retour aux sources (peyton)

( retour aux sources )
ft. peyton

New York. Quelques jours à peine qu’il a regagné la ville et Solal le regrette déjà. Pour ses trop hauts buildings. Pour sa population pressée et mal léchée, pour l’imperceptible opacité de cet air trop pollué. Pour le souvenir de Riley qui tout à la fois s’immisce, pernicieux, dans les confins de son cerveau, et s’abat avec le poids d’une masse sur son cœur, rend étouffantes ces rues pourtant si larges. Tout ici la lui rappelle, ce parc dans lequel ils allaient, ce gratte-ciel devant lequel il passait pour se rendre chez elle ; parce que c’est ici qu’il l’a connue, qu’un an et demi c’est bien plus de temps qu’il n’en faut pour se créer un lot de souvenirs qu’on se traîne après comme des casseroles dans son sillage.

Mais Solal il a pas le choix, il peut pas rester éternellement réfugié entre les murs de cet appartement dont les pièces résonnent car trop grande vacuité ; un pas qu’il fait et le voilà décuplé au centuple, de même que sa voix lorsqu’il est au téléphone. Non, ce soir il doit voir Peyton, ça doit bien faire un mois qu’il l’a pas vue la gamine, la dernière fois qu’il est rentré à New York pour mieux repartir pour l'Indonésie. Le temps passe trop vite, c’est effrayant. Et elle lui a manqué. Elle lui manque. Alors il l’a recontactée, à peine rentré. A calé avec elle une petite entrevue, chez elle, ce soir. A la bonne franquette, fidèles à eux-mêmes. Et le poids léger de son sac à dos qu’il sent rebondir contre son dos à chaque pas, les semelles de ses sneakers contre l’asphalte brûlant, un léger soupir en sentant une mince pellicule de sueur prendre ses aises sur son front. Il a toujours autant de mal avec cette chaleur.

Et, peu à peu, des rues qu’il reconnaît. Bâtiments familiers, des noms sur les panneaux plantés aux intersections qui lui disent quelque chose. Il est sur le bon chemin, et le pas qu’il presse alors un peu, plus assuré quant à la direction à prendre. Quelques dizaines de mètres encore, la première à droite puis à gauche et le voilà arrivé. Le doigt qu’il enfonce sur la sonnette, une fois, deux fois, trois fois. En l’espace de cinq secondes, sans lui laisser le temps de réagir à la première sonnerie. Le naturel chiant, au moins comme ça on sait que c’est lui. Et un sourire indolent lorsqu’une petite tête brune apparaît dans l’encadrement de la porte.

- Bonsoir. Je sais, je t’ai terriblement manqué, tu te languissais de mon retour, inutile de me le dire…

Le regard rieur au-dessus des cernes, déjà il se penche pour la prendre dans ses bras, déposer un bisou sur chacune de ses joues. A la française, bien évidemment. Et le jeune homme qui s’invite à l’intérieur, dépose son sac dans l’entrée avant de se tourner vers son amie.

- Alors… Bien que je sois parti plusieurs semaines, je sais que la Terre ne s’est pas arrêtée de tourner pour autant… C'est curieux d'ailleurs, mais bon. J’imagine que j’ai manqué tout un tas de choses depuis la dernière fois… ?

- light in the dark -

— @solal pettersen

Elle l’attend, lui. Elle l’attend, lui, Solal. Il est de retour, et son cœur à elle s’emballe déjà. Parce qu’elle a hâte de le retrouver. Hâte qu’il vienne illuminer sa vie de nouveau, avec ses histoires plus belles les unes que les autres. Histoires qu’elle partageait aussi, autrefois. Lorsqu’elle était encore en pleine santé. Lorsqu’elle ne souffrait pas du cœur, cœur qui l’empêche de voyager. Cœur qu’il l’empêche de faire ce pourquoi elle est née. L’insuffisance cardiaque. Elle a encore beaucoup de mal à l’encaisser, Peyton. Au fond, elle n’est pas certaine de l’avoir réellement réalisé. Parce que personne ne sait. Personne ne doit savoir. Il n’y a qu’à sa grande sœur, qu’elle a décidé d’en parler, ne pouvant plus lui cacher la vérité. Personne ne sait, et encore moins Solal. Parce que t’as pas envie de voir son regard changer, Peyton. T’as pas envie qu’il te regarde comme une malade, et non plus comme l’oiseau libre que tu as toujours été.

Elle lui ment, à lui aussi. Lui qui, avec le temps, a su devenir comme un grand frère, pour elle. Lui qui, avec le temps, à su lui rappeler combien la famille était importante. Primordiale. Et il n’y a qu’à ta famille, que tu tiens réellement, Peyton. Tout le reste n’est que futilité. Mais elle lui ment, à lui aussi. Prétextant qu’elle est revenue s’installer à New-York uniquement pour retrouver sa grande sœur. Elle. Elle qui a toujours eu la bougeotte. Elle qui ne demande qu’à vivre. Qu’à explorer le monde. Qu’à découvrir les pépites d’or cachées. Mais t’es ici, Peyton. Bloquée par la maladie. T’es ici, et peut-être à jamais. La boule au ventre de ne jamais s’adapter. De ne jamais s’y faire. Pourtant heureuse de l’étincelle qu’elle a retrouvé, ici, avec sa grande sœur. Fière de l’entreprise qu’elles ont montée ensemble.

