Dans l'ordinaire cherche l'Extra. Ou pas.. - Isis

Le visage pâle, des petites poches dessinées brièvement sous ses yeux, Isis était littéralement épuisée. Fatiguée de ces derniers mois éprouvants et de ce nouveau travail dont elle essaye de faire correctement. Poussant la porte de sortie du Closer, éblouit par les premiers rayons du soleil, elle se dirigea vers sa voiture. Elle venait de passer toute sa nuit ici. Dans le fond, c'est ce qu'elle voulait. Faire quelque chose, quelque chose qui lui permettait de chasser ses douloureux souvenirs de ses pensées. Elle n'aurait jamais cru pouvoir jouer à la perfection le rôle de Barmaid, et pourtant c'est dans cet-endroit qu'elle avait envie d'être. Elle se sentait d'une quelconque façon en sécurité, ici. Glissant ses doigts dans ses cheveux de façon à repousser délicatement sa mèche lui tombant sur le visage, il était temps pour elle d'aller se reposer. Jetant un coup d’œil rapidement vers l'heure qu'affichait son autoradio, elle décidait de tourner à droite en direction du Starbucks. Rien de tel qu'un cappuccino et une petite viennoiserie avant de rejoindre sa chambre d'hôtel qu'elle occupe depuis son retour à New York. Repérant une place de disponible sur le parking, elle fit rapidement une manœuvre en marche avant. Quand soudain ! - Merde ! s'exclamait-elle, en prenant conscience qu'elle venait malencontreusement de percuter la voiture de devant. Lâchant un profond soupir, la journée ne faisait que commencer. Sortant du véhicule, sans prêter particulièrement d'attention envers cet inconnu. Elle se concentrait plutôt sur les dégâts qu'elle aurait pu causer. Heureusement, elle n'avait laissé aucune trace sur sa mustang. - C'est plutôt vous qui ne savez pas vous garer ! Si le derrière de votre voiture ne dépassait pas la ligne, ça ne serait pas arrivée ! Se laissant emporter, elle criait après ce dernier comme il venait de le faire envers elle. Lâchant un profond soupir tout en poursuivant - Votre voiture n'a rien donc maintenant si vous le ... La blonde se stoppa subitement. Découvrant avec surprise que l'homme situait en face d'elle lui était loin d'être un simple individu. - Wayatte... dit-elle d'un ton beaucoup plus calme. Figeait sur place, elle ne savait que dire, que faire. Isis a longtemps imaginé et rêvait de ce moment. Lorsqu'elle frapperait à sa porte venant s'excuser de son départ si soudain et de lui demander pardon. Elle n'aurait jamais cru lui faire face, la maintenant. Les souvenirs refaisant surface et se mélangeant dans sa mémoire, elle revoyait tous les bons et heureux moments partagés à ses côtés. Il lui a fait découvrir le réel bonheur à l'état pur. Il lui a fait vivre une folle histoire d'amour. Mais la blonde a tout gâchée, à cause du démon de son passé. Cela n'a pas été facile, devoir le quitter du jour au lendemain sans lui donner quelconques explications. Comment aurait-elle pu lui expliquer qu'elle lui a menti sur une partie de sa vie et comment aurait-elle pu lui annoncer qu'elle est encore mariée ? À cet-instant précis, elle restait là, debout, immobile, attendant que l'un d'eux brise ce silence.

