes. ça le rongeait. et la télévision l'empêchait également d'y penser.
l'alarme de son téléphone sonne. il est l'heure de cette fameuse réunion entre ancien détenus pour parler, se livrer, et se soutenir. ça l'fait chier avant même qu'il n'y ait mit les pieds. il se fiche de la vie des autres et ça l'angoisse de devoir parler de la sienne. sa vie de merde.
la pièce est grande, fidèle à l'idée qu'on s'en fait. quelques visages familiers replissent les quelques chaises disposées en cercle. d'anciens dealers, des fournisseurs, des prostituées, des voleurs à la sauvette... du beau monde. sam décide de ne pas ouvrir la bouche, ça ne les regarde pas pourquoi il est là ni ce qu'il ressent.
une fois la réunion terminée il reste vissé sur sa chaise, le regard plongé dans le vague. il n'a rien écouté de cette réunion, comme s'il avait mit son esprit sur pause. une voix masculine vient le sortir de ce moment en suspension. "arès" et "référent" sont les seuls mots clés qu'il en retient. on lui en avait vaguement parlé, il ne pensait même pas qu'il allait le rencontrer. finalement il avait peut etre juste besoin d'être poli pour cette fois et le type le laisserait tranquille « oh, heu... ouais on m'en a parlé vite fait. t'es celui qui doit m'empêcher de faire des conneries, c'est ça? » en le disant il ne peut pas s'empêcher d'avoir un petit rictus. comme si un inconnu pouvait l'aider.