c h a o s (aurora)

traits de caractère / elle ne se plaint pas aurora. toutes les épreuves qu'on a mis sur le chemin de sa vie, elle les a affronté telle une battante. si elle est aussi courageuse, c'est surtout pour elle. venus. elle s'est toujours battue pour elle, pour la protéger. elle n'a pas fait de grandes études aurora, ses parents n'avaient pas les moyens de les payer, mais elle n'en est pas moins cultivée. curieuse, elle s'intéresse à beaucoup de choses et aime apprendre. sa passion, c'est l'écriture. c'est pour elle une thérapie, un moyen de s'évader loin de sa réalité. elle est d'une gentillesse incroyable, même si elle a très vite compris que tout le monde n'était pas aussi bon qu'elle. généreuse, elle n'hésite pas à faire passer les autres avant elle, allant parfois même jusqu'à se priver. elle sait faire preuve de détermination quand il le faut, elle déteste échouer. elle est là où il faut être quand on a besoin d'elle. c'est une très bonne amie, toujours là pour prêter son épaule. elle n'aime pas montrer ce qu'elle ressent, préfère tout garder à l'intérieur et ne pas paraître fébrile. elle est très réfléchie et a la tête sur les épaules. son passé a fait d'elle une personne très mature qui a tendance à oublier de profiter de la vie. mais aurora a aussi une part obscure. elle est très anxieuse même si elle ne le montre pas. elle peut se montrer impulsive si quelque chose la blesse et bagarreuse s'il le faut. elle peut paraître froide au premier abord parce qu'elle est très méfiante et n'accorde pas facilement sa confiance à n'importe qui. avec elle, c'est tout blanc ou tout noir. elle ne fait pas dans la demi-mesure. quand elle aime, elle aime vraiment. son côté possessif et exclusif peut parfois agacer et causer du tort à ses relations -autant amicales qu'amoureuses.

((contexte familial))
si vous l'écoutez, elle vous dira simplement qu'elle n'a pas eu de chance dans sa vie. certains diront que c'est le destin, aurora, elle se dit simplement que c'est la vie. dès son premier souffle, son fameux destin était déjà scellé. il y en a qui ont de la chance de naître dans un environnement confortable, d'autres qui, dès leur naissance, sont condamnés à mener un combat au quotidien.
sa mère, elle travaillait d'arrache-pied, elle se battait pour que la famille garde la tête hors de l'eau. c'est d'ailleurs sûrement d'elle qu'aurora tient son courage et sa combativité.
le père, lui, était là sans être là. le regard constamment vide, absent. jamais aucune émotion ne se dégageait de lui. toujours aux abonnés absents.
puis il y a eu la naissance de venus, le précieux trésor. celui qu'il fallait protéger à tout prix. son joyaux, son plus grand amour. la vie ne leur a pas fait de cadeau, à ces deux-là. une vie semées d'embûches plus difficiles à surmonter les unes que les autres. et même si la vie leur a souri quelques fois, leur a offert des opportunités de s'en sortir, elle leur a tourné le dos quelque temps plus tard.



elle ouvrait son vieux carnet usé, aux pages presque jaunies par le temps, et le stylo qu'elle avait gentiment demandé à un passant lorsque le sien, le seul qu'elle avait, s'était vidé de toute son encre. sous la lumière d'un lampadaire, les mains tremblantes, elle se vidait l'esprit en écrivant. elle avait trouvé sa thérapie, son jardin secret. coucher les mots sur le papier lui faisait du bien, comme une sorte d'échappatoire même si, une fois le carnet refermé, la réalité lui revenait douloureusement en pleine figure.
2010, une nuit d'hiver.
je ne sais plus quel jour nous sommes. je ne sais pas depuis combien de temps maman est partie, ni quand est-ce que papa a dû être placé. j'ai perdu le fil. j'avais l'habitude de demander la date à des passants mais il y a un moment que je ne le fais plus. à quoi bon ? j'ai l'impression qu'on ne sortira jamais de cette galère. les nuits sont de plus en plus difficiles. j'ai tellement froid. venus s'est enfin endormie, je lui ai laissé toutes les couvertures et les couches de vêtements pour qu'elle puisse se reposer un peu au chaud. quand je la regarde, j'ai envie d'espérer, même si l'espoir s'atténue un peu plus chaque jour. je veux y croire pour elle. je refuse que sa vie se termine ainsi. je veux qu'elle vive, qu'elle devienne vieille, qu'elle fasse tout ce qu'elle a envie de faire. qu'elle ait une vie normale, une belle vie.
demain, j'irai faire la manche dans un autre quartier. peut-être aurais-je la chance de récolter plus d'argent, pour pouvoir nous acheter quelque chose à manger à toutes les deux. aujourd'hui, j'ai dit que je n'avais pas faim pour la laisser manger plus. je sais qu'elle fait ça aussi parfois. mais je préfère me priver pour elle, parce que sa vie est plus précieuse que la mienne.
les yeux lourds de fatigue, elle referma son carnet pour le ranger soigneusement dans son sac à dos avant de s'allonger tout contre sa sœur en fermant les yeux. mais il lui fallut au moins deux longues heures pour trouver un sommeil léger, avant qu'elle ne soit réveillée par l'aurore.


