dance with the devil (morgan)

C'était ça, sa vie, plongée son corps dans une suie imprégnée de l'oubli, Lilith qui ne se laissait attendrir que par quelques grammes de cocaïne, le vice et n'importe quel excès qui pouvait pourrir son esprit. C'était comme un doux suicide, l'appel de la drogue pour panser ses plaies hémorragiques, Lilith se doutant pertinemment qu'elle ne faisait en réalité que les ouvrir malgré le bien-être que cela lui procurait. Ce n'était qu'éphémère, la tête valsant dans le rêve, les pieds décollant de la terre ferme avant de lourdement s'écraser sur le sol jonché de ses échecs. Et il y avait plus rien d'elle à force de se regarder s’effondrer, Lilith, elle était juste en miette. Peut-être bien qu'ils se ressemblaient, Morgan qui semblait accueillir des secrets, des tempêtes, derrière ses yeux clairs qu'elle fixait pour mieux s'y perdre. Lilith, elle était plus vraiment commandée par la raison, elle préférait se vendre à la passion, à la destruction, usant de sa vie comme elle s'usait le corps, à l'extrême, elle qui n'avait jamais eu d'autres hobbies que celui de se détruire. Elle sourit à son compliment, s'amusant trop fièrement de ces parcelles de mots presque trop doux pour l'estime qu'elle se portait, pour le gouffre qu'elle creusait à l'intérieur de son corps, comme une volonté inconsciente de disparaître qui amplifiait ses remords, la conduisant toujours au bord de la mort. Peut-être bien qu'elle faisait partie de ces âmes qui aimaient jeté des sorts quand elles-mêmes étaient empreints d'une malédiction acharnée. Elle adorait le retrouver comme ça, Morgan, dans l'ombre de l'interdit, le désir de se faire du bien en faisant mal dans le désespoir d'un toucher qui caressait son âme. Lilith, elle était trop amochée pour ça, y'avait toujours comme un goût de trop tard sur ses lippes quand elle embrassait les hommes dans le noir, quand elle les laissait parsemer de l'espoir là où il n'y en avait pas.

Elle le laissa entrer dans son royaume rongé par les ruines, l'attirant contre son physique pour lui faire oublier la misère dans laquelle elle vit, parce que Lilith, elle avait juste envie de profiter de lui dans son lit, rien de plus, rien de moins, juste apprécier son corps au-delà de leurs hiérarchies respectives. Son dos buta contre les murs, ses lèvres grignotaient les siennes à l'usure, Lilith soupirant à chaque fois qu'elle sentait l'emprise de sa stature se coller à son être frêle, fermant les yeux pour mieux percevoir les brûlures qui parsemaient son épiderme sous l'effet de ses lèvres, de ses mains sur sa peau qu'il caressait, le laissant allumer la lumière pour plonger son regard dans ses prunelles, Lilith arborant un air trop fier, trop amusé pour ne pas être découvert.

- J'vais te faire visiter la chambre en premier. Ma pièce préférée. Vu la taille de mon appart', t'en aurais vite fait le tour je t'assure. Déjà là, t'en as visité la moitié sans le savoir.

Elle rit légèrement, attrapant ses lèvres en plein vol pour les mordiller. Lilith, elle voulait jouer, elle voulait déchainer son myocarde jusqu'à ce qu'il ne puisse plus respirer, les mains baladeuses qui s'infiltraient sous son haut, l'attirant progressivement vers sa chambre en permettant à sa bouche de continuer sa danse avec les siennes. Elle aurait pu lui proposer quelque chose à boire, mais Lilith, sous son air irresponsable, l'air de rien, elle avait pas envie de le conduire au plus mal, consciente qu'il ne refuserait pas un verre en plus malgré le fait qu'il devait rentrer plus tard.

- Ca fait trop longtemps que j'ai pas eu l'occasion de recevoir tes talents. Faut que t'arranges ça.

Elle le tentait, reculant légèrement pour faire passer ses mains dans son dos afin de faire glisser la fermeture de sa robe, celle-ci glissant sur ses courbes qui se dévoilèrent sous ses yeux.

