if you need me. (Thomas)

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{ if you need me }
crédit/ tumblr ☾ w/@Thomas Farrel

Elle ne saurait dire, Ella. Elle ne saurait dire ce qui la relie véritablement à Thomas. Il n’est pas son ami, elle n’a aucune obligation envers lui. Elle pourrait le laisser se débrouiller seul mais, peut-être que finalement, l’agent d’accueil de l’hôpital avait raison. Peut-être que, d’une manière ou d’une autre, elle se sent responsable de lui. Elle sait qu’il n’a personne pour prendre soin de lui, elle devine aussi qu’avec tout ce qu’il a subi, il est bien plus fragile qu’il ne voudrait l’avouer. Et, maintenant, elle apprend qu’il n’a nulle part où aller. Elle est incapable de le laisser à la rue. Qui, en réalité, ferait une chose pareille. Alors la jeune femme l’emmène chez elle sans pour autant être certaine de ce qu’elle est en train de faire. Perdue dans ses songes, elle hausse tout juste les questions devant la constatation de son interlocuteur. En réalité, ce n’est pas la saison actuelle qui l’intéresse, mais de savoir ce qui lui est passé par la tête. Elle ne comprend pas comment il a pu tout laisser tomber, jusqu’à l’endroit où il vivait. Comme ça, sans plan de repli, sans perspective. C’est pire encore de tenter d’en parler avec lui parce qu’il est si calme, si… paisible. Comme s’il n’était concerné en rien. Comme si ce n’était pas de lui qu’ils parlaient, mais d’un autre, un autre qu’il ne connaît pas.

Désintéressé de sa propre vie,
Comme s’il avait cessé d’y tenir.

Elle secoue la tête négativement devant ses paroles. Son manque total de jugeote. Elle est dépitée, Ella. Elle se trouve pour la première fois confrontée à quelqu’un qui tient encore moins à son existence qu’elle. C’est peut-être l’effet qu’elle, elle peut faire aux autres. Mais elle a l’impression d’être un peu moins autodestructrice que Thomas. Toi, c’est les autres que tu détruis. Ce sont eux que le poison en toi fait souffrir. Il paraît embarrassé à l’idée de se retrouver dans son appartement, comme si elle était censée prendre une autre décision. Elle lui fait remarquer qu’il n’a aucun autre choix quand lui, il lui rappelle qu’il s’est déjà retrouvé dans une telle situation. – Rien, t’as raison. Alors, je fais quoi, on reprend la voiture et je t’emmène à l’aéroport ? À la gare, tu préfères ? lui demande-t-elle, comme une provocation. Si c’est vraiment ce qu’il souhaite, elle le fera, Ella. Elle ne s’y opposera pas. Ce n’est pas comme si elle avait réellement son mot à dire sur la vie qu’il choisit. Plus d’une fois, elle a envisagé de fuir New York, elle aussi. Plus d’une fois, elle a imaginé que ce serait plus facile, dans une autre ville. Mais, au fond, ce n’est pas le cas. Il en est même la preuve vivante, Thomas. Et pourtant, il continue de croire que c’est la solution. La jeune femme laisse échapper un faible soupir devant sa question tout en posant ses affaires. Elle finit par se tourner vers lui pour laisser son regard se plonger dans ses pupilles. – Non, Thomas. C’est pas ce que je dis. Tu fais ce que tu veux de ta vie, moi j’ai rien à dire. Pourtant, ça la démange de tout lui lâcher. Et, sans répondre à ses confessions au sujet de sa passion, elle finit elle-même par avouer. – J’te comprends pas. Tu me demandes ce qu’on est l’un pour l’autre, et juste après, tu parles de te casser encore dans une autre ville. Je te dis que je veux être là pour toi, t’en a rien à foutre. On dirait que tu veux juste qu’on te laisse couler. Ou peut-être qu’il aurait besoin de quelqu’un qui se batte pour lui. Quelqu’un qui le pousse à se raccrocher à la vie. Mais toi, tu ne sais pas faire ça. T’as pas la chance d’aimer la vie, t’as juste appris à survivre.