Mais comme un boomerang, la maladie revient toujours à elle. Venue frapper de nouveau à sa porte, lorsque, par hasard, elle est tombée sur Alexios. Son mari. Son mari de Las Vegas, ici à New-York, est prêt à la reconquérir. Tu ne peux pas, Peyton. Tu ne peux pas craquer, parce qu’à lui aussi, tu as caché la vérité. Parce qu’il ne sait pas pourquoi tu t’es enfuie, et il ne doit pas le savoir. Et c’est justement parce que sa vie est un véritable champ de ruine, qu’elle sait que la présence de Solal sera une bénédiction ce soir. Il parviendra à lui changer les idées avec son humour toujours bien tombé, elle n’en doute pas. Lorsque la sonnerie retentit, elle va vite ouvrir, un grand sourire aux lèvres. - Bien sûr que tu m’as manqué ! Qu’elle lâche, en riant, en sautant dans ses bras. Elle a un problème avec l’attachement, Peyton. Elle ne sait pas s’attacher aux autres. Elle n’a jamais appris à le faire. Mais Solal, lui, il est différent. Il est rentré dans son cœur avec une facilité déconcertante.
Le laissant entrer à l’intérieur de l’appartement, elle ferme la porte derrière lui en l’écoutant. Riant une fois de plus à ses bêtises. - Et bien ma sœur s’en est allée vivre chez son petit-ami. Donc me voilà complètement seule dans ce grand appartement, entièrement à ma disposition. Elle est heureuse pour sa sœur. Réellement. Isabella mérite tout le bonheur du monde, après avoir sacrifier toute sa vie pour elle. Pour toute la fratrie. - Et toi ? Dis-moi tout ! Peyton lui fait alors signe de s’asseoir, avant de ramener deux bières. Pas de vin, chez miss Cooper. Elle est naturelle, elle l’a toujours été et n’a jamais été le genre de femme à boire des grands crus.  

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Éclat de joie en voyant apparaître le visage souriant de Peyton, le cœur qui se réchauffe face à ces traits connus. Peyton. Une esquisse de sa vie d’avant dans cette nouvelle existence où tout a changé. Où il ne vit plus à Staten Island mais à l’autre bout de la ville, dans le Queens. Où il ne travaille plus chez Specter ni dans une enseigne qui le sous-paie, mais qu’il va être publié. Enfin. Où il n’y a plus de Riley, seulement le spectre fade d’une amante là pour la remplacer. Non, pour la lui faire oublier. Passer à autre chose. Il est de retour à New York mais plus rien n’est comme avant. Sauf Peyton. Et ça lui fait du bien de la savoir là, inébranlable lorsque tout s’effondre autour de lui. Comme un point d’ancrage auquel se raccrocher, toujours.

Puis Peyton elle est simple, et cela fait du bien. S’il lui a manqué elle le dit, la jeune femme qui ne s’embarrasse pas de chemins tarabiscotés pour faire comprendre ce qu’elle pense, ce qu’elle ressent. Il lui fait entièrement confiance Solal, sans doute trop, ne devine pas un seul instant qu’elle lui cache quelque chose de si grave comme une maladie cardiaque. S’imagine que si elle a cessé de voyager c’est simplement faute de temps ou d’opportunités, peut-être parce que l’affaire qu’elle a monté avec sa sœur est si joliment florissante, aussi. Naïf Solal, loin, si loin de la réalité.

- Toi aussi Peyton, tu n’as même pas idée…

Ces derniers mots qu’il prononce lentement, prend le temps de les détacher alors qu’il la serre dans ses bras, dépose deux bisous sur ses joues. Comme il le fait avec ses petites sœurs finalement, Lélia et Emma qu’il ne voit plus assez souvent.

- Cela fait du bien de te revoir, qu’il ajoute en se détachant d’elle, s’invitant dans l’appart’.

Sac à dos abandonné dans l’entrée, il lui demande ce qu’il a manqué. Beaucoup de choses, sans doute, mais plutôt que de faire de vains pronostics il écoute ce qu’elle a à lui raconter, sa grande sœur qui se serait installée chez son petit ami. Et le cœur qui se serre à ces mots, immanquablement, car y a ces pensées qui l’assaillent, trop vives, trop spontanées pour qu’il puisse seulement les contrer. C’était ce qui était supposé nous attendre Riley et moi, à mon retour. S’installer ensemble, peut-être. On était pas sûr mais on avait évoqué l’idée. Est-ce qu’on partagerait un appartement à l’heure actuelle, si l’on ne s’était pas quitté ? Il sait pas, Solal. Ne peut deviner un futur hypothétique, réduit en cendres. Et ça fait trop mal de penser à tout ça lorsqu’aujourd’hui, c’est aux côtés d’Anna et non de Riley qu’il s’endort un soir sur deux. Alors plutôt que de se torturer plus encore, il aime mieux ajouter, forçant un sourire à revenir sur ses lèvres :

- Et ça va, cela ne te fait pas trop bizarre de te retrouver seule ici après avoir vécu comme ça avec elle ? Ceci dit, tu dois être heureuse de pouvoir disposer de l’appartement à ta guise, désormais !

