Birds fly in different directions. [ft Tomás]

« Sun hasn’t died,
Deep in my bones.
Straight from inside. »

T'es distraite Ava. Ton corps est présent mais ton esprit est aux abonnés absents. Il faut que t'arrêtes de te prendre la tête. Mais comment empêcher ces sombres pensées d'envahir ton crâne alors que tu t'enlises dans une situation qui n'a que trop durée ? Tu te mets toi-même la corde au cou en te flagellant de la sorte. Ils ne connaissent pas les raisons qui t'ont amenées là. Les raisons qui t'ont poussées à assouvir ta soif de vengeance. La vie innocente qu'ils ont prises sans demander, elle comptait à tes yeux. Et ça a détruit toute ta famille le jour où on vous l'a arraché. Subitement. Sans prévenir. Une erreur, une putain d'erreur. Et te voilà pour la corriger. Sauf que t'es plus réellement sûre de tes motivations. T'en veux à Iskandar de t'avoir abandonné à tes démons. De ne pas avoir su te retenir quand il percevait tes faiblesses et qu'il les savait fatales. Maintenant, t'es cernée de toutes parts. Incapable de t'éloigner d'eux, incapable de te résigner encore à rendre ton badge. La vérité c'est que t'es perdue Ava. Tu sais plus ce que tu dois ou ne pas faire. Et ça te bouffe putain, ça te bouffe cette imposture.

Pourtant loin de l'agitation new-yorkaise, loin de tous tes problèmes, la distance ne parvient plus à éloigner ton fardeau. Tu le traînes comme un boulet partout où tu vas. Et c'est encore pire quand tu poses tes yeux sur ton compagnon de voyage. Ton amant le temps de quelques instants. Instants fugaces où tu le laisses s'approcher juste assez pour te capturer avant que tu ne disparaisses une fois le moment brisé. Tu sais pas quand il a réussi à t'apprivoiser, toi l'animal sauvage qui fuit au moindre contact prolongé. C'est sûrement parce que tu sais que lui plus toi, ça ne vaudra jamais plus qu'un zéro. Deux êtres qui se consument avant de s'éloigner, jamais capable de totalement s'amadouer. Un truc passionnel, rien qui pourrait durer dans le temps sans que ça vous crame au passage. Et tu réclames que dalle. T'es même plutôt distante dernièrement. La honte t'étreins toujours plus à ses côtés et à ceux d'Ella. Alors soit t'essaies de réparer tous leurs petits tracas, soit tu te fais la malle. Et clairement, la deuxième option ressemble tout à fait à ton récent comportement avec Tomás.

Une fois n'est pas coutume, tes pas te mènent jusqu'à la petite plage privée au pied de votre chambre d'hôtel. La houle apaise ton esprit et t'offre un instant de répit. D'habitude, tu prends de ses nouvelles. Tu te suspends à ses lèvres parce que tu t'intéresses à ce qu'il traverse. Et même si il est pas avare de mots Tomás, quand il s'ouvre à toi, t'en es joie. Comme tous les êtres que tu côtoies depuis que t'as rejoint le Closer, il a cette beauté fanée qui mériterait qu'on l'arrose de compliments et lui prodigue des petits soins. Et c'est, jusque là, ce que tu te contentais de faire avant que la culpabilité gâche l'intimité qui était devenu vôtre au bout de ces longs week-ends à l'autre bout du monde. Tu ne veux pas lire le mépris dans ses yeux quand il saura la vérité. Quand il saura que tu l'as dupé.

Pourtant t'as toujours été sincère avec lui.
T'as toujours été authentique.
Et pourtant tu l'as trahi lui aussi.
Parce que vous avez cette relation privilégiée et que t'as pas su l'enrayée.
Tu t'es laissée enivrée, tu voyais pas le danger.
Et maintenant, tu vas devoir y mettre un terme avant que ça pique.
Ou c'est peut-être déjà trop tard pour ça Ava parce que ça te mettrait pas dans tous ces états.

La honte broie ton myocarde qui s'essouffle vainement contre ta cage thoracique. Ton regard se perd dans le vide et puis tu te retrouves sur tes pieds. Les vagues ont captées ton attention. Dedans, tu t'imagines te noyer un instant. Ça calmerait les voix qui te vrillent le crâne. Ton corps entier se laisse engloutir par les flots déchaînés. Baignade improvisée, tenue trempée, tu te moques bien de ton apparence et lorsque tu te retrouves loin de la surface, tu te forces à ne pas remonter. Tu te moques de ton souffle fatigué. Tu désires si fort qu'il quitte ta carcasse que tu manques bien de te noyer. C'est ta raison qui reprend le dessus et ordonne à tes pieds de te propulser vers l'air tant recherché. Tes poumons prennent la bouffée que tu leur as lâchement refusée et tu quittes la plage sans plus attendre. C'est la première fois que tu te laisses aller à ce point-là. Et ça t'effraie de voir ce que le désespoir provoque en toi.