– Rien, t’as raison. Alors, je fais quoi, on reprend la voiture et je t’emmène à l’aéroport ? À la gare, tu préfères ? Tu y as pensé à reprendre l'avion et rentrer chez toi, à San Francisco. À retrouver ta mère. Mais l'idée de retrouver face à cet homme qui t'as détruit te fait plus peur qu'autre chose. Qu'est-ce qu'il se passe réellement entre Ella et toi ? Ton esprit ne cesse de trouver la réponse mais en vain. Il se fait tard et ton cerveau est encore embrumé à cause des médicaments avalés plus tôt dans la journée. Ella ne te doit rien et pourtant, tu viens de pénétrer dans son appartement. Tu ne comprends pas ce qu'elle essaie de faire. Des amis, t'en as jamais eu. Est-ce que tu es sa bonne action ? Est-elle ton amie ? Mon dieu, comme ça fait bizarre de penser cela. T'as jamais d'amis et là, on dirait bien qu'Ella souhaite devenir la tienne. Un sourire idiot s'affiche sur tes lèvres. Doucement, tu viens t'assoir sur le canapé de la demoiselle. Tu ne veux pas la déranger mais, honnêtement, tu n'as nul part où aller. Et son canapé a l'air suffisamment confortable pour y dormir. Ni famille, ni amis. T'e seul, entièrement seul et fragile. Il y a une chose que tu n'as pas dit à Ella, ni à personne d'autre. Ton visage se tourne vers celui de la jeune femme, une larme ruisselle lentement le long de ta joue. "Y'a quelque chose que tu n'sais pas sur moi.." En réalité, il y a plein de choses qu'elle ne sait pas mais ça mieux vaut qu'elle le sache. Ça peut certainement l'aider à te comprendre et à comprendre ce qu'il se passe dans ta tête. "J'suis dépressif depuis que j'suis gosse. Un rien peut me faire chuter. Un mot, une parole, un geste déplacé.." Voilà pourquoi tu es ainsi depuis que ton beau-père a abusé de toi. Ton moral est plus bas que terre. Tu ne parviens pas à remonter et le fait d'être désormais à la rue et sans travail ne t'aide pas vraiment à reprendre du poil de la bête. "J'ai un traitement à prendre .." Dis-tu, désignant ton sac à dos dans lequel se trouve toutes tes affaires. Tu ne sais pas si Ella t'autorise à rester ici pour la nuit, pour plusieurs jours ou pour toute la vie. Ce n'est pas ton genre d'abuser de la gentillesse des autres. Et encore moins de celle que tu considère comme une réelle amie, une confidente. – Non, Thomas. C’est pas ce que je dis. Tu fais ce que tu veux de ta vie, moi j’ai rien à dire. Tu ne sais pas où tu vas. Tu ne sais plus. Quand tu pense à ton avenir, tout devient flou. La vérité c'est que t'as peur de l'avenir, tu ne veux pas y penser. Tu te contentes de hocher les épaules, regardant fixement la demoiselle. Ella poursuit son monologue. – J’te comprends pas. Tu me demandes ce qu’on est l’un pour l’autre, et juste après, tu parles de te casser encore dans une autre ville. Je te dis que je veux être là pour toi, t’en a rien à foutre. On dirait que tu veux juste qu’on te laisse couler. Une autre larme ruisselle le long de ta joue, tu l'essuis rapidement. Ta main attrape fébrilement la sienne. "Jai déjà essayé de me suicider .. Plusieurs fois .. on m'en as toujours empêché.." Ce n'est pas forcément ce qu'elle veut entendre, tu le sais bien mais avec elle, tu n'as pas envie de lui cacher quoi que ce soit. Tu viens t'approcher ncore plus près d'elle, tes lèvres se posent sur les siennes. Tes mains sur ses cheveux viennent ensuite se perdre dans sa chevelure. "Et si on se laissait aller ce soir ? Et si on ne pensait à rien ? Et si on faisait semblant d'être heureux ?" Viens-tu lui murmurer à l'oreille, la lui mordillant au passage. Au fond, t'as juste besoin qu'on prenne soin de toi. T'as juste besoin de compter pour quelqu'un.

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crédit/ tumblr ☾ w/@Thomas Farrel