Lui le serait, en tout cas. Solal trop indépendant, trop épris de liberté depuis que son fil conducteur, son compagnon de route s’en est allé dans un accident de moto. Et Peyton qui lui retourne ses questions, suivant son invitation il vient s’installer sur le canapé, s’empare avec reconnaissance de la bière qu’elle lui tend.

- A nos retrouvailles… ? Il ne faut plus qu’on passe tant de temps sans se voir, c’est désastreux !

Un petit éclat de rire qui lui échappe en entrechoquant sa bouteille contre la sienne, et une inspiration qu’il prend alors, s’efforçant de rassembler ses idées pour lui résumer au mieux ce dernier mois.

- Eh bien… Eh bien il s’est passé pas mal de choses, figure-toi ! J’avais déjà dû te parler d’Anna, mon éditrice ? Le fait est qu’un soir, elle m’a proposé que l’on se retrouve autour d’un verre pour discuter du livre, et puis… La conversation a peu à peu dérivé vers des sujets plus personnels, et on a fini par passer la nuit ensemble. Depuis on sort ensemble, cela va faire un mois. Et oui, je t’arrête tout de suite, je suis tout de même capable de travailler avec une femme sans finir avec, rassures-toi !

Car faut dire que lorsque l’on sait qu’avec Riley les choses ont commencé de la même manière, d’abord collègues puis plans culs, mari et femmes et enfin un couple véritable, il serait facile de le vanner sur le sujet. Le garçon qui semble avoir un problème avec le milieu professionnel, une petite gorgée qu’il prend au goulot de sa bière avant d’ajouter :

- Elle a d’ailleurs proposé de m’accompagner en Indonésie, alors j’ai fait le voyage avec elle. C’était agréable, une jolie manière de clôturer l’été.

Un maigre sourire qu’il lui offre, garder la face, ouais. Ne pas avouer que ces vacances ont été d’une fadeur criante à côtés de celles qu’il passait avec son ex.

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— @solal pettersen

Elle peine. Elle peine à s’attacher, Peyton. Elle peine à s’accrocher, Peyton. Elle aime le monde, elle aime la vie. Mais avec les personnes qui l’entourent, tout est différent. Tout est différent parce qu’elle n’est pas habituée à accorder le l’importance à qui que ce soit. Lorsqu’elle était jeune, elle était trop préoccupée par ses problèmes familiaux pour prendre le temps d’apprendre à connaître qui que ce soit. Elle n’était que cette fille pétillante, pourtant absente à l’école à de trop nombreuses reprises. L’esprit ailleurs, tiraillé par la maladie de son frère, par la mort de sa mère, l’absence de son père. L’esprit tiraillé par tout ce que les autres jeunes femmes de son âge n’ont jamais eu la chance de connaître. Elle a beaucoup souffert, Peyton. Elle a beaucoup souffert et cette souffrance a engendré en elle une incapacité à se lier. A s’attacher. A se poser. Solal est l’un des premiers, l’un des seuls ayant pris une place dans sa vie. Une vraie place dans sa vie. Et même avec la distance. Même malgré les mois d’absence. Même avec leurs emplois du temps décalés. Il a pris une place dans sa vie, avec son sourire, son rire. Avec cette passion, cette folie, qu’ils partagent. Et un sourire s’installe sur son visage, lorsqu’il lui affirme qu’il est heureux de la voir, lui aussi. Une phrase simple, pourtant lourde de sens. Il n’y a rien de complexe, entre eux. Tout est toujours si beau, si doux, si simple. - A moi aussi. A moi aussi, ça me fait du bien de te voir, Solal. A moi aussi, ça me fait du bien, parce que t’es un soleil à toi tout seul. Au fond, c’est peut-être pour cette raison qu’ils s’entendent si bien, tous les deux. Pour cette raison que l’alchimie a de suite opérée. Ils sont deux soleils. Deux lumières. Même si la lumière de Peyton risque de s’éteindre en même temps que son cœur.
Mais pour l’heure, elle profite de cet instant, de ce moment, pour lui faire découvrir son appartement. Sa nouvelle vie ici. Désormais seule, sans sa sœur, sans celle qui a toujours tout fait pour elle. Parce qu’elle mérite à son tour le bonheur, Isabella.  - Oh tu sais, quand on fait le tour du monde, on s’habitue à vivre seule. Qu’elle lâche, en riant. En riant, mais en toute sincérité, aussi. Elle sait que c’est certainement une bonne chose, Peyton. Elle ne veut pas que sa sœur puisse voir l’ampleur de sa maladie. Elle ne veut pas que sa sœur puisse voit qu’elle est de plus en plus faible. Que sa vie ne sera plus jamais la même, désormais. Trinquant avec lui, elle acquiesce immédiatement à ses paroles. Consciente qu’il est l’une des rares personnes dont elle a besoin au quotidien. - Quoi ?! Tu as une copine ! Et tu ne m’en parles que maintenant ! L’air faussement outré, elle est surtout très heureuse pour lui, en réalité. Et il n’est pas la seule à faire des cachotteries à ce sujet. Parce que t’as Alexios en tête. Parce qu’il est dans ta vie. Parce qu’il ne veut rien lâcher. Et tu le sais, Peyton. - Et alors ? Comment elle est ? Dis-moi tout, je veux tout savoir ! Elle attrape des paquets de chips, de quoi prendre l’apéritif convenablement. Elle s’intéresse sincèrement à lui, à ce qu’il peut bien ressentir, éprouver. Ils ont beaucoup de points communs, tous les deux. Et Peyton sait que, comme elle, Solal s’est marié à Las Vegas. Parce que lui aussi, il a su trouver l’amour là-bas. Amour d’un temps, amour perdu.

