black sky. (river)

Elle ne sait même plus, Bonnie, pourquoi elle a décidé d'aller se saouler dans ce bar du Queens huppé. Elle ne sait plus où elle en est... Comment elle doit mener sa vie. C'est plus simple d'oublier, de faire taire les questions – surtout celles qui concernent Narek. Bonnie, elle est lâche... Elle représente sûrement ce qu'il y a de pire chez l'être humain. Elle fuit, dès que l'occasion se présente. Dès que tout devient trop difficile à gérer... Et, elle ne se soucie pas du mal qu'elle peut faire autour d'elle. Elle a passé des vacances à Ibiza, comme si tout allait bien. Elle a pris tout ce qui était possible et imaginable. Elle a fait n'importe quoi à la manière d'une adolescente qui teste ses limites. Elle joue avec celles des autres, aussi, surtout celles de Narek. Comme une fleur, elle est revenue, persuadée qu'il était bien incapable de lui résister. Elle l'aime, et c'est étrange, de vouer autant d'amour qu'elle en a pour elle-même, pour sa personne qu'elle ne remet jamais en question. Elle titube, dans les rues, dès que le bar ferme. On la met dehors, en se disant qu'elle n'est qu'une femme riche qui ne sait plus comment occuper son temps. Trop simple, trop réducteur pour sa complexité. Soudainement, elle a envie de se livrer à quelqu'un. Elle a besoin de tout dire, de parler... D'ouvrir son cœur. Narek mériterait certainement de savoir ce qu'elle a dans la tête, tant il a de la patience pour la supporter... Mais non, ses jambes, qui flagellent, prennent un autre chemin. River vit non loin de là. Entre eux, jamais la moindre ambiguïté, même si elle a la sale réputation de sauter sur tout ce qui bouge, de fréquenter des endroits de débauche dans le plus grand des plaisirs. Elle a beau avoir toujours cette allure impeccable, qu'elle n'est pas moins perdue dans sa tête. L'esprit en bordel, l'âme qui hurle un seul prénom, en continu... Narek toujours. « Riveeeer. », elle crie, à travers la porte, sans penser qu'elle pourrait réveiller les voisins. Sans penser qu'elle pourrait aussi déranger un de ses seuls amis, à une heure plus proche du petit matin que du soir. Ou peut-être que lui aussi, vient tout juste de rentrer de soirée. Il lui ouvrira, de toute façon, elle n'arrêtera pas tant qu'il ne l'aura pas fait. Elle cogne du points, sur la porte, sonne au moins trois fois.