Elle doit lui faire mal. Trop violente, dans ses mots, trop brutale. Peut-être même qu’elle paraît insensible devant celui qui est aussi fragile. Elle voudrait l’épauler, vraiment, elle aimerait l’aider. Être présente pour lui, comme une amie ou autre chose, elle n’en sait rien. Pas du genre à mettre des mots sur ses relations, sur celles qui sont indéfinissables encore moins. Oui, elle ne demande qu’à lui donner un coup de main. Mais elle ne sait pas y faire, Ella. Elle n’a jamais su. Ce n’est pas pour rien que, tous ceux qu’elle a aimés, elle les a perdus. Qu’ils sont partis, quand ce n’est pas elle qui a disparu. Elle ignore l’attitude qu’elle devrait adopter, comme elle est incapable de déceler quelle réaction, là tout de suite, serait la plus appropriée. Elle ne sait pas comment se comporter, elle peut juste… improviser. Au gré de ce que lui dictent ses humeurs, quitte à mettre un peu plus à mal son cœur. Elle le voit bien, qu’elle est en train de l’atteindre. Les larmes qui perlent dans ses prunelles, il n’hésite pourtant pas à se confier à elle. À lui confier ce qu’elle n’aurait jamais imaginé, mais qu’elle aurait pourtant bien pu deviner. Il est dépressif, Thomas. De ceux qui se laissent couler trop vite. De ceux qui ne contrôlent plus ce qu’ils ressentent envers la vie. Elle ignore comment accueillir cette nouvelle, sûrement que sa surprise visible est une nouvelle maladresse. – J’suis désolée si je… J’ai été trop dure avec toi. confie-t-elle en guise de réponse. Quelle autre réaction pourrait-elle avoir, hein ? Elle est devant un homme fragile, un homme qu’elle pourrait briser d’un battement de cil. Elle ne doit pas oublier, qu’il est plus vulnérable que ceux qu’elle a l’habitude de côtoyer. Qu’elle pourrait trop facilement le blesser. Mais ce qui est certain, c’est qu’il est hors de question maintenant, de le laisser. Ce n’est pas à elle de s’occuper de lui, il pourrait même trouver bien mieux qu’elle pour veiller sur lui. Mais c’est elle qu’il a choisi. Elle qu’il a appelé. Elle ne peut pas l’abandonner. Lentement, la louve essuie la larme qu’elle a elle-même fait couler. Ses opales toujours rivées sur lui, attentive, comme si elle l’observait. Pour mieux s’assurer qu’il est bien à ses côtés. – J’veux pas qu’il t’arrive quelque chose, Thomas. confie-t-elle dans un murmure, perdue dans l’instant. Elle ne s’attend pas à sentir ses lèvres frôler les siennes soudainement. Ses doigts s’enroulent le long de la chevelure indomptable de la sirène, alors que ses lèvres restent toujours plaquées sur les siennes. Elle ne réagit pas, Ella, pas tout de suite. Elle le laisse faire, elle se laisse même faire. Une douce chaleur commence à l’envelopper juste avant qu’il lui suggère de se laisser aller… Se laisser aller, tous les deux. Elle recule lentement son visage, pour plonger ses prunelles dans les siennes. – Thomas, je… je sais pas. Elle glisse sa main contre le visage du jeune homme, caresse doucement sa joue. – Tu sors de l’hôpital, tu dois même être encore sous l’effet des calmants et… Je peux pas te faire ça. Elle saisit avec une délicatesse qui ne lui ressemble pas ses mains dans les siennes, son regard toujours accroché à lui. – Laisse-moi prendre soin de toi… mais pas comme ça. Laisse-moi le faire vraiment. Parce qu’elle pourrait bien se laisser aller avec lui. Il risquerait d’en souffrir encore plus ensuite. Elle ne le sait que trop bien, non, ce n’est sûrement pas de sexe dont il a besoin.

Du plus loin que tu t'en souviennes, les gens ont toujours pris des gants pour te parler ou te fréquenter. En particulier ta génitrice. En effet, cette dernière connait très bien ta maladie. Elle sait ce qu'il faut faire ou non pour que tu te sente bien et heureux. Chaque fois que tu vas dans un magasin, tu craque toujours pour quelque chose. N'importe quoi. Un livre, un DVD, un vêtement. Qu'importe ce que c'est et chaque fois, tu culpabilise en te disant que non, tu n'en as besoin. Alors tu viens le reposer et repart bredouille. Bien souvent, tu déprime de ne pas avoir pris la chose que tu as pu tenir entre tes mains un peu plus tôt dans la journée. C'est la première fois que tu parle de ta maladie depuis ton arrivée à New-York. Si Ella doit devenir une amie proche, mieux vaut qu'elle sache dans quoi elle s'engage avec toi. Tu ne voudrais pas qu'elle regrette ou prenne peur lorsqu'elle le redécouvrira soudainement. Elle a des mots difficiles à entendre, des mots compliqués à encaisser. Pourtant, tu restes fort. Debout devant elle, tu l'écoute sans ne jamais laisser ruisseler une quelconque larme sur ta joue. Tu lui avoues ta plus grande faiblesse. Tu lui avoue faire partie des personnes qui abandonnent et se laissent couler trop rapidement s'ils n'ont personne pour les aider et les soutenir. Tes mains se mettent à trembler. Tu tentes de cacher ton malaise et la peur qui t'envahie mais c'est trop tard, Ella a déjà dû le voir. Ou le sentir tout du moins. – J’suis désolée si je… J’ai été trop dure avec toi. Ella s'excuse, tu ne comprends pas pourquoi elle fait ça. Tu la fixe un court instant, juste quelques secondes avant de prendre la parole. "T'excuse pas. Tu pouvais pas savoir que je faisais partis des faibles.." En plus de culpabiliser et de baisser trop facilement les bras, tu dévalorise sans laisser le temps à quiconque de le faire. Tu n'as aucune confiance en toi. Aucune. Tu souris faiblement à la demoiselle et viens faire les cents dans son appartement. Tu n'es pas à l'aise chez elle, tu ne sais pas quel comportement adopté. Tu ne t'es jamais retrouvé seul avec une fille et ça te fait peur. – J’veux pas qu’il t’arrive quelque chose, Thomas. Tu arque un sourcil. Elle agit exactement comme ta mère a toujours fait avec toi depuis que t'es né. Ella te met dans une bulle, elle souhaite te protéger. "Il m'arrivera rien. J'suis un grand garçon, j'sais me défendre !" Dis-tu en bombant fièrement le torse. Notons tout de même que t'as tout de même fait un tour à l'hôpital après t'être fait agressé dans les ruelles sombres du Queens. Depuis des années, t'es contre la violence. T'es pas fait pour ce monde, il est bien trop dur pour ta personne. Soudainement, tu ne sais pas ce qu'il t'arrive. Tu as une pulsion et viens prendre la jeune femme dans tes bras, ses lèvres qui se posent sur les siennes. Ella se laisse faire, elle ne te repousse pas. C'est déjà une bonne chose. Ce n'est que lorsque tu lui propose de se laisser aller tous les deux, que la jeune femme se recule. Et voilà Thomas, tu trouve juste un moyen de tout gâche. Comme d'habitude. – Tu sors de l’hôpital, tu dois même être encore sous l’effet des calmants et… Je peux pas te faire ça. Quel calmant ? T'es pas un drogué, t'es tout à fait en parfaite possession de tes moyens. Tu arque un sourcil et choisis de ne pas répondre. Ella se saisit de tes mains, tu plonge ton regard dans le sien. Bouche close, aucun son ne sort d'entre tes lèvres. – Laisse-moi prendre soin de toi… mais pas comme ça. Laisse-moi le faire vraiment. Sa phrase te laisse perplexe. Personne encore ne t'as proposé cela. "Comment ça ? Comment tu comptes faire Ella .. ? Je .. Je comprend pas.."