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Appartement délesté, Peyton désormais esseulée ; et il s’inquiète, Solal, de savoir si ce vide nouveau n’est pas trop pesant pour son amie. S’il ne se fait pas trop étouffant par moments. Mais elle lui répond que lorsque l’on fait le tour du monde on s’habitue à être seul, et ces palabres lui arrachent un sourire amusé. Parce que ce sentiment, il ne le connaît que trop bien. Que lui-même ne se verrait pas vivre en collocation depuis qu’il a commencé à tant voyager, s’est habitué à rentrer dans un appartement vide, s’est habitué au silence des pièces. Un silence pesant, un silence qu’il n’apprécie pas plus que cela mais qui s’est fait coutumier. Alors ça lui ferait trop bizarre de le voir ainsi troublé.

- Je comprends totalement, pour tout te dire c’est à un point tel que je ne me verrais pas partager mon appartement avec quelqu’un désormais… Enfin, à part avec ma petite copine lorsqu’il y en a une, mais c’est un cas particulier.

Car vivre avec un ami ou un membre de sa famille et vivre avec la personne qu’on aime n’a rien à voir, clairement. Que c’est là la seule exception qu’il tolère à la règle. Et Peyton qui prend de ses nouvelles, en trinquant avec elle il lâche la bombe : Anna et son débarquement insoupçonné dans sa vie, Anna qu’il fréquente depuis un mois désormais, Anna qui n’égale en rien Riley – mais ce dernier point, il le garde pour lui, car il n’est pas fier de l’utiliser ainsi pour l’oublier, espère sincèrement que cela finira par marcher, qu’arrivera un moment où elle parviendra réellement à se frayer un chemin jusqu’à son cœur. Et un éclat de rire, lorsque Peyton s’offusque de ne pas avoir été tenue au jus.

- Ce n’est pas comme si on s’était vu tant que cela ces derniers temps… Et ce n’est pas forcément le genre de chose que j’aime annoncer par messages interposés, je ne sais même pas si c’est du sérieux, tu sais…

Vague haussement d’épaules. Parce que cela ne fait qu’un mois. Parce qu’avec Solal, on n’est jamais sûr de rien, en ce qui concerne ses relations. Des détails réclamés, qu’il s’empresse de donner pour assouvir sa curiosité.

- Eh bien, elle est très gentille, vraiment. Cultivée, aussi, j’ai vraiment des conversations intéressantes avec elle, un régal. Elle est très belle aussi, brune, élancée, le visage fin… Que te dire de plus… ? C’est un peu le genre de fille trop parfaite pour être honnête, tu vois le genre ? Je cherche encore sa faille !

Petit éclat de rire amusé, il plaisante Solal, ne s’amuse pas à examiner sous toutes les coutures cette pauvre Anna pour trouver ce qui cloche chez elle. Mais il dit vrai lorsqu’il déclare qu’elle dégage cette image de perfection. Parfaite pour lui. Et pourtant sans grande saveur après Riley. Secret qu’il ne peut se décider à avouer, avant de trop en dire il détourne le prisme de la conversation loin, bien loin de lui.

- Et toi, alors ? Tu n’as rien à me dire sur ce sujet-là ?

Car il a le naturel curieux Solal, lui a tout révélé de sa situation sentimentale mais qu’en est-il de Peyton ? Il espère pour elle qu’elle a quelqu’un dans sa vie, sincèrement ; quelqu’un de bien. Et le jeune homme qui se relève déjà après avoir lâché un énigmatique « je reviens », se dirige vers l’entrée pour y récupérer son sac à dos avant de revenir s’asseoir sur le canapé.

- J’ai un petit quelque chose pour toi…

Et le sac qu’il ouvre, écarquille un peu les yeux en reconnaissant la boîte en carton posée sur le dessus ; se souvient seulement qu’avant de venir, il est passé acheter quelques pâtisseries pour le dessert. Car on lui a appris à ne jamais arriver les mains vides quelque part. Mais que s’ils restent trop longtemps dans son sac à dos, ils vont seulement tourner et ils n’auront plus que leurs yeux pour pleurer.

- Bon, ce n’était pas cela que je voulais te donner à la base, mais j’ai amené le dessert… Cela ne vaudra jamais les pâtisserie françaises, mais le magasin qui les vend est une bonne adresse, alors… Je vais les mettre au frais !

La tête qu’il hoche, l’air de n’avoir absolument pas failli oublier les gâteaux au fond de son sac – bien sûr que non –, va mettre la boîte dans le réfrigérateur pour revenir tout aussitôt. Fouille de nouveau dans son sac pour en extirper un petit emballage cadeau, froissé car ayant voyagé coincé entre les piles de vêtements dans son sac de voyage, le lui tend.

- Tiens ! C’est un petit souvenir de Bali.

Une réplique des statues traditionnelles du coin cachée sous le papier coloré, ce n’est guère plus qu’un bibelot, trois fois rien. Mais la preuve qu’il a pensé à elle, même à l’autre bout du monde.