Lilith, l'âme suffocante dans un Enfer brûlant, le coeur en cendres dans les flammes d'un quotidien malsain, elle s'enlisait dans ses filets pour mieux se perdre, s'attachait à son être pour s'en détacher afin de revenir dans la liberté malsaine de ses ténèbres, son chez elle, là où sa place avait toujours été, Lilith, succube aux airs de poupée brisée, la peau effritée par des mains rêches aux gestes déplacés, réfugiée contre les lèvres de Morgan qui accueillaient ses désirs sombres et succincts, le pêché auquel elle aimait goûter sans s'arrêter, même si elle savait que ça ne pouvait pas durer, cet incertain qui rendait son toucher divin, parce qu'elle s'accaparait un bout de lui pour le blottir dans le fond de ses pensées déchaînées, l'invitant dans l'antre de cette diablesse aux espoirs décharnés, comme pour y apporter un peu plus de vitalité au milieu des ruines assiégées. Lilith, elle s'essoufflait dans ses baisers, l'attirant un peu plus dans sa chambre où résonnait toutes ses envies qu'elle avait envie de lui faire là, tout de suite, se débarrassant de ses chaussures et de sa robe qu'elle fit tomber sur ses courbes pour y voir éclore la flamme d'un désir explosif dans le creux de ses opales. Dans la clarté de ses océans tempétueux, Lilith, elle voyait de l'obscurité, celle qui aurait pu lui faire perdre la tête si la sienne n'était pas bercée par un certain prénom, par une certaine déraison, le démon qui rythmait son coeur dans son auto-destruction. Peut-être bien qu'elle voulait se rendre libre, ce soir, se délivrer du noir dans lequel il la piégeait chaque soir dans le doux son de sa voix. Alors, pour répondre à son envie d'oubli, elle le laissa prendre parti de son corps qui s'offrait à lui, à Morgan, sa nuque qui balança en arrière quand ses lèvres caressèrent son cou, la nymphe l'attirant dans son lit, se mordant la lippe, elle qui en voulait encore, toujours plus, jusqu'à l'usure, jusqu'à l'oubli du moindre de ses remords qu'elle voulait éteindre dans ses soupirs de plaisir. Ses ongles accrochaient son dos dénudé pour glisser jusqu'à la musculature de son torse, laissant lentement dévier ses doigts jusqu'à la fermeture de son jean qu'elle ouvrit, insinuant sa main au travers des tissus pour stimuler son désir qui se déployait sous ses caresses exquises, son souffle s'enrayant entre les murs alors que les lèvres de Morgan découvraient encore une fois la douceur de sa poitrine qu'il délivra sous ses doigts, sa cage thoracique se soulevant à leur passage.

- Fais moi oublier...

Murmure qui s'éteignit dans sa respiration anarchique alors que ses doigts se logèrent dans ses cheveux pour l'inciter à continuer à dévaler son corps de baisers, ses cuisses s'enfermant autour de lui pour l'emprisonner dans leur liaison interdite.

Dans le silence qui imprégnait les murs, y'avait son coeur qui battait trop vite, jusqu'à l'usure, dans les rouages dysfonctionnel de son vécu, Lilith, c'était le souffle qui se perdait contre ses lippes, c'était son regard qui sondait son âme, attrapant ses bouts d'espoir aux bords noircis qu'elle aurait pu polir si elle n'avait pas les mains rongées par sa vie acide, l'esprit malade, les intentions malhabiles, la conscience jonchée de trous qui laissaient entrer le vide, le courant d'air froid de ses pulsions macabres. Elle cherchait sur sa peau un territoire pour son être arraché, ancrant ses ongles dans son épiderme pour mieux s'accrocher, le coeur tourmenté par la passion qui régnait entre leurs âmes qui se cherchaient pour mieux se lier. Lilith, piégée entre les draps et son corps, elle se laissa dominer par ses mains baladeuses, le regardant tirer sur son bas qui tomba sur le sol abimé, son échine se courbant au passage de ses lèvres qui brûlaient sa poitrine jusqu'à son nombril. Animée par son envie, elle le laissa la soulever, ses jambes s'enroulant autour de son bassin pour lui permettre de la guider sur le mobilier qui grinça sous l'effet de leurs embrassades agités. Elle soupira contre ses lèvres à la sensation de ses doigts contre son intimité, contractant ses muscles pour retenir son plaisir dans sa trachée, ses doigts se baladant sur sa musculature pour la posséder, parce que ce soir, ils se perdaient l'un contre l'autre dans l'espoir de se retrouver. Elle l'aida à faire glisser son jean sur ses jambes, impatiente qu'il ne vienne la dominer, la bercer de ses promesses absentes qu'elle n'aurait jamais voulu entendre. Et de ses doigts frêles entre ses cuisses, elle guida sa virilité à l'intérieur de son précipice, là où la chaleur les animerait de vie, Lilith, en proie à ce délicieux supplice qu'elle éteignit contre ses lippes qu'elle mordit, l'invitant à onduler contre elle, ses mains s'accrochant à ses flancs, le bassin cloisonné contre le sien, sa paume qu'elle vint prendre pour la poser sur son sein, là où son coeur battait son trop plein. Elle avait le regard sauvage, la flamme instable qui brillait dans le noir quand elle le regardait Morgan, elle avait juste envie qu'il ne vienne la faire crier jusqu'à expier l’entièreté de son mal alors qu'elle s'attachait à ses lippes comme s'il s'agissait d'un refuge pour son oubli, et Lilith, elle avait seulement encore envie de fuir dans un coin de son esprit où elle devenait incapable de réfléchir, où elle pouvait se conforter dans le répit.