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Elle n’a pas l’habitude, Ella. Pas l’habitude de faire attention aux mots qu’elle prononce, pas l’habitude de s’inquiéter de blesser ses interlocuteurs, elle se contente trop souvent de dire tout ce qu’elle pense. C’est comme si elle apprenait tout doucement avec lui. Comme si elle apprenait à se comporter comme il faut avec lui. Elle est encore loin du compte, assurément, elle sent bien qu’elle l’a blessé. Mais elle essaie de se rattraper. Elle essaie de veiller sur lui, peut-être parce qu’elle sait que personne ne le fera, peut-être parce qu’elle sait que c’est pourtant ce dont il a besoin. Elle, elle ne l’avouera jamais, mais c’est ce dont elle a besoin parfois. Quelqu’un pour surveiller ce qu’elle peut faire, quelqu’un pour veiller sur elle, quand elle se sent incapable de le faire. Ce sont ses amis qui prennent cette place pour Ella. Peut-être que c’est ce qu’elle pourrait être à son tour pour Thomas. Elle pourrait être ce soutien, celui dont il a besoin. Même si elle a peur, Ella, devant sa vulnérabilité. Devant cette fragilité qu’elle pourrait bien briser. Elle se sent coupable lorsqu’il affirme faire partie des faibles, sûrement que c’est elle qui lui a donné cette impression. – T’es pas faible, Thomas. T’as subi des trucs que la majorité des gens n’auraient jamais pu supporter. Hum, pas sûr que ses mots soient bien encourageants. Mais elle veut lui faire comprendre, qu’il est fort lui aussi, courageux à sa manière. Il essaie seulement de survivre, au fond, comme ils essaient tous. Sa main qui glisse dans sa chevelure ébène, elle esquisse un très faible sourire quand il bombe le torse, fièrement. – T’sais, c’est pas les autres qui nous font le plus de mal. C’est nous-mêmes. Non, elle n’a pas peur que l’on s’en prenne à lui. En tout cas, pas autant que de le voir se faire du mal lui-même. Il a l’air de vivre dans un monde tellement instable, Thomas. Comme s’il tenait en lévitation sur une corde à l’équilibre trop précaire. Et qu’il pouvait à tout moment tomber, sans rien pour le rattraper. Il la touche, Ella, il touche ses points faibles. C’est la douleur qui sait l’atteindre en plein cœur. C’est ce qui l’attire, trop souvent, comme pour mêler sa propre souffrance à celle des autres. Comme les entraîner dans ses propres ténèbres. C’est pour cette raison qu’elle n’est pas sûre d’être la personne idéale, pour lui. Elle le sent si fragile, trop pour s’autoriser à le détruire. Elle a déjà fait trop de mal, tant de mal autour d’elle, Ella. Elle ne sait pas si elle arriverait à se supporter longtemps si elle s’y mettait aussi avec lui. C’est pour cette raison qu’elle rejette doucement sa tentative de se rapprocher d’elle. Par peur de l’entraîner dans ses enfers. Elle essaie plutôt de lui proposer son aide, proposition qu’il ne semble pas saisir, Thomas. Comme si personne n’avait jamais fait envers lui un tel pas. – Déjà, tu vas rester ici quelques jours, te reposer. Le temps de te retourner, ok ? Elle serre un peu sa main dans la sienne, comme pour marquer l’accord, ou bien c’est sa présence qu’elle veut lui rappeler. Elle ne le lâche pas, elle reste à ses côtés. – Tu te préoccupes de rien, si ce n’est de ta santé. Et si t’as besoin de parler, je t’écouterais.  La jeune femme se redresse un peu pour attraper son paquet de clopes, elle s’en allume une distraitement, les prunelles toujours posées sur lui. – Sache que c’est pas une proposition que je ferais à n’importe qui. Alors, t’en dis quoi ? Elle espère réellement qu’il acceptera. Peu importe le temps que cela durera. Elle sera là.