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— @solal pettersen

Ils sont beaucoup trop similaires, beaucoup trop identiques, Solal et Peyton. Cette même fougue naturelle, ce côté vivant, cette envie de vivre, de découvrir le monde. Il y a cette même pointe d’humour, toujours présente, chez l’un comme chez l’autre. Ils se ressemblent beaucoup. Beaucoup trop, et c’est peut-être pour cette raison, que l’alchimie s’est installée comme une évidence, entre eux. Et ils se comprennent, toujours. Comme sur ce besoin de vivre seuls, ce besoin d’indépendance, véritablement dû à la vie qu’ils mènent depuis bien longtemps maintenant. Au fond, ta vie, c’est la solitude depuis bien trop longtemps, Peyton. La solitude. Entourée du monde entier. Entourée d’une foule de personnes. Et pourtant, toujours seule. Toujours seule dans ton cœur. Incapable de te donner. Incapable de te dévoiler. - Et encore. Je crois que je serais même incapable de m’imaginer vivre avec un homme, moi. Qu’elle lâche, en riant, ironisant la situation. Pourtant, il y a un énorme fond de vérité, dans ces paroles. Parce qu’elle ne se sent pas prête à partager sa vie avec qui que ce soit. Bien moins encore, depuis qu’elle a découvert qu’elle est malade. Malade pour le reste de sa vie. Malade pour le reste de ses jours. Comme une fatalité, Peyton. Quel homme voudrait d’une telle vie ? Quel homme serait prêt à s’engager dans une telle vie ? Les choses semblent beaucoup plus simples, pour Solal. L’amour ? Elle ne sait pas s’il s’agit réellement d’une relation amoureuse. Mais avec cette fille, cette Anna, il semble trouver une stabilité qui ne pourra lui faire que du bien. Esquissant un sourire amusé, à ses paroles, elle reprend finalement. - Je vois. Elle a l’air géniale, cette fille. Et d’être bien pour toi. Elle marque une légère pause, la brune, avant de poser la question fatale. - Tu as des sentiments pour elle ? Sentiment, mot interdit pour elle. Mot qu’elle ne souhaite pas entendre, dans son propre cas. Pourtant, Solal vient retourner toutes ses questions. Est-ce que tu as quelqu’un, toi, Peyton ? C’est une question à laquelle tu te sens incapable de répondre. Alors tu brodes. Tu brodes pour ne pas avoir à dire la vérité. - Tu sais bien que je suis une éternelle célibataire, Solal. Vrai. Une relation de couple, elle ne sait même pas ce que c’est, Peyton. Elle n’a jamais été en couple avec qui que ce soit. Elle ne s’est jamais engagée avec qui que ce soit. Et pourtant… - Mais il y a… Alexios. Mon… Mari… De Las Vegas. Il est à New-York. Les mots dépassent sa pensée. Et voilà qu’elle lui avoue tout. Qu’elle lui raconte tout. Parce qu’il est au courant, Solal. Ils ont le même vécu, tous les deux. Il sait qu’Alexios, il est différent, à ses yeux. Qu’il l’a toujours été. Des mots bien vite échappés, bien vite oubliés, lorsque Solal se lève pour lui rapporter quelque chose. Quelque chose qu’il a ramené. Des pâtisseries, d’abord, et elle trouve l’attention adorable, Peyton. - Oh, tu as pensé à la gourmande que je suis ! Un rire s’échappe de ses lèvres alors qu’elle sourit pour le remercier. Mais il revient de nouveau avec quelque chose, un cadeau, un souvenir, une statue de Bali. Et son cœur se réchauffe immédiatement, parce qu’il n’y a rien qui puisse lui faire plus plaisir qu’un bout de voyage. Surtout maintenant. - Solal… T’es adorable, merci. Elle se lève et dépose un baiser contre sa joue. T’es presque émue, parce que tu penses à ce voyage durant lequel vous vous êtes rencontrés, Peyton. De tout ce que tu as vécu, grâce au monde que tu as découvert. - Elle trouvera parfaitement sa place dans mon appartement. Appartement déjà parsemé d’objets venant du bout de monde. De bibelots, tentures, encens, tout ce qui peut lui rappeler, rien qu’un peu, la folie des années passées.

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Incapable de vivre avec un homme. C’est ainsi qu’elle se décrit, Peyton. Et Solal, ça ne l’alarme pas. Un simple haussement d’épaules lorsqu’il lui répond :

- Tu n’as peut-être pas encore rencontré la bonne personne… ? Tu es encore jeune, tu as toute ta vie devant toi.

Sourire naïf, et des paroles criantes de sincérité. Car, il faut bien l’avouer, il a du mal à concevoir comment on peut aimer quelqu’un mais ne pas se voir vivre avec. Pour lui, cela fait partie du deal, et même si la cohabitation n’est pas toujours facile, elle apporte également tout un lot de moments et de souvenirs à construire, impossibles sans vivre ensemble. Et puisqu’elle lui demande de parler d’Aeryn, il le fait. Lui raconte tout d’elle, son caractère, ce à quoi elle ressemble. Ses doux traits, ses cheveux blonds. Ses attentions et les discussions toujours plus passionnantes qu’ils ont ensemble. Mais Peyton lui demande s’il a des sentiments pour elle, et là les choses se corsent. Son regard qui se fait fuyant, un instant. Avant qu’il se souvienne que c’est Peyton. Que s’il est bien une personne à qui il puisse tout dire, c’est elle.

