sweet dreams (carmen)

Putain. Il faisait beau et j'étais coincé dans ce garage, les mains dans le cambouis, à réparer la caisse d'un gosse de riche. Gosse qui attendait de l'autre côté en me regardant et en fumant sa clope, l'air de rien, sourire cruel aux lèvres. Je les détestais, ces personnes qui considéraient que ceux qui n'avaient pas d'argent ne valaient rien. Au moins notre fric on le méritait. Alors, ouais, j'étais pas né avec une cuillère en argent dans la bouche mais je connaissais la dure réalité des choses. Quand le père de ce mec fera faillite – parce qu'il le fera un jour ou l'autre – il ne saura pas comment s'en sortir. Il finira à la rue, comme moi. Sauf que lui ne s'en sortira pas. « Eh t'as fini avec ma caisse ? » qu'il me demandait en écrasant sa cigarette sur le sol, me jaugeant de son regard froid et distant. « T'as le temps de te fumer une autre clope » que je rétorquais sèchement, les yeux lançant des éclairs. Fallait que je me calme. Mais je pouvais pas faire autrement que vouloir le provoquer, lui et son air hautain. Heureusement, il rajoutait rien, il ressortait une autre clope et l'allumait avant de me souffler la fumée dessus. Putain il me cherchait là ? « Eh mec je te conseille pas de continuer à me provoquer parce que, tu vois, moi j'ai une clef à molette et toi t'as... rien. » Sourire ironique, main qui se serrait autour de la clef. Respirer. Fallait que je me calme, vraiment. Le riche me répondait rien, m'ignorant totalement. Tant mieux, j'avais pas de temps à perdre avec lui. Finissant de réparer sa voiture, je lui balançais que c'était prêt et qu'il pouvait la reprendre, ce qu'il fit sans aucune protestation. Voyant qu'il était dix huit heures sur l'horloge, je fonçais dans les vestiaires me changer. Journée finie. La fête pouvait commencer. Rejoins moi devant ta boutique préférée que j'envoyais à Carmen avant de m'y rendre. Pendant que je réparais, il y avait un petit jeu qui m'était venu à l'esprit et j'avais hâte de le tester. Alors je l'attendais devant la boutique du centre commercial, regardant à droite à gauche, le regard s'arrêtant parfois sur une belle femme. Fallait bien que je trouve un truc pour m'occuper.

@Carmen Standford

CARMEN STANDFORD & KEITH BAXTER

it's never just a game if you are winning

Un texto de Keith ne présageait jamais rien de bon. Ses intentions étaient aussi mauvaises que les siennes et auraient donné envie à n'importe quelle personne saine d'esprit d'ignorer son téléphone et de prétendre n'avoir rien vu. Mais pas Carmen. Parce qu'elle n'avait pas peur de l'influence du brun, ni même de celle qu'elle pourrait avoir sur lui. "Rejoins moi devant ta boutique préférée " reçoit-elle donc en fin d'après-midi alors qu'elle profite d'un moment pour se prélasser dans un parc au soleil, à la joyeuse vue de tous. (Si s'exhiber était un passe-temps, il aurait été tout en haut de la liste de Carmen). Elle ne se presse pas pour se rendre au centre commercial -estimant que son retard ne la rendait chaque fois qu'un peu plus désirable-. Elle le voit finalement devant la boutique, occupé à mater quelques fessiers bien rebondis sans grande discrétion. Plus besoin de te dévisser le cou, je suis arrivée. Elle ne prend pas la peine d'arborer un air hautain tant elle devine que Keith n'a que peu d'intérêt pour ces silhouettes élancées qu'il détaille distraitement. Ce qui l'intéresse, lui, c'est le jeu. Et surtout le plaisir de savoir qu'il ne jouera pas tout seul. Tu avais envie de me faire un cadeau ? demande-t-elle en déposant un furtif baiser sur sa joue, l'air déjà aguicheur alors qu'elle vient tout juste d'arriver. Elle jette un regard gourmand sur la vitrine de bijoux devant laquelle se tient Keith. Est-ce qu'il avait seulement les moyens de se payer la moindre bague de cette boutique ? Quelle que soit la réponse, ça n'empêchait pas Carmen de jouer les princesses un peu trop gâtées, comme à son habitude. Même si une petite voix lui criait au fond d'elle qu'il ne ferait sûrement jamais l'effort de lui offrir un tel cadeau : à quoi bon ? Il n'y avait rien de romantique entre Ketih et elle. Seulement un jeu sans fin, malsain et qui ne mènerait jamais à rien.

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