Il était là, tout juste devant elle. L'observant, elle remarquait qu'il avait l'air d'être en forme. Peut-être avait-il finit par passer à autre chose ? Bon nombre de fois Isis s'était imaginé cette scène. Leurs retrouvailles. Se perdant un instant dans son regard qui l'a toujours rendue éperdument folle, elle laissait les bons souvenirs refaire surface comme-ci elle désirait garder ne serait-ce un petit espoir. L'espoir qu'il lui pardonne. Seulement, en prenant du recul, la jeune femme prenait parfaitement consciente du mal qu'elle a pu lui faire. En partant ainsi dire comme une voleuse du jour au lendemain. Sans laisser aucune trace d'elle, aucun mot, rien. Elle aimerait pouvoir lui dire à quelle point cela lui a été insurmontable, mais aussi qu'elle n'a jamais cessé un instant de penser à lui. Que pensait-elle ? Qu'en apparaissant sous ses yeux, il viendrait la prendre dans ses bras, comme-ci de rien était ? Tout était diffèrent désormais. Elle a tout détruit, elle l'a détruit. Immobile, elle ne savait que dire, que faire. Cela lui ressemblait pourtant pas. D'habitude Isis n'avait pas peur de crier à voix haute ce qu'elle pense. Son cœur se mit à battre à cent à l'heure. Lâchant un léger soupir tout en levant les yeux au ciel. Elle ne pouvait pas en rester là, même s'il venait de disparaitre de son champ de vision en la laissant totalement en plan sur ce parking. Une attitude de sa part qu'elle comprenait. Ceci dit, elle avait bien l'attention de lui montrer qu'elle était bel et bien de retour. Marchant rapidement vers le Starbucks, elle poussait la porte, tout en se précipitant vers lui afin de glisser un billet sur le comptoir pour payer sa commande. - C'est la moindre des choses glissait-elle calmement en faisant référence à ce petit accrochage. De son côté, la blonde oubliait son petit-déjeuner. Cependant, elle suivit Wayatte vers la table ou il prit place. S'installant face à lui, sans même y être invitée, elle avait juste envie de savoir qu'il allait bien. - Je suis désolée pour ta voiture, je tiens à ce que tu me fasses parvenir la facture une fois que tu auras été au garage dit-elle en plongeant son regard dans le sien. Elle était tellement désolée, non pas pour ce qu'il venait de se passer quelques minutes plus tôt, mais pour avoir pris la fuite. Elle aimerait tellement lui dire que sa vie n'a plus aucun sens sans lui. Mais ça paraissait si compliqué, tout était devenu si compliqué. Les yeux brillants, les mains tremblantes, elle n'arrivait pas. Elle ne pouvait retenir ses émotions. Elle était littéralement perdue. Isis avait l'impression d'être une véritable idiote, à quoi pensait-elle ? Elle finit par se lever, tout en détournant le regard. - Je ... je suis vraiment désolée dit-elle d'une voix tremblante avant de lui tourner le dos tout en prenant la sortie du café. Le visage pâle, le regard perdu, elle laissait la pluie s'abattre sur elle. À croire que la météo était dans le même état que la barmaid. Ce n'était qu'un nuage, qu'un passage, mais suffisant pour tremper la jeune femme de la tête aux pieds. Effleurant ses joues pour parvenir à essuyer ses larmes mélangeaient à la pluie. Elle avançait vers sa voiture, Wayatte n'avait probablement pas envie de l'entendre, ni même de lui parler, ce qu'elle comprenait totalement.

Méconnaissable. Isis ne se reconnaissait plus. Elle était totalement détruite. Comme-ci elle vivait en boucle la même histoire. Ne pouvant retenir ses larmes venant s'écraser dans son cou, elle était désemparée. Ne sachant que faire. Il ne la comprendrait peut-être pas, peut-être même la traiterait-il de menteuse. Jamais elle n'aurait pensé l'abandonner, lui, le seul homme à lui avoir fait découvrir le véritable amour. Elle y croit pourtant encore dur comme fer et refuse d'admettre qu'elle l'a perdue. Qu'il a quitté sa vie dès lors qu'elle a pris la porte. Un choix qu'elle regrette tellement. La blonde aimerait tellement le serrer dans ses bras, le supplier de lui pardonner. Lui dire qu'elle ne cesse de penser à lui. Elle était revenue en ville pour regagner sa confiance et non pas pour baisser les bras au premier échec. Cela risque d'être difficile, mais elle veut