La dépression est une réelle maladie. Personne ne te croit lorsque tu leur avoue. Personne ne te prend au sérieux, même pas ta propre mère. Tu as bien du mal à crorie que la jeune femme en face de toi veuille t'aider, t'es pas certain de vouloir te laisser faire. Mais en as-tu seulement le choix ? Tu ne connais pas très bien Ella, en fait tu ne connais rien d'elle. Mais elle semble être de celles qui a un fort caractère. À côté d'elle, tu ne fais pas le poids. – T’es pas faible, Thomas. T’as subi des trucs que la majorité des gens n’auraient jamais pu supporter. Si, t'es faible. T'es pas comme tous les autres, t'es faible. T'as besoin de te sentir aimé, apprécié des autres. Et pourtant, on dirait que personne ne t'aime. T'es seul. T'as débarqué à New-York seul, t'as commencé à dealer de la drogue mais soyons honnête, le milieu de la drogue n'est pas pour toi. Il faut avoir un très fort caractère pour trainer dans ce monde-là. Ce qui est loin d'être ton cas. "Je suis faible Ella .. Depuis que j'suis né, jsuis comme ça .. Je me suis toujours senti différent des autres .." Ce n'est que la triste vérité, t'es différent et personne ne semble te comprendre. Même pas toi. Tu devrais pouvoir réussir à te battre contre tes démons, les faire partir parce qu'après tout, ils ne sont pas réels. Mais non, t'es là et tu ne fais rien. Ton corps est là mais ton âme est loin, très loin. Et ça fait plus de dix ans que c'est ainsi. "Tu te rends compte que depuis que .." Tu n'arrive pas à le dire et pourtant, il le faut. Il n'y a que comme cela que tu réussiras à guérir. "Depuis que mon beau-père m'a violé, je n'ai jamais touché aucune femme .. J'ai jamais couché avec personne .." Les gens te qualifient de bizarre lorsque tu le leur dit. À force, tu t'es approprié ce mot. Il est ancré en toi et pour le faire ressortir, il va falloir beaucoup de courage et de patience. Mais Ella a raison, t'as supporter bien plus de choses que la moitié des gens de cette planète. "Je savais que ma vie allait être merdique dès l'instant où je suis né .. Dès l'instant où mon père a laissé ma mère accoucher toute seule .. Et puis, il y a eu LUI .. Cet homme qui a détruit ma vie .." Tu commence à en parler, à mettre des mots sur ce qu'il s'est passé. Tu commences également à te détendre de te trouver chez Ella. Cette fille qui te plait et avec qui tu ne refuserais pas un petit moment intime. – T’sais, c’est pas les autres qui nous font le plus de mal. C’est nous-mêmes. Encore une fois, elle a raison. C'est toi qui te fait du mal, c'est toi qui t'empêche d'être heureux. C'est à toi de te donner les moyens d'être heureux, il n'y a que toi qui puisse le faire. Tu souris faiblement à Ella. – Déjà, tu vas rester ici quelques jours, te reposer. Le temps de te retourner, ok ? Quoi ? Attends quoi ?! Elle veut que tu restes là. Tu fais un as en arrière et te heurte au canapé. "Euh .. T'es sûre de toi ? J'voudrais pas déranger tu sais.." T'as horreur de déranger les gens mais bon, tu sais qu'elle ne te laissera pas partir de chez elle. "Je suppose que si je refuse, tu vas tout faire pour me retenir ?" Tu n'as clairement pas la force de te battre, ni contre elle ni contre personne d'autre. – Tu te préoccupes de rien, si ce n’est de ta santé. Et si t’as besoin de parler, je t’écouterais. Tu viens t'assoir près d'elle à nouveau et pose ta main sur la sienne, tu caresse sa paume. "On risque de faire des nuits blanches très souvent alors .. Tu vas devoir supporter mes terreurs nocturnes.." T'es devenu insomniaque au fil des années. Tu ne dors que deux à trois heures par nuit. Une question t'interpelle soudainement. "Tu te drogues encore Ella .. ? Dis-moi que t'as arrêté cette merde .." La supplies-tu du regard et en tenant sa main contre ton coeur. "Tu vaut mieux que ça !" Tu plonge ton regard dans le sien et voilà, t'es dans la merde Farrel. T'es tombé dans le piège de ses grands iris. – Sache que c’est pas une proposition que je ferais à n’importe qui. Alors, t’en dis quoi ? C'est bien ce que tu pensais, tu n'as pas le choix que d'accepter. Tu soupires et passe rapidement tes mains sur ton visage. "D'accord, j'accepte mais le canapé me convient très bien. Je vais essayer de pas trop t'envahir et rester longtemps non plus .." Tu ne veux pas être un poids pour elle. Tu lui souris une nouvelle fois et dépose un bisou sur sa joue. "Merci Ella .. J'pensais pas rencontre une femme comme toi en posant ma valise ici. Tu veux qu'on fête ça ? On peut s'commander des pizzas s'tu veux ?" T'as aucune envie de cuisiner et puis de toute façon, t'en as pas la force. Tu sors de l'hôpital, n'oublions pas.