- comment tu as réussi à avoir tout cet argent ? demanda-t-elle à sa sœur, sentant déjà ses propres yeux devenir humides. elle le savait. elle savait comment sa sœur avait eu cet argent. elle n'avait pas besoin de le lui dire, elle la connaissait par cœur, savait lire en elle comme dans un livre ouvert. il suffisait d'un seul regard pour qu'elle sache ce qu'il se passait.
- c'est pour toi que je l'ai fait. pour nous. pour qu'on puisse manger.
cela faisaient quelques jours qu'elles n'avaient pas mangé grand chose. c'était de plus en plus difficile de survivre et venus pensait avoir trouvé la meilleure solution, celle qui les sortirait de là. mais aurora refusait d'imaginer sa sœur, son trésor, entre les mains de ces hommes qui profitaient d'une situation difficile. elle serra sa sœur dans ses bras et fondit en larmes. des larmes qui menaçaient déjà depuis longtemps de s'échapper de ses yeux. pourtant, elle s'était toujours retenue, pour sa sœur, pour elle, pour venus. pour ne pas l'inquiéter. elle était la grande sœur, la seule figure maternelle restante, celle qui n'avait pas le droit de craquer. qui devait rester forte pour toutes les deux. pourtant, à ce moment-là, elle avait si mal qu'elle ne pouvait rien retenir. quelques secondes seulement elle éclata en sanglots, dans les bras de celle qu'elle aimait plus que tout au monde. elle se reprit ensuite, caressa les cheveux de sa cadette.
- je veux pas... je veux pas que tu fasses ça d'accord ? plus jamais, tu m'entends venus ? plus jamais. sa voix était douce. elle ne la jugeait pas, elle ne lui reprochait rien. elle refusait simplement que cela se reproduise. elle ne s'en remettrait pas, jamais.
- promets-moi...
et elle la prit dans ses bras encore une fois. la serra si fort, une force à la hauteur de son amour pour elle.
- promets-moi, venus.



retour à la galère.
ça faisait longtemps que je n'avais pas écrit ici. faut dire que je n'ai pas vraiment eu le temps. on s'en est sorties, venus et moi. enfin... on s'en était sorties. j'avais rencontré ce garçon, ezekiel, qui a accepté de nous héberger, qui m'a aidée à trouver un travail. c'était pas le meilleur des jobs mais ça faisait l'affaire, ça m'a permis de gagner trois sous et surtout, ça m'a redonné espoir. la vie me souriait et je lui souriais aussi. tout allait mieux, et tout irait encore mieux au fil du temps. j'avais déjà entamé les recherches d'appartement. on allait pouvoir vivre tranquillement, venus et moi. sauf que tout ne s'est pas passé comme prévu. ezekiel pensait que je le trompais. j'avais beau lui assurer que non, il continuait de penser le contraire. c'était totalement faux, mais il ne m'a jamais crue. jusqu'au jour où il est devenu fou. hystérique. il m'a menacée avec un couteau, devant ma propre sœur. il essayait de me forcer à avouer quelque chose que je n'avais pas fait. j'ai eu peur ce jour là, je criais à venus de s'enfuir, de peur qu'il lui fasse du mal, à elle aussi. finalement, lorsqu'il m'a lâchée, on s'est enfuies toutes les deux. c'était un retour à la case départ. un éternel recommencement.
ça m'aura au moins appris une bonne leçon : les gens ne sont pas tous bons. certains profitent de la situation, d'autres ne sont pas digne de confiance. bref, je sais maintenant qu'il ne faut pas donner facilement sa confiance.


khion. khion. khion. khion.
oui, j'ai écrit son prénom quatre fois parce que je n'arrive pas à me sortir cette fille de la tête. j'ai envie d'en parler partout, à tout le monde, mais je préfère l'écrire ici. khion, elle est si jolie, si douce, si... parfaite. elle me fait tourner la tête. je me surprends à imaginer ses lèvres contre les miennes, son corps contre le mien. sa chaleur... son odeur... oh merde ! je l'aime vraiment bien cette fille. je crois. bon... j'arrête là parce que si quelqu'un venait à lire ça un jour. la honte. (venus j'espère que tu ne fouilles pas dans mes affaires, tu vas me le payer sinon. )


la vie d'aurora n'a pas été facile. un jour, madame dawson, fatiguée de se battre pour tout le monde, a quitté le domicile familial sans plus jamais donner signe de vie. quelques mois après, on a diagnostiqué à monsieur dawson la maladie d'alzheimer et il a dû être placé dans une clinique spécialisée. les filles dawson se sont donc retrouvées livrées à elle-mêmes, à la rue, sans rien. après des années de galères, des petits boulots en tout genre, des rencontres, bonnes ou mauvaises, aurora et venus ont enfin retrouvé une vie à peu près normale. même si au fond, elles savent toutes les deux qu'il y a des blessures qui ne s'estompent pas.