essayer. Il en vaut la peine. Wayatte est "l'exception". Le seul homme qui pourra faire de sa vie un véritable conte de fées. La jeune femme pourrait paraître égoïste au premier abord. Alors que dans le fond, en le quittant du jour au lendemain elle avait pensé uniquement à sa sécurité. Mais, comment lui expliquer tout ça ? La réaction de Wayatte était tout à fait compréhensible. Elle ne s'attendait pas à ce que tout s'arrange en un claquement de doigts. Lâchant un profond soupir, elle se précipita vers sa voiture tout en ouvrant la boîte à gants et en sortant son dossier concernant sa procédure de divorce. Le dossier entre les mains, elle ignorait ce qu'elle faisait. Il ne comprendrait probablement pas et ne voudrait peut-être pas savoir. Mais, il était temps pour elle de lui dire la vérité. Elle lui avait menti durant ces quatre années sur sa véritable identité et sur sa famille. L'unique chose qui était vraie était son amour. Ruisselante de pluie, elle entrait à nouveau dans le café tout en déposant l'enveloppe sur la table. - Tu trouveras les réponses à l'intérieur... dit-elle d'une voix tremblante. Plongeant son regard dans le sien, elle donnerait tout pour revoir celui qu'il lui portait autrefois. S'installant une nouvelle fois face à lui, sans se soucier un seul instant qu'il pourrait prendre la fuite, elle reprit la parole - Je veux juste m'expliquer... soufflait-elle. À ce moment précis, elle attendait patiemment qu'il fasse quelque chose. Qu'il glisse ses doigts sur ce dossier, qu'il parte, ou bien qu'il lui dise ce qu'il pense réellement. Elle comptait sur lui, alors que c'était à elle de prendre les devants. Et pourtant, elle était totalement terrifiée de parler d'elle, de son passé et tout ce qu'elle a vécue durant ces longs mois passés loin de lui. Elle a dû faire face à ce monstre, surmonter la perte du bébé qu'elle attendait de Wayatte. Isis est totalement brisée, mais elle veut s'accrocher, elle veut garder ne serait-ce l'espoir qu'il lui pardonne un jour. Ce n'était peut-être pas le bon moment, la maintenant dans ce café, mais elle avait attendu trop longtemps pour lui révéler sa véritable identité.

C'était trop tard. Tout était diffèrent désormais, et probablement que plus rien ne redeviendra comme avant. Elle avait tout détruit, son passé l'avait finalement rattrapée. Isis ressentait de la haine, de la tristesse, mais aussi de la déception. Tout un tas d'émotions qu'elle avait du mal à encaisser. Elle en avait assez de tout ça, d'essayer de se montrer forte. Elle se pensait prête à se battre pour lui. Et pourtant, elle se renfermait peu à peu sur elle-même. C'était peut-être une mauvaise idée. S'expliquer dans un café, au beau milieu d'individus, au risque qu'on entendent leurs conversations. Et pourtant, la jeune femme aimerait tant lui montrer ce qu'elle ressent à cet-instant précis. Mais peut-être finalement était-il passer tout simplement à autre chose. Le regardant, elle restait silencieuse. Le laissant parler. Les yeux brillants. Il était froid,glacial et dur envers elle. Est-ce qu'elle le méritait ? Oui, non, elle ne le savait même pas elle-même. - Je n'avais pas le choix ! dit-elle en criant presque à moitié. - Je voulais te protéger Wayatte... Ne détachant pas son regard du sien, elle voulait qu'il perçoive dans la lueur de ses yeux qu'elle était sincère. Restant ainsi quelques instants, elle finit par baisser la tête. Se levant de la banquette, tout en laissant l'enveloppe sur la table. Elle lui tourna ensuite le dos, tout en se dirigeant vers la sortie. Elle espérait qu'il prenne du temps à regarder à l'intérieur de ce petit bout de papier de couleur marron. "Du temps", probablement était-ce ceux qu'il fallait. Être patient. Bouleversée par toutes ses émotions, la blonde ne pouvait contrôler ses perles salées roulant le long de ses joues. Pas à pas, elle marchait en direction de sa voiture. Est-ce qu'il allait sortir de ce café pour la retenir, lui dire quelque chose ? Elle n'en était pas convaincue. Elle n'était pas dans l'une de ses scènes cultes de films, ou l'homme rattrape la femme pour lui dire qu'il l'aime. Non, c'était bel et bien la réalité. Une triste réalité.