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crédit/ tumblr ☾ w/@Thomas Farrel

Le monde entier va mal. Il y a juste ceux qui en ont conscience, puis ceux qui le renient. Ella, elle ne l’a jamais renié. Elle souffre, elle souffre depuis qu’elle est née, de ce mal qui n’a jamais cessé de la ronger. Elle peut comprendre toute la détresse qui émane de Thomas, parce qu’elle la vit au quotidien, elle aussi.  Elle en souffre autant que lui. Elle a juste appris à cacher son désespoir derrière cette apparente froideur, derrière cette image imperturbable de celle que rien n’atteint. Alors qu’en réalité, c’est tout le contraire. Tout qui l’atteint. Tout qui la touche. Aux allures insensibles, elle est pourtant beaucoup trop empathique. Comme si elle absorbait la souffrance des autres avec la sienne, comme si elle se nourrissait paradoxalement de cette noirceur qui la tue à petits feux. Elle est comme Thomas, aussi faible que lui. Elle a juste appris à le cacher, sous une montagne de cynisme et de ses airs désabusés. – C’est pas une tare d’être différent des autres. Les autres, ils sont tous cons. qu’elle lâche, sans remord, commençant à dévoiler elle aussi une part de ce qui se cache en elle. Cette haine de l’humanité, cette douleur à cause de l’humanité. Il est différent des autres, Thomas, c’est vrai. Mais c’est peut-être précisément pour cette raison qu’elle aussi, elle est différente avec lui. Qu’elle essaie de prendre soin de lui. Peut-être qu’il ne mérite pas, lui, d’être détruit. La vie, les autres, ils l’ont suffisamment anéanti. Surtout lui, ce beau-père, qui lui a fait la pire chose que l’on peut faire subir à un enfant. C’est quand il commence à en parler, qu’elle sent son cœur se serrer. Sa main vient se poser contre celle de son interlocuteur, alors qu’elle l’écoute confier toute cette douleur. – Tu… Tu n’as pas réussi ou… t’en as pas eu envie ? demande-t-elle, comme pour essayer de comprendre. Elle n’a jamais subi une chose pareille, elle ne sait pas ce que cela implique. Elle imagine sans mal que l’on en sort avec un traumatisme. Mais, non, elle n’imaginait pas qu’il n’avait jamais connu autre chose. C’est d’autant plus déroutant qu’il a voulu essayer, avec elle.

Et tu ne peux pas t’empêcher de te demander,
pourquoi toi,
vraiment, pourquoi toi,
dans tout ce monde, comment c’est sur toi qu’il s’est arrêté.

Elle n’est ni la plus prévenante, ni la plus attirante. Pas la plus douce, pas la plus séductrice. Elle est froide, glaciale. Comme, déshumanisée, elle n’a rien à lui apporter. Mais il a tenté de se rapprocher d’elle,  comme s’il pouvait avoir confiance en elle. Ella, elle ne se souvient pas de la dernière fois où quelqu’un a eu confiance en elle. Certainement la dernière personne dont elle a brisé le cœur. Ses opales se détournent, un bref instant, avant de se lancer dans cette proposition. Elle ne pensait pas, pas plus que Thomas, lui offrir une telle invitation. Il paraît effrayé, dans un premier temps, comme s’il n’était pas prêt à accepter. Ou peut-être qu’il a juste peur de la déranger. – Te fais pas trop désirer non plus. lui dit-elle, un bref sourire aux lèvres. Elle veut bien l’aider, Ella, mais elle n’arrivera pas à le forcer. Elle ne peut pas se battre pour lui, quand elle n’arrive même pas à se battre pour elle-même. Elle peut juste lui offrir une main tendue, mais c’est à lui d’oser l’accepter. Et il commence peu à peu à se faire à cette idée. – C’est pas grave, j’ai un sommeil chaotique de toute façon. qu’elle lui avoue sans entrer dans les détails. Des insomnies aux  journées entières qu’elle passe dans son lit, des cauchemars jusqu’aux nuits entières sans fermer l’œil. Non, il ne bouleversera pas beaucoup l’équilibre de son sommeil. Peut-être que la drogue a son effet, aussi, elle n’y a jamais vraiment songé. Même devant la question du jeune homme, elle hausse les épaules avec cette fausse nonchalance. – J’maîtrise la situation. qu’elle clame, comme pour clôturer le sujet. Elle n’a aucune envie de parler de ses habitudes de vie, préférant plutôt se concentrer sur lui. Sa proposition finalement acceptée fait naître chez elle un faible sourire. – T’inquiète pas. C’est si facilement que l’accord est conclu. Et comme pour sceller cette colocation inattendue, il lui propose de commander une pizza, après l’avoir remerciée. – Me remercie pas trop vite, je suis pas un cadeau. qu’elle lance avant de reporter la cancéreuse entre ses lèvres. Nouvelle bouffée inspirée, alors qu’elle attrape le téléphone pour commander. Peut-être que, pour une fois, tu fais ce que tu devrais faire, Ella, du moins c’est ce que t’espères.