Elle s'envoyait valser dans un sentiment d'éternité arrachée, elle, l'ange qui n'avait jamais su voler, embourbée dans ses propres filets qui écorchaient sa peau satinée pour l'abîmer. Il y avait que le noir qui se voyait dans les égratignures de son âme, cette hémorragie émotionnelle qui avait laissé des traces macabres partout où on pouvait la toucher, ces plaies jamais cicatrisées que Morgan semblait apaiser par le biais de ses gestes passionnés, de son souffle qui se mêlait au sien, leurs corps dansant dans une symbiose intime et survoltée. Elle avait pas envie de se dévoiler et pourtant, dans le creux de son étreinte, mise à nue par ses mains, c'était tout ce qu'elle faisait, se rendre vulnérable dans les bras de cet homme qui ne la voulait que pour un soir. C'était ce qu'ils avaient toujours convenu, et ça lui suffisait, Lilith, elle avait l'esprit trop perdu pour vouloir plus, pour s'autoriser à souffrir davantage parce que c'était ce à quoi rimait l'attachement : à l'abandon, à la déchirure de ce qui n'existait plus vraiment dans son plexus, là où son coeur avait fini par s'auto-détruire comme une bombe. C'était mieux pour elle, de vivre sans émotion, avec le vide qui faisait un écho monstrueux entre les parfois d'une cage thoracique qui s'ouvrait dans un creux profond, là où les démons s'alliaient dans sa destruction. Elle avait continuellement un gouffre à remplir, alors Lilith, elle le remplissait par un contact charnel, par ses soupirs qui répondaient aux siens alors qu'il ondulait contre elle, leurs visages se trouvant dans l'ombre des ténèbres pour lier leurs lèvres, et Lilith, elle aimait ça, perdre la tête avec Morgan, laisser son calvaire dans un coin de son crâne juste pour profiter de tout le plaisir qui affluait dans ses entrailles. Elle gémit plusieurs fois, le laissant grignoter son cou qui rougissait sous les brûlures de ses lèvres, Lilith en faisant de même, venant taquiner son désir en mordillant sa peau, les ongles s'incrustant tout près de son palpitant comme pour y laisser sa trace, son poison à l'intérieur de son âme. Elle s'abandonna peu de temps après à son plaisir divin qu'elle éteignit dans son étreinte, dans un baiser plus succinct, laissant le silence apaisé la fougue de ce moment, Lilith, elle avait oublié le temps d'un instant le dégoût de sa vie qu'elle était finalement arrivée à savourer sur sa peau enflammée, sa carcasse descendant doucement du meuble pour s'emparer un à un de ses vêtements. Enfilant son bas en dentelle et son soutien-gorge, elle reporta vivement son attention sur Morgan qui brisa le silence, ramenant à eux la réalité du travail.

- J'imagine qu'il paye pour la totale ?

Et quand elle demandait ça, elle parlait évidemment de sexe, bien consciente que ce genre de clients n'alignaient pas les billets simplement pour quelques sourires échangés afin de donner le change auprès des invités. Elle remit sa robe sur ses courbes, passant une main dans ses cheveux pour les remettre en place, comme pour effacer les frasques de leur ébat.

- Tu sais très bien que j'fais toujours les choses biens. J'ai une arme secrète pour arriver à m'envoyer en l'air toute la nuit.

Lilith, c'était malheureusement devenue une chose, un objet sexuel qui ne servait qu'à accueillir le désir des hommes, fracassant son identité dans ses remords, elle qui tentait à chaque fois de colmater les fêlures laissés dans l'appel de la drogue.

- Et si un jour je crève sous les mains d'un type, personne viendra me chercher de toute façon.

Elle haussa les épaules cyniquement, de manière lasse, la mort étant dans tous les cas inévitable. Et Lilith, elle aurait tellement aimé compter. Assez pour qu'on vienne la sauver.

- J'ai trop besoin de fric pour que tu laisses tes gros poissons à d'autres. Alors ouais, j'les veux tous.

Elle affirma, presque comme un ordre, Lilith c'était pourtant le désordre qui régnait dans son corps.