Tu répands des gouttelettes d'eau salée partout sur ton passage. Tes pas te conduisent dans la salle de bain où tu retires machinalement tes vêtements détrempés de ton crime inavoué. Une veine tentative pathétique d'abréger ta chienne de vie. Lorsque tes yeux se posent sur ton reflet, tu ne te reconnais pas. Ton palpitant tambourine avec véhémence dans ta poitrine, fâché que t'aies osé vouloir l'arrêter. Ton poing s'arrête à quelques centimètres de l'ombre de toi-même, l'envie te démange de détruire ce cliché de toi qui ne te ressemble pas. Tu ne souhaites, cependant pas, attiré trop l'attention de ton amant qui dort paisiblement. Tremblante, ta main se repose sur la vasque, résignée à ne pas assouvir ces pulsions cachées.

Tu te pares d'un sourire lorsque tu réalises que Tomás est bel et bien éveillé et que tu vas devoir prétendre que t'es pas en train de couler. Que t'es pas en train de perdre pied. Que t'as pas failli mettre fin à ton existence pour simplement faire taire ces voix qui taraudent ton être à longueur de journée. Ce serait pointer le doigt sur les symptômes de ton mal être. Ce serait révélé le pot-aux-roses. Ce serait te dévoiler au grand jour sans plan de secours. Et dans ce cas-là, il vaudrait mieux pour toi que tu te tires une balle toi-même. Parce qu'ils te feront pas de cadeaux le jour où ils sauront. Ils t'écouteront pas quand tu leurs diras que tu t'es entichée d'eux et que t'as perdu l'envie de les voir à genoux. Alors tu t'avances, drapée d'un peignoir et tu débarques dans la pièce, mine de rien. « La belle au bois dormant est réveillée à ce que je vois. Bien dormi ? » Question rhétorique, histoire de lancer la conversation, de noyer le poisson. Vous avez vos propres démons qui hantent vos nuits et tu sais que les siens lui laissent aussi peu de répit que les tiens. Il a un certain charme Tomás, il faut le reconnaître. C'pas pour rien qu'il a réussi à t'embarquer dans ses valises. Et t'as apprécié t'évader avec lui le temps que ça a duré. Le temps qu'il t'a fallu pour te rendre compte que t'en avais marre de jouer.

Des mois qu'il l'emmène avec lui.
Des voyages d'affaires aux quatre coins du monde, où ils s'évadent le temps de quelques jours. Des moments de répits qu'il s'octroie McGrath, laissant derrière lui sa femme et ses enfants. Il n'a pas su lui résister à Ava, il a suffit de quelques regards au Closer, quelques paroles échangées pour que leurs corps aient envie de se mêler l'un à l'autre. Il s'est laissé aller l'irlandais, souvent, trop souvent. Il en a redemandé et à obtenu. Il lui a confié des bribes de sa vie, quelques uns de ses tourments les plus enfouis. Ca aurait pu durer encore longtemps.
Pourtant ce matin, quand il ouvre les yeux, y'a le poid de la culpabilité qui s'écrase sur ses épaules. Cette culpabilité qu'il n'avait jusqu'alors jamais ressenti. S'égarer entre les cuisses d'autres femmes, ça ne lui avait jamais posé problème. C'était presque une évidence, un accord qu'ils avaient passé avec sa femme. Un accord tacite, qu'il respectait depuis de longues années. Mais allongé là, dans ces draps trop blanc, les yeux rivés au plafond il ne se demandait pas où était Ava. C'est à Frida qu'il songe, sa main s'égare jusqu'à son portable sur la table de chevet, et il fronce les sourcils lorsqu'il n'y voit aucun message. Tout à coup, il trouvait Frida trop silencieuse. Il n'aimait pas le nœud qui était en train de se former dans ses entrailles, un mélange de sentiments qu'il ne connaissait pas assez. Il s'en voulait le brun, atrocement. Il s'en voulait d'embarquer une autre femme dans ses voyages, alors qu'il aurait pu l'emmener elle. Il s'en voulait, de laisser son corps et des morceaux de son coeur en libre accès. Il s'en voulait, mais ne lui avouerait sans doute jamais. La belle au bois dormant est réveillée à ce que je vois. Bien dormi ?/i][ il lâche son téléphone, redresse la tête et lui adresse un sourire sincère alors qu'il s'étire tant bien que mal. Dans la beauté de la brune, il tente d'oublier ses pensées meurtirères. [i]assez longtemps pour que tu puisses t'échapper apparement. qu'il répond en se redressant, il saisit son poignet, assez fort pour la tirer jusqu'à lui et la faire basculer sur le lit contre lui. C'est sa chaleur qu'il cherche, ses doigts qui s'égarent déjà jusqu'à son cou, remontent dans ses cheveux encore trempés. et toi ? prête à rentrer ? qu'il demande, ils vont finir par ne plus accepter tes journées d'absences. qu'il enchaîne, tout en caressant du bout des doigts les lèvres qu'il a tant embrassé. C'est qu'il l'enlève moins occasionnellement qu'avant. Il oubli, qu'elle bosse pour eux. Ca lui passe au dessus de la tête. j'espère qu'il t'emmerde pas trop quand tu reposes les pieds là bas ? il est soucieux, il l'a toujours été. Un côté de sa personalité qui dénotte avec son patronyme. Un bon Mcgrath ne devrait penser qu'à ses seuls interets.