Tu souffres, t'as mal. Depuis que t'es né, tu souffres. Tous les jours, tu tente de dissimuler ton mal-être au monde entier. Il a fallut que tu lui parle. Il a fallu que tu parle à Ella, que tu lui avoue ce que ton beau-père t'as fait. D'un côté ça t'as soulagé de le lui dire mais d'un autre, t'as peur. Peur que le regard de la jeune femme change sur toi. Et en effet, il a changé. Ella souhaite prendre soin de toi, t'aider à aller mieux. Tu ne sais pas comment réagir. Tu pourrais la repousser, lui dire que tu vas te débrouiller seul comme tu l'as toujours fait. Mais tu ne peux pas, tu n'en as pas la force. Tu n'en as plus la force surtout depuis ton agression. Tu te contente de lui sourire, c'est tout ce dont tu es capable de faire. – C’est pas une tare d’être différent des autres. Les autres, ils sont tous cons. Tu n'es pas différent des autres. Ce sont les autres qui disent de toi que tu es différent, à force ces mots se sont imprimés dans ton cerveau et il est presque impossible de les retirer à présent. Il te faudra du temps, énormément de temps pour parvenir à te sentir aussi normal que possible. Ella, elle est comme toi. Elle est différente, tu le sens bien. Tu ne sais rien d'elle. Jamais elle ne t'as parlée d'elle ou de son passé. Tu ne connais pas son histoire, cela dit t'arrive très bien à percevoir que la jeune femme est aussi détruite que toi. T'aimerais lui venir en aide. Tu ne sais pas comment le faire. Et comment aider quelqu'un lorsque l'on mal nous-même ? – Tu… Tu n’as pas réussi ou… t’en as pas eu envie ? Tu sens sa main se poser sur la tienne, ton regard se pose dessus et un sourire idiot se dessine sur tes lèvres. Tu viens de confier à Ella que t'as jamais réussis à coucher avec qui que ce soit. Garçon ou fille, tu n'as jamais pu le faire. Honteusement, tu baisse la tête et t'agrippe à la jeune femme comme si t'avais peur qu'elle te laisse, t'abandonne. "J'en ai eu envie .. J'ai jamais réussis. Chaque fois que j'essaie, je vois son visage. Je le revois sur moi, me baiser alors que je le supplie le visage en larmes .." Ces images te hantent surtout la nuit, tu ne dors plus profondément. Le moindre bruit te réveille. Tes nuits ne dépassent jamais deux heures. Tu n'ose toujours pas regarder Ella dans les yeux, t'as peur qu'elle te juge. Au fond de toi, tu sais qu'elle ne le fera pas mais t'as toujours cette appréhension en toi. Jamais elle ne partira, le jugement des autres t'effraie. Ton regard s'est posé sur elle il y a plusieurs mois de cela, tu ne sais pas pourquoi elle mais il y a bien longtemps que tu n'as pas éprouvé du désir pour quelqu'un comme tu en désire envers Ella. Pourquoi elle ? Ce genre de choses ne se contrôlent pas. – Te fais pas trop désirer non plus. Tu souris à la jeune femme. "C'pas mon genre de me faire désirer." Tu hausses simplement les épaules. Tu ne souhaite pas la déranger, si elle te le propose c'est que ça lui fait plaisir. Tu capitule et accepte la main tendue de la demoiselle. Après tout, on a tous besoin d'aide afin d'avancer dans la vie à un moment donné. – C’est pas grave, j’ai un sommeil chaotique de toute façon. Tu arque légèrement un sourcil. "Ah bah on va en passer des soirées à discuter toute la nuit alors. Je ne dors jamais plus de deux heures, j'fais toujours le même cauchemar." Tu te confie une nouvelle fois à elle. Sans t'en rendre compte, Ella est en train de devenir ton amie. Une très bonne amie, une confidente. Elle connait tes plus noirs secrets et pourtant, elle reste là. Elle reste à tes côtés. – J’maîtrise la situation. Elle ne souhaite pas en parler d'avantage mais pourtant, tu n'as pas dit ton dernier mot. "Ella .. S'il te plait .. Arrête cette merde .. Elle va finir par te faire du mal ou pire .. te tuer .." Dis-tu la voix remplie de sanglots. "Je veux pas te perdre Ella .." Une larme s'échappe et ruisselle le long de tes joues. Tu l'aime Ella, tu ne veux pas la perdre. Surtout pas maintenant que t'es très attaché à elle. – Me remercie pas trop vite, je suis pas un cadeau. T'es certain du contraire et puis, tu n'en es pas un non plus. Loin de là. Tu soupire et attrape ton cellulaire. "Pizza alors ? On s'regarde un film ou une série comme deux amis de longue date qui viennent de se retrouver ?" T'es soudainement détendu, tu respire de nouveau. Tu lui souris en caressant la paume de sa main.