- Je ne sais pas… Comme tu dis, elle est vraiment super, et je l’apprécie beaucoup. Après, de là à parler de sentiments…

Petit haussement d’épaules, il ajoute :

- Je me dis qu’ils naîtront peut-être à terme, tu vois ? A force de la côtoyer, d’apprendre à se connaître… Se créer des souvenirs ensemble. Je nous laisse un peu de temps.

Le temps auquel il se raccroche lorsque lui-même sait que cela ne mène à rien. Qu’y quand même un truc qui cloche, pour que lorsqu’il la voit son estomac ne se noue pas, que son cœur ne s’emballe pas plus que cela lorsque leurs peaux s’effleurent, lorsque le simple souvenir de Riley suffit à susciter tout cela. Mais il se voile un peu la face, Solal. Il faut bien, Riley l’a de toute évidence oublié alors il ne lui reste plus qu’à essayer d’en faire de même. Et parce que cela l’intéresse il retourne sa question à la petite brune. Lui demande ce qu’il en est pour elle, vers où s’épanche son cœur dernièrement. Sourit lorsqu’elle lui rappelle être une éternelle célibataire.

- Et tu sais bien que malgré cela, j’ai encore de l’espoir pour toi !

Car Solal, il parvient juste pas à se figurer comment on puisse accepter, tolérer une vie sans amour. Il est trop romantique pour cela Solal, ne comprendra jamais les personne fuyant les sentiments comme la peste. Et un sourcil qui s’arque, il s’approche imperceptiblement, la curiosité piquée lorsqu’elle formule le prénom d’Alexios. Bien sûr qu’il se souvient d’Alexios. Las Vegas et tout le bordel. Ils ont fait la même connerie que Riley et lui, tous les deux.

- Vraiment ? Mais c’est génial ! Vous vous êtes revus ?

Est-ce qu’eux ont eu droit à une deuxième chance, la même que celle qu’il aurait souhaité avec Riley ? Car lorsqu’il est rentré pour la première fois à New York, encore libre, encore seul, il pensait la recontacter. La revoir, peut-être. Pour voir ce que pourrait donner. Parce qu’elle lui manquait bien trop à l’autre bout du monde. Il avait tenté de faire fi des clichés ambigus qu’elle postait, mais la veille de son retour TMZ avait publié des photos d’elle entrant chez Adrien un soir, et cela l’avait poussé à se rétracter. Comme un indice supplémentaire pour lui indiquer que non, c’était une mauvaise idée. Qu’elle l’avait oublié, Riley. Que ç’aurait juste été égoïste de sa part de s’imposer de nouveau dans sa vie. Alors il adorerait savoir que Peyton et Alexios, eux, ont cette chance que lui n’a pas eu. Et puis il se lève pour aller chercher les pâtisseries qu’il a apportées avant que la crème ne tourne, répond à Peyton :

- Bien évidemment, comment aurais-je pu oublier, lorsque chaque fois que l’on se voit tu manges deux fois plus que moi ?

Regard en coin, et un éclat de rire qui lui échappe, car il taquine juste, Solal. S’empresse d’aller ranger tout cela au frigo, revient avec un petit cadeau un brin moins périssable cette fois-ci. Et elle a l’air sincèrement heureuse Peyton, alors lui aussi, cela efface un peu la peine qui a serré son cœur lorsqu’il a pensé aux quelques souvenirs qu’il avait acheté pour Riley, et qu’il ne lui aura finalement jamais donné.

- C’est normal… A défaut de partir avec toi cette fois-ci, je ne pouvais tout simplement pas ne rien te ramener… C’était juste impossible.

Doux sourire, car Peyton elle rime avec voyage, c’est ainsi qu’ils se sont rencontrés après tout.

- Oui, j’ai pensé à toi en la voyant, justement. Je ne me souviens plus si tu es déjà allée en Indonésie, tu as fait tellement de pays, mais si non… Tu dois vraiment y aller, c’est incroyable là-bas, que ce soit les paysages, la culture, les mentalités… C’est un tout autre monde.

Spoiler:

- light in the dark -

— @solal pettersen

Les paroles de Solal sont comme un boomerang dans son esprit. Rencontrer la bonne personne. Est-ce que cela existe vraiment ? Est-ce qu’elle ne l’a pas déjà rencontré, cette bonne personne ? Est-ce qu’elle n’est pas juste là, sous son nez, sous ses yeux, suppliant de lui laisser une chance de l’aimer ? Au fond, elle le sait. Elle le sait, dans son cœur, qu’elle l’a, cette bonne personne. Que c’est Alexios, le seul capable de lui faire ressentir toutes ces choses. Cette foule sentimentale inconnue avant lui. Il t’a bouleversé, déjà au lycée, Peyton. Histoire d’amour beaucoup trop vite avortée, t’étais pas prête, t’avais pas le temps, la famille avant tout. Ces retrouvailles, à Las Vegas, ce mariage comme une évidence, mais t’étais pas prête. Une nouvelle fois, t’étais pas prête, le cœur malade et l’esprit effrayé. Elle se tait alors, reste silencieuse pour écouter les paroles de son ami, pour se concentrer sur lui. Bien plus intéressant, bien plus facile. Aeryn, il la trouve super, lui aussi. Il la trouve super, et pourtant le palpitant ne bat pas aussi fort qu’il ne le devrait. Et son problème est l’exact opposé du tiens, Peyton. Il n’a pas la bonne personne mais il se donne. Tu as la bonne et tu te fermes. - Peut-être oui… Peut-être qu’il faudra du temps. Peut-être aussi que chaque relation n’est pas destinée à être le grand amour et… Ce n’est pas mal pour autant. Pour ce qu’elle y connait, Peyton, à l’amour. Et après cela, elle ne sait absolument pas comment expliquer à Solal ce qu’elle ressent vraiment. Elle n’ose même pas lui énoncer le nombre de fois qu’elle a rejeté Alexios. Encore et encore… Et pourtant, il ne baise pas les bras. Il ne renonce pas. Il veut être avec elle, malgré son caractère, malgré le fait qu’elle ne cesse de le fuir. - Oui, on s’est revus par hasard… Au début, ça ne s’est pas très bien passé, il n’a pas accepté le fait que je sois partie sans rien dire… Ce que je peux comprendre… Qu’elle lâche, gênée, parce qu’elle sait qu’elle a merdé. Elle s’est envolée, après quelques jours dans ses bras. Elle l’a planté là-bas, à Las Vegas, dans cette chambre d’hôtel. - Mais il voudrait qu’on… Enfin, qu’on tente quelque chose, tous les deux, pour de vrai… Cette fois… Et tu ne précises même pas que ce n’est pas ton cas, parce que tu sais que Solal le comprendra, Peyton. Il te connait. Il sait que c’est impossible pour toi de te poser avec quelqu’un, réellement. Parce qu’il la connait, Solal. Il est même peut-être la seule personne qui la connaisse vraiment, au-delà de sa famille. Et il lui arrache à rire, en parlant de son grand appétit, parce qu’elle sait qu’il dit vrai. Elle adore la nourriture, Peyton, et lorsqu’elle part en voyage, c’est indéniablement l’une des choses qu’elle préfère, avoir la chance de manger local. - Et je te remercie de me faire un peu voyager avec toi alors, même si je n’étais pas là… Même si tu ne pourras certainement plus jamais l’accompagner, Peyton. Même si tu ne pourras peut-être plus jamais prendre l’avion, marcher durant des heures, sans savoir où passer la nuit. Même si tu ne pourras peut-être plus jamais vivre le grand frisson, parce que ton cœur risquerait de lâcher. - Oui, j’ai déjà été en Indonésie et c’était merveilleux. Je suis bien d’accord avec toi. Quelle est ta prochaine destination ? Souriant, elle boit quelques gorgées de sa bière. Elle est curieuse, Peyton. Elle veut tout savoir de la vie de Solal. Elle veut continuer à tout entendre de ses aventures, à tout apprendre à travers lui, à tout voir à travers ces yeux. A défaut de pouvoir voir par les siens.

( retour aux sources )
ft. peyton

Peyton, elle lui dit que toute relation n’est pas destinée à être le grand amour de sa vie. Et Solal il a du mal avec cette idée. A toujours eu du mal avec. Parce que Solal, il s’enflamme trop vite. Trop romantique, le jeune homme qui se plie toujours en quatre pour ses petites amies, s’y attache rapidement. Même à celles avec qui il ne reste qu’un mois. Et s’en détache tout aussi facilement, pour la majeure partie, car avec la vie qu’il mène, il a bien dû apprendre à savoir dire au revoir. Et ça marche, la plupart du temps. Quelques exceptions qui demeurent cependant, et Riley en fait partie. Appartient à cette catégorie rare de femmes qu’il a du mal à oublier. Qui continuent de le hanter, et ce des mois après. Ces femmes qui garderont probablement toujours une infime place au creux de son cœur. Et il sait qu’elle a raison, même s’il n’aime pas l’idée que certaines personnes, on les aime pour mieux les perdre ; aussi il ne peut qu’hocher la tête, lui répondre dans un souffle :

- Oui… Je suppose…

Et si le grand amour on l’avait mais qu’on a été trop bête et qu’on l’a perdu ? Qu’est-ce qu’on fait dans ce cas-là, hein, Peyton ? Comment on fait pour vivre avec ça ? Dis-moi, je t’en prie, dis-moi si tu sais car cela fait des mois que je me torture l’esprit avec ces interrogations, et que je commence à arriver à saturation. Des questions qui lui brûlent les lèvres mais qu’il ne prononcera pas, car on a assez parlé de lui. Qu’il est temps de laisser la parole à son amie. Son amie qui lui parle d’Alexios, lui raconte qu’ils se sont revus par hasard, que les débuts ne se sont pas très bien passés, aussi.

- Oui, cela peut se comprendre, en effet.

Réponse lâchée, la franchise toujours brute du jeune homme. Car il est comme ça, Solal, qu’il va pas consoler son amie comme si de rien n’était, effacer son ardoise comme si tous les torts reposaient sur l’autre lorsque ce n’est pas le cas. Si elle se confie à lui, c’est en connaissance de cause. Et les sourcils qu’il hausse, agréablement surpris par la révélation qui suit.

- Vraiment ? Mais c’est fantastique, ça, Peyton ! Les nouvelles chances, cela ne court pas les rues… Enfin, c’est ce que tu veux ?