Votre proximité rend le jeu plus malsain encore. Et la culpabilité te dévore. À chaque fois que tu croises son regard, elle apparaît. Elle te pointe d'un doigt accusateur et ébranle la moindre de tes convictions. Il n'était que le moyen de parvenir à tes fins. Il est devenu l'issue -temporaire- à tes problèmes. Un échappatoire sur lequel tu as tant compté dernièrement, trop. Et c'est maintenant que tu réalises l'ampleur des dégâts. Maintenant que tu te dégoûtes de toi-même. T'as presque honte de te croiser dans un miroir. Ce pâle reflet que tu ne reconnais pas. Cette ombre que t'es devenue. C'est pourquoi, il faut que tu mettes un terme à cette attache éphémère. Avant que tu ne puisses plus recoller les bouts d'une quelconque relation. Tu ne veux pas le perdre totalement. Parce que tu ne t'es pas jouée de lui complètement. T'es pas une menteuse invétérée. Y a juste certains détails que t'as évité de préciser. Détails qui vont tout gâcher. Seulement, tu sais pas encore comment t'y prendre pour avouer tes péchés. La précision est de mise et l'exercice se révèle plutôt difficile lorsque les nuits se font, de plus en plus rares.

Et Tomás ne manque pas de le souligner. Ta soudaine distance. Même si c'est subtile, tu comprends le message tandis que tu te retrouves collée à lui. Des frissons naissent dans le sillon que ses doigts tracent sur ta peau. Tu te laisses sagement faire, un peu de douceur ne te fait pas de mal en ce moment. On te malmène bien trop pour que tu craches sur quelques instants de tendresse fugaces. « J'voulais pas te réveiller, ça t'arrive trop peu souvent de dormir autant. » À ton tour de parcourir ses traits, les redessiner encore et encore. T'aimerais qu'il arrête de se tourmenter à ce point ton amant aux ailes irrémédiablement brisées. Tu n'es pas dupe quand aux traces qui recouvrent son torse, seulement tu ne souhaites en rien le forcer à t'en parler. Ça viendra de lui-même ou pas. C'est juste que tu t'inquiètes du mal-être qui le ronge. Pour qu'il en arrive à s'infliger lui-même ces sévices, c'est qu'il doit être sacrément conséquent. « J'suppose que oui. » Qu'est-ce que tu peux dire d'autre ? Rien n'arrive plus à te soulager de la culpabilité qui t'étreins un peu plus chaque jour.

C'est son ton qui finit de t'achever, ton regard qui se perd dans le vide. Tu ne supportes pas l'inquiétude que tu sens poindre dans sa voix. Il n'a pas le droit d'être inquiet pour toi. Pas après ce que tu as fait. Il ne fait que remuer le couteau dans la plaie. Sans savoir pourtant qu'il ne fait qu'alourdir le poids de la honte qui t'afflige. Et il t'est difficile de ne pas laisser les émotions te submerger alors que sa touchante sincérité te frappe de plein fouet. Ravalant les sanglots qui menacent de tout engloutir, tu poses un doigt sur ses lèvres qui n'ont eu de cesse d'appeler les tiennes. « Ne fais pas ça Tomás. Ne te soucie pas de moi. Je te l'ai déjà dit. Je suis une grande fille, je gère. » Un sourire de façade accompagne ta tirade. Il faut bien maintenir les apparences coûte que coûte. Parce que non, pour le moment, ta vie est sans dessus-dessous. Et tu contrôles difficilement les sentiments contradictoires qui se heurtent au plus profond de tes entrailles. « Et puis, j'fais beaucoup d'heures sup' alors j'pense que j'peux bien m'absenter quelques fois, non ? »

Tes lippes capturent les siennes pour faire taire toute protestation à venir. Tu tiens à lui faire oublier ces futiles préoccupations. Après tout, votre relation ne stipulait aucune autre forme d'engagement. Juste vous deux, seuls, à l'autre bout du monde vous adonnant à quelques plaisirs charnels et des désirs inavoués. Tu refuses sa protection et toutes les subtilités qu'elle entraînerait. Ce n'est pas son rôle et tu ne veux pas qu'il le prenne. « J'vous trouve beaucoup trop soucieux Mr McGrath, il faudrait peut-être que je vous déride encore un peu. » Que tu susurres au creux de son oreille, succube que tu es. Et à nouveau tes lèvres scellent les siennes tandis que tes doigts s'aventurent sur le corps de ton amant.

Aide-moi à oublier ce fardeau que je peine à porter.
Aide-moi à l'alléger un instant.
J'aimerai sincèrement t'avoir rencontré dans de meilleures circonstances.
J'espère que tu sauras, un jour, me pardonner.
J'espère que tu comprendras les raisons de ma présence.
Mais je ne me fais pas trop d'illusions.
Je sais quelle punition vous réserver à une trahison.
C'est pourquoi, je chante encore maintenant.
Pour que vous puissiez continuer de vivre.
Pendant que j'm'éfforce de nous faire survivre.