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{ if you need me }
crédit/ tumblr ☾ w/@Thomas Farrel

Il est tellement différent de ce qu’elle connaît, Thomas. Au début, elle ne l’a pas cru, elle a pensé qu’il cherchait à l’amadouer. À l’attirer de ses jolies paroles, de ses tentatives pour s’en rapprocher et la charmer. Mais elle décèle cette sincérité, cette sensibilité surtout. Il paraît si seul, encore plus qu’elle ne l’est, comme si toute sa vie, il avait été privé d’amour. Privé de tout. Il la touche, Thomas, mais elle ne lui dira pas. Elle se contentera de le penser, même si elle essaie comme elle peut de le rassurer. Il n’est pas comme les autres, c’est vrai, mais c’est loin d’être une mauvaise chose. C’est loin d’être une mauvaise chose pour Ella. La plupart des gens ne parviennent pas à capter son intérêt alors que lui, il y a quelque chose en lui qui ne peut que l’attirer. Elle ne sait pas comment, ni pourquoi, mais il a réussi à dépasser ses frontières pour l’approcher. Alors, comme elle peut, la jeune femme essaie d’être présente pour l’épauler. Apaiser ses craintes même si, non, elle n’est sûrement pas la personne la plus appropriée. Elle a usé du sexe si souvent, trop souvent, pour panser ses blessures. Son corps comme armure, quand son cœur a refusé tout accès. Il n’y a que lui qu’elle est capable de donner et, même lui, ce n’est que lorsqu’elle-même l’a entièrement décidé. Mais elle ne saurait conseiller Thomas, ni comment l’aider. Les relations charnelles n’ont jamais été pour elle un signe d’intimité. Juste celui d’un moment en dehors de sa triste réalité. Le jeune homme, lui, n’a aucune raison d’être embarrassé, d’avoir besoin de quelque chose de vrai. – Peut-être que tu… que tu ne devrais pas le forcer. Laisser juste ça venir, quand ce sera le moment, tu le sauras… Un peu, comme, une première fois. Car, finalement, il n’a jamais eu de première fois. Elle lui a été volée, elle lui a été arrachée. Il devrait revivre ce moment uniquement lorsqu’il sera prêt, non pour être comme les autres… Il ne doit penser qu’à lui, Thomas. – Faut que tu le fasses avec une personne de confiance, pas juste quelqu’un qui te plaît. Et cela lui arrivera, elle en est persuadée. Mais il a besoin d’aller mieux, besoin de penser à lui, avant d’aller aussi loin avec quelqu’un. Pour qu’il y arrive, Ella est prête à lui donner son soutien. Sa présence, aussi, et même partager son appartement. Elle veut juste qu’il puisse reposer son esprit, cesser de s’inquiéter pour ce qui va se passer dans sa vie. Que, pour une fois, il ne pense qu’à son bien-être, qu’à lui. Un faible sourire sur les lèvres alors qu’enfin il accepte, la féline acquiesce d’un petit signe de la tête. – Ok, on se tiendra compagnie. Et peut-être que cela lui fera du bien, à elle aussi. Peut-être qu’il la poussera à sortir la tête de son lit quand elle n’a plus envie d’affronter la vie. Ou peut-être que cela va la rendre dingue, de devoir cohabiter avec quelqu’un, elle n’en sait rien. La dernière personne avec laquelle elle a vécu, c’était Morgan… Cela fait beaucoup trop longtemps pour qu’elle n’ait pas pris quelques habitudes, en vivant seule. Elle ne veut pas y penser pour le moment, Ella, elle lui a fait cette proposition avec sincérité, pour le dépanner. Pour l’aider. C’est tout ce qui compte pour elle. Mais Thomas commence déjà à s’inquiéter pour elle… Elle n’ose imaginer ce qu’il va penser, de sa manière de vivre, en devenant son colocataire. Il a peur pour elle, c’est touchant, vraiment. Mais elle redoute plus de se sentir oppressée, comme si elle n’avait pas l’habitude d’être protégée, ou juste d’être aimée. – Arrête, t’es bien placé pour savoir que je gère bien mes doses. dit-elle, dans une piètre tentative pour le rassurer. C’est vrai, elle fait en sorte de ne pas en abuser. Ne pas rendre ses prises de drogue trop régulières, pour éviter d’en devenir dépendante. Sauf, peut-être, quand elle va trop mal. Mais elle voit bien qu’elle n’est pas du tout en train de le rassurer. Il paraît presque prêt à craquer. – Tu ne me perdras pas Thomas. On s’débarrasse pas de moi comme ça. ajoute-t-elle, la voix un peu plus déterminée, pour lui effacer toutes ces craintes. Rassurée qu’il change de sujet, elle lui adresse ensuite un sourire approbateur, plutôt emballée par sa proposition. – J’en dis que c’est une très bonne idée. Choisis le programme si tu veux, je m’occupe de la pizza. Et c’est le début de quelque chose, elle le sent. Elle ne sait pas encore quoi exactement mais ils sont en train de lier leurs vies. Car il en a besoin, Thomas, et peut-être qu’elle aussi, elle en a besoin.