Et sa question est plus rhétorique qu’autre chose, car malheureusement pour le romantique en herbe qu’il est, il croit déjà deviner qu’elle n’en fera rien. Qu’elle saura pas saisir cette opportunité, comme à chaque fois. Deux tempéraments si différents en ce qui concerne les affres de l’amour, qui rendent parfois la demoiselle un peu complexe à comprendre pour lui. Et Solal qui va et vient dans l’appartement pour mettre des pâtisseries au frais, lui offrir un petit souvenir de voyage. Le sourire qui s’étire lorsqu’elle le remercie, naïf jeune homme qui lui répond, confiant :

- Un jour on s’en fera un, de voyage ensemble ! Depuis le temps que je te le dis…

Mais avant il ne pouvait pas quitter New York, parce qu’il travaillait ; en revanche, maintenant… Maintenant que les voyages ont repris pour lui tout devrait être plus simple, et il est persuadé qu’un voyage avec Peyton fera parti des prochains sur la liste. Il veut voir cela arriver.

- Franchement… Pour être parfaitement honnête, je n’en ai moi-même pas la moindre idée… Si mon livre devait bien marcher, il est question de faire une mini tournée des dédicaces à travers le pays. J’aimerais rentrer quelques jours auprès de ma famille au moment des fêtes de fin d’année, également, mais je ne suis pas sûr que ce sera possible… Mais pour ce qui est de destinations nouvelles, même si rien n’est encore prévu, il reste tant de pays qui me font envie… Ne serait-ce que le Japon ou la Corée, je ne parviens pas à croire que je n’y sois toujours pas allé… Certaines régions d’Afrique, aussi, ou peut-être de Russie, je connais très mal ce pays et il y a pourtant tant à voir là-bas…

Petit haussement d’épaules, il ajoute en souriant :

- Si jamais l’une de ces destinations te tente, ou si tu as toi-même des envies… Je me ferais un plaisir de découvrir cela avec toi !

- light in the dark -

— @solal pettersen

Elle n’y croit pas, Peyton. Elle n’y croit pas, au grand amour. Parce qu’à ses yeux, rien n’est éternel. Parce qu’à ses yeux, rien n’est fait pour durer. Rien n’est fait pour perdurer. Elle n’a que trop connue les pertes, les désillusions, les déchirures. Elle n’a que déjà trop souffert, de sentir son cœur se briser à la perte des êtres aimés. Sa famille, ils sont tout ce qu’elle a toujours eu, et même eux, elle les a finalement perdus. Sa mère, son père, son grand frère, ils se sont tous envolés. Ils se sont tous envolés, chacun prenant un chemin bien différent. Mais elle ne les reverra pas, aucun d’eux, elle le sait. Elle ne les reverra plus jamais et peut-être qu’à force, elle n’a pas eu d’autre choix que de se blinder. Parce que t’as consacré toute la première partie de ta vie à les rendre heureux, à tout faire pour panser leurs plaies, mais sans succès, Peyton. Ils se sont éteints, et une partie de toi avec. Alors l’amour, pour elle, c’est abstrait. Beaucoup trop. L’amour, pour elle, c’est destiné à se terminer ou bien à ne jamais exister.
Et Alexios, dans tout cela. Alexios, dans cette manie perpétuelle de fuir les sentiments, qu’est-il ? Un amour passé ? Un amour présent ? Un amour futur ? Ou bien un simple moment d’égarement ? Un coup de foudre passager ? Une plaisanterie du destin ? T’as pas envie de répondre à ces questions, Peyton. T’as pas envie de chercher les réponses, parce qu’assurément, cela ne ferait que compliquer bien plus encore la situation. Et devant tant d’entrain, de la part de Solal, elle n’est même pas certaine d’avoir les mots pour expliquer ce qu’elle éprouve. - Je ne sais pas, je… Je ne veux pas être en couple avec quelqu’un, Solal. Et lui, c’est ce qu’il attend. Cela ne signifie pas que je ne tiens pas à lui, non… Mais je ne peux pas lui apporter ce dont il a besoin. Comme une fatalité, les mots coulent d’eux-mêmes. Mots qu’elle ne saurait expliquer. Pensées qu’elle ne saurait expliquer, tant elles sont compliquées.
Ce mal être qui rejoint inévitablement les paroles suivantes du brun. Les voyages. Ce besoin de liberté auquel elle doit renoncer. Auquel elle n’a pas d’autre choix que de renoncer. Voyager avec lui, ce serait un rêve. Un doux rêve, condamné à en rester un. Condamné à ne jamais prendre forme. Parce qu’il suffirait d’un peu trop de pression, un peu trop d’efforts, pour que ton cœur ne lâche brutalement, Peyton. Et il t’arrive de penser, parfois, qu’au fond ce ne serait peut-être pas plus mal. Qu’une belle mort vaut mieux qu’une vie monotone. Et puis tu penses à ceux que tu aimes. - Un jour, j’espère. Qu’elle souffle, avec un doux sourire. Si seulement il savait. Si seulement il savait qu’elle n’est plus la même. Qu’elle n’est plus celle qu’il a connue. - Tu me diras ce que tu fais, je veux tout savoir, je veux voir la moindre de tes photos ! L’air rêveur sur le bout du nez, elle vivra à travers lui. Elle vivra les plus belles aventures, découvrira les plus beaux paysages, quitte à se blesser un peu au passage. - Il y a encore tant à voir. Tant à voir. Tant de pays que tu ne verras pas, Peyton. Laissant de côté la fougue de ton passé.